Dominique Meeùs
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Les succès du socialisme dans notre pays ne réjouissaient pas seulement le Parti, les ouvriers et les kolkhoziens. Ils réjouissaient aussi tous nos intellectuels soviétiques, tous les citoyens honnêtes de l’U.R.S.S.
Mais ils ne réjouissaient pas les résidus des classes exploiteuses défaites ; ils les exaspéraient de plus en plus.
Ils excitaient la fureur des sous- ordres des classes battues, des débris piteux des boukhariniens et des trotskistes.
Ces messieurs n’appréciaient pas les réalisations des ouvriers et des kolkhoziens du point de vue des intérêts du peuple, qui se félicitait de chacune de ces réalisations, mais du point de vue des intérêts de leur lamentable fraction, détachée de la vie et gangrenée jusqu’à la moelle. Comme les succès du socialisme dans notre pays signifiaient la victoire de la politique du Parti et l’effondrement définitif de leur politique, ces messieurs, au lieu de reconnaître l’évidence des faits et de s’associer à l’œuvre commune, se vengèrent de leurs échecs, de leur faillite sur le Parti et sur le peuple ; ils se mirent à faire tout le mal et tout le tort possibles à l’œuvre des ouvriers et des kolkhoziens, à faire sauter les mines, à incendier les usines, à’ se livrer au sabotage dans les kolkhoz et les sovkhoz, pour réduire à néant les réalisations des ouvriers et des kolkhoziens et provoquer le mécontentement du peuple à l’égard du pouvoir des Soviets. Cependant, pour empêcher leur lamentable groupe d’être démasqué et écrasé, ils se camouflaient en hommes dévoués au Parti, devant lequel ils faisaient de plus en plus de courbettes ; ils exaltaient le Parti, rampaient devant lui, tout en continuant en fait à pousser leur sape sournoise contre les ouvriers et les paysans.
Au XVIIe congrès, Boukharine, Rykov et Tomski firent acte de contrition ; ils glorifiaient le Parti, portaient aux nues ses réalisations. Mais le congrès se rendait bien compte que leurs discours étaient marqués au sceau de l’insincérité et de la duplicité, car ce que le Parti demande à ses membres, ce n’est pas d’exalter et de glorifier ses réalisations, mais de travailler honnêtement sur le front du socialisme, ce qui depuis bien longtemps n’était plus le fait des boukhariniens. Le Parti voyait qu’en réalité p. 360ces messieurs, dans leurs discours hypocrites, parlaient pour leurs partisans en dehors du congrès, qu’ils leur donnaient une leçon de duplicité et les appelaient à ne pas déposer les armes.
Au XVIIe congrès, les trotskistes Zinoviev et Kaménev prirent également la parole pour flageller sans mesure leurs erreurs et glorifier, — sans plus de mesure, — les réalisations du Parti. Mais le congrès ne pouvait pas ne pas s’apercevoir que cette auto-flagellalion écœurante ainsi que la mielleuse glorification du Parti n’étaient que l’envers de la conscience trouble et inquiète de ces messieurs. Toutefois, le Parti ne savait pas encore, ne se doutait pas encore qu’au moment même où ils prononçaient au congrès des discours sucrés, ces messieurs préparaient le lâche assassinat de S. Kirov.
Le 1er décembre 1931, à Léningrad, à Smolny, S. Kirov était lâchement assassiné d’un coup de revolver.
Arrêté sur le lieu du crime, l’assassin s’avéra adhérent d’un groupe contre-révolutionnaire clandestin, composé de membres du groupe antisoviétique Zinoviev, à Léningrad.
L’assassinat de S. Kirov, — tant aimé du Parti et de la classe ouvrière, — provoqua chez les travailleurs de notre pays une colère extrême et une profonde douleur.
L’instruction établit qu’en 1933-1934 s’était constitué, à Léningrad, un groupe terroriste contre-révolutionnaire clandestin, formé des anciens membres de l’opposition zinoviéviste, avec en tête ce qu’on appelait le « centre de Léningrad ». Ce groupe se donnait pour but d’assassiner les dirigeants du Parti communiste. S. Kirov avait été désigné pour première victime. Les dépositions faites par les membres de ce groupe contre-révolutionnaire montrèrent qu’ils étaient liés avec les représentants d’États capitalistes étrangers, qui les subventionnaient.
Les membres démasqués de cette organisation furent condamnés par le Collège militaire du Tribunal suprême de l’U.R.S.S. à la peine capitale, à être fusillés.
