Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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Les sovkhoz constituent, en raison de leur nature sociale et économique, la forme supérieure d’organisation de l’agriculture socialiste. Ce sont des entreprises socialistes d’État produisant des céréales, de la viande, du lait, de la laine, des plantes industrielles. Tous leurs moyens de production et tout ce qu’ils produisent sont la propriété du peuple entier.
Les sovkhoz, grandes entreprises agricoles, sont en mesure d’utiliser à fond la technique agricole moderne, de réaliser une division du travail rationnelle, d’économiser sur les locaux d’exploitation, l’équipement, etc. Ils sont dotés du matériel agricole le plus moderne, qui permet de mécaniser la presque totalité des opérations, rendant ainsi possible une haute productivité du travail. C’est dans la culture des céréales que le niveau de mécanisation est le plus élevé. Dans les sovkhoz se réalise le passage à la mécanisation complexe de toutes les branches de la production.
Les dimensions des sovkhoz sont déterminées par le caractère de leur production, les conditions économiques et naturelles de la région, le niveau de la technique, la nécessité de tirer le meilleur parti de chaque hectare de terre. Le principal indice économique de l’importance d’un sovkhoz, compte tenu de l’orientation donnée à son activité, est le montant de sa production globale et marchande. Les dimensions des sovkhoz diffèrent suivant les régions du pays.
Un grand avantage des sovkhoz, c’est leur rendement marchand élevé : environ 70 % en moyenne dans les sovkhoz céréaliers. Les sovkhoz fournissent à l’État de grosses quantités de denrées agricoles.
Pourtant, leurs immenses possibilités sont utilisées de façon encore très insuffisante. Bien des sovkhoz, mal dirigés, ne savent pas tirer parti des grandes étendues de terre dont ils disposent, fournissent trop peu de céréales, de viande, de lait et d’autres produits, et accusent un déficit. Quand ils auront remédié à ces défauts et mis à profit tous leurs avantages, ces grandes entreprises socialistes puissamment mécanisées que sont les sovkhoz pourront à bref délai produire et fournir à l’État des denrées agricoles en quantités beaucoup plus importantes.
Le rôle des sovkhoz dans le ravitaillement du pays en denrées alimentaires ne cesse d’augmenter au cours du développement de l’agriculture socialiste dans la période du passage graduel du socialisme au communisme.
Le système de planification de la production sovkhozienne, établi par l’État et faisant du volume de la production marchande livrée à l’État l’indice principal, donne le champ libre à l’initiative des travailleurs des sovkhoz pour perfectionner la production afin d’obtenir par son intensification pour 100 hectares de terres le maximum de production avec le minimum de dépenses de travail et de moyens. Les sovkhoz ont la possibilité d’être des exploitations d’une productivité et d’une rentabilité supérieures, donnant l’exemple d’une organisation rationnelle, de l’agriculture, d’un rendement élevé des cultures et d’une haute productivité de l’élevage.
L’utilisation complète et rationnelle du fonds agraire joue un rôle important dans l’élévation de la rentabilité des sovkhoz.
L’orientation fondamentale à donner au sovkhoz, c’est-à-dire sa spécialisation dans la production soit des céréales, soit de la viande, du lait, de la laine, du coton, du lin, de la betterave à sucre, etc., est déterminée par les conditions naturelles et économiques de la région. Dans les sovkhoz spécialisés, une de ces branches est l’essentielle. Parallèlement aux branches d’activité fondamentales, il importe de développer au maximum les branches complémentaires et auxiliaires : culture des légumes, horticulture, viticulture, aviculture, apiculture. Le développement que prend chaque branche complémentaire et auxiliaire dépend de la possibilité de lui assurer un rendement marchand et une rentabilité élevés.
La monoculture ou une spécialisation excessive de l’élevage ne permet pas d’utiliser le sol d’une manière efficiente, elle entraîne un déficit et est préjudiciable à l’État. L’organisation de sovkhoz aux productions multiples, harmonieusement développées, comportant des branches d’activité principales spécialisées, garantit l’obtention du maximum de produits agricoles par hectare de terre arable, de prairie et de pâturage. Il est particulièrement important pour les sovkhoz de disposer de leurs propres semences pour toutes leurs emblavures et de fourrages pour tout leur cheptel.
