Dominique Meeùs
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Le manuscrit ne comporte pas de titre. Le titre et le sous-titre sont cependant bien de Marx, qui écrit dans un article de 1847 :
… der von Fr[iedrich] Engels und mir gemeinschaftlich verfaßten Schrift über „Die deutsche Ideologie" (Kritik der neuesten deutschen Philosophie in ihren Repräsentanten, Feuerbach, B[runo] Bauer und Stirner, und des deutschen Sozialismus in seinen verschiedenen Propheten).
L’Idéologie allemande pose un problème particulier. On a retrouvé divers manuscrits et des parties imprimées. Marx et Engels y font d’intéressantes considérations, entre autres sur le matérialisme en histoire. Les différents éditeurs à partir de 1932 ont cherché à structurer ce matériel de la meilleure manière pour en faire une référence utile sur le matérialisme historique, mais ce faisant ils y introduisent une structure qui est la leur et pas celle des auteurs (à partir sans doute d’une conception du matérialisme historique qui est la leur), avec des titres et sous-titres empruntés au corps du texte ou même à des textes extérieurs. Toutes les éditions2 avant celle de 2003, présentent différents arrangements qui sont ceux des éditeurs. L’édition de 2003, qui se veut apolitique, donne le meilleur texte quand au déchiffrement des manuscrits, mais aussi quant au respect de la pagination par les auteurs. Malheureusement, on n’a fait ce travail que pour les parties I et II, ce qui correspond aux pages 17-98 seulement des pages 11-521 dans les MEW 3.
En français, l’édition de 2014 présente (pour les chapitres publiés) le double avantage du meilleur texte allemand (celui du Jahrbuch 2003) et d’une nouvelle traduction souvent plus fidèle.
En français, je donne comme référence la pagination de l’édition de 2014. (En allemand, j’indique les paginations de 2003 et de 2014.) Ayant travaillé d’abord avec ces autres éditions, je donne aussi parfois la pagination de l’édition de 1976 ou, pour la partie Feuerbach, de celle de l’édition de 1975, ou les deux. D’autres éditions, je reprends aussi des passages raturés, qui sont en français dans l’édition de 2014, mais pas en allemand, ni dans le Jahrbuch 2003.
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L’allemand (et le néerlandais) font la différence entre un être humain en général (Mensch), sans considérer le sexe, et un homme (Man), le mâle de l’espèce. En français (et en anglais) le vocabulaire ne permet pas de faire simplement cette distinction. Il faudrait en français écrire un être humain ou, pour faire court, en substantivant l’adjectif, un humain.
Les traducteurs de l’édition de 2014 ont fait là-dessus peu d’efforts. On trouve ainsi, p. 253 et 255, toute une série d’occurrences d’homme pour Mensch et, en haut de la page, p. 257, « der Menschen darzustellen » donne « présenter l’Homme » avec majuscule. A-t-on voulu là souligner « l’Homme » parce qu’il est question de « l’homme et la femme » à la ligne en dessous ? Cet Homme redevient homme dans les lignes qui suivent. S’agissant de l’engendrement de l’homme, la note 10 appelée là et située page 411 nous apprend, sans rire, que selon Feuerbach : « Il faut deux hommes pour engendrer l’homme… ». On pourrait choisir Homme avec majuscule comme solution au problème de la distinction entre homme comme être humain et homme mâle, et il semble que les traducteurs ont eu l’intention de le faire, pas seulement p. 257. Il y a une entrée d’index commune aux deux graphies : « Homme, homme ». mais sans se décider à le faire systématiquement en encore moins à nous expliquer leur intention. En particulier,
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À cause des gros problèmes que pose la dialectique, je me suis demandé quand Marx et Engels ont été tentés par un retour à Hegel. Ce n’est certainement pas dans l’Idéologie allemande. Il y a une seule occurrence de la famille du mot dialektiek dans le Jahrbuch 2003 (en dehors de l’introduction des éditeurs), die „wahre Dialektik“, p. 102, où ils citent Feuerbach, c’est-à-dire que jamais d’eux-mêmes, ils ne parlent de dialectique ici.
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Marx, Engels, Idéologie allemande, 2014:49
Feuerbach et histoire« … il s’agit de révolutionner le monde existant… »
[...] |8| sich in Wirklichkeit & für den praktischen Materialisten, d. h. Kommunisten, darum handelt, die bestehende Welt zu revolutioniren, die vorgefundnen Dinge praktisch anzugreifen & zu verändern.
