Dominique Meeùs
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« Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel », Introduction
(D.M.) Opium des Volkes, opium du peuple, opium van het volk, opium of the peopleDas religiöse Elend ist in einem der Ausdruck des wirklichen Elendes und in einem die Protestation gegen das wirkliche Elend. Die Religion ist der Seufzer der bedrängten Kreatur, das Gemüt einer herzlosen Welt, wie sie der Geist geistloser Zustände ist. Sie ist das Opium des Volkes.
Die Aufhebung der Religion als des illusorischen Glücks des Volkes ist die Forderung seines wirklichen Glücks. Die Forderung, die Illusionen über seinen Zustand aufzugeben, ist die Forderung, einen Zustand aufzugeben, der der Illusionen bedarf. Die Kritik der Religion ist also im Keim die Kritik des Jammertales, dessen Heiligenschein die Religion ist.
La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.
Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole.
La misère religieuse est d’une part l’expression de la misère effective et de l’autre la protestation contre la misère effective. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur comme c’est l’esprit de situations sans esprit. Elle est l’opium du peuple.
L’abolition de la religion comme bonheur illusoire des gens est la revendication de leur bonheur véritable. Leur demander d’abandonner les illusions sur leur condition, c’est leur demander d’abandonner une condition qui exige les illusions. La critique de la religion est ainsi en germe la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole.
De religieuze ellende is tegelijkertijd de uitdrukking van de werkelijke ellende en het protest tegen de werkelijke ellende. De religie is de verzuchting van het verdrukte schepsel, het gemoed van een harteloze wereld, zoals ze ook de geest van geestloze toestanden is. Zij is het opium van het volk.
De opheffing van de religie als illusorisch geluk van het volk is de vereiste voor zijn werkelijk geluk. De eis om de illusies over zijn toestand op te geven is de eis om een toestand op te geven die illusies nodig heeft. De kritiek van de religie is dus in kiem de kritiek van het tranendal, waarvan de religie het aureool is.
Religious suffering is, at one and the same time, the expression of real suffering and a protest against real suffering. Religion is the sigh of the oppressed creature, the heart of a heartless world, and the soul of soulless conditions. It is the opium of the people.
The abolition of religion as the illusory happiness of the people is the demand for their real happiness. To call on them to give up their illusions about their condition is to call on them to give up a condition that requires illusions. The criticism of religion is, therefore, in embryo, the criticism of that vale of tears of which religion is the halo.
Qui demande quoi à qui ? Il me semble que « seinen » dans « Illusionen über seinen Zustand aufzugeben » indique que chez Marx la demande s’adresse aux gens. Dans ma traduction de l’allemand, j’ai ainsi adopté l’interprétation de la traduction anglaise lorsqu’elle dit « them ». (J’ai adopté « les gens » pour pouvoir continuer au pluriel.) Si c’est bien ça que Marx veut dire, il faudrait encourager les gens à se battre pour que la situation change — ce qui pourrait rendre la religion inutile. Engager les gens dans la lutte serait ainsi le bon moyen de s’attaquer à la religion, et non attaquer les gens sur leur religion.
« Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel », Introduction
(D.M.) révolution bourgeoise, révolution prolétarienneCe qui est, pour l’Allemagne, un rêve utopique, ce n’est pas la révolution radicale, l’émancipation générale et humaine, c’est plutôt la révolution partielle, simplement politique, la révolution qui laisse debout les piliers de la maison. Sur quoi repose une révolution partielle, simplement politique ? Sur ceci : une fraction de la société bourgeoise s’émancipe et accapare la suprématie générale, une classe déterminée entreprend, en partant de sa situation particulière, l’émancipation générale de la société. Cette classe émancipe la société tout entière, mais uniquement dans l’hypothèse que la société tout entière se trouve dans la situation de cette classe, qu’elle possède donc ou puisse se procurer à sa convenance par exemple l’argent ou la culture.
C’est la critique, l’exposé des limites de la révolution bourgeoise. La vraie révolution ne peut venir que du prolétariat :
Où donc est la possibilité positive de l’émancipation allemande ?
Voici notre réponse. Il faut former une classe avec des chaînes radicales, une classe de la société bourgeoise qui ne soit pas une classe de la société bourgeoise, une classe qui soit la dissolution de toutes les classes, une sphère qui ait un caractère universel par ses souffrances universelles et ne revendique pas de droit particulier, parce qu’on ne lui a pas fait de tort particulier, mais un tort en soi, une sphère qui ne puisse plus s’en rapporter à un titre historique, mais simplement au titre humain, une sphère qui ne soit pas en une opposition particulière avec les conséquences, mais en une opposition générale avec toutes les suppositions du système politique allemand, une sphère enfin qui ne puisse s’émanciper, sans s’émanciper de toutes les autres sphères de la société et sans, par conséquent, les émanciper toutes, qui soit, en un mot, la perte complète de l’homme, et ne puisse donc se reconquérir elle-même que par le regain complet de l’homme. La décomposition de la société en tant que classe particulière, c’est le prolétariat.
Le prolétariat ne commence à se constituer en Allemagne que grâce au mouvement industriel qui s’annonce partout. En effet, ce qui forme le prolétariat, ce n’est pas la pauvreté naturellement existante, mais la pauvreté produite artificiellement ; ce n’est pas la masse machinalement opprimée par le poids de la société, mais la masse résultant de la décomposition aiguë de la société, et surtout de la décompositionaiguë de la classe moyenne. Ce qui n’empêche pas, cela va de soi, la pauvreté naturelle et le servage germano-chrétien de grossir peu à peu les rangs du prolétariat.
Lorsque le prolétariat annonce la dissolution de l’ordre social actuel, il ne fait qu’énoncer le secret de sa propre existence, car il constitue lui-même la dissolution effective de cet ordre social. Lorsque le prolétariat réclame la négation de la propriété privée, il ne fait qu’établir en principe de la société ce que la société a établi en principe du prolétariat, ce que celui-ci, sans qu’il y soit pour rien, personnifie déjà comme résultat négatif de la société.
Il semble bien que c’est ici, par ce texte, que le prolétariat, avec sa mission historique, fait son entrée dans l’œuvre de Marx.
« Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel », Introduction
(D.M.) philosophie, arme intellectuelle du prolétariatWie die Philosophie im Proletariat ihre materiellen, so findet das Proletariat in der Philosophie seine geistigen Waffen…
De même que la philosophie trouve dans le prolétariat ses armes matérielles, le prolétariat trouve dans la philosophie ses armes intellectuelles…
Zoals de filosofie in het proletariaat haar materiële wapens vindt, zo vindt het proletariaat in de filosofie zijn geestelijke wapens…
As philosophy finds its material weapon in the proletariat, so the proletariat finds its spiritual weapon in philosophy.