On établit bientôt l’existence d’un autre centre contre-révolutionnaire clandestin, le « centre de Moscou >. L’instruction et le procès mirent en lumière le rôle abject de Zinoviev, de Kaménev, d’Evdokimov et des autres dirigeants de cette organisation, qui cultivaient chez leurs partisans l’esprit terroriste, qui préparaient l’assassinat des membres du Comité central et du gouvernement soviétique.
Dans leur duplicité et leur lâcheté, ces hommes en étaient arrivés au point que Zinoviev, lui qui avait été un des organisateurs p. 361et des inspirateurs de l’assassinat de S. Kirov, lui qui avait pressé le meurtrier de consommer le crime au plus vite, écrivit une nécrologie élogieuse de Kirov et en exigea la publication.
Même au moment où ils feignirent de se repentir devant le tribunal, les zinoviévistes continuaient en fait à jouer double. Ils ont dissimulé leur liaison avec Trotski. Dissimulé qu ils s’étaient vendus, avec les trotskistes, aux services d’espionnage fascistes ; dissimulé leur travail d’espions et de saboteurs. Les zinoviévistes ont dissimulé au tribunal leur liaison avec les boukhariniens, l’existence d’une bande de mercenaires du fascisme, groupant à la fois trotskistes et boukhariniens.
L’assassinat du camarade Kirov, comme on le sut plus tard, avait été perpétré par cette bande de trotskistes et de boukhariniens réunis.
Dès 1935, il apparut clairement que le groupe zinoviéviste était une organisation contre-révolutionnaire camouflée, qui méritait parfaitement que l’on traitât ses membres en gardes blancs.
Un an plus tard, on établit que les authentiques et véritables organisateurs directs de l’assassinat de Kirov et les organisateurs des préparatifs d’assassinats contre d’autres membres du Comité central étaient Trotski, Zinoviev, Kaménev et leurs complices. On déféra devant le tribunal Zinoviev, Kaménev, Bakaev, Evdokimov, Pikel, I. Smirnov, Mratchkovski, Ter-Vaganian, Reingold et autres. Pris en flagrant délit, les criminels durent avouer publiquement, devant le tribunal, qu’ils avaient non seulement organisé l’assassinat de Kirov, mais qu’ils préparaient également celui de tous les autres dirigeants du Parti et du gouvernement. L’instruction établit ensuite que les scélérats s’étaient engagés dans la voie des actes de diversion, dans l’espionnage. La déchéance morale et politique la plus monstrueuse, la lâcheté et la traîtrise la plus vile, masquées sous des protestations hypocrites de fidélité au Parti, voilà ce que le procès de Moscou en 1936 révéla chez ces hommes.
L’inspirateur et organisateur principal de toute cette bande d’assassins et d’espions était le judas Trotski. Il avait pour auxiliaires et pour exécuteurs de ses directives contre-révolutionnaires Zinoviev, Kaménev et leurs suppôts trotskistes. Ces gens préparaient la défaite de l’U.R.S.S. au cas où les impérialistes l’attaqueraient ; ils étaient devenus des défaitistes à l’égard de l’État ouvrier et paysan ; ils étaient devenus les serviteurs et les agents méprisables des fascistes germano-japonais.
La leçon essentielle que les organisations du Parti eurent à tirer des procès rattachés au lâche assassinat de S. Kirov, ce fut p. 362de mettre un terme à leur propre myopie politique, en finir avec leur insouciance politique et d’élever leur vigilance, la vigilance de tous les membres du Parti.
Dans la lettre aux organisations du Parti qu’il publia à la suite de l’infâme assassinat de S. Kirov, le Comité central indiquait :
a) Il faut en finir avec la placidité opportuniste qui part de cette supposition erronée qu’à mesure que nos forces grandissent, l’ennemi doit s’apprivoiser et devenir plus inoffensif. Cette supposition est radicalement fausse. C’est là un relent de la déviation de droite, qui assurait tout un chacun que les ennemis s’intégreraient tout doucement dans le socialisme, qu’ils finiraient par devenir de vrais socialistes. Il n’appartient pas aux bolchéviks de se reposer sur leurs lauriers et de bayer aux corneilles. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas la placidité, mais la vigilance, la vraie vigilance révolutionnaire bolchévique. Il ne faut pas oublier que plus la situation des ennemis sera désespérée, plus ils se raccrocheront aux « moyens extrêmes » comme étant l’unique recours de gens voués à la perte dans leur lutte contre le pouvoir des Soviets. Il convient de ne jamais oublier cela et d’être vigilant.
