Dominique Meeùs
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Contribution à la critique de la Philosophie du droit de Hegel — Introduction

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Karl Marx, « Zur Kritik der Hegelschen Rechtsphilosophie », Einleitung (1843-1844), Deutsch-Französische Jahrbücher, Paris, 1844. MEW, Band 1. En ligne : www.mlwerke.de/me/me01/me01_378.htm. On trouve la transcription de cet unique numéro des Deutsch-Französische Jahrbücher en de.wikisource.org/wiki/Deutsch-Französische_Jahrbücher et on peut en obtenir gratuitement de Google un facsimilé : books.google.be/books?id=TdFcAAAAcAAJ.
« Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel », Introduction. En ligne : www.marxists.org/francais/marx/works/1843/00/km18430000.htm (traduction de Jules Molitor, Éditions Allia 1998). Aussi en annexe de la Critique du droit politique hégélien, Éditions sociales.
Aussi http://marx.engels.free.fr/marx/txt/1843critiqueh.htm, Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel
« Bijdrage tot de kritiek op Hegels Rechtsfilosofie », Inleiding. Kerngedachten van Karl Marx, Uitgeverij De Nederlandse Boekhandel, Antwerpen/Amsterdam. En ligne : www.marxists.org/nederlands/marx-engels/1843/1843-44inleiding.htm.
« A Contribution to the Critique of Hegel’s Philosophy of Right », Introduction. En ligne : www.marxists.org/archive/marx/works/1843/critique-hpr/intro.htm.

(D.M.) Opium des Volkes, opium du peuple, opium van het volk, opium of the people

Qui demande quoi à qui ? Il me semble que « seinen » dans « Illusionen über seinen Zustand aufzugeben » indique que chez Marx la demande s’adresse aux gens. Dans ma traduction de l’allemand, j’ai ainsi adopté l’interprétation de la traduction anglaise lorsqu’elle dit « them ». (J’ai adopté « les gens » pour pouvoir continuer au pluriel.) Si c’est bien ça que Marx veut dire, il faudrait encourager les gens à se battre pour que la situation change — ce qui pourrait rendre la religion inutile. Engager les gens dans la lutte serait ainsi le bon moyen de s’attaquer à la religion, et non attaquer les gens sur leur religion.

(D.M.) révolution bourgeoise, révolution prolétarienne

Ce qui est, pour l’Allemagne, un rêve utopique, ce n’est pas la révolution radicale, l’émancipation générale et humaine, c’est plutôt la révolution partielle, simplement politique, la révolution qui laisse debout les piliers de la maison. Sur quoi repose une révolution partielle, simplement politique ? Sur ceci : une fraction de la société bourgeoise s’émancipe et accapare la suprématie générale, une classe déterminée entreprend, en partant de sa situation particulière, l’émancipation générale de la société. Cette classe émancipe la société tout entière, mais uniquement dans l’hypothèse que la société tout entière se trouve dans la situation de cette classe, qu’elle possède donc ou puisse se procurer à sa convenance par exemple l’argent ou la culture.

C’est la critique, l’exposé des limites de la révolution bourgeoise. La vraie révolution ne peut venir que du prolétariat :

Où donc est la possibilité positive de l’émancipation allemande ?

Voici notre réponse. Il faut former une classe avec des chaînes radicales, une classe de la société bourgeoise qui ne soit pas une classe de la société bourgeoise, une classe qui soit la dissolution de toutes les classes, une sphère qui ait un caractère universel par ses souffrances universelles et ne revendique pas de droit particulier, parce qu’on ne lui a pas fait de tort particulier, mais un tort en soi, une sphère qui ne puisse plus s’en rapporter à un titre historique, mais simplement au titre humain, une sphère qui ne soit pas en une opposition particulière avec les conséquences, mais en une opposition générale avec toutes les suppositions du système politique allemand, une sphère enfin qui ne puisse s’émanciper, sans s’émanciper de toutes les autres sphères de la société et sans, par conséquent, les émanciper toutes, qui soit, en un mot, la perte complète de l’homme, et ne puisse donc se reconquérir elle-même que par le regain complet de l’homme. La décomposition de la société en tant que classe particulière, c’est le prolétariat.

Le prolétariat ne commence à se constituer en Allemagne que grâce au mouvement industriel qui s’annonce partout. En effet, ce qui forme le prolétariat, ce n’est pas la pauvreté naturellement existante, mais la pauvreté produite artificiellement ; ce n’est pas la masse machinalement opprimée par le poids de la société, mais la masse résultant de la décomposition aiguë de la société, et surtout de la décompositionaiguë de la classe moyenne. Ce qui n’empêche pas, cela va de soi, la pauvreté naturelle et le servage germano-chrétien de grossir peu à peu les rangs du prolétariat.

Lorsque le prolétariat annonce la dissolution de l’ordre social actuel, il ne fait qu’énoncer le secret de sa propre existence, car il constitue lui-même la dissolution effective de cet ordre social. Lorsque le prolétariat réclame la négation de la propriété privée, il ne fait qu’établir en principe de la société ce que la société a établi en principe du prolétariat, ce que celui-ci, sans qu’il y soit pour rien, personnifie déjà comme résultat négatif de la société.

Il semble bien que c’est ici, par ce texte, que le prolétariat, avec sa mission historique, fait son entrée dans l’œuvre de Marx.

(D.M.) philosophie, arme intellectuelle du prolétariat
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