Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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C’est dans la pratique de l’édification communiste que l’État socialiste apprend à connaître et à utiliser les lois économiques objectives du socialisme, et c’est avant tout dans la mesure où elle satisfait à leurs exigences que sa politique économique est couronnée de succès.
Le caractère de l’État socialiste est déterminé par la base économique du socialisme. Le système socialiste d’économie, la propriété sociale du peuple laborieux sur les moyens de production ont pour corollaire le pouvoir politique des travailleurs dirigés par la classe ouvrière. Si la politique de l’État bourgeois actuel exprime les intérêts des monopoles capitalistes, vise à accroître leurs profits et est hostile aux masses populaires, la politique de l’État socialiste, État des ouvriers et des paysans, traduit les intérêts vitaux, fondamentaux, des travailleurs et bénéficie de l’appui sans réserve des masses populaires.
Les rapports de production socialistes déterminent le rôle économique de l’État socialiste, rôle nouveau, jusque-là inconnu dans l’histoire. L’État soviétique possède au moins les neuf dixièmes des moyens de production du pays. Grâce à la domination sans partage de la propriété sociale (nationale et coopérative-kolkhozienne) des moyens de production, il a pu, en s’appuyant sur les lois économiques du socialisme et en les appliquant sciemment, diriger l’économie nationale d’après un plan, s’acquitter de sa fonction d’organisateur de l’économie. Ce rôle ne saurait être joué par l’État bourgeois en raison de la propriété capitaliste privée des moyens de production et de l’anarchie qui préside au développement économique de la société capitaliste.
La loi économique fondamentale du socialisme entraîne pour l’État socialiste la nécessité de veiller constamment à la satisfaction maximum des besoins sans cesse croissants du peuple, sur la base d’un développement rapide des forces productives. L’État socialiste consacre son activité à l’amélioration générale de la vie des travailleurs.
L’État socialiste tient compte de la variété des besoins de la société, et c’est en conformité de ces besoins croissants qu’il développe et perfectionne la production, organise l’intégration des techniques modernes dans toutes les branches de l’économie nationale et l’augmentation continue de la productivité du travail social, procède aux grands travaux et à la répartition géographique de la production, assure l’accroissement de l’accumulation socialiste. L’État soviétique applique un système de mesures tendant à créer dans le pays l’abondance des marchandises industrielles et agricoles. À cette fin, il développe au maximum l’industrie lourde et assure, sur cette base, un puissant essor de l’agriculture, de la production des objets de grande consommation.
En fonction des conditions réelles, d’ordre intérieur et international, l’État définit à chaque étape les tâches concrètes qui se posent en matière d’organisation économique, fixe l’orientation et les rythmes du développement de l’économie nationale, améliore les méthodes de gestion. Il s’appuie sur les résultats du passé, mais aussi sur les tendances qui se dessinent, et il exerce sa fonction d’organisation économique en se fondant sur les prévisions scientifiques. Le marxisme-léninisme, science sociale d’avant-garde, constitue la base théorique des activités multiples de l’État socialiste.
L’action de l’État soviétique en matière d’organisation économique, culturelle et éducative, s’étend à tous les aspects de la vie de la société socialiste. C’est l’État soviétique qui assure la direction et la gestion planifiées de ses entreprises dans toutes les branches de l’économie. C’est lui et ses organismes qui nomment les dirigeants des entreprises d’État, de leurs groupements, des branches d’activité auxquelles elles se rattachent, et qui contrôlent leur fonctionnement. L’État planifie l’économie nationale : il détermine dans le cadre du plan le volume, la structure et les rythmes d’accroissement de la production et du commerce intérieur et extérieur ; il fixe les prix des marchandises et le prix de revient planifié de la production, ainsi que le niveau des salaires des ouvriers et des employés ; il répartit les ressources matérielles, la main-d’œuvre, les ressources financières, etc. Il donne son orientation à la vie économique des kolkhoz et assure la direction de ces derniers par l’intermédiaire des Soviets locaux, des S.M.T., des organismes élus de l’artel agricole, en prenant en considération leur caractère particulier d’entreprises coopératives. Il s’attache par tous les moyens à resserrer l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie, à étendre les rapports économiques entre la ville et la campagne.
L’État soviétique assure aux citoyens la possibilité de jouir effectivement de droits vitaux comme le droit au travail et au repos, le droit à l’instruction, le droit à la sécurité matérielle en cas de perte de la capacité de travail et dans la vieillesse.
L’État soviétique dirige l’instruction publique et la formation de cadres qualifiés ; il favorise le développement de la science et de l’art d’avant-garde, l’application dans la pratique des réalisations de la science et de la technique.
