Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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30.1. La nécessité d’un développement harmonieux de l’économie nationale en régime socialiste.

On sait que toute formation sociale exige pour exister et se développer des proportions déterminées dans la répartition du travail et des moyens de production entre les diverses branches de l’économie nationale. En régime capitaliste, le développement de la production dans les proportions nécessaires s’effectue d’une façon anarchique, par des oscillations et des disproportions incessantes et par des crises périodiques. Lorsqu’ils investissent leurs capitaux dans telle ou telle branche de la production, les capitalistes sont guidés par les baromètres spontanés de la vie économique que sont les fluctuations des prix du marché, du taux du profit, du taux de l’intérêt, du cours des actions, etc.

Dans l’économie socialiste, la socialisation des moyens de production fait disparaître les baromètres spontanés de la vie économique. L’anarchie et le laissez-faire sont incompatibles avec le développement de la société socialiste. En régime socialiste, les proportions nécessaires dans la répartition des moyens de production et de la main-d’œuvre entre les différentes branches de l’économie nationale ne peuvent s’établir que d’une façon harmonieuse. La nécessité et la possibilité d’un développement harmonieux de l’économie socialiste découlent de la propriété sociale des moyens de production. Engels écrivait que lorsque les moyens de production appartiennent à la société, « une production sociale suivant un plan déterminé est désormais possible ». (F. Engels, Anti-Dühring, p. 324.)

Contrairement à la propriété privée des moyens de production, qui divise les producteurs de marchandises et engendre la concurrence et l’anarchie de la production, la propriété sociale unit les nombreuses entreprises en un tout économique subordonné à un but commun, découlant des exigences de la loi économique fondamentale du socialisme. La grande production collectivisée socialiste ne peut se développer sans un plan commun, qui donne à toute la société une unité d’action et assure les proportions nécessaires dans le développement des différentes branches et entreprises et de l’économie nationale dans son ensemble.

Démontrant la nécessité d’un développement harmonieux de l’économie nationale, Lénine indiquait qu’on ne saurait gérer l’économie socialiste sans un plan embrassant une longue période, et que la Révolution socialiste doit s’acquitter de la tâche gigantesque de

la transformation de l’ensemble du mécanisme économique de l’État en une seule grande machine, en un organisme économique fonctionnant de telle sorte que des centaines de millions d’hommes soient dirigés d’après un plan unique. (V. Lénine, « Rapport sur la guerre et la paix », Œuvres, t. 27, p. 87.)

De même que le capitalisme suppose la concurrence et l’anarchie de la production qui entraînent un gaspillage du travail social, le socialisme ne saurait se concevoir sans un développement harmonieux de l’économie nationale, assurant un usage rationnel, dans un esprit d’épargne, du travail et de ses résultats.

Ainsi la propriété sociale, socialiste, des moyens de production, la grande production collectivisée socialiste, dans l’industrie comme dans l’agriculture, engendrent la nécessité objective et créent la possibilité objective d’un développement harmonieux, proportionné, de toute l’économie nationale.

Le développement harmonieux, proportionné, de l’économie nationale est une loi économique du socialisme.