Dominique Meeùs
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chap. 4, § 1, p. 106. La IIe Douma d’État avait été dissoute par le gouvernement tsariste le 3 juin 1907. C’est ce qu’on est convenu d’appeler, dans l’histoire, le coup d’État du 3 juin. Le gouvernement tsariste avait édicté une nouvelle loi sur le mode d’élection à la IIIe Douma d’État, violant ainsi lui-même son manifeste du 17 octobre 1905 puisque, aux termes de ce manifeste, il ne devait promulguer des lois nouvelles qu’avec l’assentiment de la Douma. Les membres de la fraction social-démocrate de la IIe Douma furent déférés en justice ; on envoya au bagne et on déporta les représentants de la classe ouvrière.
chap. 4, § 1, p. 106. La nouvelle loi électorale avait été établie de telle sorte qu’elle augmentait de beaucoup, à la Douma, le nombre des représentants des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie commerciale et industrielle. En même temps, le nombre des représentants des paysans et des ouvriers, déjà bien réduit, était diminué de plusieurs fois.
chap. 4, § 1, p. 106. Par sa composition, la IIIe Douma fut une Douma de Cent-Noirs et de cadets. Sur un total de 442 députés, il y eut 171 hommes de droite (Cent-Noirs), 113 octobristes et membres de groupes p. 107apparentés, 101 cadets et membres de groupes voisins, 13 troudoviks1, 18 social-démocrates.
chap. 4, § 1, p. 106. Les hommes de droite (ainsi appelés parce qu’ils siégeaient du côté droit de l’assemblée) étaient les pires ennemis des ouvriers et des paysans : c’étaient les propriétaires fonciers féodaux ultra-réactionnaires qui avaient fait fouetter et fusiller en masse les paysans lors de la répression de l’action paysanne, les organisateurs des pogroms contre les Juifs, du matraquage des manifestations ouvrières, de l’incendie sauvage des locaux où se tenaient les meetings dans les journées de la révolution. Les hommes de droite étaient pour la répression la plus féroce des travailleurs, pour le pouvoir illimité du tsar, contre le manifeste tsariste du 17 octobre 1905.
Le parti octobriste, ou « Union du 17 octobre », touchait de près à la droite. Les octobristes traduisaient les intérêts du grand capital industriel et des gros propriétaires fonciers qui dirigeaient leurs exploitations par les méthodes capitalistes (au début de la révolution de 1905, les octobristes avaient été rejoints par une partie considérable des cadets, grands propriétaires fonciers). Un seul trait distinguait les octobristes des hommes de droite : pour leur part, ils se prononçaient — en paroles seulement — en faveur du manifeste du 17 octobre. Les octobristes soutenaient entièrement tant la politique intérieure que la politique extérieure du gouvernement tsariste.
Les cadets, ou parti « constitutionnel-démocrate », disposaient dans la IIIe Douma de moins de sièges que dans la Ire et la IIe. La raison en était qu’une partie des voix des propriétaires fonciers étaient passées des cadets aux octobristes.
Il y avait à la IIIe Douma un groupe peu nombreux de démocrates petits-bourgeois dits troudoviks. Ceux-ci balançaient entre les cadets et la démocratie ouvrière (les bolchéviks). Lénine indiquait que malgré leur faiblesse extrême à la Douma, les troudoviks représentaient les masses, les masses paysannes. Les oscillations des troudoviks entre les cadets et la démocratie ouvrière étaient le résultat inévitable de la situation de classe des petits exploitants. Lénine assignait aux députés bolchéviks, à la démocratie ouvrière, la tâche « de venir en aide aux faibles démocrates petits-bourgeois, de les arracher à l’influence des libéraux, de former un camp de la démocratie contre les cadets contre-révolutionnaires, p. 108et non pas simplement contre les droites… » (Lénine, Œuvres choisies, t. I, p. 651.)
Pendant la révolution de 1905 et surtout après sa défaite, les cadets s’affirmèrent de plus en plus comme une force contre-révolutionnaire. Ils rejetaient de plus en plus délibérément le masque « démocratique » et agissaient en véritables monarchistes, défenseurs du tsarisme. En 1909, un groupe d’écrivains cadets notoires fit paraître un recueil Vékhi [les Jalons], dans lequel les cadets, au nom de la bourgeoisie, remerciaient le tsarisme d’avoir écrasé la révolution. Servilement aplatis devant le gouvernement du knout et de la potence, les cadets écrivaient en toutes lettres qu’il fallait « bénir ce pouvoir qui seul, avec ses baïonnettes et ses prisons, nous protège encore (nous, c’est-à-dire la bourgeoisie libérale) contre la fureur populaire ».
