Dominique Meeùs
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Discussion sur la philosophie marxiste, Liège, 12 octobre 2016

On pourrait partir de deux vidéos :

Toutes les deux constituent un discours rationnel. Ce qui les distingue, c’est le point de vue. Comment le point de vue a-t-il tant d’importance ? Y a-t-il plusieurs raisons ? plusieurs vérités ? plusieurs philosophies ? plusieurs sciences ?

Problème préalable : qu’est-ce que la philosophie ? qu’est-ce que la science ?

On a peut-être philosophé en un certain sens avant et ailleurs, mais on parle de philosophie à partir de la Grèce antique, avec Thalès et d’autres. Chez eux, on ne peut pas parler vraiment de science, à part bien sûr les mathématiques, mais c’est une science un peu à part.

On peut faire remonter la science, proprement dite, à Al-Haytham, de Bagdad, mais qui a travaillé ensuite en Égypte, avec son Traité de l’optique en 1015. Ensuite, Galilée, Newton et bien d’autres. (C’est une aventure collective.) Si on veut visualiser ça dans le temps, voir une ligne de temps. (Ne pas oublier de déplacer non seulement vers le bas, mais aussi vers la droite.)

Dans les deux cas, il y a un certain professionnalisme, même si tous les philosophes et savants du passé n’étaient pas travailleurs salariés d’un institut de philosophie ou de science. Cependant, tout le monde apprend, a des idées, dans la vie de tout les jours, dans la production et dans les luttes de classes. La philosophie et la science supposent une prise de recul.

On voit tout de suite la différence : place pour le « point de vue » en philosophie. Le philosophe français Althusser dit que la philosophie énonce des thèses. Le philosophe donne son avis, son opinion, sa conviction (peut-être pour de bonnes raisons). Il prend parti et c’est sur des questions où on ne peut que prendre parti, où il faut « choisir son camp » (le camp de ceux qui travaillent ou le camp de ceux qui font travailler, la primauté des idées ou la primauté du monde matériel) ; des questions où on ne peut pas trancher, parce que ce sont des questions très, trop générales. Par contre en science, il y a un tribunal qui tranche en dehors de nous (même si ce n’est pas immédiat).

Si la philosophie est inséparable d’un « point de vue », quelle est la spécificité du marxisme ?

(J’ai un cours de philosophie marxiste, mais il est un peu ancien. Je ne le redonnerais plus tout à fait comme ça aujourd’hui. Sur la science, j’ai fait en mars une causerie sur la science, mais ça aussi, je la retravaillerais aujourd’hui.)

L’homme est un animal, il doit manger tous les jours. C’est un animal intelligent, de plus en plus il produit ses moyens d’existence. Il le fait en groupe, dans une société qui se structure de plus en plus : rapports sociaux. Voir (dans un cours sur la classe ouvrière) ce qu’en disent Marx et Engels dans le Manifeste et ailleurs.

La philosophie marxiste a deux caractéristiques principales :

Ainsi, Marx choisit son camp : celui des travailleurs. C’est ce choix de départ qui va orienter sa pensée. Attention, le marxisme n’est pas que philosophie. Chaque fois que c’est possible, ayant pris parti philosophiquement dans une certaine direction, Marx s’efforce de passer au niveau de la sience. (C’est le cas du Capital et c’est dit dans le passage de la postface cité plus bas.) C’est un matérialisme : le point de départ, c’est le monde matériel, avec le vivant, avec les hommes, avec les sociétés humaines, avec les idées des hommes, mais ce sont toutes des choses qu’on doit pouvoir étudier scientifiquement. En particulier, en histoire, il faut être scientifique au sens de critique historique (vérifier les sources), mais il faut viser plus loin : montrer les forces fondamentales qui conduisent l’histoire de sociétés (le conflit des intérêts de classe). C’est ce qu’on appelle matérialisme historique. Ce n’est pas un matérialiste simpliste, mécaniste. C’est un matérialisme qui prend en compte la complexité des choses et le fait que les choses changent, qu’elles évoluent dans le temps. C’est en cela qu’on dit que c’est un matérialisme dialectique.

Ensuite n’est pas seulement un exercice intellectuel, changer le monde, c’est une lutte.

Voir la postface de la deuxième édition du Livre I du Capital. Voir les « thèses sur Feuerbach », surtout 2 et 3, puis 9, 10 et 11 (difficile).

Sur la dialectique, on raconte beaucoup de choses. Revoir la postface. J’ai écrit une note « Ma lecture de la dialectique chez Marx et Engels ». En tant que méthode, voir dans Levins & Lewontin, The Dialectical Biologist, le passage dont je propose la traduction suivante :

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