La force de l’appareil d’État soviétique est dans ses attaches avec les masses populaires. La nature même du régime socialiste veut que la direction centralisée, exercée par l’État, soit associée à l’initiative d’en bas, qu’elle tienne compte des particularités locales.
Un principe essentiel de la direction de l’économie par l’État est l’unité de l’économie et de la politique.
La politique et l’économie sont en pratique inséparables. Elles existent ensemble et agissent ensemble. Et celui qui, dans notre travail politique, pense séparer l’économie et la politique, renforcer le travail économique en diminuant l’importance du travail politique, ou, inversement, renforcer le travail politique en diminuant l’importance du travail économique, celui-là sera nécessairement acculé dans une impasse.
Le Parti communiste, qui oriente l’activité de tous les organismes d’État et de toutes les organisations sociales des travailleurs, est la force dirigeante et organisatrice de l’État socialiste. Le Parti donne des directives sur la base desquelles sont dressés les plans de l’économie nationale ; il met au point les principales mesures d’ordre économique qui ont une importance vitale pour l’ensemble du pays. Étant étroitement lié aux masses laborieuses, il mobilise les ouvriers, les kolkhoziens, les intellectuels pour l’accomplissement des tâches économiques et politiques, fait l’éducation des niasses, élève leur conscience communiste. La politique du Parti communiste et de l’État socialiste, qui vise à satisfaire les besoins nouveaux du développement économique de la société, joue un rôle éminemment progressiste.
Le mode de production socialiste se développe à travers la lutte du nouveau contre l’ancien, de ce qui naît contre ce qui meurt, du progrès contre le retard, en dépassant les contradictions et en surmontant les difficultés. Lénine indiquait qu’en régime communiste les antagonismes disparaissent, mais que les contradictions demeurent. Dans la société socialiste, ces contradictions ne revêtent pas un caractère antagoniste, car elles ne sont pas liées aux intérêts de classes opposées ; elles sont dépassées au cours même de l’édification du communisme.
Dans la société socialiste, les classes exploiteuses ont disparu, mais il existe toujours des éléments arriérés, porteurs de tendances et d’habitudes nées de la propriété privée, qui contrarient le développement des tendances nouvelles, progressistes, dans l’économie socialiste ; il existe encore des dilapidateurs de la propriété sociale, des bureaucrates qui se moquent des besoins du peuple ; des survivances du capitalisme subsistent encore dans la conscience des hommes. L’État soviétique, dirigé par le Parti communiste, encourage les initiatives des travailleurs, accorde son appui aux tendances de progrès dans tous les domaines de la vie sociale. Il se penche avec sollicitude sur le nouveau qui commence à poindre, l’affermit, concourt à la diffusion des méthodes de travail les plus avancées ; il soutient une lutte opiniâtre contre toutes les forces d’inertie, contre toutes les manifestations de retard, de stagnation, de routine, qui empêchent un développement rapide de la production socialiste.
En régime socialiste, la critique et l’autocritique sont une des formes essentielles de la lutte du nouveau contre l’ancien. Puissants facteurs du développement de la société socialiste, elles stimulent l’activité des masses populaires, permettant ainsi de déceler les défauts et les difficultés dans le travail et d’y remédier, d’éliminer toute manifestation d’esprit bureaucratique, de faire apparaître de nouvelles possibilités d’accélérer les rythmes du développement économique et de lever ainsi les contradictions de la société socialiste.
Outre les contradictions internes, non antagonistes, de la société socialiste, il existe une contradiction externe, antagoniste, entre les pays du camp socialiste et les forces de l’impérialisme. Elle s’exprime dans le fait que les milieux impérialistes agressifs cherchent à déclencher la guerre contre l’U.R.S.S. et les pays de démocratie populaire ; ils organisent dans ces pays un travail de sape. D’où la nécessité de renforcer le plus possible la puissance économique et la capacité de défense de l’U.R.S.S. et des pays de démocratie populaire.
Partant du principe léniniste de la possibilité d’une coexistence pacifique du système socialiste et du système capitaliste, l’État soviétique pratique une politique conséquente de paix, développe les œuvres de paix et ses relations commerciales avec tous les pays. Il renforce la coopération économique avec les pays du camp de la démocratie et du socialisme, coopération qui représente un type nouveau, socialiste, de rapports entre les peuples.
Mettant à profit les avantages du système socialiste d’économie et s’appuyant sur les lois économiques, l’État soviétique des ouvriers et des paysans oriente le développement de l’U.R.S.S. dans la voie du communisme.