Après avoir dissous la IIe Douma d’État et sévi contre la fraction social-démocrate, le gouvernement tsariste entreprit la destruction des organisations politiques et économiques du prolétariat. Bagnes, forteresses et lieux de déportation regorgeaient de révolutionnaires. Ceux-ci étaient sauvagement frappés, torturés, suppliciés dans les prisons. La terreur des Cent-Noirs sévissait à plein. Le ministre tsariste Stolypine avait couvert de potences le pays entier. Plusieurs milliers de révolutionnaires avaient été exécutés. « La cravate de Stolypine », c’est ainsi qu’on appelait en ce temps-là la corde de la potence.
Mais tout en écrasant le mouvement révolutionnaire des ouvriers et des paysans, le gouvernement ne put se borner aux seules répressions, aux expéditions punitives, aux exécutions, à la prison, aux bagnes. Non sans anxiété, il voyait s’éteindre de plus en plus la foi naïve de la paysannerie dans « le petit-père le tsar ». Aussi recourut-il à une manœuvre d’envergure : il imagina de s’assurer un appui solide à la campagne en y renforçant la classe de la bourgeoisie rurale, les koulaks.
Le 9 novembre 1906, Stolypine promulgua une nouvelle loi agraire autorisant les paysans à se retirer de la communauté pour aller s’installer dans des khoutors [fermes isolées]. La loi stolypinienne détruisait la possession communale de la terre. On invitait le paysan à prendre, à titre de propriété personnelle, le lot à lui concédé et à se retirer de la communauté. Le paysan pouvait vendre sa part de terre, ce qu’il n’avait pas le droit de faire auparavant. On obligeait la communauté paysanne à donner une terre d’un seul tenant (khoutor, otroub) aux paysans sortant de la communauté.
p. 109Les paysans riches, les koulaks, purent ainsi accaparer à bon marché la terre des petits paysans. En quelques années, plus d’un million de petits paysans se trouvèrent sans terre, ruinés. Leurs terres aliénées servaient à multiplier les fermes des koulaks. Et ces fermes étaient parfois de véritables domaines, qui employaient une nombreuse main-d’œuvre salariée. Le gouvernement obligeait les paysans à attribuer les meilleures terres de la communauté aux fermiers koulaks.
Lors de l’ « affranchissement » des paysans, leur terre avait été pillée par les propriétaires fonciers ; maintenant c’étaient les koulaks qui pillaient la terre communale, en se faisant attribuer les meilleurs terrains, en accaparant à bas prix les parcelles des paysans pauvres.
Le gouvernement tsariste prêtait aux koulaks des sommes importantes pour acheter des terres et monter leurs fermes. Stolypine entendait faire des koulaks de petits seigneurs terriens, de fidèles défenseurs de l’autocratie tsariste.
En neuf ans (de 1906 à 1915), plus de deux millions d’exploitants se retirèrent ainsi de la communauté.
La politique de Stolypine aggravait encore la situation des petits paysans et des paysans pauvres. La différenciation de la paysannerie s’accentua. Des conflits éclatèrent entre paysans et fermiers koulaks.
D’autre part, la paysannerie commençait à se rendre compte qu’elle n’aurait jamais les terres seigneuriales tant qu’existeraient le gouvernement tsariste et la Douma des propriétaires fonciers et des cadets.
Dans les années de formation intense des fermes koulaks (1907-1909), le mouvement paysan décroît d’abord, mais ensuite, en 1910-1911 et plus tard, sur la base des conflits entre paysans communautaires et fermiers koulaks, il redouble de force contre les propriétaires fonciers et les koulaks.
