Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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Pour diriger l’économie, le Parti communiste et l’État soviétique utilisent la loi de l’augmentation continue de la productivité du travail. Les plans de l’économie nationale prévoient chaque année un accroissement considérable de la productivité du travail, en tant que condition essentielle de l’accroissement général de la production. Le Parti communiste et l’État soviétique mobilisent les masses pour une augmentation continue de la productivité du travail dans toutes les branches de l’économie, dans chaque entreprise, dans chaque secteur de la production.
L’économie socialiste de l’U.R.S.S. a dépassé tous les pays capitalistes pour les rythmes d’accroissement de la productivité du travail. Le niveau de cette dernière dans l’économie nationale de l’U.R.S.S. dépasse de plusieurs fois le niveau de la Russie prérévolutionnaire.
La productivité du travail industriel s’est accrue en U.R.S.S. de 41 % durant le premier plan quinquennal (augmentation annuelle moyenne de 9 %) et de 82 % durant le second (augmentation annuelle moyenne de 12,7 %). En 1940, la productivité du travail dans l’industrie de l’U.R.S.S. avait quadruplé et, si l’on tient compte de la réduction de la journée de travail, elle avait été multipliée par 5,2 par rapport à 1913. Après la guerre, il y a eu un nouvel essor de la productivité du travail qui, en 1954, avait augmenté de 83 % dans l’industrie et de 61 % dans le bâtiment par rapport à 1940.
De 1928 à 1954, la productivité du travail a été multipliée par plus de 6 dans l’industrie, environ par 4 dans le bâtiment et les transports ferroviaires. Dans les kolkhoz et les sovkhoz, elle a à peu près triplé par rapport à ce qu’elle était dans l’agriculture avant la Révolution.
Mais si l’on considère les tâches de l’édification communiste et de la compétition économique avec les pays capitalistes développés, ainsi que les possibilités existantes, le niveau atteint est insuffisant. Pour la productivité du travail dans l’industrie, l’U.R.S.S. a rattrapé les pays capitalistes développés d’Europe, mais elle retarde sur les États-Unis. De sérieux défauts n’ont pas encore été éliminés dans l’industrie, l’agriculture, les transports, le bâtiment ; ils entravent l’utilisation intégrale des avantages qu’offre le régime socialiste pour l’élévation de la productivité du travail ; d’énormes réserves restent inutilisées.
Alors que le plan a été dépassé au cours des quatre années du cinquième plan quinquennal (1951-1954) en ce qui concerne la production industrielle, il n’a pas été réalisé pour la productivité du travail. De nombreuses entreprises industrielles sont systématiquement en retard sur le plan dans ce domaine. Dans les années d’après-guerre, l’élévation de la productivité du travail a marqué un retard sur l’accroissement des salaires réels. Entre 1951 et 1954, elle a augmenté dans l’industrie de 33 %, et les salaires réels de 37 %. Si la productivité du travail a augmenté dans son ensemble, certaines branches sont très en retard et ont même piétiné sur place. Ainsi, pour un accroissement général de 83 % dans toute l’industrie en 1954 par rapport à 1940, la productivité du travail dans l’industrie houillère et l’industrie forestière n’a dépassé que de peu le niveau de 1940.
L’utilisation de toutes les réserves existantes permettra d’obtenir de nouveaux et importants succès dans l’essor de la productivité du travail.
En régime socialiste, l’augmentation de la productivité du travail résulte avant tout de la fourniture systématique à l’économie nationale de moyens techniques modernes constamment perfectionnés, du renforcement de l’équipement technique du travail. Le perfectionnement de la technique et l’augmentation continue de la productivité du travail ne peuvent être réalisés que sur la base de la loi du développement prioritaire de la production des moyens de production, de l’industrie lourde.
Au cours des quatre années du cinquième plan quinquennal, l’industrie de l’U.R.S.S. a reçu annuellement un équipement neuf d’une valeur moyenne de 26 milliards de roubles. Au début de 1955, le nombre des machines-outils à usiner les métaux avait été multiplié par 2,4 dans l’économie nationale de l’U.R.S.S. par rapport à 1940. L’équipement électrique du travail dans la grande industrie avait augmenté de 30 % en 1954 par rapport à 1950 et représentait le double du niveau de 1940.
Cependant, les possibilités existantes de progrès technique et d’augmentation de la productivité du travail sont insuffisamment utilisées dans la pratique de l’édification économique.
Les rythmes de perfectionnement des machines, des mécanismes et des processus technologiques retardent sur les rythmes de développement de la production et des besoins de l’économie nationale. De nombreux modèles de machines et des équipements créés dans nos entreprises sont inférieurs par leur qualité et leurs caractéristiques techniques aux meilleurs modèles fabriqués à l’étranger.
