Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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7.7. Deux moyens d’augmentation du degré d’exploitation du travail par le capital. La plus-value absolue et la plus-value relative.

Tout capitaliste, afin d’accroître la plus-value, cherche par tous les moyens à augmenter la part du surtravail qu’il extorque à l’ouvrier. L’augmentation de la plus-value se réalise par deux moyens principaux.

Prenons à titre d’exemple une journée de travail de 12 heures, dont 6 heures forment le travail nécessaire et 6 heures le surtravail. Représentons cette journée de travail sous la forme d’une ligne dont chaque division est égale à une heure.

Journée de travail = 12 heures
|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|
Temps de travail nécessaire
= 6 heures
|—|—|—|—|—|—|
Temps de surtravail
= 6 heures
|—|—|—|—|—|—|

Le premier moyen d’augmenter le degré d’exploitation de l’ouvrier consiste pour le capitaliste à augmenter la plus-value qu’il reçoit, en allongeant la journée de travail, par exemple, de 2 heures. Alors la journée de travail se présentera comme suit :

Journée de travail = 14 heures
|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|
Temps de travail nécessaire
= 6 heures
|—|—|—|—|—|—|
Temps de surtravail
= 8 heures
|—|—|—|—|—|—|—|—|

La durée du surtravail a augmenté par suite de rallongement absolu de la journée de travail dans son ensemble, tandis que le temps de travail nécessaire est resté invariable. La plus-value produite par la prolongation de la journée de travail s’appelle plus-value absolue.

Le second moyen d’augmenter le degré d’exploitation de l’ouvrier consiste, sans modifier la durée générale de la journée de travail, à augmenter la plus-value que reçoit le capitaliste en réduisant le temps de travail nécessaire. L’augmentation de la productivité du travail dans les branches fabriquant les objets de consommation pour les ouvriers, et aussi dans celles qui fournissent les instruments et les matériaux pour la production des objets de consommation, aboutit à réduire le temps de travail nécessaire à leur production. Il en résulte que la valeur des moyens de subsistance des ouvriers diminue et la valeur de la force de travail décroît en conséquence. Si auparavant on dépensait 6 heures pour la production des moyens de subsistance de l’ouvrier, maintenant on ne dépense, par exemple, que 4 heures. La journée de travail se présente alors comme suit :

Journée de travail = 12 heures
|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|—|
Temps de travail nécessaire
= 4 heures
|—|—|—|—|
Temps de surtravail
= 8 heures
|—|—|—|—|—|—|—|—|

La longueur de la journée de travail reste invariable, mais la durée de surtravail augmente du fait que le rapport s’est modifié entre le temps de travail nécessaire et le temps de surtravail. La plus-value résultant, par suite de l’augmentation de la productivité du travail, de la diminution du temps du travail nécessaire et de l’augmentation correspondante du temps de surtravail s’appelle plus-value relative.

Ces deux moyens d’augmenter la plus-value renforcent l’exploitation du travail salarié par le capital. En même temps ils jouent un rôle différent aux différentes phases du développement historique du capitalisme. Dans les premières phases du développement du capitalisme, alors que la technique était rudimentaire et avançait relativement lentement, l’augmentation de la plus-value absolue avait une importance primordiale. Le capital à la poursuite de la plus-value réalisa une révolution radicale dans les méthodes de production, la révolution industrielle, qui donna le jour à la grande industrie mécanique. La coopération capitaliste simple, la manufacture et l’industrie mécanique, dont il a été question plus haut (ch. 5 et 6), représentent des degrés successifs de l’élévation de la productivité du travail par le capital. Dans la période du machinisme, alors que la technique hautement développée permet d’accroître rapidement la productivité du travail, les capitalistes s’attachent à élever considérablement le degré d’exploitation des ouvriers, avant tout par l’augmentation de la plus-value relative. En même temps, ils cherchent comme par le passé à prolonger au maximum la journée de travail et surtout à intensifier encore le travail. L’intensification du travail des ouvriers a pour le capitaliste la même importance que l’allongement de la journée du travail : l’allongement de la journée de travail de 10 à 11 heures ou l’augmentation d’un dixième de l’intensité du travail lui fournit le même résultat.