Après la révolution, des changements importants s étaient également produits dans le domaine de l’industrie. La concentration de l’industrie, c’est-à-dire l’agrandissement des entreprises et leur concentration entre les mains de groupes capitalistes de plus en plus puissants, s’était fortement accentuée. Déjà avant la révolution de 1905, les capitalistes avaient formé des associations pour faire monter les prix des marchandises à l’intérieur du pays ; le surprofit ainsi réalisé était converti en un fonds d’encouragement à l’exportation, pour pouvoir jeter à bas prix las denrées sur le marché extérieur et conquérir des débouchés. Ces associations, p. 110ces groupements capitalistes (monopoles) s’appelaient trusts ou syndicats. Après la révolution, le nombre des trusts et des syndicats capitalistes avait encore augmenté. De même s’étaient multipliées les grosses banques dont le rôle grandissait dans l’industrie. Les capitaux étrangers affluaient en Russie.
C’est ainsi que le capitalisme en Russie devenait de plus en plus un capitalisme monopolisateur, impérialiste.
Après quelques années de marasme, l’industrie se ranima : l’extraction du charbon, du pétrole, augmenta, de même que la production des métaux, des tissus, du sucre. L’exportation du blé à l’étranger était en forte progression.
Bien que la Russie eût enregistré à cette date un certain progrès industriel, elle restait un pays arriéré par rapport à l’Europe occidentale et elle se trouvait sous la dépendance des capitalistes étrangers. On ne fabriquait en Russie ni machines ni machines-outils ; les machines étaient importées du dehors. Il n’y avait pas non plus d’industrie automobile ni d’industrie chimique ; on ne produisait pas d’engrais minéraux. En ce qui concerne la fabrication des armements, la Russie était également en retard sur les autres pays capitalistes.
La faible consommation des métaux en Russie a été signalée par Lénine comme un témoignage de l’état arriéré du pays :
Dans le demi-siècle écoulé depuis l’affranchissement des paysans, la consommation du fer en Russie s’est multipliée par cinq et néanmoins la Russie reste un pays incroyablement, invraisemblablement arriéré, miséreux et à demi sauvage, quatre fois plus mal outillé en instruments de production modernes que l’Angleterre, cinq fois plus mal que l’Allemagne, dix fois plus mal que les États-Unis.
La conséquence directe du retard économique et politique de la Russie était la dépendance, tant du capitalisme russe que du tsarisme lui-même, vis-à-vis du capitalisme d’Europe occidentale.
Voilà pourquoi des branches importantes entre toutes de l’économie nationale, comme le charbon, le pétrole, l’industrie électrique, la métallurgie, étaient détenues par le capital étranger et presque toutes les machines, tout l’outillage devaient être importés.
Voilà pourquoi des emprunts de servitude étaient contractés à l’étranger, emprunts dont le tsarisme payait les intérêts en faisant p. 111suer chaque année à la population des centaines de millions de roubles.
Voilà pourquoi il y avait avec les « alliés » des traités secrets en vertu desquels le tsarisme s’était engagé à aligner en cas de guerre des millions de soldats russes sur les fronts impérialistes, pour soutenir les « alliés » et assurer des profits exorbitants aux, capitalistes anglo-français.
Les années de réaction stolypinienne furent marquées par les raids sauvages de la gendarmerie et de la police, des provocateurs tsaristes et des énergumènes Cent-Noirs contre la classe ouvrière. Mais les sicaires tsaristes n’étaient pas les seuls à exercer la répression contre les ouvriers. Sous ce rapport, les fabricants et les usiniers leur emboîtaient le pas, en accentuant l’offensive contre la classe ouvrière, surtout dans les années de marasme industriel et de chômage croissant. Les fabricants pratiquaient les licenciements massifs d’ouvriers (lockouts) ; ils avaient des « carnets noirs », où étaient consignés les noms des ouvriers conscients qui avaient pris une part active aux grèves. Ceux dont le nom figurait sur ces « carnets noirs » ou « listes noires » ne pouvaient se faire embaucher dans aucune des entreprises affiliées à l’association patronale de l’industrie en question. Dès 1908, les salaires avaient été diminués de 10 à 15 %. On avait partout allongé la journée de travail jusqu’à 10 et 12 heures. De nouveau fleurissait le système spoliateur des amendes.
La défaite de la révolution de 1905 avait porté la désagrégation et la décomposition parmi les compagnons de route de la révolution. La décomposition et l’abattement moral étaient particulièrement graves parmi les intellectuels. Les compagnons de route qui étaient venus du milieu bourgeois dans les rangs de la révolution quand celle-ci prenait un impétueux essor abandonnèrent le Parti dans les jours de réaction. Les uns s’en furent rejoindre le camp des ennemis déclarés de la révolution ; les autres, installés dans les sociétés ouvrières légales qui avaient survécu, s’efforçaient de faire dévier le prolétariat de la route de la révolution, de discréditer le Parti révolutionnaire du prolétariat. En abandonnant la révolution, ces compagnons de route cherchaient à s’adapter à la réaction, à s’accommoder au tsarisme.