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Les choses telles qu’elles sont et les « lunettes » du philosophe.
Um diese zu beseitigen, muß er [Feuerbach] dann zu einer doppelten Anschauung seine Zuflucht nehmen, zwischen einer profanen, die nur das „auf platter Hand Liegende“ & einer höheren, philosophischen, die das „wahre Wesen“ der Dinge erschautNB..
NB.Nicht daß F. das auf platter Hand liegende, den sinnlichen Schein der durch genauere Untersuchung des sinnlichen Thatbestandes constatirten sinnlichen Wirklichkeit unterordnet, ist der Fehler, sondern daß er in letzter Instanz nicht mit der Sinnlichkeit fertig werden kann, ohne sie mit den „Augen“, d. h. durch die „Brille“ des Philosophen zu betrachten.↵
[…] il [Feuerbach] lui faut avoir recours à une double intuition, l’une profane qui n’aperçoit que « ce qui se trouve à portée de main » et l’autre, supérieure, philosophique, qui aperçoit la « vraie essence » des choses NB..
NB.L’erreur n’est pas que F[euerbach] subordonne ce qui se trouve à portée de main, l’apparence sensible, à la réalité effective sensible constatée par un examen plus précis de l’état de fait sensible, mais qu’en dernière instance il ne puisse pas venir à bout de la sensibilité sans la considérer avec les « yeux », c’est-à-dire avec les « lunettes » du philosophe. [Engels.]↵
Übrigens löst sich in dieser Auffassung der Dinge wie sie wirklich sind & geschehen sind, wie sich weiter unten noch deutlicher zeigen wird, jedes tiefsinnige philosophische Problem ganz einfach in ein empirisches Faktum auf.
Du reste, dans cette conception des choses qui les appréhende telles qu’elles sont et telles qu’elles sont effectivement arrivées, comme cela apparaîtra plus loin de façon encore plus claire, tout problème philosophique profond se dissout tout simplement en un fait empirique.
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Les nécessités de l’existence.
Wir müssen […] damit anfangen, daß wir die erste Voraussetzung aller menschlichen Existenz, also auch aller Geschichte constatiren, nämlich die Voraussetzung daß die Menschen im Stande sein müssen zu leben, um „Geschichte machen“ zu können. Zum Leben aber gehört vor Allem Essen & Trinken, Wohnung, Kleidung & noch einiges Andere. Die erste geschichtliche That ist also die Erzeugung der Mittel zur Befriedigung dieser Bedürfnisse, die Produktion des materiellen Lebens selbst, & zwar ist dies eine geschichtliche That, eine Grundbedingung aller Geschichte, die noch heute, wie vor Jahrtausenden, täglich & stündlich erfüllt werden muß, um die Menschen nur am Leben zu erhalten.
… il nous faut commencer par constater la première présupposition de toute existence humaine, donc de toute histoire, c’est-à-dire la présupposition selon laquelle il faut que les hommes soient en mesure de vivre pour pouvoir « faire l’histoire ». Font partie de la vie surtout le fait de boire et de manger, le logement, les vêtements et quelques autres choses encore. Le premier acte historique est donc l’engendrement des moyens de satisfaire ces besoins, la production de la vie matérielle elle-même, et c’est là un acte historique, une condition fondamentale de toute histoire qui doit nécessairement être remplie, aussi bien aujourd’hui qu’il y a des millénaires, chaque jour et à chaque heure, afin simplement de maintenir les hommes en vie.
La deuxième chose, c’est que le premier besoin lui-même une fois satisfait, l’action de le satisfaire et l’instrument de satisfaction déjà acquis conduisent à de nouveaux besoins — et cette engendrement de nouveaux besoins est le premier acte historique.
Le troisième rapport qui entre ici d’emblée dans le développement historique est le suivant : les humains, qui renouvellent quotidiennement leur propre vie, commencent à faire d’autres humains, à se reproduire — le rapport entre homme et femme, parents et enfants, la famille. Cette famille, qui au commencement est l’unique rapport social, devient ensuite, là où l’accroissement des besoins engendre de nouveaux rapports sociaux et où l’accroissement de la population engendre de nouveaux besoins, un rapport subordonné […], et il faut donc en traiter et lui consacrer des développements en partant des données empiriques existantes et non du « concept de la famille » […].
