Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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Dans le cadre de la production marchande fondée sur la propriété privée des moyens de production, le lien social qui existe entre les hommes dans le processus de production ne se manifeste que par l’échange des objets-marchandises. Le sort des producteurs se trouve étroitement lié à celui des objets-marchandises qu’ils ont créés. Les prix des marchandises varient sans cesse indépendamment de la volonté et de la conscience des hommes, cependant que le niveau des prix est souvent une question de vie et de mort pour les producteurs.
Les rapports des choses masquent les rapports sociaux entre les hommes. Ainsi, la valeur de la marchandise exprime le rapport social entre producteurs, toutefois elle apparaît comme p. 91une propriété aussi naturelle de la marchandise que, par exemple, sa couleur ou son poids.
C’est seulement le rapport social déterminé des hommes eux-mêmes qui prend ici pour eux la forme [fantasmagorique] d’un rapport des choses entre elles.
Ainsi, dans l’économie marchande fondée sur la propriété privée, les rapports de production entre les hommes se présentent inévitablement comme des rapports entre objets-marchandises. C’est dans cette matérialisation des rapports de production que réside justement le caractère fétiche1 propre à la production des marchandises.
Le fétichisme de la marchandise se manifeste de façon particulièrement éclatante dans la monnaie. La monnaie dans l’économie marchande est une force énorme qui confère un pouvoir sur les hommes. Tout s’achète avec de la monnaie. On a l’impression que cette faculté de tout acheter est la propriété naturelle de l’or, alors que, en réalité, elle résulte de rapports sociaux déterminés.
Le fétichisme de la marchandise a des racines profondes dans la production marchande, où le travail du producteur se manifeste directement comme travail privé, et où son caractère social n’apparaît que dans l’échange des marchandises. C’est seulement avec l’abolition de la propriété privée des moyens de production que disparaît le caractère fétiche de la marchandise.
La matérialisation des rapports de production, inhérente à la production des marchandises, porte le nom de « fétichisme marchand » par analogie avec le fétichisme religieux qui consiste dans la déification par les hommes primitifs des objets qu’ils avaient eux-mêmes créés.