Dominique Meeùs
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Lorsqu’il apparut que l’industrie lourde et, surtout, les constructions mécaniques n’avaient pas été seulement créées et consolidées, mais qu’elles continuaient de se développer à une cadence assez rapide, une tâche immédiate se posa devant le Parti : procéder à la reconstruction de toutes les branches de l’économie nationale sur la base de la technique moderne. Il s’agissait de donner une technique moderne, de nouvelles machines-outils, un nouvel outillage à l’industrie du combustible, à la métallurgie, à l’industrie légère, à l’industrie de l’alimentation, à l’industrie forestière, aux industries de guerre, aux transports, à l’agriculture. Devant la montée colossale de la demande de produits agricoles et d’articles manufacturés, la nécessité s’imposait de doubler, de tripler la production dans toutes les branches de l’économie nationale. Mais on ne pouvait y parvenir sans avoir doté les usines et les fabriques, les sovkhoz et les kolkhoz, d’un outillage moderne et en quantité suffisante, le vieux matériel ne pouvant pas permettre cette augmentation de la production.
Sans la reconstruction des principales branches de l’économie nationale, il eût été impossible de satisfaire les besoins nouveaux, p. 346les besoins de plus en plus développés du pays et de son économie nationale.
Sans la reconstruction, il eût été impossible de mener jusqu’au bout l’offensive du socialisme sur toute la ligne du front, puisqu’il fallait battre et achever les éléments capitalistes de la ville et de In campagne, non seulement par une nouvelle organisation du travail et de la propriété, mais aussi par une technique nouvelle et supérieure.
Sans la reconstruction, il eût été impossible de rattraper et de dépasser au point de vue technique et économique les pays capitalistes avancés. Car, si l’U.R.S.S. dépassait les pays capitalistes par les rythmes du développement industriel, elle marquait encore un sérieux retard sur ces pays pour le niveau de développement industriel, pour la quantité des produits fabriqués.
Afin de liquider ce retard, il fallait doter l’ensemble de notre économie nationale d’une nouvelle technique ; il fallait reconstruire toutes les branches de l’économie nationale sur la base de la technique moderne.
La technique prenait de la sorte une importance décisive.
L’obstacle à surmonter, c’était moins le manque de nouvelles machines et machines-outils — l’industrie des constructions mécaniques pouvant fournir ce nouvel équipement — que l’attitude de dédain, l’altitude erronée de nos dirigeants de l’industrie à l’égard de la technique, la sous-estimation du rôle qu’elle devait jouer dans la période de reconstruction. Nos dirigeants de l’industrie estimaient que la technique était l’affaire des « spécialistes », une affaire de second ordre, confiée aux « spécialistes bourgeois » ; que les dirigeants communistes de l’industrie n’avaient pas à s’immiscer dans la technique de la production ; qu’ils’ ne devaient pas s’occuper de la technique, mais de choses plus importantes, à savoir : de la direction « générale » de la production.
On laissait donc aux « spécialistes » bourgeois le soin de conduire la production, tandis que les dirigeants communistes de l’industrie se réservaient la direction « générale », la signature des papiers.
Inutile de démontrer qu’en conséquence de cette attitude, la direction « générale » devait se réduire à des bavardages sur la direction « en général », à signer des papiers sans plus, à se noyer dans la paperasse.
On conçoit qu’avec cette attitude de dédain envers la technique de la part des dirigeants communistes de l’industrie, nous n’aurions jamais pu non seulement dépasser, mais même rattraper p. 347les pays capitalistes avancés. Cette attitude envers la technique, surtout en période de reconstruction, vouait notre pays au retard et nos rythmes de développement à la baisse. Au fond, cette attitude envers la technique couvrait, masquait le désir secret d’une partie des dirigeants communistes de l’industrie de ralentir les rythmes de son développement, de les faire baisser et de créer pour soi une « atmosphère de calme », en rejetant sur les « spécialistes » la responsabilité de la production.
