Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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19.4. La lutte des peuples coloniaux pour la libération nationale.

Avant l’époque de l’impérialisme, la lutte des peuples pour la libération nationale touchait essentiellement des pays européens (Irlandais, Hongrois, Polonais, Finlandais, Serbes, et autres) et ne dépassait pas le cadre des États multinationaux. À l’époque de l’impérialisme, le capital financier des métropoles ayant asservi les peuples des pays coloniaux et dépendants, le cadre de la question nationale s’est élargi, et par le cours même des choses elle s’est fondue avec la question générale des colonies.

Par là même, la question nationale, de question particulière, de question intérieure d’État, est devenue une question générale et internationale, la question universelle de la libération des peuples opprimés des pays dépendants et des colonies, du joug de l’impérialisme.

J. Staline, Les Questions du léninisme, t. 1, p. 54, Éditions sociales, Paris, 1947.

Le seul moyen qu’ont ces peuples de se libérer du joug de l’exploitation est la lutte révolutionnaire contre l’impérialisme. Durant toute l’époque capitaliste, les peuples des pays coloniaux ont lutté contre les oppresseurs étrangers, déclenché souvent des insurrections férocement réprimées par les colonisateurs. Dans la période de l’impérialisme, la lutte des peuples des pays colop. 276niaux et dépendants pour leur libération prend une ampleur sans précédent. Dès le début du 20e siècle, notamment après la première révolution russe de 1905, les masses laborieuses des pays coloniaux et dépendants s’éveillent à la vie politique. Des mouvements révolutionnaires éclatent en Chine, en Corée, en Perse, en Turquie, dans l’Inde.

Les pays du monde colonial se distinguent entre eux par le niveau du développement économique et par le degré de formation du prolétariat. Il faut distinguer au moins trois catégories de pays coloniaux et dépendants : 1o les pays qui ne sont absolument pas développés au point de vue industriel et qui n’ont pas ou presque pas de prolétariat ; 2o les pays sous-développés au point de vue industriel et dont le prolétariat est relativement peu nombreux, et 3o les pays plus ou moins développés au point de vue capitaliste et dont le prolétariat est plus ou moins nombreux. Cela détermine les particularités du mouvement de libération nationale dans les pays coloniaux et dépendants.

Étant donné que la paysannerie prédomine dans la population des pays coloniaux et dépendants, la question coloniale et nationale est, quant au fond, une question paysanne. Le but général du mouvement de libération nationale dans les colonies et les pays dépendants est la libération du joug de l’impérialisme et la suppression de toutes les survivances féodales. De ce fait, tout mouvement de libération nationale dans les colonies et les pays dépendants, dirigé contre l’impérialisme et l’oppression féodale, si même le prolétariat y est relativement faible, revêt un caractère progressiste.

Le mouvement de libération nationale dans les colonies et les pays dépendants, dans lequel le prolétariat joue un rôle de plus en plus grand en tant que dirigeant reconnu des larges masses de la paysannerie et de tous les travailleurs, entraîne dans la lutte contre l’impérialisme l’immense majorité de la population du globe, opprimée par l’oligarchie financière de quelques grandes puissances capitalistes. Les intérêts du mouvement prolétarien dans les pays développés au point de vue capitaliste et du mouvement de libération nationale dans les colonies, imposent l’union de ces deux formes de mouvement révolutionnaire en un front unique de lutte contre l’ennemi commun, contre l’impérialisme. L’internationalisme prolétarien part du point de vue qu’un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être un peuple libre. Et, comme l’enseigne le léninisme, le soutien, la défense et la réalisation du mot d’ordre proclamant le droit des nations à se séparer et à se constituer en États indépendants, représente de la part du prolétariat des nations dominantes une aide efficace au mouvement de libération des peuples opprimés.

L’essor de la lutte pour la libération nationale des peuples opprimés des colonies et des pays dépendants sape les assises de l’impérialisme et en prépare l’effondrement.