Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
Dernière modification le   
Manuel : table des matières, index — Retour au dossier marxisme

34.3. Le prix de revient de la production.

Dans la société socialiste, toutes les dépenses de travail social nécessitées par la fabrication de tel ou tel produit sont des frais sociaux de production. Les frais sociaux de production d’une marchandise constituent la valeur de cette marchandise. Les frais de production des moyens de production sont eux aussi exprimés et mesurés sous la forme valeur, en termes monétaires. Les frais sociaux de production se composent, dans la société socialiste, de trois éléments : la valeur des moyens de production dépensés, la valeur du produit créé par le travail pour soi, la valeur du produit créé par le travail pour la société.

Les deux premiers éléments entrent dans le prix de revient de la production des entreprises socialistes. Le prix de revient est la partie de la valeur de la production, exprimée en argent, qui comprend les moyens de production consommés et la rémunération du travail. Il incarne donc le travail passé incorporé dans les moyens de production consommés et aussi la partie du travail nouvellement dépensée qui crée le produit pour soi.

On ne doit pas confondre ces catégories très différentes que sont le prix de revient de la production des entreprises socialistes et les frais de production capitalistes, qui traduisent une dépense de capital. La compression des frais de production capitalistes est réalisée par une exploitation renforcée des travailleurs, alors qu’en régime socialiste, la réduction du prix de revient de la production signifie une économie de travail social dans l’intérêt de tous.

Le prix de revient montre ce que coûtent concrètement à une entreprise donnée la fabrication et la vente du produit. Le calcul et la planification du prix de revient sont un facteur essentiel de la gestion équilibrée.

La valeur des moyens de production consommés se reflète dans le prix de revient par l’intermédiaire des prix de l’outillage, des matières premières, du combustible, des matériaux, etc., qui peuvent s’écarter de la valeur. Dans la pratique, le prix de revient de la production des entreprises d’État se compose des dépenses effectuées pour l’achat des matières premières, des matériaux, du combustible, de l’électricité, ainsi que des frais d’amortissement, des salaires et des sommes additionnelles aux salaires, des dépenses administratives et de l’intérêt des crédits. Les sommes additionnelles aux salaires versées par l’entreprise et l’intérêt des crédits représentent, en termes monétaires, une partie du produit pour la société.

L’inclusion dans le prix de revient de certains éléments de la valeur du produit pour la société tient à la nécessité, déterminée par la gestion équilibrée, de mettre dans une catégorie à part les dépenses en argent de l’entreprise pour la production et la réalisation des produits, indépendamment de leurs sources.

Il existe deux types principaux de prix de revient industriel : le prix de fabrique et le prix de revient complet (ou commercial). Le prix de fabrique comprend les dépenses de l’entreprise afférentes à la production proprement dite. Le prix de revient complet se compose du prix de fabrique, des dépenses nécessitées par la réalisation du produit (entretien de comptoirs de vente et d’entrepôts, frais de transport) et des dépenses administratives et autres des trusts et des combinats.

En 1954, le prix de revient de la production industrielle se composait en U.R.S.S. pour les trois quarts environ de frais matériels (matières premières, combustible, électricité, amortissement, etc.), et pour un quart environ du salaire.

Le prix de revient est l’expression synthétique de toute l’activité de production de l’entreprise, ainsi que de son approvisionnement en matériaux et de l’écoulement des produits finis. Plus le prix de revient est bas — le plan étant exécuté au double point de vue de la quantité et de la qualité — et plus est élevé le niveau de l’activité économique de l’entreprise.

Parmi les indices de la qualité du travail de l’économie nationale, l’abaissement du prix de revient de la production, des transports et de la construction est celui qui présente le caractère le plus synthétique. Le prix de revient dépend du niveau de la productivité du travail et des frais de main-d’œuvre, du degré d’utilisation de l’équipement, du souci d’économie et de l’observation des normes dans l’utilisation des matières premières, du combustible et des autres matériaux, ainsi que des frais de circulation, particulièrement des frais de transport.

L. Kaganovitch, Discours à la 1re session du Soviet suprême de l’U.R.S.S., le 24 avril 1954, p. 3 (éd. russe).

L’État établit un plan méthodique de réduction des prix de revient par l’élévation de la productivité du travail, en prenant pour base des normes progressives de dépense de travail et d’utilisation des moyens fixes et circulants de production, l’accélération de la rotation des moyens, la réduction des frais d’entretien de l’appareil administratif.

La réduction systématique du prix de revient de la production des entreprises socialistes représente une économie constante de travail vivant et passé et reflète les exigences de la loi de l’élévation incessante de la productivité du travail social. La réduction du prix de revient est l’une des tâches centrales de la gestion socialiste de l’économie. Chaque réduction de 1 % du prix de revient de la production, des transports et de la construction apporte à la société socialiste des milliards de roubles, qui servent à élargir la production et à accroître le bien-être de la population. La participation active des masses à la lutte pour les économies dans l’économie nationale joue un rôle immense dans l’abaissement du prix de revient.

Le prix de revient de la production dans l’industrie d’État de l’U.R.S.S. ne cesse de baisser. Il a diminué, par rapport à l’année précédente et compte tenu de la baisse du prix des matières premières, des matériaux, du combustible, ainsi que du coût de l’énergie électrique et thermique et des transports, de 7 % en 1951, de plus de 8 % en 1952, de plus de 5 % en 1953 et de près de 4 % en 1954.

Il existe, dans l’économie soviétique, d’importantes réserves inutilisées d’abaissement des dépenses de production. Une partie considérable des entreprises industrielles n’atteint pas les objectifs du plan en ce qui concerne la réduction du prix de revient de la production, ne réalise pas les économies indispensables de matières premières, de matériaux, de combustible et d’énergie électrique, ne fait pas la chasse aux dépenses improductives. Les pertes importantes de production dues aux malfaçons sont l’une des principales causes de la non-exécution des plans de réduction du prix de revient. L’essor continu de l’industrie soviétique exige une sérieuse amélioration des indices qualitatifs de la production dans toutes les entreprises.