Dominique Meeùs
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p. 23« Production marchande » production pour l’échange donc pas comme valeurs d’usage mais comme marchandises.
Artisanat, travailleurs indépendants
Manufacture, division du travail
Industrie, énergie mécanique non humaine
25 Matérialisme [D. M.]p. 25Précurseurs atomistes Anaxagore et Démocrite.
Duns Scot et les nominalistes.
Le matérialisme moderne est d’origine anglaise (17e siècle).
[Francis] Bacon, primauté de l’expérience. Thomas Hobbes, matérialisme mécaniste. Les objets agissent sur les sens. Nous donnons des noms aux objets et aux sensations. Il n’y a pas d’entités universelles (nominalisme). Critique des abus de langage des philosophes. Une substance incorporelle est aussi contradictoire qu’un corps incorporel.
Locke systématise le sensualisme de Bacon et Hobbes. Ses successeurs abandonnent la religion.
p. 31Le 18e est le siècle des matérialistes français. Les Anglais retournent à la bigoterie. [D’Angleterre, elle est passé aux États-Unis !] Cela s’améliore dans la deuxième moitié du 19e.
p. 33« En fait, qu’est-ce que l’agnosticisme, sinon un matérialisme “qui n’ose pas dire son nom” ? » [Dans Matérialisme et empiriocriticisme, Lénine qualifie aussi l’agnosticisme d’idéalisme qui n’ose pas dire son nom.] Réalité des seules sensations, agnosticisme envers les objets. « La preuve du pudding, c’est qu’on le mange (p. 35). » La pratique est un critère plus fort que l’argumentation. [Caractère de classe de la position matérialiste.]
p. 37Contre les agnostiques néo-kantiens, Hegel affirme que le progrès des sciences permet de connaître la chose en soi.
41 Matérialisme historique [D. M.]P. p. 43Rôle révolutionnaire de la bourgeoisie contre la religion et la féodalité. Trois grandes batailles :
Le deuxième grand soulèvement de la bourgeoisie trouva dans le calvinisme une doctrine toute prête. Ce soulèvement eut lieu en Angleterre. La bourgeoisie des villes mit le mouvement en train, et la yeomanry des campagnes le fit triompher. Il est assez curieux que, dans les trois grandes révolutions de la bourgeoisie, la paysannerie fournisse les armées pour soutenir le combat et qu’elle soit précisément la classe qui, la victoire acquise, doive être le plus sûrement ruinée par ses conséquences économiques. Un siècle après Cromwell, la yeomanry avait pratiquement disparu. Cependant sans cette yeomanry et sans l’élément plébéien des villes, jamais la bourgeoisie livrée à ses propres forces n’aurait pu continuer la lutte jusqu’au bout et n’aurait pu faire monter Charles Ier sur l’échafaud. Pour que la bourgeoisie pût consolider jusqu’à ces conquêtes qui étaient alors à portée de sa main, il fallut que la révolution dépassât de beaucoup le but qui lui était assigné exactement comme en France en 1793 et en Allemagne en 1848. Il semble que ce soit là une des lois de l’évolution de la société bourgeoise.
Quoi qu’il en soit, cet excès d’activité révolutionnaire fut nécessairement suivi en Angleterre par l’inévitable réaction, qui, à son tour, dépassa le point où elle aurait pu s’arrêter. Après une série d’oscillations, le nouveau centre de gravité finit par être atteint et il devint un nouveau point de départ. La grande période de l’histoire anglaise, que la « respectabilité » nomme « la grande rébellion », et les luttes qui suivirent parvinrent à leur achèvement avec cet événement relativement insignifiant de 1689 que les historiens libéraux appellent « la glorieuse révolution ».
Le nouveau point de départ fut un compromis entre la bourgeoisie montante et les ci-devant propriétaires féodaux. Ces derniers, bien que nommés alors comme aujourd’hui l’aristocratie, étaient depuis longtemps en train de devenir ce que Louis-Philippe ne devint que beaucoup plus tard : « le premier bourgeois du royaume ». Heureusement pour l’Angleterre, les vieux barons féodaux s’étaient entre-tués durant la guerre des Deux-Roses. Leurs successeurs, quoique issus pour la plupart des mêmes vieilles familles, provenaient cependant de branches collatérales si éloignées qu’ils constituèrent un corps tout à fait nouveau ; leurs habitudes et leurs goûts étaient plus bourgeois que féodaux ; ils connaissaient parfaitement la valeur de l’argent et ils se mirent immédiatement à augmenter leurs rentes foncières, en expulsant des centaines de petits fermiers qu’ils remplaçaient par des moutons. Henry VIII, en dissipant en donations et prodigalités les terres de l’Église créa une légion de nouveaux propriétaires fonciers bourgeois : les innombrables confiscations de grands domaines puis leur octroi à des demi ou à de parfaits parvenus par le biais de concessions, qui furent renouvelées pendant tout le 17e siècle, aboutirent au même résultat. C’est pourquoi à partir de Henry VII, l’ « aristocratie » anglaise, loin de contrecarrer le développement de la production industrielle, avait au contraire cherché à en bénéficier indirectement ; et de même il s’était toujours trouvé une fraction de grands propriétaires fonciers disposés, pour des raisons économiques et politiques, à coopérer avec les dirigeants de la bourgeoisie industrielle et financière. Le compromis de 1689 se réalisa donc aisément. Les dépouilles politiques — postes, sinécures, gros traitements, furent abandonnées aux grandes familles de la noblesse terrienne, sans que, pour autant, on négligeât le moins du monde les intérêts économiques de la bourgeoisie commerçante, industrielle et financière. Et ces intérêts économiques étaient déjà à l’époque suffisamment puissants pour déterminer la politique générale de la nation. Il pouvait bien y avoir des querelles sur les questions de détail, mais, dans l’ensemble, l’oligarchie aristocratique ne savait que trop bien que sa prospérité économique était irrévocablement liée à celle de la bourgeoisie industrielle et commerçante.
Dès lors la bourgeoisie fut une partie intégrante, modeste certes, mais reconnue comme telle, des classes dirigeantes de l’Angleterre. Avec toutes les autres, elle avait un intérêt commun au maintien de la sujétion de la grande masse ouvrière de la nation. Le marchand ou le manufacturier lui-même occupait la position de maître ou, comme on disait jusqu’à ces derniers temps, de « supérieur naturel » envers ses ouvriers, commis et domestiques. Son intérêt lui commandait de leur soutirer autant de bon travail que possible ; pour cela il devait les former à la soumission convenable. Il était lui-même religieux, la religion lui avait fourni le drapeau sous lequel il avait combattu le roi et les seigneurs ; il ne fut pas long à découvrir les avantages que l’on pouvait tirer de cette même religion pour agir sur l’esprit de ses inférieurs naturels et pour les rendre dociles aux ordres des maîtres qu’il avait plu à Dieu de placer au-dessus d’eux. Bref, la bourgeoisie anglaise avait désormais à prendre sa part dans l’oppression des « classes inférieures », de la grande masse productrice de la nation, et un de ses instruments d’oppression fut l’influence de la religion.
Le développement de la classe ouvrière et son organisation accompagnent la révolution industrielle (p. 61). La bourgeoisie sent l’importance nouvelle de la religion contre ce mouvement (p. 71).