Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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L’homme primitif dépendait dans une très large mesure de la nature environnante ; il était complètement écrasé par les difficultés de l’existence, de la lutte contre la nature. Ce n’est qu’avec une extrême lenteur qu’il est parvenu à dompter les forces de la nature, par suite du caractère rudimentaire de ses instruments de travail. Une pierre grossièrement taillée et un bâton ont été ses premiers outils. Ils continuaient en quelque sorte artificiellement les organes de son corps, la pierre prolongeant le poing et le bâton le bras tendu.
p. 23Les hommes vivaient en groupes comptant au plus quelques dizaines de membres : un nombre plus élevé d’individus n’aurait pu trouver à se nourrir ensemble. Quand deux groupes se rencontraient, des conflits éclataient parfois entre eux. Beaucoup de ces groupes mouraient de faim ou devenaient la proie des bêtes féroces. Aussi le travail en commun était-il pour les hommes la seule possibilité et une nécessité absolue.
Longtemps l’homme primitif a surtout vécu de la cueillette et de la chasse effectuées collectivement à l’aide des instruments les plus simples. Les fruits du travail en commun étaient de même consommés en commun. La précarité de la nourriture explique l’existence chez les hommes primitifs du cannibalisme. Au cours des millénaires, les hommes ont appris en quelque sorte à tâtons, par une expérience très lentement accumulée, à fabriquer les instruments les plus simples, propres à frapper, à couper, à creuser et à exécuter les autres actions peu compliquées auxquelles se réduisait alors presque toute la production.
La découverte du feu a été une grande conquête de l’homme primitif en lutte contre la nature. Il a d’abord appris à se servir du feu allumé fortuitement : il voyait la foudre enflammer un arbre, il observait les incendies de forêt et les éruptions des volcans. Le feu obtenu par hasard était longuement et soigneusement entretenu. Ce n’est qu’après des millénaires que l’homme perça le secret de la production du feu. À un stade plus avancé de la fabrication des instruments, il nota que le feu s’obtenait par le frottement, et il apprit à le produire.
La découverte et l’usage du feu permirent aux hommes de dominer certaines forces de la nature. L’homme primitif se détacha définitivement du règne animal ; la longue période de la formation de l’homme avait pris fin. La découverte du feu modifia profondément les conditions de sa vie matérielle. D’abord, le feu lui servit à préparer les aliments et à en augmenter ainsi le nombre : il put désormais se nourrir de poisson, de viande, de racines et de tubercules féculents, etc., en les faisant cuire. Ensuite, le feu commença à jouer un rôle important dans la fabrication des instruments de production ; d’autre part il protégeait du froid, ce qui permit aux hommes de se répandre sur une partie plus étendue du globe. Enfin, il permettait de mieux se défendre contre les bêtes féroces.
Longtemps la chasse resta la principale source de moyens d’existence. Elle procurait aux hommes les peaux dont ils se vêtaient, les os dont ils faisaient des outils, une nourriture carnée qui influa sur le développement ultérieur de l’organisme humain, et surtout du cerveau. À mesure qu’il se développait physiquement et intellectuellement, l’homme devenait capable de produire des instruments de plus en plus perfectionnés. Il se servait pour chasser d’un bâton à bout aiguisé. Puis il fixa à ce bâton une pointe de pierre. Il eut ensuite des lances à pointe de pierre, des haches, des racloirs, des couteaux, des harpons et des crochets de pierre, instruments qui permirent de chasser le gros gibier et de développer la pêche.
p. 24La pierre est restée très longtemps la principale matière dont on faisait les outils. On a donné le nom d’âge de la pierre à l’époque où prédominent les instruments de pierre, et qui s’étend sur des centaines de milliers d’années. Plus tard l’homme apprit à fabriquer des outils en métal, en métal natif pour commencer, et d’abord en cuivre (mais le cuivre, métal mou, ne pouvait être largement utilisé pour la fabrication d’outils), puis en bronze (alliage de cuivre et d’étain) et ensuite en fer. À l’âge de la pierre succède l’âge du bronze, puis l’âge du fer.
Les traces les plus anciennes de la fonte du cuivre remontent, dans l’Asie antérieure, aux 5e-4e millénaires avant notre ère ; dans l’Europe méridionale et centrale, aux 3e-2e millénaires. Les premiers vestiges du bronze datent en Mésopotamie du 4e millénaire avant notre ère.
Les traces les plus anciennes de la fonte du fer ont été découvertes en Égypte et en Mésopotamie et se situent 2 000 ans avant notre ère. En Europe occidentale, l’âge du fer commence environ 1 000 ans avant notre ère.
L’invention de l’arc et des flèches marqua une importante étape dans l’histoire du perfectionnement des instruments de travail. Désormais la chasse fournit en quantités accrues les moyens d’existence indispensables. Les progrès de la chasse donnèrent naissance à l’élevage primitif. Les chasseurs se mirent à domestiquer les animaux : le chien d’abord, puis la chèvre, les bovidés, le porc et le cheval.
L’agriculture primitive constitua un nouveau progrès considérable dans le développement des forces productives de la société. En récoltant les fruits et les racines, les hommes primitifs avaient remarqué des milliers de fois, sans comprendre pourquoi, que les graines tombées à terre se mettaient à germer. Mais un jour arriva où leur esprit établit un rapport entre ces faits, et ils commencèrent à cultiver les plantes. Ce fut le début de l’agriculture. Longtemps les procédés de culture restèrent des plus primitifs. On ameublissait le sol au moyen d’un simple bâton, et plus tard, d’un bâton à bout recourbé : la houe. Dans les vallées des cours d’eau, on jetait les semences sur le limon déposé par les crues. La domestication des animaux permit d’utiliser le bétail comme force de trait. Par la suite, quand les hommes apprirent à fondre les métaux, l’emploi d’outils en métal rendit le travail agricole plus productif. L’agriculture reçut une base plus solide. Les tribus primitives devinrent progressivement sédentaires.