La production de la vie, aussi bien de sa propre vie dans le travail que de celle d’un ou d’une11 autre dans la procréation, apparaît donc déjà dès maintenant comme un rapport double — d’une part comme un rapport naturel, d’autre part comme un rapport social, — social où l’on comprend par là l’action collective de plusieurs individus, peu importe quelles en sont les conditions, le mode et la finalité. Il en résulte qu’un mode de production ou un stade industriel déterminés sont toujours unis à un mode d’action collective ou à un stade social déterminés, et que ce mode d’action collective est lui-même une « force productive » ; que la quantité des forces productives accessibles aux humains conditionne l’état social, et qu’il faut donc toujours étudier et élaborer « l’histoire de l’humanité » en connexion avec l’histoire de l’industrie et de l’échange. […] Donc, d’emblée, une connexion matérialiste des humains entre eux se fait jour, qui est conditionnée par les besoins et le mode de la production, et qui est aussi vieille que les humains eux-mêmes — une connexion qui prend sans cesse de nouvelles formes et qui présente donc une « histoire », même sans qu’existe encore quelque non-sens politique ou religieux que ce soit permettant de maintenir les humains ensemble par surcroît.
Ce caractère premier des nécessités de l’existence, c’est l’essentiel du matérialisme historique, comme Engels le rappelle dans une lettre à Joseph Bloch en 1890.
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Ce n’est qu’après avoir considéré les nécessités de l’existence qu’on peut dire quelque chose de la conscience.
Jetzt erst, nachdem wir bereits vier Momente, vier Seiten der ursprünglichen, geschichtlichen Verhältnisse betrachtet haben, finden wir, daß der Mensch auch „Bewußtsein" hat1.
[Variante :] … que l’humain a, entre autres, également un « esprit », et que cet « esprit » « s’exprime » en tant que « conscience ».
1.Die Menschen haben Geschichte, weil sie ihr Leben produciren müssen, u. zwar muß auf bestimmte Weise ; dieß ist durch ihre physische Organisation gegeben ; ebenso wie ihr Bewußtsein.↵
Marx, Engels, Idéologie allemande, 1975:62 — Ce n’est que maintenant seulement, après avoir déjà examiné quatre moments, quatre côtés des rapports historiques originels, que nous trouvons que l’homme a aussi de la « conscience »1.
[Variante :] … que l’humain a, entre autres, également un « esprit », et que cet « esprit » « s’exprime » en tant que « conscience ».
1.Les humains ont une histoire, parce qu’il leur faut produire leur vie et ce sous un mode déterminé ; cela est donné par leur organisation physique ; tout comme leur conscience.↵
Dieses Hammel- oder Stammbewußtsein erhält seine weitere Entwicklung & Ausbildung durch die gesteigerte Produktivität, die Vermehrung der Bedürfnisse & die Beiden zum Grunde liegende Vermehrung der Bevölkerung. Damit entwickelt sich die Theilung der Arbeit, die ursprünglich nichts war als die Theilung der Arbeit im Geschlechtsakt, dann Theilung der Arbeit, die sich vermöge der natürlichen Anlage (z. B. Körperkraft), Bedürfnisse, Zufälle &c &c von selbst oder „naturwüchsig" macht. Die Theilung der Arbeit wird erst wirklich Theilung von dem Augenblicke an, wo eine Theilung der materiellen & geistigen Arbeit eintritt.
Cette conscience moutonnière ou tribale parvient à poursuivre son développement et sa formation grâce à l’augmentation de la productivité, à l’accroissement des besoins et à l’accroissement de la population qui est au fondement des deux. Ainsi se développe la division du travail qui originellement n’était rien d’autre que la division du travail dans l’acte sexuel, avant de devenir la division du travail qui se fait d’elle-même ou de manière « naturelle-spontanée » en vertu des dispositions naturelles (par ex. la force corporelle ), des besoins, des hasards, etc., etc. La division du travail ne devient effectivement division du travail qu’à l’instant où entre en jeu une division du travail matériel et du travail intellectuel.
Dit schapen- of stambewustzijn ontwikkelt en vervolmaakt zich onder invloed van de stijging van de productiviteit, de toename van de behoeften, en de aanwas van de bevolking die aan de twee eerste fenomenen ten grondslag ligt. Daarmee ontwikkelt zich de arbeidsdeling, die oorspronkelijk niets anders was dan de arbeidsdeling in de geslachtsdaad, vervolgens de arbeidsdeling die op grond van natuurlijke aanleg (de lichaamskracht bijv.), behoeften, toevallige omstandigheden enz. enz. vanzelf of ‘van nature’ tot stand komt. De arbeidsdeling wordt pas werkelijk deling vanaf het moment, dat er een deling van materiële en geestelijke arbeid ontstaat.