Il importait de tourner les dirigeants communistes de l’industrie face à la technique, de leur en donner le goût, de leur montrer qu’assimiler la nouvelle technique était une chose vitale pour les cadres dirigeants bolchéviks de l’industrie, que faute d’avoir assimilé la nouvelle technique, nous risquions de vouer notre pays à végéter dans un état d’infériorité.
Il y avait là un problème qu’il fallait absolument résoudre si l’on voulait aller de l’avant.
À cette œuvre, le camarade Staline contribua éminemment par son discours à la première conférence des cadres dirigeants de l’industrie, en février 1931 :
On demande parfois, disait le camarade Staline dans son intervention, s’il ne serait pas possible de ralentir un peu les rythmes, de retenir le mouvement. Non, ce n’est pas possible, camarades ! Il n’est pas possible de réduire les rythmes !… Freiner les rythmes, cela signifie retarder. Mais les retardataires se font battre. Et nous, nous ne voulons pas être battus. Non, nous ne le voulons pas !
L’histoire de l’ancienne Russie consistait, entre autres, en ce que la Russie était continuellement battue à cause de son retard. Battue par les khans mongols. Battue par les beys turcs. Battue par les féodaux suédois. Battue par les seigneurs polono-lituaniens. Battue par les capitalistes anglo-français. Battue par les barons japonais. Battue par tout le monde, — pour son retard…
Nous retardons de cinquante à cent ans sur les pays avancés. Nous devons parcourir cette distance en dix ans. Ou nous le ferons, ou nous serons broyés…
En dix ans au maximum, nous devons parcourir la distance dont nous retardons sur les pays avancés du capitalisme. Pour cela, nous avons toutes les possibilités « objectives ». Il ne nous manque que le savoir-faire pour tirer véritablement parti de ces possibilités. Mais c’est une chose qui dépend de p. 348nous. Uniquement de nous ! Il est temps que nous apprenions à tirer parti de ces possibilités. Il est temps d’en finir avec cette tendance pernicieuse à ne pas s’ingérer dans la production. Il est temps d’adopter une autre, une nouvelle attitude, conforme à la période actuelle : l’attitude qui consiste à se mêler de tout. Si tu es directeur d’usine, mêle-toi de toutes les affaires, pénètre au fond de toutes choses, ne laisse rien passer, apprends et apprends encore. Les bolchéviks doivent se rendre maîtres de la technique. Il est temps que les bolchéviks deviennent eux-mêmes des spécialistes. La technique en période de reconstruction décide de tout.
La portée historique de l’intervention du camarade Staline, c’est qu’elle a mis un terme à l’attitude de dédain envers la technique de la part des dirigeants communistes de l’industrie ; c’est qu’elle les a orientés face à la technique ; qu’elle a ouvert une nouvelle période de lutte pour l’assimilation de la technique par les bolchéviks eux-mêmes, facilitant ainsi le développement de la reconstruction de l’économie nationale.
Dorénavant, de monopole des « spécialistes » bourgeois, la technique devint une chose vitale pour les cadres dirigeants bolchéviks de l’industrie ; le surnom méprisant de « spécialiste » devint un litre d’honneur pour le bolchévik qui s’était assimilé la technique.
Dorénavant, devaient apparaître, — et sont effectivement apparus, — des détachements entiers, des milliers et des dizaines de milliers de spécialistes rouges qui, s’étant rendus maîtres de la technique, étaient capables de diriger la production.
C’étaient là les nouveaux intellectuels, les intellectuels soviétiques, maîtres de la technique et de la production, qui sortaient de la classe ouvrière et de la paysannerie, et qui forment aujourd’hui la force essentielle de notre direction économique.
Tout cela devait favoriser — et a effectivement favorisé — l’essor de la reconstruction de l’économie nationale.