Le gouvernement tsariste mit à profit la défaite de la révolution pour recruter comme agents provocateurs les compagnons de route les plus lâches et les plus pusillanimes. Les Judas infâmes, les provocateurs que l’Okhrana tsariste avait dépêchés dans p. 112les organisations ouvrières et dans celles du Parti, espionnaient du dedans et vendaient les révolutionnaires.
L’offensive de la contre-révolution se poursuivit aussi sur le front idéologique. On vit apparaître toute une kyrielle d’écrivains à la mode qui « critiquaient » et « exécutaient » le marxisme, bafouaient la révolution, la traînaient dans la boue, glorifiant la trahison, la débauche sexuelle au nom du « culte de la personne ».
Dans le domaine de la philosophie se multiplièrent les tentatives de « critiquer », de réviser le marxisme; on vit également apparaître toute sorte de courants religieux couverts de prétendus arguments « scientifiques ».
La « critique » du marxisme était devenue une mode.
Tous ces messieurs, malgré leur extrême disparité, poursuivaient un but commun : détourner les masses de la révolution.
L’abattement et le scepticisme avaient également atteint certains intellectuels du Parti, qui se prétendaient marxistes, mais ne s’étaient jamais tenus fermement sur les positions du marxisme. Parmi eux figuraient des écrivains tels que Bogdanov, Bazarov, Lounatcharski (qui en 1905 étaient ralliés aux bolchéviks), Iouchkevitch, Valentinov (menchéviks). Ils développèrent une « critique » simultanée des fondements philosophiques et théoriques du marxisme, c’est-à-dire du matérialisme dialectique et de ses fondements scientifico-historiques, c’est-à-dire du matérialisme historique. Cette critique se distinguait de la critique ordinaire en ce qu’elle n’était pas faite ouvertement et honnêtement, mais d’une façon voilée et hypocrite, sous couleur de « défendre » les positions fondamentales du marxisme. Pour l’essentiel, disaient-ils, nous sommes marxistes, mais nous voudrions « améliorer » le marxisme, le dégager de certains principes fondamentaux. En réalité, ils étaient hostiles au marxisme, dont ils cherchaient à saper les principes théoriques ; en paroles, avec hypocrisie, ils niaient leur hostilité au marxisme et continuaient de s’intituler perfidement marxistes. Le danger de cette critique hypocrite était qu’elle visait à tromper les militants de base du Parti et qu’elle pouvait les induire en erreur. Plus hypocrite se faisait cette critique, qui cherchait à miner les fondements théoriques du marxisme, plus dangereuse elle devenait pour le Parti ; car elle s’alliait d’autant plus étroitement à la croisade déclenchée par toute la réaction contre le Parti, contre la révolution. Des intellectuels qui avaient abandonné le marxisme en étaient arrivés à prêcher la nécessité de créer une nouvelle religion (on les appelait « chercheurs de Dieu » et « constructeurs de Dieu »).
p. 113Une tâche urgente s’imposait aux marxistes : infliger la riposte méritée à ces renégats de la théorie marxiste, leur arracher le masque, les dénoncer jusqu’au bout et sauvegarder ainsi les fondements théoriques du parti marxiste.
On eût pu croire que cette tâche serait entreprise par Plékhanov et ses amis menchéviks, qui se considéraient comme des « théoriciens notoires du marxisme ». Mais ils s’en tinrent quittes avec une paire d’articles insignifiants, à caractère de feuilleton critique, après quoi ils se retirèrent chacun dans son trou.
C’est Lénine qui s’acquitta du travail, en composant son célèbre ouvrage Matérialisme et empiriocriticisme, publié en 1909.
