Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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20.3. L’impérialisme, prélude de la révolution socialiste.

L’impérialisme est le capitalisme agonisant. Il aggrave toutes les contradictions du capitalisme, les porte à leur limite extrême, au-delà de laquelle commence la révolution. Les plus importantes sont les suivantes :

Premièrement, la contradiction entre le travail et le capital. Le règne des monopoles et de l’oligarchie financière dans les pays capitalistes renforce le degré d’exploitation des classes laborieuses. L’aggravation de la condition matérielle et l’oppression politique accrue de la classe ouvrière accroissent son mécontentement et accentuent la lutte de classes entre prolétariat et bourgeoisie. Dès lors, les anciennes méthodes de lutte économique et politique de la classe ouvrière s’avèrent absolument insuffisantes. L’impérialisme conduit la classe ouvrière à la révolution socialiste.

Deuxièmement, la contradiction entre les puissances impérialistes. Dans la lutte pour le profit maximum, se heurtent les monopoles des différents pays, et chacun des groupes de capitalistes s’efforce de s’assurer la priorité en mettant la main sur les débouchés, les sources de matières premières, les investissements des capitaux. La lutte acharnée qui se livre entre les pays impérialistes pour les zones d’influence amène nécessairement des guerres impérialistes qui affaiblissent les positions du capitalisme renforcent le mécontentement des masses et les poussent dans la voie de la lutte révolutionnaire contre le régime capitaliste.

Troisièmement, la contradiction entre les peuples opprimés des colonies et des pays dépendants et les puissances impérialistes qui les exploitent. Le renforcement de l’oppression impérialiste ainsi que le développement du capitalisme dans les colonies et les semi-colonies a pour effet d’intensifier le mouvement de libération nationale contre l’impérialisme. De réserves de l’impérialisme, les colonies et les pays dépendants deviennent des réserves de la révolution prolétarienne.

Telles sont les principales contradictions qui caractérisent l’impérialisme comme capitalisme agonisant. Cela ne veut point dire que le capitalisme puisse dépérir de lui-même, par une sorte de « faillite automatique », sans que les masses populaires guidées par la classe ouvrière luttent avec résolution pour liquider la domination de la bourgeoisie. Cela veut dire seulement que l’impérialisme est la phase du développement du capitalisme, durant laquelle la révolution prolétarienne est devenue une nécessité pratique et où les conditions favorables p. 284à l’assaut direct des citadelles du capitalisme sont parvenues à maturité. Aussi Lénine a-t-il défini l’impérialisme comme le prélude de la révolution socialiste.