Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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35.7. La répartition de la production et des revenus des kolkhoz. Le bien-être croissant de la paysannerie kolkhozienne.

En raison des particularités de la propriété coopérative-kolkhozienne, les formes de la répartition des produits dans les kolkhoz diffèrent de celles qui sont en usage dans les entreprises d’État.

Les kolkhoz sont partie intégrante de l’économie socialiste. La paysannerie kolkhozienne est intéressée de façon vitale au progrès économique et culturel de la société socialiste, au renforcement de sa puissance. L’État accorde une aide matérielle immense aux kolkhoz, tant pour assurer leur production que pour développer, sous toutes ses formes, la vie culturelle dans les campagnes. Aussi les kolkhoz doivent-ils avant tout s’acquitter en temps prescrit de leurs obligations envers l’État.

Conformément aux Statuts de l’artel agricole, les kolkhoz vendent à l’État une partie de la récolte et des produits de l’élevage à des prix fermes, fixés par le plan, au titre des livraisons obligatoires ou en vertu de contrats. Ils versent à l’État un paiement en nature pour les travaux exécutés par la S.M.T. Ils remboursent à l’État les prêts d’argent qu’il leur a consentis ainsi que les intérêts afférents. Ils acquittent également un impôt minime sur le revenu et une prime d’assurance. L’exécution intégrale et en temps voulu par les kolkhoz de leurs obligations envers l’État permet d’associer judicieusement les intérêts de chaque kolkhoz et ceux de l’État, c’est-à-dire du peuple tout entier.

Les fonds sociaux des kolkhoz, en nature et en argent, jouent un rôle important dans l’essor ininterrompu de la production kolkhozienne et du bien-être des kolkhoziens.

Les fonds sociaux destinés à reconstituer les moyens de production kolkhoziens consommés prennent la forme de fonds fixes de semences et de fourrages. Une partie considérable des moyens de production kolkhoziens consommés est, nous l’avons déjà dit, reconstituée directement à partir de la production du kolkhoz ; et une certaine partie est acquise contre argent.

Quand les moyens de production consommés ont été reconstitués, les kolkhoz consacrent une partie de ce qui reste du revenu global à la formation de fonds sociaux d’accumulation et de consommation, et en répartissent l’autre partie entre les kolkhoziens au prorata des journées-travail.

Les fonds d’accumulation sociaux du kolkhoz sont alimentés par le revenu net. L’accroissement des fonds d’accumulation kolkhoziens résulte avant tout de prélèvements annuels sur les revenus en argent, prélèvements versés au fonds indivis et dont il faut défalquer la partie affectée à l’amortissement. Une autre source d’accroissement des fonds indivis, ce sont les investissements directs de travail par les kolkhoziens pour la construction de bâtiments d’exploitation, la fabrication de matériel agricole pour le kolkhoz, l’aménagement d’étangs et de réservoirs d’eau, l’augmentation du cheptel collectif, l’amélioration de sa qualité, etc. Une partie du revenu net est accumulée en nature : semences et fourrages destinés à accroître les fonds de semences et de fourrages en vue d’étendre les superficies ensemencées, d’augmenter le cheptel collectif et sa productivité ; fonds d’assurance (semences et fourrages), créés pour parer éventuellement à une mauvaise récolte et au manque de fourrage.

Le mieux-être des kolkhoziens est aussi lié en grande partie à la création dans les kolkhoz de fonds sociaux de consommation alimentés par le revenu net : fonds d’approvisionnement, pour l’éventualité d’une mauvaise récolte ; fonds d’aide aux invalides, à tous ceux qui sont temporairement incapables de travailler, aux familles dans l’embarras dont un membre fait son service militaire, ainsi que pour l’entretien des crèches et des orphelins ; fonds culturel, pour satisfaire les besoins de la campagne kolkhozienne dans le domaine culturel (formation de cadres kolkhoziens, organisation de crèches, etc.)

Le travail dans les kolkhoz est rémunéré de telle sorte que les kolkhoziens sont matériellement et personnellement intéressés à obtenir plus de céréales, de produits de l’élevage et d’autres denrées agricoles.

Après s’être acquitté de toutes ses obligations envers l’État et avoir constitué les fonds sociaux réglementaires, le kolkhoz répartit le reste de la production et des revenus en argent entre les membres de l’artel au prorata des journées-travail. Ces revenus des kolkhoziens ne sont frappés d’aucun impôt.