Cette vaste reconstruction ne s’est pas seulement poursuivie dans l’industrie et les transports. Elle s’est étendue avec encore plus d’intensité à l’agriculture. Et cela se conçoit : l’agriculture était moins bien fournie en machines que les autres branches de l’économie ; elle avait, plus que les autres branches, besoin de machines modernes. En outre, l’équipement renforcé de l’agriculture en nouvelles machines était particulièrement nécessaire p. 349maintenant que chaque mois, chaque semaine accusait un nouveau progrès de la construction des kolkhoz et, par suite, de nouvelles demandes portant sur des milliers et des milliers de tracteurs et de machines agricoles.
1931 marqua un nouveau progrès du mouvement kolkhozien. Dans les principales régions productrices de céréales, les kolkhoz groupaient déjà plus de 80 % de la totalité des exploitations paysannes. La collectivisation intégrale, ici, était déjà achevée pour l’essentiel. Dans les régions céréalières moins importantes et dans les régions de cultures industrielles, les kolkhoz groupaient plus de 50 % des feux. 200 000 kolkhoz et 4 000 sovkhoz ensemençaient déjà les deux tiers de la superficie cultivable ; les paysans individuels, un tiers seulement.
Victoire immense du socialisme à la campagne !
Cependant, la construction des kolkhoz, pour le moment, ne se faisait pas en profondeur, mais en largeur ; elle s’opérait non dans le sens d’une amélioration en qualité du travail des kolkhoz et de leurs cadres, mais dans le sens de leur augmentation numérique et de leur rayonnement sur des régions toujours nouvelles. La raison en était que les effectifs de kolkhoziens militants, les cadres kolkhoziens, retardaient sur le développement numérique des kolkhoz eux-mêmes. En conséquence, le travail dans les nouveaux kolkhoz n’était pas toujours satisfaisant et les kolkhoz eux-mêmes demeuraient faibles, encore fragiles. Ce qui freinait aussi leur consolidation, c’était l’absence à la campagne d’hommes instruits dont ils avaient besoin (comptables, économes, secrétaires) et le manque d’expérience chez les paysans pour gérer la grosse production kolkhozienne. Les kolkhoz groupaient les paysans individuels d’hier. S’ils avaient de l’expérience pour exploiter de petits lopins de terre, ils n’en avaient point encore pour conduire de grandes exploitations, des exploitations kolkhoziennes. Et il fallait du temps pour acquérir cette expérience.
Toutes ces circonstances firent que de graves lacunes se révélèrent les premiers temps dans le travail des kolkhoz. Il apparut que ce travail était encore mal organisé et que la discipline en était faible. Dans beaucoup de kolkhoz, les revenus n’étaient pas répartis selon les journées de travail fournies, mais d’après le nombre des bouches à nourrir. Il arrivait souvent qu’un fainéant touchât plus de blé que le kolkhozien honnête et assidu. Ces défauts dans la direction des kolkhoz diminuaient l’intérêt de leurs membres pour le travail : il y eut quantité d’absences, même au plus fort de la saison ; une partie des emblavures kolkhoziennes p. 350restaient non moissonnées jusqu’aux premières neiges ; la moisson elle-même était mal faite ; les pertes de grain énormes. L’absence de responsabilité personnelle pour les machines et pour les chevaux, l’exécution du travail en général, sans fixation de responsabilités individuelles, affaiblissaient les kolkhoz et diminuaient leurs revenus.
