Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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19.1. Le rôle des colonies dans la période de l’impérialisme.

p. 267Les annexions coloniales, la tendance à former de vastes empires par la conquête de pays et de peuples plus faibles, existaient aussi avant l’époque de l’impérialisme et même avant la naissance du capitalisme. Mais, comme le montrait Lénine, dans la période de l’impérialisme le rôle et la portée des colonies changent de façon fondamentale, non seulement par rapport aux époques précapitalistes, mais aussi par rapport à la période du capitalisme prémonopoliste. Aux « vieilles » méthodes de la politique coloniale s’ajoute la lutte des monopolistes pour les sources de matières premières, pour l’exportation des capitaux, pour les zones d’influence, pour les territoires économiques et stratégiques.

Comme on l’a déjà montré, l’asservissement et le pillage systématique par les États impérialistes des peuples des autres pays, notamment des pays retardataires, la transformation d’une série de pays indépendants en pays dépendants, constituent un des traits principaux de la loi économique fondamentale du capitalisme actuel. Le capitalisme, en s’étendant au monde entier, a provoqué la tendance au rapprochement économique des divers pays, à la suppression de l’isolement national et à l’union progressive de vastes territoires en un tout cohérent. Le moyen par lequel le capitalisme monopoliste réalise l’union économique progressive de vastes territoires, est l’asservissement des colonies et des pays dépendants par les puissances impérialistes. Cette union se fait en créant des empires coloniaux, fondés sur l’oppression et l’exploitation implacables des pays coloniaux et dépendants par les métropoles.

Dans la période de l’impérialisme s’achève la constitution du système capitaliste d’économie mondiale, système qui repose sur des rapports de dépendance, de domination et de soumission. Les pays impérialistes, grâce à l’exportation accrue des capitaux, à l’extension des « zones d’influence » et aux annexions p. 268coloniales, ont soumis à leur domination les peuples des colonies et des pays dépendants.

Le capitalisme s’est transformé en un système universel d’oppression coloniale et d’asphyxie financière de l’immense majorité de la population du globe par une poignée de pays « avancés ».

V. Lénine, « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme » [1916], préface [1920] aux éditions française et allemande, Œuvres, t. 22, p. 207.

Ainsi, les différentes économies nationales sont devenues les anneaux d’une chaîne unique, appelée économie mondiale. D’autre part, la population du globe s’est scindée en deux camps — le petit groupe de pays impérialistes qui exploitent et oppriment les pays coloniaux et dépendants, et une énorme majorité de pays coloniaux et dépendants, dont les peuples sont en lutte pour se libérer du joug de l’impérialisme.

Durant la phase monopoliste du capitalisme, s’est formé le système colonial de l’impérialisme. Ce système embrasse la totalité des colonies et des pays dépendants opprimés et asservis par les États impérialistes.

Le pillage et la conquête des colonies, l’arbitraire et la violence impérialistes, l’esclavage colonial, l’oppression nationale et la servitude, enfin la lutte des puissances impérialistes entre elles pour la domination des peuples des pays coloniaux : telles sont les formes sous lesquelles s’est poursuivi le processus de création du système colonial de l’impérialisme.

Les États impérialistes, en s’emparant des colonies et en les pillant, s’efforcent de surmonter leurs contradictions internes grandissantes. Les profits élevés extorqués aux colonies permettent à la bourgeoisie de corrompre certaines couches d’ouvriers qualifiés à l’aide desquels la bourgeoisie cherche à désorganiser le mouvement ouvrier. En même temps, l’exploitation des colonies conduit à l’accentuation des contradictions du système capitaliste dans son ensemble.