L’augmentation de la production globale et marchande par hectare de terre cultivée entraîne l’abaissement du prix de revient et une plus haute rentabilité. Les sovkhoz, vastes exploitations puissamment mécanisées, sont en mesure de produire les denrées agricoles avec une dépense de travail minima et de les fournir au pays aux prix les plus bas. La diminution des prix de revient résulte dans les sovkhoz d’une mécanisation de plus en plus poussée, d’une utilisation plus efficiente des machines et des tracteurs, d’une meilleure organisation du travail, de l’application, dans toutes les branches, des dernières réalisations de la science agricole et de l’expérience des travailleurs d’élite, ainsi que d’un ensemble de mesures d’ordre agronomique et zootechnique, de la lutte contre les pertes, de l’établissement d’un régime d’économie. L’élévation de la productivité du travail, qui est la conséquence de tout cela, se traduit par une augmentation du rendement des cultures et de la productivité de l’élevage.
La gestion équilibrée est à la base de la gestion des sovkhoz. La rentabilité de ces derniers est fonction du montant de leur revenu net. Le revenu net créé par le sovkhoz est la différence entre le prix de revient et la valeur du produit agricole. Le montant du revenu net réalisé par le sovkhoz est la différence entre le prix de revient et le prix du produit agricole livré à l’État par le sovkhoz ou vendu en partie sur le marché. Une partie du revenu net créé dans le sovkhoz est réalisée par les organismes de stockage et lors de la vente par l’État de la production sovkhozienne à la population.
Afin d’intéresser matériellement les sovkhoz au développement de la production, le système des subventions d’État aux sovkhoz a été aboli en 1954 et de nouveaux prix de livraison ont été fixés pour les céréales, les plantes oléagineuses et les principales catégories de produits de l’élevage, prix qui permettent à chaque sovkhoz d’obtenir un revenu net en abaissant les prix de revient. Les sovkhoz livrent à prix ferme la production de leurs principales branches d’activité aux centres de stockage de l’État. Les produits fournis par les branches auxiliaires, y compris ceux qui ont été traités dans l’exploitation même, sont vendus directement au consommateur aux prix de détail d’État. La suppression des subventions de l’État et l’application rigoureuse de la gestion équilibrée constituent une mesure économique des plus importantes, qui assigne une base solide à la gestion rationnelle des sovkhoz.
Le revenu net laissé à la disposition du sovkhoz et accumulé en argent est consacré à renforcer et à développer l’exploitation, à améliorer les services culturels et sociaux organisés à l’intention des travailleurs du sovkhoz (établissements pour enfants, clubs, maisons de repos et de cure, etc.) Des fonds spéciaux sont formés en conséquence : fonds pour le renforcement et le développement économiques du sovkhoz, fonds d’assurance, fonds de l’entreprise.
Les progrès de la production dans les sovkhoz dépendent pour une très grande part du renforcement des formes socialistes d’organisation du travail et de l’application conséquente du principe socialiste de la rémunération selon le travail.
La forme essentielle d’organisation du travail dans les sections et les fermes des sovkhoz est la brigade permanente de production. La culture des champs est confiée à des brigades de tracteurs pour la culture des champs auxquelles sont attribués une étendue déterminée de terres assolées, des tracteurs, des moissonneuses-batteuses et d’autres machines agricoles, les moyens de transport et le matériel d’exploitation nécessaires. Les brigades comprennent des équipes s’occupant plus spécialement de telles ou telles cultures dont la production est peu mécanisée. Il existe dans les fermes des brigades d’élevage auxquelles sont attribués du bétail, le matériel et les locaux indispensables à son entretien, etc.
Un système de salaire aux pièces, payable en argent, incite les travailleurs des sovkhoz à améliorer le rendement des cultures et la productivité de l’élevage, à accroître la rentabilité de l’exploitation. Des primes en argent sont accordées pour un rendement des cultures supérieur aux prévisions du plan et pour de hauts indices de productivité de l’élevage : quantité de lait fourni ou de laine tondue, nombre des jeunes animaux obtenus et conservés, etc. Les spécialistes de la motoculture (conducteurs de moissonneuses-batteuses et leurs adjoints, mécaniciens de tracteurs, etc.) reçoivent, outre leur salaire en argent, un salaire en nature et des primes en nature (céréales). Le personnel dirigeant et les spécialistes touchent des primes en argent si le sovkhoz a exécuté ou dépassé ses plans de production et de livraisons à l’État.
L’intérêt matériel de l’ensemble du sovkhoz et de chacun de ses membres pour les résultats du travail est une condition fondamentale d’un accroissement et d’un perfectionnement ininterrompus de la production sovkhozienne.