La situation était particulièrement mauvaise dans les régions où les anciens koulaks et leurs sous-ordres avaient pu se faufiler dans les kolkhoz et y exercer telles ou telles fonctions. Souvent les koulaks dépossédés se transportaient dans une autre région, où on ne les connaissait pas et ils y pénétraient dans le kolkhoz pour y faire tout le tort possible. Çà et là, les koulaks, faute de vigilance chez les militants, du Parti et dans l’administration soviétique, pénétraient dans les kolkhoz de leur région. Ce qui facilitait l’infiltration des anciens koulaks, c’était que dans leur lutte contre les kolkhoz ils avaient nettement changé de tactique. Autrefois, les koulaks s’élevaient ouvertement contre les kolkhoz ; ils luttaient avec sauvagerie contre les militants et les kolkhoziens avancés ; ils les assassinaient traîtreusement, incendiaient leurs maisons et leurs granges, etc. Ils voulaient ainsi terroriser la masse des paysans et les empêcher de rejoindre les kolkhoz. Maintenant que la lutte ouverte contre les kolkhoz avait échoué, ils changèrent de tactique. Ils n’usaient plus, comme auparavant, de vieux fusils dont ils avaient rogné le canon ; ils faisaient mine d’être des hommes dévoués au pouvoir des Soviets ; ils se montraient humbles, paisibles, apprivoisés. Une fois qu’ils avaient pénétré dans les kolkhoz, ils y poussaient des sapes sournoises. Partout, ils s’efforçaient de les décomposer du dedans, de ruiner la discipline du travail, de désorganiser le recensement des récoltes, la statistique du travail. Les koulaks visaient à détruire le troupeau de chevaux dans les kolkhoz ; ils parvinrent à en faire périr un grand nombre. Ils communiquaient sciemment aux chevaux la morve, la gale et autres maladies ; ils ne leur donnaient aucun soin, etc. Les koulaks détérioraient tracteurs et machines.
Si les koulaks réussissaient à tromper les kolkhoziens et à saboter impunément, c’est que les kolkhoz étaient encore faibles et sans expérience, et que les cadres kolkhoziens n’avaient pas encore eu le temps de se consolider.
Pour mettre un terme au sabotage des koulaks et hâter la consolidation des kolkhoz, il fallait apporter à ceux-ci une aide prompte et sérieuse, en hommes, en conseils, en dirigeants.
p. 351Cette aide, le Parti bolchévik la leur prêta.
En janvier 1933, le Comité central décida d’organiser des sections politiques près les stations de machines et de tracteurs qui desservaient les kolkhoz. Pour aider les kolkhoz et faire le travail dans les sections politiques, 17 000 militants du Parti furent envoyés à la campagne.
C’était là une aide précieuse.
Les sections politiques des S.M.T. accomplirent en deux années — 1933 et 1934 — une énorme besogne pour remédier aux insuffisances du travail, pour former des cadres de kolkhoziens militants, pour raffermir les kolkhoz, pour les épurer des éléments hostiles, des koulaks, des saboteurs.
Les sections politiques s’acquittèrent avec honneur de la tâche qui leur avait été confiée ; elles renforcèrent les kolkhoz du point de vue de la gestion économique et de l’organisation ; elles éduquèrent de nouveaux cadres de kolkhoziens, mirent au point la direction économique des kolkhoz et élevèrent le niveau politique des masses kolkhoziennes.
Le Ier congrès des kolkhoziens de choc de l’U.R.S.S. (février 1933) et l’intervention qu’y fit le camarade Staline, jouèrent un rôle énorme ; ils stimulèrent l’activité des masses kolkhoziennes dans la lutte pour la consolidation des kolkhoz.
En établissant dans son discours un parallèle entre l’ancien régime où la campagne ignorait les kolkhoz et le régime nouveau, celui des kolkhoz, le camarade Staline déclara :
Sous l’ancien régime, les paysans travaillaient séparément ; ils travaillaient suivant les vieux procédés ancestraux, avec les vieux instruments de travail ; ils besognaient pour les grands propriétaires fonciers et les capitalistes, les koulaks et les spéculateurs ; ils peinaient, souffrant la faim et enrichissant les autres. Sous le régime nouveau, sous le régime des kolkhoz, les paysans travaillent en commun, par artels, en employant de nouveaux instruments, tracteurs et machines agricoles ; ils travaillent pour eux-mêmes et pour leurs kolkhoz ; ils vivent sans capitalistes ni grands propriétaires fonciers, sans koulaks ni spéculateurs ; ils travaillent pour améliorer tous les jours leur situation matérielle et culturelle.