Le montant du revenu que chaque kolkhozien reçoit de l’économie collective de l’artel dépend : 1o du nombre des journées-travail qu’il a effectuées ; 2o de la rémunération de la journée-travail. Le nombre des journées-travail accomplies au cours de l’année est déterminé par le travail de chaque kolkhozien. La rémunération de la journée-travail, c’est-à-dire la quantité de produits et d’argent que reçoit le kolkhozien pour une journée-travail, dépend du travail de tous les membres du kolkhoz. Mieux le kolkhoz a travaillé, plus son exploitation collective est développée, et plus élevé est le montant global du revenu du kolkhoz, ainsi que de sa partie destinée à être répartie au titre des journées-travail. Est également répartie entre les kolkhoziens, au prorata des journées-travail, la portion du revenu net du kolkhoz qui lui reste après qu’il s’est acquitté de ses obligations envers l’État et a constitué les fonds sociaux réglementaires. Les revenus que fournit aux kolkhoziens l’exploitation collective sont encore augmentés du fait de l’existence des fonds sociaux de consommation. Aussi chaque kolkhozien est-il matériellement intéressé au développement de l’exploitation collective du kolkhoz.

Pour mieux appliquer la loi économique de la répartition selon le travail, un système est établi, d’après lequel un kolkhozien qui a produit plus qu’un autre reçoit une rémunération plus élevée.

Un important moyen d’intéresser matériellement et personnellement les kolkhoziens au résultat de leur effort est la rémunération supplémentaire (en nature ou en argent) pour le dépassement du plan fixé aux brigades et aux équipes, en ce qui concerne le rendement des cultures et la productivité de l’élevage collectif.

Ainsi, les kolkhoziens d’une brigade travaillant aux champs, qui ont dépassé le plan de rendement des cultures pour toute la surface qui leur est attribuée, reçoivent, à titre supplémentaire, du quart à la moitié des céréales récoltées par eux en sus du plan.

Les brigades et les équipes qui ont dépassé le plan de rendement des cultures se voient aussi gratifiées d’un nombre supplémentaire de journées-travail, alors qu’on en retranche une certaine partie à celles qui n’ont pas exécuté le plan.

La rémunération des kolkhoziens travaillant dans les fermes d’élevage des kolkhoz dépend de la quantité de lait et de laine obtenue, du nombre des jeunes animaux mis au monde et élevés, de l’augmentation du poids vif du bétail de rapport, etc.

Le système des avances accordées régulièrement en argent et en nature au cours de l’année, à valoir sur le paiement des journées-travail, contribue grandement à élever l’intérêt matériel et personnel des kolkhoziens.

De la sorte, la journée-travail et le système de répartition des revenus kolkhoziens associent correctement les intérêts personnels des kolkhoziens aux intérêts sociaux du kolkhoz. Les mesures prises par le Parti communiste et l’État soviétique pour stimuler l’intérêt matériel des kolkhoz et des kolkhoziens à un nouvel essor de l’agriculture renforcent l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie kolkhozienne, base de la puissance de l’État socialiste.

Dans l’artel agricole, à côté de l’exploitation collective qui joue le rôle déterminant, existe l’exploitation individuelle auxiliaire du kolkhozien, située sur le terrain attenant à sa demeure. Par là aussi l’artel combine judicieusement l’élément social et l’élément personnel, celui-ci étant subordonné à celui-là. Toute infraction au principe d’une combinaison judicieuse de l’élément social et de l’élément personnel dans les kolkhoz sape les assises de l’artel agricole, de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie.

Les revenus en argent des kolkhoz sont passés de 5,7 milliards de roubles en 1933 à 20,7 milliards en 1940, 49,6 milliards en 1953 et 63,3 milliards en 1954. L’exploitation auxiliaire individuelle fournit également aux kolkhoziens des revenus en argent. Ces deux sources de revenus en argent permettent aux kolkhoziens d’acheter des articles manufacturés dans les magasins d’État et les magasins coopératifs à des prix établis par le plan et qui diminuent sans cesse.

Le régime kolkhozien a totalement transformé la campagne soviétique. La campagne ancienne a fait place à une campagne nouvelle, avec ses bâtiments publics et ses locaux d’exploitation, ses centrales électriques, ses écoles, ses bibliothèques, ses clubs, ses crèches. Le paysan soviétique est un paysan de type nouveau, qui jouit des bienfaits de la science et de la culture. De nombreux intellectuels soviétiques : ingénieurs, médecins, agronomes, zootechniciens, enseignants, organisateurs de la grande production socialiste, sont issus de la paysannerie kolkhozienne. De nombreux kolkhoziens ont appris à se servir de l’outillage agricole le plus moderne, à obtenir d’abondantes récoltes et à pratiquer l’élevage de grand rapport.

Quelques faits attesteront la profondeur de la révolution culturelle qui s’est accomplie dans les campagnes soviétiques. Le nombre total des élèves dans les écoles élémentaires, primaires et secondaires y est passé de 6,1 millions en 1914-1915 à 21,1 millions en 1951-1952 ; 29 millions de personnes étudiaient en 1952 à la campagne dans toutes les branches a enseignement, y compris celles où se forment et se perfectionnent les cadres des professions courantes, les spécialistes, etc. Au 1er janvier 1955, on comptait dans les villages 275 000 établissements culturels et éducatifs, bibliothèques publiques, clubs et cinémas. L’enseignement élémentaire est obligatoire et l’enseignement général de sept ans en voie de réalisation.