Dominique Meeùs
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Mais c’est trop peu pour mon critique. Il lui faut absolument métamorphoser mon esquisse historique de la genèse du capitalisme dans l’Europe occidentale en une théorie historico-philosophique de la marche générale, fatalement imposée à tous les peuples, quelles que soient les circonstances historiques où ils se trouvent placés, pour arriver en dernier lieu à cette formation économique qui assure, avec le plus grand essor des pouvoirs productifs du travail social, le développement le plus intégral de l’homme. Mais je lui demande pardon. (C’est me faire, en même temps, trop d’honneur, et trop de honte.) Prenons un exemple.
[Expropriation des plébéiens de l’ancienne Rome. Comme en Angleterre plus tard, on en a fait des prolétaires, mais à Rome, ça a donné l’esclavage (et des prolétaires à l’assistance publique), pas le capitalisme.] Donc, des événements d’une analogie frappante, mais se passant dans des milieux historiques différents, amenèrent des résultats tout-à-fait disparates. En étudiant chacune de ces évolutions à part, et en les comparant ensuite, l’on trouvera facilement la clef de ce phénomène, mais on n’y arrivera jamais avec le passe-partout d’une théorie historico-philosophique générale, dont la suprême vertu consiste à être supra-historique.
C’est à rapprocher de ce que Marx dit de l’économie (par la bouche d’un critique interposé) dans la postface de la deuxième édition allemande du Livre I du Capital : qu’il n’y a pas de lois générales abstraites, intemporelles.