Dans son intervention, le camarade Staline montrait ce que la paysannerie avait obtenu en fait en s’engageant dans la voie des kolkhoz. Le Parti bolchévik a aidé les millions de paysans p. 352pauvres à entrer dans les kolkhoz et à s’affranchir du joug des koulaks. Et c’est en rejoignant les kolkhoz, où ils jouissent de la meilleure terre et des meilleurs instruments de production, que les millions de paysans pauvres, autrefois sous-alimentés, se sont hausses jusqu’au niveau des paysans moyens ; ils sont désormais assurés du lendemain.
C’était là le premier pas, la première réalisation dans la voie de la construction des kolkhoz.
Le second pas, disait le camarade Staline, consistait à élever encore davantage les kolkhoziens, — aussi bien les anciens paysans pauvres que les anciens paysans moyens, — à faire de tous les kolkhoziens des hommes aisés et de tous les kolkhoz des kolkhoz bolchéviks.
Aujourd’hui, pour que les kolkhoziens acquièrent l’aisance, disait le camarade Staline, une chose suffit : travailler honnêtement dans le kolkhoz, utiliser rationnellement tracteurs et machines, utiliser rationnellement les bêtes de travail, cultiver rationnellement la terre, être ménager de la propriété du kolkhoz.
Le discours du camarade Staline s’est profondément ancré dans la conscience des millions de kolkhoziens ; il est devenu un programme d’action, un programme de combat pour les kolkhoz.
Vers la fin de 1934, les kolkhoz étaient devenus une force résistante, invincible. À cette époque, ils groupaient déjà près des trois quarts de toutes les exploitations paysannes de l’UR.S.S. ; ils disposaient d’environ 90 % de toute la superficie ensemencée.
En 1934, l’agriculture de l’U.R.S.S. employait déjà 281 000 tracteurs et 32 000 moissonneuses-batteuses. Les semailles du printemps 1934 furent terminées 15 ou 20 jours plus tôt qu’en 1933 et 30 ou 40 jours plus tôt qu’en 1932. Le plan de stockage fut exécuté trois mois plus tôt qu’en 1932.
C’est ainsi qu’en deux ans, les kolkhoz se fortifièrent grâce à l’aide puissante qu’ils avaient reçue du Parti et de l’État ouvrier et paysan.
La victoire décisive du régime des kolkhoz et l’essor de l’agriculture qui en résulta, permirent au pouvoir des Soviets d’abolir le système des cartes pour le pain et les autres produits, et de proclamer la liberté des achats pour les denrées alimentaires.
Comme les sections politiques des S.M.T. créées à titre d’organismes politiques provisoires avaient rempli leur rôle, le Comité p. 353central décida de les réorganiser en rouages ordinaires du Parti, de les fusionner avec les comités de rayon.
Tous ces succès, tant dans le domaine de l’agriculture que dans celui de l’industrie, n’ont été rendus possibles que grâce à l’exécution victorieuse du plan quinquennal.
Dès le début de 1933, il apparut clairement que le premier plan quinquennal était exécuté, exécuté avant terme, exécuté en quatre ans et trois mois.
C’était là pour la classe ouvrière et la paysannerie de I’U.R.S.S. une immense victoire, une victoire qui compte dans l’histoire de l’humanité.
Dans son rapport à l’Assemblée plénière du Comité central et de la Commission centrale de contrôle, tenue en janvier 1933, le camarade Staline dresse le bilan de la première période quinquennale. Comme le montre ce rapport, le Parti et le pouvoir des Soviets ont obtenu, au cours de la période écoulée, c’est-à-dire dans la période d’exécution du premier plan quinquennal, les principaux résultats que voici :
a) L’U.R.S.S., de pays agraire, est devenue un pays industriel, puisque la part de la production industrielle dans l’ensemble de la production de l’économie nationale atteint 70 %.
b) Le système socialiste de l’économie a liquidé les éléments capitalistes dans le domaine de l’industrie ; il est devenu le seul système d’économie dans l’industrie.
c) Le système socialiste de l’économie a liquidé les koulaks comme classe et est devenu la force dominante dans l’agriculture.
d) Le régime des kolkhoz a supprimé la misère, la pauvreté à la campagne ; des dizaines de millions de paysans pauvres se sont élevés à la situation d’hommes assurés du lendemain.
e) Le système socialiste dans l’industrie a supprimé le chômage ; il a maintenu la journée de huit heures dans une série de branches de production, établi la journée de sept heures dans l’immense majorité des entreprises et la journée de six heures dans les entreprises insalubres.
f) La victoire du socialisme dans tous les domaines de l’économie nationale a supprimé l’exploitation de l’homme par l’homme.
