Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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26.4. L’U.R.S.S. entre dans la phase de l’achèvement de l’édification de la société socialiste et du passage graduel du socialisme au communisme.

Après la victoire du socialisme, l’U.R.S.S. est entrée dans une nouvelle phase de son développement, celle de l’achèvement de l’édification du socialisme et du passage graduel du socialisme au communisme.

Le communisme est un régime social qui ignore les classes et les différences de classes, où tous les moyens de production sont la propriété de l’ensemble du peuple, où le niveau de développement des forces productives assure l’abondance des produits, et où le principe déterminant de la vie sociale est : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. »

Le socialisme et le communisme sont deux phases d’une seule et même formation économique et sociale : la formation communiste, dont le socialisme constitue la phase inférieure et le communisme la phase supérieure, plus avancée. Le développement du socialisme entraîne la création de la base matérielle et technique du communisme et l’abondance des produits, une prodigieuse élévation du bien-être et du niveau culturel de la population. Ainsi, l’achèvement du stade socialiste du développement de la société marque en même temps le passage graduel au communisme. Le peuple tout entier — classe ouvrière, paysannerie, intellectuels — est intéressé de façon vitale à l’avènement du régime communiste ; tous les travailleurs sont des bâtisseurs actifs du communisme où la société connaîtra une prospérité matérielle et un épanouissement culturel sans précédent. Comme en régime socialiste il n’y a ni classes ni groupe sociaux dont les intérêts seraient en contradiction avec le communisme, le passage au communisme s’opère graduellement, sans révolution sociale.

À la suite des plans quinquennaux d’avant-guerre, l’Union soviétique, par le volume global de la production industrielle, dépassait tous les autres pays d’Europe et occupait la seconde place dans le monde. La création des conditions matérielles du passage au communisme exige la suppression du retard de Î’U.R.S.S. sur les pays capitalistes les plus évolués dans le volume de la production industrielle par habitant, ainsi qu’un développement considérable des forces productives. Le rapport du volume de la production industrielle à la population d’un pays est l’indice de sa puissance économique. La victoire du socialisme en U.R.S.S. imposa pratiquement la tâche proposée par Lénine et développée dans les travaux de Staline : rattraper et dépasser les principaux pays capitalistes du point de vue économique, c’est-à-dire par le volume de la production industrielle par habitant. Le 18e Congrès du Parti communiste (1939) l’a définie comme la tâche économique fondamentale de l’Union soviétique. Le troisième plan quinquennal a été un jalon important dans la voie du communisme. Les tâches assignées par le troisième plan quinquennal pour les trois premières années et demie (1938-juin 1941) ont été exécutées avec un plein succès. L’industrie, et avant tout l’industrie lourde, a connu un accroissement considérable, l’agriculture a continué à se renforcer et à se développer.

Le travail constructif et pacifique du peuple soviétique pour bâtir le communisme a été interrompu en 1941 par l’agression perfide de l’Allemagne fasciste et de ses vassaux.

La grande Guerre nationale de l’Union soviétique (1941-1945) a été la plus dure de toutes les guerres qu’ait connues la Russie. Elle a confirmé que l’U.R.S.S. possède le régime social et politique le plus solide et le plus viable qui soit. Le régime soviétique a prouvé qu’il était le plus apte non seulement à organiser le progrès économique et culturel du pays dans les années d’édification pacifique, mais aussi à mobiliser toutes les forces du peuple pour riposter à l’ennemi en temps de guerre.

La puissante base économique qui permit au pays de se défendre efficacement pendant la guerre, avait été créée au cours des plans quinquennaux d’avant-guerre grâce à la politique d’industrialisation et de collectivisation.

En 1940, l’U.R.S.S. avait produit 15 millions de tonnes de fonte, soit près de quatre fois plus qu’en 1913 ; 18,3 millions de tonnes d’acier, soit 4,5 fois plus qu’en 1913 ; 166 millions de tonnes de houille, soit 5,5 fois plus qu’en 1913 ; 31 millions de tonnes de pétrole, soit 3,5 fois plus qu’eu 1913 ; 38,3 millions de tonnes de blé marchand, soit 17 millions de tonnes de plus qu’en 1913 ; 2,7 millions de tonnes de coton brut, soit 3,5 fois plus qu’en 1913.

Le régime socialiste a permis en un temps très court de créer en U.R.S.S. une économie de guerre bien organisée qui s’est rapidement développée. La base économique de l’État soviétique s’est avérée incomparablement plus viable que l’économie des États ennemis. Grâce aux avantages de l’économie socialiste planifiée, l’État soviétique, dans les conditions incroyablement difficiles créées par la perte temporaire d’un certain nombre de régions importantes, a pu en temps utile mobiliser au maximum et utiliser de la manière la plus efficace les ressources matérielles et financières ainsi que la main-d’œuvre. Il a construit une foule d’entreprises nouvelles et intensifié l’effort industriel pour la victoire. Au cours de la guerre, les fabrications d’armements ont augmenté rapidement tandis que leur qualité s’améliorait. Malgré l’occupation temporaire par l’ennemi d’importantes régions agricoles, les kolkhoz et les sovkhoz ont, pour l’essentiel, assuré sans à-coups graves l’approvisionnement de l’armée et du pays en denrées alimentaires et celui de l’industrie en matières premières. Le régime kolkhozien a subi sans faiblir les sévères épreuves de la guerre et montré sa vitalité.

