Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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Dans chaque pays, le niveau du salaire est établi sur la base de la loi de la valeur, à la suite d’une lutte de classe acharnée entre le prolétariat et la bourgeoisie.
Les écarts du salaire par rapport à la valeur de la force de travail ont leurs limites.
La limite minima du salaire en régime capitaliste est déterminée par des conditions purement physiques : l’ouvrier doit disposer de la quantité de moyens de subsistance qui lui est p. 146absolument nécessaire pour s’entretenir et reproduire sa force de travail.
Si le prix de la force de travail tombe à ce seuil minimum, il tombe en dessous de sa valeur, car elle ne peut alors se conserver et se développer que sous une forme étiolée.
Lorsque le salaire descend au-dessous de cette limite, il se produit un processus accéléré de destruction physique pure et simple de la force de travail, de dépérissement de la population ouvrière. Il s’exprime par une diminution de la durée moyenne de la vie, un abaissement de la natalité, une augmentation de la mortalité de la population ouvrière aussi bien dans les pays capitalistes développés que surtout dans les colonies.
La limite maxima du salaire en régime capitaliste est la valeur de la force de travail. Le niveau moyen du salaire se rapproche plus ou moins de cette limite selon le rapport des forces de classe du prolétariat et de la bourgeoisie.
Dans sa chasse aux profits, la bourgeoisie cherche à abaisser le salaire au-dessous de la limite du minimum physique. La classe ouvrière lutte contre les amputations du salaire, pour son augmentation, pour l’établissement d’un minimum garanti, pour l’introduction des assurances sociales et la réduction de la journée de travail. Dans cette lutte, la classe ouvrière fait face à la classe des capitalistes dans son ensemble et à l’État bourgeois.
La lutte acharnée de la classe ouvrière pour l’augmentation des salaires a commencé en même temps que naissait le capitalisme industriel. Elle s’est déroulée d’abord en Angleterre, puis dans les autres pays capitalistes et coloniaux.
À mesure que le prolétariat se forme en tant que classe, les ouvriers, pour mener à bien la lutte économique, s’unissent en syndicats. Aussi l’entrepreneur se trouve-t-il en face non plus d’un prolétaire isolé, mais de toute une organisation. Avec le développement de la lutte de classe, à côté des organisations professionnelles locales et nationales se créent des fédérations syndicales internationales. Les syndicats sont une école de la lutte de classe pour les grandes masses des ouvriers.
Les capitalistes forment de leur côté des unions patronales. Ils corrompent les chefs des syndicats réactionnaires, organisent les briseurs de grèves, divisent les organisations ouvrières, utilisent pour réprimer le mouvement ouvrier la police, la troupe, les tribunaux et les prisons.
Un des moyens efficaces de lutte des ouvriers pour l’augmentation des salaires, la réduction de la journée de travail et l’amélioration des conditions de travail en régime capitaliste, est la grève. À mesure que les antagonismes de classe s’aggravent et que le mouvement prolétarien se renforce dans les pays capitalistes et coloniaux, des millions d’ouvriers sont entraînés dans les mouvements de grève. Lorsque les ouvriers en lutte contre le capital font preuve de résolution et de ténap. 147cité, les grèves économiques obligent les capitalistes à accepter les conditions des grévistes.
C’est seulement grâce à la lutte opiniâtre de la classe ouvrière pour ses intérêts vitaux que les États bourgeois sont amenés à promulguer des lois sur le salaire minimum, la réduction de la journée de travail, la limitation du travail des enfants.
La lutte économique du prolétariat a une grande importance : avec une direction judicieuse, animée d’une haute conscience de classe, les syndicats résistent avec succès au patronat. La lutte de la classe ouvrière arrête dans une certaine mesure la chute des salaires. Mais la lutte économique de la classe ouvrière est impuissante à supprimer les lois du capitalisme et à soustraire les ouvriers à l’exploitation et aux privations.
Tout en reconnaissant le rôle important de la lutte économique de la classe ouvrière contre la bourgeoisie, le marxisme-léninisme enseigne que cette lutte est dirigée uniquement contre les conséquences du capitalisme et non contre la cause première de l’oppression et de la misère du prolétariat. Cette cause est le mode de production capitaliste lui-même.
C’est seulement par la lutte politique révolutionnaire que la classe ouvrière peut supprimer le système d’esclavage salarié, source de son oppression économique et politique.