Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
Dernière modification le
Manuel :
table des matières,
index —
Retour au dossier marxisme
L’exploitation collective de l’artel agricole repose sur le travail collectif des kolkhoziens. La principale forme d’organisation du travail dans les kolkhoz est la brigade de production permanente, constituée par la direction du kolkhoz pour exécuter les travaux dans les diverses branches de l’exploitation collective.
Il existe des brigades de production pour les travaux des champs, l’élevage, la récolte et la préparation des fourrages, la culture des légumes, l’horticulture, les travaux de construction, etc.
Les brigades des champs se voient attribuer dans les aires d’assolement du kolkhoz des terrains dont les dimensions doivent assurer aux tracteurs, aux moissonneuses-batteuses et aux autres machines des S.M.T. la possibilité de donner toute leur mesure. Chaque brigade des champs dispose de bêtes de trait, du matériel agricole indispensable, de locaux d’exploitation. Elle est subdivisée en équipes qui permettent un meilleur emploi du travail manuel pour les cultures demandant une grande somme de travail. Les équipes sont directement subordonnées au chef de la brigade. L’assemblée plénière de juin 1954 du C.C. du P.C.U.S. a estimé indispensable, tout en renforçant les brigades de production dans les kolkhoz, d’encourager l’organisation d’équipes pour la culture des plantes sarclées et industrielles, et de les aider par tous les moyens à obtenir d’abondantes récoltes sur les terrains qui leur sont confiés.
Les brigades d’élevage ont à travailler dans les fermes des kolkhoz. Chacune est d’ordinaire affectée à une ferme et dispose des locaux et des moyens de production indispensables à l’entretien du bétail.
La coordination du travail de la S.M.T. et des kolkhoz est une condition importante de l’emploi le plus efficace de l’outillage perfectionné des stations de machines et de tracteurs. À cette fin, chaque brigade de tracteurs de la S.M.T. est affectée à une ou plusieurs brigades de production permanentes du kolkhoz qu’elle dessert pendant plusieurs années de suite.
Conformément au caractère de la propriété coopérative-kolkhozienne, les exigences de la loi économique de la répartition selon le travail sont réalisées dans les kolkhoz au moyen de la journée-travail. Celle-ci est la mesure du travail dépensé par les kolkhoziens dans l’exploitation collective de l’artel ; elle détermine aussi la part des revenus du kolkhoz à laquelle a droit chacun de ses membres. C’est en journées-travail qu’est calculé le travail dépensé par les kolkhoziens dans l’exploitation collective, et c’est d’après le nombre des journées-travail que le kolkhoz répartit entre ses membres la portion de ses revenus qui est réservée à la consommation individuelle.
Il est établi pour chaque travail effectué au kolkhoz une norme de rendement par journée de travail, norme qui peut être exécutée par tout kolkhozien travaillant consciencieusement, compte tenu de l’état des bêtes de trait, des machines et de la qualité du sol. D’après cette norme de rendement est déterminée pour chaque travail une évaluation en journées-travail selon la qualification du travailleur, la complexité, la difficulté et l’importance de tel ou tel travail pour l’artel. Une norme de rendement journalière dans l’accomplissement de travaux champêtres relativement simples constitue une journée-travail. C’est par rapport à elle que sont évalués tous les autres travaux au kolkhoz. Le travail accompli au cours d’une journée peut donner droit à une journée-travail, à une fraction de journée-travail ou à plusieurs journées-travail, selon la catégorie du travail accompli et le degré d’exécution ou de dépassement des normes de rendement. La journée-travail diffère par conséquent de la journée de travail. Les kolkhoz déterminent le nombre de journées-travail pour chaque branche d’activité et pour chaque culture et contrôlent rigoureusement l’attribution des journées-travail conformément au travail accompli par la brigade, l’équipe, le kolkhozien.
La journée-travail prend donc en considération la quantité aussi bien que la qualité du travail lors des différentes opérations, ce qui permet d’avoir une commune mesure entre les diverses formes de travail au kolkhoz. Le travail qualifié procure plus de journées-travail que le travail non qualifié, et un travail plus intensif, plus que celui qui l’est moins. La journée-travail permet aussi d’évaluer des efforts de productivité différente appliqués aux mêmes travaux. Le kolkhozien qui a dépassé la norme de rendement se voit attribuer de ce fait plus de journées-travail. Dans la journée-travail, le travail de chaque kolkhozien apparaît comme une partie de la somme du travail directement social accompli au kolkhoz. L’effort personnel de chacun dans la production kolkhozienne est de la sorte évalué d’après un critère social. La journée-travail traduit les rapports de production socialistes qui existent entre les kolkhoziens à l’intérieur du kolkhoz et elle est un important instrument économique de l’organisation de la production kolkhozienne.
Étant donné que l’existence de deux formes principales de production socialiste entraîne celle d’une production et d’une circulation marchandes, les kolkhoz ne peuvent se borner à établir en journées-travail les dépenses nécessitées par la production kolkhozienne. Ils ont une comptabilité financière : ils calculent en argent la production kolkhozienne et leurs revenus, ils effectuent des accumulations en argent ; la rémunération des journées-travail s’effectue en nature, mais aussi en argent.
La journée-travail exprime les principes d’égalité socialistes : le fait que tous les travailleurs sont affranchis de l’exploitation, l’obligation pour chacun de travailler et son droit d’être rémunéré selon la quantité et la qualité du travail accompli. Elle assure à la femme une rémunération égale à celle de l’homme pour un même travail. Le régime kolkhozien a mis fin à l’inégalité économique séculaire de la paysanne. C’est au kolkhoz que celle-ci a pu, pour la première fois, devenir l’égale de l’homme.
La journée-travail constitue donc une nouvelle catégorie économique, née du régime kolkhozien.