La portée de ces réalisations du premier plan quinquennal, c’est avant tout qu’elles ont définitivement libéré les ouvriers et les paysans du joug de l’exploitation, et ouvert à tous les travailleurs de l’U.R.S.S. la route d’une vie d’aisance et de culture.
En janvier 1934 se réunit le XVIIe congrès du Parti. À ce congrès assistèrent 1 225 délégués avec voix délibérative et 736 avec p. 354voix consultative ; ils représentaient 1 874 488 membres du Parti et 935 298 stagiaires.
Le congrès dressa le bilan de l’activité du Parti pour la période écoulée ; il constata les succès décisifs du socialisme dans toutes les branches de l’économie et de la culture, et établit que la ligne générale du Parti avait triomphé sur l’ensemble du front.
Le XVIIe congrès du Parti est entré dans l’histoire comme le « congrès des vainqueurs ».
Dans le rapport du Comité central, le camarade Staline a évoqué les transformations essentielles qui s’étaient produites en U.R.S.S. dans la période écoulée :
Pendant cette période, l’U.R.S.S. s’est transformée à fond ; elle s’est débarrassée de son enveloppe arriérée et médiévale. De pays agraire, elle est devenue un pays industriel. De pays de petite culture individuelle, elle est devenue un pays de grande agriculture collectivisée et mécanisée. De pays ignorant, illettré et inculte, elle est devenue — ou plus exactement elle devient — un pays lettré et cultivé, couvert d’un immense réseau d’écoles supérieures, secondaires et primaires, où l’enseignement se fait dans les langues des différentes nationalités de l’U.R.S.S.
L’industrie socialiste, vers ce temps, constituait déjà 99 % de toute l’industrie du pays. L’agriculture socialiste — kolkhoz et sovkhoz — occupait environ 90 % de toute la superficie ensemencée du pays. Quant au commerce, les éléments capitalistes en avaient été complètement évincés.
Lors de l’institution de la nouvelle politique économique, Lénine avait dit qu’il existait dans notre pays des éléments de cinq formations économiques et sociales. Première formation : l’économie patriarcale, économie naturelle en grande partie, c’est-à-dire ne faisant presque aucun commerce. Deuxième formation : la petite production marchande, c’est-à-dire la plupart des exploitations paysannes pratiquant la vente de produits agricoles, et, d’un autre côté, l’artisanat ; cette formation économique englobait dans les premières années de la Nep la majorité de la population. Troisième formation : le capitalisme privé, qui avait repris des forces au début de la Nep. Quatrième formation : le capitalisme d’État, principalement les concessions, qui n’ont pas pris un développement quelque peu considérable. Cinquième formation : le socialisme, c’est-à-dire l’industrie socialiste encore Faible à l’époque ; les sovkhoz et les kolkhoz qui occupaient, au début de la Nep, p. 355une place Insignifiante dans l’économie nationale ; le commerce d’État et la coopération qui, au début de la Nep, étaient également faibles.
Lénine avait indiqué que de toutes ces formations, c’est la formation socialiste qui devait
l’emporter.
La nouvelle politique économique avait été instituée en vue de faire triompher entièrement les formes socialistes de l’économie.
Ce but, le Parti lavait déjà atteint à la date de son XVIIe congrès.
Le camarade Staline y déclara :
Aujourd’hui nous pouvons dire que les première, troisième et quatrième formations économiques et sociales n’existent plus ; la deuxième formation économique et sociale est refoulée sur des positions de second plan et la cinquième formation économique et sociale, la formation socialiste, domine sans partage ; elle est la seule force qui commande dans l’ensemble de l’économie nationale.