La classe ouvrière, la paysannerie, les intellectuels, les femmes et les jeunes ont consenti d’immenses sacrifices et fait preuve d’une abnégation au travail exceptionnelle. L’émulation socialiste généralisée a donné de grands résultats. Grâce à l’élévation de la productivité du travail dans l’industrie lourde et l’industrie travaillant pour la défense, le prix de revient de la production a considérablement baissé, ce qui a permis d’accroître de manière appréciable la fabrication des armements.

L’unité morale et politique de la société socialiste, l’amitié des peuples, le patriotisme soviétique ont suscité un héroïsme de masse au front et à l’arrière. Le Parti communiste, qui dirigeait la défense du pays, a su orienter toutes les forces du peuple vers la défaite de l’ennemi. Les avantages décisifs du socialisme, la solidité inébranlable de l’arrière soviétique ont permis à l’U.R.S.S., en coopération avec les alliés, de remporter une victoire économique et militaire dans sa lutte à mort contre l’Allemagne impérialiste, qui disposait des ressources de nombreux pays européens, et contre le Japon impérialiste. Le peuple soviétique, qui a dû supporter le poids principal de la guerre, n’a pas seulement sauvegardé la liberté et l’indépendance de son pays et ses conquêtes socialistes ; il a encore libéré les peuples d’Europe du joug hitlérien.

La guerre a causé à l’économie nationale de l’U.R.S.S. un grave préjudice.

Les occupants fascistes ont brûlé et détruit 1 710 villes, comprenant de très importants centres industriels et culturels, plus de 70 000 villages, 31 850 entreprises industrielles ; ils ont dévasté 98 000 kolkhoz, 1 876 sovkhoz, 2 890 S.M.T., etc. L’ensemble des dommages qu’ils ont causé à l’économie nationale et aux citoyens de l’U.R.S.S. est évalué, en prix d’État, à 679 milliards de roubles. Pendant la guerre, la production civile de l’industrie et la production agricole ont subi une baisse considérable et les transports ont beaucoup souffert.

La société socialiste a supporté sans faiblir les épreuves d’une guerre particulièrement dure. C’était la preuve de la solidité inébranlable des nouveaux rapports socialistes de production, la preuve de leur supériorité sur les rapports capitalistes.

Tout État capitaliste, même le plus grand, aurait à coup sûr, dans ces conditions, été rejeté à des dizaines d’années en arrière et ravalé au rang de puissance de second ordre. Mais grâce aux avantages du régime socialiste, l’U.R.S.S. a mené à bien les tâches difficiles, entre toutes, que posait la liquidation des conséquences de la guerre. Après avoir triomphé de l’ennemi, elle a pu, en quelques années et par ses propres moyens, atteindre le niveau de sa production d’avant-guerre et même le dépasser sensiblement. Elle a réalisé avec succès son quatrième plan quinquennal (1946-1950) qui avait pour principal objectif d’assurer le relèvement des régions éprouvées, de ramener au niveau d’avant-guerre l’industrie et l’agriculture, puis de dépasser ce niveau dans des proportions importantes. Le quatrième l’industrie. La réalisation du quatrième plan quinquennal marquait un très important progrès dans le développement économique et culturel de la société soviétique.

Le cinquième plan quinquennal (1951-1955) et les décisions qui furent prises alors par le Parti communiste et le gouvernement soviétique, en vue d’assurer un nouvel essor de l’industrie et de l’agriculture, une nouvelle élévation du bien-être et du niveau culturel du peuple soviétique constituent un pas nouveau vers le communisme. Les objectifs du cinquième plan quinquennal pour l’industrie ont été également atteints avant terme.

La victoire du socialisme en U.R.S.S. a eu la plus grande portée internationale. Elle a été un nouveau coup vigoureux porté au système impérialiste mondial, un coup qui a ébranlé plus violemment encore ses assises. L’affermissement du socialisme a prouvé de façon éclatante la supériorité du système socialiste d’économie nationale sur le système capitaliste. Il a fallu au capitalisme un siècle environ, et à la féodalité près de deux siècles pour affirmer leur supériorité sur les modes de production qui les avaient précédés. Le système socialiste d’économie a fourni la preuve de ses avantages indéniables par rapport au capitalisme dès la période de transition, c’est-à-dire en moins de vingt ans. Les faits ont mis en évidence la justesse du marxisme, conception du monde révolutionnaire de la classe ouvrière, la justesse de la théorie léniniste de la révolution socialiste. Cela a renforcé la foi des masses laborieuses dans la force de la classe ouvrière, dans la victoire finale du socialisme à l’échelle mondiale.