b) Il faut porter au niveau requis l’enseignement de l’histoire du Parti aux membres du Parti ; l’étude de toutes les espèces de groupements hostiles au Parti qui ont existé au cours de son histoire, l’étude de leurs procédés de lutte contre la ligne du Parti, l’étude de leur tactique et, à plus forte raison, celle de la tactique et des procédés de lutte de notre Parti contre les groupements qui lui étaient hostiles, l’étude de la tactique et des moyens qui ont permis à notre Parti de vaincre, de battre à plate couture tous ces groupements. Il faut que les membres du Parti sachent non seulement comment le Parti a combattu et vaincu les cadets, les socialistes-révolutionnaires, les menchéviks, les anarchistes, mais aussi comment il a combattu et vaincu les trotskistes, les tenants du « centralisme démocratique », l’ « opposition ouvrière », les zinoviévistes, les fauteurs des déviations de droite, les avortons droitiers-gauchistes, etc. Il ne faut pas oublier que la connaissance et la compréhension de l’histoire de notre Parti constituent un moyen important entre tous, indispensable, pour assurer pleinement la vigilance révolutionnaire des membres du Parti.
Une importance énorme s’attache, en cette période, à l’épuration du Parti des intrus et des éléments étrangers — épuration commencée en 1933 — et en particulier à la vérification minutieuse des documents personnels de chaque membre du Parti, ainsi qu’au renouvellement des cartes d’adhérents, entrepris à la suite de l’infâme assassinat de S. Kirov.
Avant cette vérification, nombreuses étaient les organisations du Parti où l’arbitraire et l’incurie présidaient au maniement des cartes du Parti. Dans plusieurs organisations locales, on constata un chaos absolument intolérable dans le recensement des communistes. Les ennemis en avaient profité dans un dessein infâme ; ils se servaient de la carte du Parti comme d’un masque pour pratiquer l’espionnage, le sabotage, etc. De nombreux dirigeants d’organisations du Parti s’étaient déchargés du soin de procéder aux admissions dans le Parti et à la délivrance des cartes d’adhérents sur des tiers, parfois même sur des membres non-vérifiés du Parti.
Dans une lettre spéciale du 13 mai 1935, adressée à toutes les organisations et relative au recensement, à la délivrance et à la conservation des cartes d’adhérents, le Comité central invita à procéder, dans toutes les organisations, à une vérification soignée des cartes du Parti, « à faire régner l’ordre bolchévik dans la maison de notre propre Parti ».
Cette vérification des documents du Parti eut une grande portée politique. Dans la résolution qui fut adoptée le 25 décembre 1935 par l’Assemblée plénière du Comité central sur les résultats de la vérification des documents du Parti, il est dit que cette vérification a eu, du point de vue politique et du point de vue de l’organisation, une énorme importance pour la consolidation des rangs du P.C. de l’U.R.S.S.
Une fois terminés la vérification et le renouvellement des cartes, on reprit les admissions au Parti. Ce faisant, le Comité central du P.C. de l’U.R.S.S. exigea que l’on fît entrer au Parti non pas en gros, mais par voie d’admissions rigoureusement individuelles, « les meilleurs des hommes de notre pays, des hommes réellement avancés et réellement dévoués à la cause de la classe ouvrière, en les prenant avant tout parmi les ouvriers, mais aussi parmi les paysans et les intellectuels du monde du travail qui ont fait leurs preuves dans les différents secteurs de la lutte pour le socialisme ».
En reprenant les admissions au Parti, le Comité central faisait aux organisations du Parti un devoir de ne jamais oublier p. 364que les éléments hostiles tenteront à l’avenir encore de pénétrer dans les rangs du P.C. de l’U.R.S.S. En conséquence :
La tâche de chaque organisation du Parti consiste, en intensifiant dans toute la mesure du possible la vigilance bolchévique, à tenir haut le drapeau du Parti de Lénine et à prémunir le Parti contre la pénétration dans ses rangs d’élé ments étrangers, hostiles et venus par hasard.
En épurant ses rangs et les affermissant, en réduisant à néant les ennemis du Parti et en luttant impitoyablement contre les déformations de la ligne générale, le Parti bolchévik se resserra encore plus étroitement autour de son Comité central, sous la direction duquel le Parti et le pays des Soviets passaient à l’étape nouvelle, à l’achèvement de la construction de la société socialiste sans classes.