En moins de six mois, écrivait Lénine dans cet ouvrage, quatre livres ont paru, consacrés principalement, presque entièrement à des attaques contre le matérialisme dialectique. Ce sont tout d’abord les Essais sur (? il aurait fallu dire : contre) la philosophie du marxisme, Saint-Pétersbourg, 1908, recueil d’articles de Bazarov, Bogdanov, Lounatcharski, Bermann, Hellfond, Iouchkévitch, Souvorov ; puis Matérialisme et réalisme critique, de Iouchkévitch ; La Dialectique à la lumière de la théorie contemporaine de la connaissance, de Bermann ; Les constructions philosophiques du marxisme, de Valentinov… Tous ces personnages qu’unit — malgré les divergences accusées de leurs opinions politiques — la haine du matérialisme dialectique, se prétendent cependant des marxistes en philosophie ! La dialectique d’Engels est une « mystique », dit Bermann ; les conceptions d’Engels ont « vieilli », laisse tomber incidemment Bazarov, comme une chose qui va de soi ; le matérialisme est, paraît-il, réfuté par ces courageux guerriers, qui invoquent fièrement la « théorie contemporaine de la connaissance », la « philosophie moderne » (ou « positivisme moderne »), la « philosophie des sciences naturelles contemporaines », voire même la « philosophie des sciences naturelles du 20e siècle »
En réponse à Lounatcharski qui, pour justifier ses amis les révisionnistes en philosophie, disait : « Nous nous fourvoyons peut-être, mais nous cherchons », Lénine écrivit :
En ce qui me concerne, je suis aussi un « chercheur » en philosophie. Savoir : dans ces notes2, je me suis donné pour tâche de rechercher ce qui fait buter les gens qui nous offrent p. 114sous couleur de marxisme quelque chose d’incroyablement incohérent, confus et réactionnaire.
En fait, l’ouvrage de Lénine dépassait de loin cette modeste tache. Le livre de Lénine, à la vérité, n’est pas seulement une critique de Bogdanov, Iouchkévitch, Bazarov, Valentinov et de leurs maîtres en philosophie : Avenarius et Mach, qui avaient tenté dans leurs écrits d’offrir au public un idéalisme raffiné et pommadé, à l’opposé du matérialisme marxiste. L’ouvrage de Lénine est en môme temps une défense des principes théoriques du marxisme — du matérialisme dialectique et historique — et une généralisation matérialiste de tout ce que la science, avant tout la science de la nature, avait acquis d’important et de substantiel pendant toute une période historique, depuis la mort d’Engels jusqu’à la parution de l’ouvrage de Lénine Matérialisme et empiriocriticisme.
Après avoir fait une critique serrée des empiriocriticistes russes et de leurs maîtres étrangers, Lénine est amené aux conclusions suivantes contre le révisionnisme théorique et philosophique :
1o « Une falsification de plus en plus subtile du marxisme, des contrefaçons de plus en plus subtiles du marxisme par des doctrines antimatérialistes, voilà ce qui caractérise le révisionnisme contemporain, tant en économie politique que dans les problèmes de tactique et dans la philosophie en général. » (Ibidem, p. 270.)
2o « Toute l’école de Mach et d’Avenarius va à l’idéalisme. » (Ibidem, p. 291.)
3o « Nos partisans de Mach se sont tous enlisés dans l’idéalisme. » (Ibidem, p. 282.)
4o « Il est impossible de ne pas discerner derrière la scolastique gnoséologique de l’empiriocriticisme la lutte des partis en philosophie, lutte qui traduit en dernière analyse les tendances et l’idéologie des classes ennemies de la société contemporaine. » (Ibidem, p. 292.)
5o « Le rôle objectif, le rôle de classe de l’empiriocriticisme se réduit entièrement à servir les fidéistes3 dans leur lutte contre le matérialisme en général et contre le matérialisme historique en particulier. » (Ibidem, p. 292.)
6o « L’idéalisme philosophique est… la voie de l’obscurantisme clérical. » (Ibidem, p. 304.)
Pour apprécier la portée immense de l’ouvrage de Lénine dans l’histoire de notre Parti et comprendre quel trésor théorique Lénine a défendu contre toutes les espèces de révisionnistes et de dégénérés de la période de réaction stolypinienne, il est indispensable de prendre connaissance, ne fût-ce que sommairement, des principes du matérialisme dialectique et historique.
C’est d’autant plus nécessaire que le matérialisme dialectique et le matérialisme historique constituent le fondement théorique du communisme, les principes théoriques du Parti marxiste ; connaître ces principes, les assimiler est le devoir de tout militant actif de notre Parti.
Ainsi donc :
1o Qu’est-ce que le matérialisme dialectique ?
2o Qu’est-ce que le matérialisme historique ?