Dominique Meeùs
Dernière modification le
Notes de lecture :
table des matières,
index —
Retour au dossier marxisme
Pour lui, les Grecs, Descartes et Spinoza sont dialectiques et le 18e français est métaphysique (p. 117) !
D’abord le tableau d’ensemble et les mouvements (p. 119 ¼). Héraclite (576 ? 540 ?-480) : « Παντα ρει (Panta rei). » Il faut ensuite compléter par l’étude des détails ce qui suppose de les isoler méthodologiquement. La science suppose une accumulation primitive d’observations et ne se développe donc qu’à partir de la période alexandrine (de – 323 à 640), puis chez les Arabes, puis de plus en plus vite à partir de la moitié du 15e. On y perd la vue d’ensemble et ce point de vue étroit passera en philosophie avec Bacon (1561-1626) et Locke (1632-1704) : « le mode de pensée métaphysique1 » (p. 121).
(Thèse) Dans ce « mode de pensée métaphysique » (p. 121), les choses — et leurs reflets dans la pensée, les concepts » — sont étudiées comme isolées et immuables. Logique bivalente : oui, non. C’est le mode du bon sens. Mais il y a aussi des degrés : limite entre avortement et meurtre, entre vie et mort. Identité et changement.
p. 125[…] dans la nature les choses se passent, en dernière analyse, dialectiquement et non métaphysiquement, que la nature ne se meut pas dans l’éternelle monotonie d’un cycle sans cesse répété, mais parcourt une histoire effective. Avant tout autre il faut citer ici Darwin, qui a porté le coup le plus puissant à la conception métaphysique de la nature en démontrant que toute la nature organique actuelle, les plantes, les animaux et, par conséquent, l’homme aussi, est le produit d’un processus d’évolution qui s’est poursuivi pendant des millions d’années.
[…]
p. 127Kant a commencé sa carrière en résolvant le système solaire stable de Newton et sa durée éternelle — une fois donné le fameux choc initial — en un processus historique : la naissance du soleil et de toutes les planètes à partir d’une masse nébuleuse en rotation. Et il en tirait déjà cette conclusion qu’étant donné qu’il était né, le système solaire devait nécessairement mourir un jour. Cette vue, un demi siècle plus tard, a été confirmée mathématiquement par Laplace et, après encore un demi-siècle, le spectroscope a démontré l’existence dans l’univers de semblables masses gazeuses incandescentes à différents degrés de condensation.
(Antithèse) Ces aspects trouvent leur place dans la pensée dialectique (p. 125) qui seule permet une « représentation exacte de l’univers, de son évolution et de celle de l’humanité, ainsi que du reflet de cette évolution dans le cerveau des hommes » (p. 127). Kant (1724-1804) a introduit une dimension historique dans sa cosmologie. Pour Hegel (1770-1831), tout est processus qui a une logique interne. Il avait cependant le défaut d’être idéaliste (p. 129). Son système achevé de la nature et de l’histoire est en contradiction avec la poursuite l’acquisition de connaissances (p. 129-131, voir Anti-Dühring, Introduction, chapitre 1 — Généralités).
(Synthèse) De là, contre l’idéalisme, retour au matérialisme, mais pas le matérialisme métaphysique, mécaniste du 18e mais un matérialisme dialectique (p. 131). C’est la fin de la philosophie : en dehors des sciences positives2, il ne reste que la logique et la dialectique (p. 133).
Le développement de la lutte de classe conduit à un réexamen aussi de l’histoire passée et à y retrouver les classes (p. 133, bas) et les causes économiques (p. 135) par rapport auxquelles le reste est superstructure. L’idéalisme est chassé de l’histoire. Le socialisme cesse d’être une intuition pour devenir une science (p. 135, bas) qui comporte aussi l’explication du capitalisme. Ces à Marx que l’on doit ces deux grandes avancées : le matérialisme historique et le concept de plus-value (p. 137).