La mécanisation complexe et l’automatisation de la production sont insuffisamment développées et il y a des disproportions dans le niveau de mécanisation des processus de production interdépendants. Si les processus fondamentaux de la production sont hautement mécanisés, les processus auxiliaires le sont généralement très peu. Mais plus le niveau de mécanisation est élevé dans les secteurs et les maillons essentiels, plus la productivité du travail y est élevée, et plus il faut de main-d’œuvre dans les secteurs et pour les opérations non mécanisés (par exemple, pour le chargement du charbon). D’où une large utilisation du travail manuel dans l’industrie et dans d’autres branches de l’économie nationale.
Ainsi, le pourcentage des ouvriers travaillant à la main s’élève à 68 % dans l’industrie forestière, 44 % dans l’industrie houillère, 35 % dans la sidérurgie, 69 % dans le bâtiment. Le travail de ces ouvriers est peu productif. De ce fait, le gain résultant de la mécanisation et de l’augmentation de la productivité du travail dans les processus fondamentaux de la production est considérablement réduit par suite de l’emploi du travail manuel pour les opérations auxiliaires.
Pour assurer dans l’avenir un essor important de la productivité du travail, il faut accroître radicalement les rythmes de l’équipement technique de la production sur la base du perfectionnement continu des machines, de l’outillage et des processus technologiques ; il faut développer largement la mécanisation complexe et l’automatisation des processus de production.
Le perfectionnement continu de l’organisation de la production joue un rôle important dans l’augmentation de la productivité du travail. À l’intérieur de l’entreprise, il comprend la lutte contre le travail par à-coups, l’introduction du travail régulier « au graphique », l’emploi de la méthode de production à la chaîne et en série, ainsi que d’autres mesures. Dans le cadre d’une branche donnée et à l’échelle de toute l’économie nationale, il exige une spécialisation et une coopération étendues de la production, ainsi que leur corollaire : l’unification et la standardisation des pièces détachées et des éléments de machine ; il exige aussi une meilleure répartition géographique de la production ; c’est-à-dire qu’il requiert avant tout l’utilisation des avantages qu’offre la division socialiste du travail, méthodiquement réalisée. L’utilisation des avantages de la division sociale du travail entre branches comme entre régions permet de réduire la dépense de travail pour la production des marchandises et leur transport. Une spécialisation poussée des entreprises industrielles associée à l’emploi de la production à la chaîne et en série permet d’organiser la production des articles sur une vaste échelle, d’introduire largement les techniques modernes, de rationaliser l’organisation de la production et d’augmenter considérablement, sur cette base, la productivité du travail.
L’importance économique de la spécialisation de la production peut être illustrée par les exemples suivants. Dans une usine spécialisée de petite mécanique, le prix de revient d’un boulon de 12 millimètres de diamètre et 60 millimètres de long est de 10 kopeks ; il est de 1 rouble 40 kopeks (14 fois plus) dans les ateliers de mécanique des usines consommatrices. Ajoutons que l’usine spécialisée réalise sur la fabrication des boulons une grande économie de métal. Dans l’industrie de l’automobile, la fabrication d’un outil normalisé revient quatre fois plus cher que dans une usine d’outillage spécialisée.
De grandes possibilités d’essor de la productivité du travail sont ouvertes par l’organisation socialiste du travail, fondée sur la discipline consciente et la coopération fraternelle des travailleurs, ainsi que par la rémunération du travail selon sa quantité et sa qualité. L’amélioration continue de l’organisation du travail (lutte contre les temps morts, renforcement de la discipline et de l’ordre à l’entreprise, perfectionnement de l’établissement des normes du travail et de sa rémunération) est une importante réserve d’augmentation de la productivité du travail.
L’élévation constante du niveau culturel et technique et de la valeur professionnelle des travailleurs est une condition importante de l’augmentation continue de la productivité du travail. La technique moderne exige des ouvriers hautement qualifiés, capables de fabriquer des machines complexes et de s’en servir.
L’augmentation continue de la productivité du travail exige qu’une attention constante soit portée à la formation des cadres, à l’amélioration générale de la qualité de cette formation, compte tenu des rapides progrès de la technique et de la technologie de la production.
L’initiative féconde dont les travailleurs font preuve pour perfectionner la technique et l’organisation de la production, initiative qui trouve son expression dans l’émulation socialiste, est un autre puissant facteur de l’augmentation de la productivité du travail en régime socialiste. Pour intensifier cette dernière, il faut développer plus largement l’émulation socialiste, soutenir par tous les moyens les initiatives des travailleurs d’élite et des novateurs de la production et populariser méthodiquement leur expérience d’avant-garde pour que leurs réalisations deviennent le patrimoine des masses.