Les problèmes de direction politique et idéologique occupaient une place importante dans le rapport du camarade Staline. Il avertissait le Parti que, bien que les ennemis du Parti — les opportunistes de toutes nuances, les fauteurs des déviations nationalistes de toute sorte — aient été battus, les vestiges de leur idéologie subsistent dans le cerveau de certains membres du Parti et se font sentir en mainte occasion. Les survivances du capitalisme dans l’économie et, surtout, dans la conscience des hommes, offrent un terrain propice pour faire renaître l’idéologie des groupes antiléninistes battus. Le développement de la conscience des hommes retarde sur leur situation économique. C’est pourquoi les survivances des conceptions bourgeoises restent et resteront encore un certain temps dans le cerveau des hommes, bien que le capitalisme soit liquidé dans l’économie. Au surplus, il faut tenir compte que les États capitalistes qui encerclent l’U.R.S.S. et contre lesquels nous devons garder notre poudre sèche, s’appliquent à ranimer et à soutenir ces survivances.
Le camarade Staline insistait entre autres sur les survivances du capitalisme dans la conscience des hommes en ce qui concerne la question nationale, domaine où elles sont particulièrement vivaces. Le Parti bolchévik avait combattu sur les deux fronts : contre la déviation dans le sens du chauvinisme grand-russe et contre la déviation dans le sens du nationalisme local. Dans certaines Républiques (Ukraine, Biélorussie, etc.) les p. 356organisations du Parti avaient relâché la lutte contre le nationalisme local ; elles lui avaient permis de se développer jusqu’au point de fusionner avec les forces hostiles, avec les interventionnistes, jusqu’au point de devenir un danger pour l’État. En réponse a la question de savoir quelle est, dans le problème national, la déviation qui représente le principal danger, le camarade Staline disait :
Le principal danger est représenté par la déviation que l’on a cessé de combattre et à laquelle on a ainsi permis de se développer jusqu’aux proportions d’un danger pour l’État.
Le camarade Staline appelait le Parti à renforcer le travail sur le terrain politique et idéologique, à dénoncer méthodiquement l’idéologie — et les survivances de l’idéologie — des classes et courants hostiles au léninisme.
Le camarade Staline indiquait ensuite, dans son rapport, que l’adoption de décisions justes ne garantit pas encore, par elle-même, le succès. Pour assurer le succès, il faut répartir judicieusement les hommes capables de faire appliquer les décisions des organismes dirigeants et organiser le contrôle sur l’exécution de ces décisions. Sans ces mesures d’organisation, les décisions risquent de rester sur le papier, détachées de la vie. Le camarade Staline invoquait la thèse bien connue de Lénine d’après laquelle le principal, dans le travail d’organisation, est le choix des hommes et le contrôle de l’exécution. En outre, le camarade Staline soulignait que la rupture entre les décisions prises et le travail d’organisation destiné à faire appliquer ces décisions, à en contrôler l’exécution, constitue le mal essentiel de notre travail pratique.
Pour améliorer le contrôle sur l’exécution des décisions du Parti et du Gouvernement, le XVIIe congrès du Parti, — à la place de la Commission centrale de contrôle et de l’Inspection ouvrière et paysanne qui avaient déjà, depuis l’époque du XIIe congrès, mené leur tâche a bien, — créa une Commission de contrôle du Parti près le Comité central du P.C. de l’U.R.S.S. et une Commission du contrôle soviétique près le Conseil des Commissaires du peuple de l’U.R.S.S.
Le camarade Staline formula comme suit les tâches d’organisation qui s’imposaient au Parti durant la nouvelle étape :
1o Adapter notre travail d’organisation aux nécessités de la ligne politique du Parti.
p. 3572o Élever la direction en matière d’organisation au niveau de la direction politique.
