Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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Le processus de circulation capitaliste des marchandises nécessite certaines dépenses. Ces dépenses, liées au service de la sphère de circulation, constituent les frais de circulation.
Il faut distinguer deux sortes de frais capitalistes dans le commerce : premièrement, les frais de circulation proprement dits, qui se rattachent directement à la vente et à l’achat des marchandises, ainsi qu’aux particularités du régime capitaliste ; en second lieu, les frais occasionnés par la continuation du processus de production dans la sphère de la circulation.
Les frais de circulation proprement dits forment la plus grande partie et une partie sans cesse croissante des frais de circulation du commerce capitaliste. Ils comprennent les dépenses liées à la transformation des marchandises en argent et de l’argent en marchandises. Ils comprennent les dépenses nécessitées par la concurrence et la spéculation, les dépenses de publicité, la majeure partie des dépenses destinées à payer le travail des employés de commerce, la tenue des livres comptables, la correspondance, l’entretien des bureaux commerciaux, etc. Ils n’ajoutent à la marchandise, ainsi que l’indiquait Marx, aucune valeur. Ils viennent en déduction directe du montant total de la valeur produite dans la société, et sont couverts par les capitalistes avec la masse générale de plus-value produite par le travail de la classe ouvrière. L’accroissement des frais de circulation proprement dits témoigne du gaspillage du régime capitaliste.
Aux États-Unis les seuls frais de publicité, ayant été l’objet d’un recensement, furent en 1934 de 1,6 milliard de dollars ; en 1940, de 2,1 milliards de dollars, et en 1953 de 7,8 milliards de dollars.
Avec le développement du capitalisme et l’aggravation des difficultés de réalisation des marchandises, il se forme un appareil commercial colossal doté d’une multitude d’échelons. Avant de parvenir au consommateur, les marchandises passent entre les mains de toute une armée de commerçants, de spéculateurs, de revendeurs et de commissionnaires.
Les frais nécessités par la continuation du processus de production dans la sphère de la circulation comprennent les dépenses nécessaires pour la société et qui ne dépendent pas des particularités de l’économie capitaliste. Ce sont les dépenses pour la finition, le transport, l’emballage des marchandises. Chaque produit n’est prêt à la consommation que quand il est livré au consommateur. Les frais de finition, de transport et d’emballage des marchandises augmentent d’autant la valeur de leur production. Le travail fourni à cet effet par les ouvriers transfère à la marchandise la valeur des moyens de production dépensés et ajoute à la valeur des marchandises une valeur nouvelle.
L’anarchie de la production capitaliste et les crises, la concurrence et la spéculation provoquent l’accumulation d’immenses stocks de marchandises, allongent et dévient leur acheminement, ce qui entraîne d’énormes dépenses improductives. Dans l’immense majorité des cas la publicité capitaliste tend, plus ou moins, à tromper les acheteurs. La publicité capitaliste impose un emballage inutile et coûteux des marchandises. Cela signifie qu’une partie sans cesse accrue des dépenses nécessitées par le transport, la conservation et l’emballage des marchandises se transforme en frais proprement dits, dus à la concurrence capitaliste et à l’anarchie de la production. L’augmentation des frais de circulation est l’un des indices de l’accentuation du parasitisme dans la société bourgeoise. Les frais du commerce capitaliste sont un lourd fardeau pour les travailleurs en tant qu’acheteurs.
Aux États-Unis, les frais de circulation formaient en 1929 31 % et en 1935, 32,8 % du chiffre d’affaires du commerce de détail. Dans les pays capitalistes d’Europe, les frais de circulation forment à peu près le tiers du chiffre d’affaires du commerce de détail.