This sheep-like or tribal consciousness receives its further development and extension through increased productivity, the increase of needs, and, what is fundamental to both of these, the increase of population. With these there develops the division of labour, which was originally nothing but the division of labour in the sexual act, then the division of labour which develops spontaneously or "naturally" by virtue of natural predisposition (e.g., physical strength), needs, accidents, etc., etc. Division of labour only becomes truly such from the moment when a division of material and mental labour appears.
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Une conception matérialiste de l’histoire.
Schließlich erhalten wir noch folgende Resultate aus der entwickelten Geschichtsauffassung: 1) In der Entwicklung der Produktivkräfte tritt eine Stufe ein, auf welcher Produktionskräfte & Verkehrsmittel hervorgerufen werden, welche unter den bestehenden Verhältnissen nur Unheil anrichten, welche keine Produktionskräfte mehr sind, sondern Destruktionskräfte (Maschinerie & Geld) — & was damit zusammenhängt daß eine Klasse hervorgerufen wird, welche alle Lasten der Gesellschaft zu tragen hat ohne ihre Vortheile zu genießen, welche aus der Gesellschaft heraus||23|gedrängt, in den entschiedensten Gegensatz zu allen andern Klassen forcirt wird; eine Klasse die die Majorität aller Gesellschaftsmitglieder bildet & von der das Bewußtsein über die Notwendigkeit einer gründlichen Revolution, das kommunistische Bewußtsein aus geht, das sich natürlich auch unter den andern Klassen vermöge der Anschauung der Stellung dieser Klasse bilden kann; 2) daß die Bedingungen innerhalb deren bestimmte Produktionskräfte angewandt werden können, die Bedingungen der Herrschaft einer bestimmten Klasse der Gesellschaft sind, deren soziale, aus ihrem Besitz hervorgehende Macht in der jedesmaligen Staatsform ihren praktisch-idealistischm Ausdruck hat, & deßhalb jeder revolutionäre Kampf gegen eine Klasse, die bisher geherrscht hat, sich richtet; 3) daß in allen bisherigen Revolutionen die Art der Thätigkeit stets unangetastet blieb & es sich nur um eine andre Distribution dieser Thätigkeit, um eine neue Vertheilung der Arbeit an andre Personen handelte, während die kommunistische Revolution sich gegen die bisherige Art der Thätigkeit richtet, die Arbeit beseitigt, & die Herrschaft aller Klassen mit den Klassen selbst aufhebt, weil sie durch die Klasse bewirkt wird, die in der Gesellschaft für keine Klasse mehr gilt, nicht als Klasse anerkannt wird, schon der Ausdruck der Auflösung aller Klassen, Nationalitäten &c innerhalb der jetzigen Gesellschaft ist & 4) daß sowohl zur massenhaften Erzeugung dieses kommunistischen Bewußtseins, wie zur Durchsetzung der Sache selbst eine massenhafte Veränderung der Menschen nöthig ist, die nur in einer praktischen Bewegung, in einer Revolution vor sich gehen kann; daß also die Revolution nicht nur nöthig ist, weil die herrschende Klasse auf keine andre Weise gestürzt werden kann, sondern auch, weil die stürzende Klasse nur in einer Revolution dahin kommen kann, sich den ganzen alten Dreck vom Halse zu schaffen & zu einer neuen Begründung der Gesellschaft befähigt zu werden.
