Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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L’industriel ou le commerçant verse au capitaliste possesseur d’argent une partie de son profit sous forme d’intérêt. Ainsi, le profit moyen se décompose en deux parties. La partie du profit moyen qui reste aux industriels et aux commerçants, c’est-à-dire aux capitalistes exploitants, est appelée le bénéfice d’entrepreneur.
Si la forme de l’intérêt crée l’illusion que l’intérêt est le fruit naturel du capital-propriété, la forme du bénéfice d’entrepreneur engendre l’illusion que ce revenu représente la rémunération du « travail » du capitaliste exploitant, pour la direction et la surveillance du travail des ouvriers salariés dans son entreprise. En réalité, le bénéfice d’entrepreneur de même que l’intérêt n’a aucun rapport avec le travail nécessité par la direction de la production ; il constitue une partie de la plus-value que s’approprient gratuitement les capitalistes.
La proportion, selon laquelle le profit moyen se décompose en bénéfice d’entrepreneur et en intérêt, dépend du rapport entre l’offre et la demande du capital de prêt, de l’état du marché financier. Plus la demande de capital-argent est élevée, et plus le taux d’intérêt l’est aussi, toutes choses égales d’ailleurs. On appelle taux d’intérêt le rapport entre le montant de l’intérêt et le capital-argent prêté. Dans les conditions habituelles, la limite supérieure du taux d’intérêt est le taux moyen du profit, l’intérêt étant une partie du profit. En règle générale, le taux d’intérêt est sensiblement inférieur au taux moyen du profit.
Avec le développement du capitalisme, le taux d’intérêt manifeste une tendance à la baisse. Cette tendance est due à deux causes : premièrement, à l’action de la loi de la baisse tendancielle du taux moyen du profit, puisque le taux moyen du profit forme la limite supérieure des variations du taux d’intérêt ; deuxièmement, au fait qu’avec le développement du capitalisme la masse générale du capital de prêt augmente plus vite que n’en augmente la demande. Une des causes de cet accroissement du capital de prêt est l’extension parmi la bourgeoisie du groupe des rentiers, c’est-à-dire des capitalistes détenteurs de capital-argent, qui n’ont aucune activité d’entrepreneurs. Il y a là aussi une manifestation du renforcement du parasitisme dans la société bourgeoise. L’accroissement du capital de prêt est favorisé par la centralisation des fonds disponibles dans les banques et les caisses d’épargne.
L’intérêt des crédits à court ternie sur le marché financier aux États-Unis allait de 1866 à 1880 de 3,6 % (taux minimum) à 17 % (taux maximum) ; de 1881 à 1900, il variait de 2,63 % à 9,75 % ; de 1901 à 1920, de 2,98 % à 8,0 % ; de 1921 à 1935, de 0,75 % à 7,81 % ; de 1945 à 1954, de 0,75 % à 2,75 %.