3o Faire en sorte que la direction, en matière d’organisation, assure pleinement l’application des mots d’ordre politiques et des décisions du Parti.
Le camarade Staline termina son rapport par cet avertissement : bien que les succès du socialisme soient grands et provoquent un sentiment de fierté légitime, on ne doit pas se laisser griser par le succès, tomber dans la présomption, se bercer dans le contentement.
… Il faut non pas bercer le Parti, mais développer sa vigilance ; non pas l’endormir, mais le tenir prêt au combat ; non pas le désarmer, mais l’armer ; non pas le démobiliser, mais le tenir sur le pied de mobilisation pour réaliser le deuxième plan quinquennal.
Le XVIIe congrès prit connaissance des rapports présentés par les camarades Molotov et Kouibychev sur le deuxième plan quinquennal de développement de l’économie nationale. Les objectifs du deuxième plan étaient encore plus grandioses que ceux du premier. Au terme de son exécution, en 1937, la production industrielle devait être environ huit fois plus élevée par rapport au niveau d’avant-guerre. Le volume des grands travaux à exécuter dans l’ensemble de l’économie nationale était évalué pour le deuxième plan quinquennal à 133 milliards de roubles au lieu des 64 milliards de roubles et plus du premier plan.
Donner une envergure pareille aux grands travaux, c’était assurer le complet rééquipement technique de toutes les branches de l’économie nationale.
Au cours de la deuxième période quinquennale, on achevait, pour l’essentiel, de mécaniser l’agriculture. La puissance du parc de tracteurs devait passer de 2,25 millions de CV en 1932, à plus de 8 millions de CV en 1937. On envisageait une large application des mesures agrotechniques {assolements rationnels, emploi de semences sélectionnées, labours d’automne, etc.).
D’énormes travaux furent prévus pour remettre techniquement en état les transports et les P.T.T.
On établit un vaste programme de relèvement ultérieur du niveau matériel et culturel des ouvriers et des paysans.
Le XVIIe congrès accorda une attention soutenue aux problèmes d’organisation. Il adopta, sur le rapport du camarade p. 358Kaganovitch, des décisions spéciales touchant les problèmes d’organisation du Parti et des institutions soviétiques. Cette question prenait une importance encore plus grande, après que la ligne générale du Parti avait triomphé, que la politique du Parti avait été vérifiée dans la vie même par l’expérience de millions d’ouvriers et de paysans. Les tâches nouvelles et complexes du deuxième plan quinquennal imposaient le relèvement de la qualité du travail dans toutes les branches.
Les tâches essentielles du deuxième plan quinquennal, — liquidation définitive des éléments capitalistes, victoire sur les survivances du capitalisme dans l’économie et dans la conscience des hommes, achèvement de la reconstruction de l’ensemble de l’économie nationale sur une base technique moderne, assimilation de la nouvelle technique et mise en valeur des entreprises nouvelles, mécanisation de l’agriculture et augmentation de son rendement, — posent dans toute son acuité la question du relèvement de la qualité du travail dans tous les domaines et d’abord en ce qui concerne les lâches pratiques et d’organisation,
ainsi s’exprimaient les décisions du congrès sur les problèmes d’organisation.
Le XVIIe congrès adopta de nouveaux statuts du Parti ; ils se distinguent des anciens d’abord par l’introduction qui a été ajoutée. Cette introduction donne une brève définition du Parti communiste, de son importance pour la lutte du prolétariat et de sa place dans l’ensemble des organes de la dictature prolétarienne. Les nouveaux statuts énumèrent dans le détail les devoirs des membres du Parti. On y a introduit des règles d’admission plus sévères ainsi qu’un paragraphe relatif aux groupes de sympathisants. La structure du Parti y est étudiée d’une façon plus minutieuse ; les paragraphes relatifs aux anciennes cellules du Parti, c’est-à-dire aux organisations primaires, comme on les appelle depuis le XVIIe congrès, ont été refondus. Il en va de même pour les paragraphes sur la démocratie intérieure et la discipline du Parti.