Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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31.6. L’augmentation constante de la productivité du travail, loi économique du socialisme.

L’élévation continue de la productivité du travail est une condition essentielle du triomphe du socialisme sur le capitalisme, de l’édification du communisme. Lénine écrivait :

La productivité c’est, en dernière analyse, ce qu’il y a de plus important, d’essentiel pour la victoire du nouvel ordre social. Le capitalisme a créé une productivité inconnue sous le servage. Le capitalisme peut être définitivement vaincu, et il le sera parce que le socialisme crée une productivité nouvelle, beaucoup plus élevée.

V. Lénine : « La grande initiative », Œuvres, t. 29, p. 431.

La productivité du travail, on le sait, se mesure par la quantité de produits que fournit un ouvrier pendant l’unité de temps choisie, ou par le temps de travail dépensé par unité de produit. L’élévation de la productivité du travail se traduit par une réduction de la part du travail vivant dans le produit, alors que la part du travail antérieur augmente relativement et que la somme totale du travail contenu dans chaque unité de produit diminue. L’augmentation de la productivité du travail implique un accroissement de la production par unité de temps de travail.

La productivité augmente en fonction de l’économie de travail réalisée tant en ce qui concerne le travail vivant que le travail cristallisé à l’échelle de toute la société. Marx enseigne que, pour être réelle, l’économie doit porter sur le temps de travail, et que cette économie équivaut au développement de la force productive du travail. Marx parle de la loi économique générale « selon laquelle les frais de production diminuent constamment, tandis que le travail vivant devient sans cesse plus productif ». (Archives Marx-Engels, t. 4, p. 43 (éd. russe).) Mais cette loi joue différemment dans des conditions économiques différentes. Par suite des contradictions inhérentes au capitalisme, l’augmentation de la productivité du travail dans la société bourgeoise connaît un rythme ralenti et présente un caractère instable. « La loi de l’accroissement de la force productive du travail ne vaut pas, d’une façon absolue, pour le capital ». (K. Marx, Le Capital, livre 3, chap. 15.)

En supprimant la propriété privée capitaliste, le socialisme détruit du même coup les obstacles au développement de la productivité du travail. Il engendre la nécessité objective et crée la possibilité d’une élévation continue de la productivité du travail conformément aux exigences de la loi économique fondamentale du socialisme.

L’augmentation continue de la productivité du travail est la condition nécessaire du développement ininterrompu de la production socialiste et de la satisfaction la plus complète des besoins sans cesse croissants de la population. L’essor ininterrompu de la production socialiste est dû, en premier lieu, à l’élévation de la productivité du travail, en second lieu, à l’augmentation du nombre absolu des travailleurs occupés dans la production matérielle. Entre 1940 et 1954, 70 % environ de l’accroissement de la production industrielle ont résulté de l’élévation de la productivité du travail, et 30 % environ de l’augmentation du nombre absolu des travailleurs. Ainsi, l’augmentation de la productivité du travail est le facteur principal, essentiel, de l’essor ininterrompu de la production socialiste.

Du fait qu’elle entraîne un accroissement rapide de la quantité des produits, l’élévation constante de la productivité du travail permet à la fois d’élargir la production et d’augmenter la consommation. Elle est nécessaire aussi pour assurer la victoire du socialisme dans la compétition économique avec les pays capitalistes développés.

Le socialisme crée les conditions nécessaires à l’augmentation systématique et rapide de la productivité du travail. Il fait disparaître l’énorme gaspillage de travail découlant de l’anarchie de la production et des crises économiques de surproduction et permet une utilisation méthodique et hautement rationnelle des moyens de production et de la main-d’œuvre sur la base d’un perfectionnement continu de la technique et de l’organisation du travail. En régime socialiste, contrairement à ce qui se passe en régime capitaliste, les travailleurs ont un profond intérêt à économiser au maximum le temps de travail et les moyens de production, étant donné que la production sert les intérêts du peuple.

L’ouvrier soviétique est directement intéressé à l’augmentation de la productivité du travail, car il sait qu’elle renforce la puissance économique de l’U.R.S.S. et élève le niveau de vie des travailleurs. L’unité d’intérêts de l’État et du peuple est le fondement de la productivité élevée du travail social en régime socialiste.

G. Malenkov, Rapport d’activité du Comité central du P.C. (b) de l’U.R.S.S. au 19e Congrès du Parti, cf. Cahiers du communisme, no spécial (novembre 1952), p. 113.

Tout cela prouve que, dans la société socialiste, agit la loi économique au développement continu de la productivité du travail.

Cette loi entraîne la nécessité, aussi bien de l’augmentation de la production par ouvrier que de l’essor de la productivité de tout le travail social.

Il est indispensable que chaque travailleur de la production socialiste augmente sans cesse dans son propre secteur la productivité de son travail par une meilleure utilisation du temps de travail, par la mise en œuvre de méthodes de travail toujours plus productives.

En même temps, il faut accroître la productivité de l’ensemble du travail social. Du point de vue de la société, la productivité du travail s’accroît quand le travail est économisé a l’échelle de toute la société, c’est-à-dire quand il y a une meilleure utilisation des machines et de l’équipement, des matières premières, des combustibles, des matériaux, une meilleure répartition et utilisation de la main-d’œuvre, une répartition géographique plus rationnelle de la production par régions, une amélioration de la qualité de la production, etc. Ainsi, en rapprochant la production des sources de matières premières et des régions de consommation, on réduit les frais de transport, d’où une économie de travail pour la société. De même, une amélioration de la qualité entraînant, par exemple, une augmentation de la durée de service de tel ou tel article représente une économie de travail pour l’ensemble de la société.

L’accroissement de la productivité du travail social dépend pour beaucoup de l’augmentation du pourcentage des travailleurs occupés dans la production matérielle, ce qui s’obtient par la réduction de l’appareil administratif. Il dépend aussi de l’augmentation du pourcentage des travailleurs occupés dans les processus essentiels de la production, ce qui s’obtient par la réduction du personnel occupé à des travaux auxiliaires et secondaires.