Finalement, la conception de l’histoire que nous avons de développée nous donne encore les résultats suivants : 1) dans le développement des forces productives, il arrive un stade où naissent des forces de production et des moyens de commerce qui, dans les rapports existants, n’entraînent que des dégâts et qui ne sont plus des forces de production mais des forces de destruction (machinerie et argent) — et, point qui est en connexion avec ce qui précède, il naît une classe qui doit porter toutes les charges de la société sans jouir de ses avantages, et qui, poussée en dehors de la société, ||23| se retrouve forcée de s’opposer de la manière la plus résolue à toutes les autres classes ; une classe constituée de la majorité des membres de la société et d’où provient la conscience de la nécessité d’une révolution fondamentale, la conscience communiste, laquelle peut naturellement se former aussi parmi les autres classes en vertu de l’intuition de la position de cette classe ; 2) les conditions à l’intérieur desquelles des forces de production déterminées peuvent être employées sont les conditions de la domination d’une classe déterminée de la société, dont la puissance sociale, qui est issue de ce qu’elle possède, trouve son expression idéaliste pratique dans chaque forme d’État, et c’est pourquoi toute lutte révolutionnaire est dirigée contre une classe qui, jusque là, a dominé ; 3) dans toutes les révolutions antérieures, le type d’activité est toujours demeuré intact, et il ne s’agissait que d’une autre distribution de cette activité, d’une nouvelle répartition du travail entre d’autres personnes, alors que la révolution communiste est dirigée contre l’ancien type d’activité, elle supprime le travail et abolit la domination de toutes les classes et les classes elles-mêmes, parce qu’elle est effectuée par la classe qui dans la société, n’est plus considérée comme une classe, qui n’est pas reconnue en tant que classe, et qui est déjà l’expression de la dissolution de toutes les classes, nationalités, etc., à l’intérieur de la société actuelle et 4) l’engendrement massif de cette conscience communiste ainsi que l’accomplissement de la chose elle-même nécessitent un changement massif des hommes, le quel ne peut advenir que dans un mouvement pratique, dans une révolution ; la révolution n’est donc pas seulement nécessaire parce que la classe qui domine l’autre ne peut être renversée sur aucun autre mode, mais également parce que c’est seulement par une révolution que la classe qui renverse l’autre peut arriver à se débarrasser de toute cette vieille saloperie et de devenir capable de refonder la société.
Tenslotte verkrijgen wij uit de hier geschetste geschiedenisopvatting nog de volgende resultaten: (1) In de ontwikkeling van de productiekrachten breekt een fase aan, waarin productiekrachten en verkeersmiddelen in het leven worden geroepen, die onder de bestaande verhoudingen slechts onheil stichten en geen productieve maar destructieve krachten zijn (machinerie en geld); en in samenhang daarmee ontstaat er een klasse die alle lasten van de maatschappij moet dragen zonder haar voordelen te genieten, die uit de maatschappij verdreven en in de scherpste tegenstelling tot alle overige klassen wordt gedrongen; een klasse die de meerderheid van alle leden van de maatschappij vormt en waaruit het bewustzijn ontstaat van de noodzaak van een fundamentele revolutie, het communistisch bewustzijn, dat zich natuurlijk ook onder de andere klassen kan ontwikkelen op grond van de aanschouwing van de positie van deze klasse. (2) De voorwaarden waaronder bepaalde productiekrachten aangewend kunnen worden, zijn die van de heerschappij van een bepaalde maatschappelijke klasse wier sociale macht, die op haar eigendom berust, telkens zijn praktisch-idealistische uitdrukking in de staatsvorm vindt; en daarom is iedere revolutionaire strijd tegen een klasse gericht, die tot dan toe aan de macht was. (3) In alle revoluties tot dusver bleef de aard van de werkzaamheid altijd onaangetast en ging het slechts om een andere verdeling van deze werkzaamheid, om een nieuwe verdeling van de arbeid aan andere personen, terwijl de communistische revolutie gericht is tegen de wijze waarop de werkzaamheid tot dusver plaatsvindt: zij schaft de arbeid af en heft de heerschappij van alle klassen met de klassen zelf op, omdat zij tot stand gebracht wordt door die klasse, die in de maatschappij niet meer tot de klassen wordt gerekend, niet als klasse erkend wordt en binnen de huidige maatschappij reeds de uitdrukking van de ontbinding van alle klassen, nationaliteiten enz. is; en (4) Zowel voor het ontstaan van het communistisch bewustzijn op massale schaal, als voor het welslagen van de zaak zelf is een massale verandering van de mensen nodig, een verandering die alleen in een praktische beweging, in een revolutie plaats kan vinden; de revolutie is dus noodzakelijk, niet alleen omdat de heersende klasse op geen enkele andere manier omvergeworpen kan worden, maar ook omdat de klasse die haar omverwerpt er alleen in een revolutie in kan slagen zich van heel de oude troep te bevrijden en in staat kan zijn de maatschappij op een nieuwe grondslag te stellen.
Finally, from the conception of history set forth by us we obtain these further conclusions: 1) In the development of productive forces there comes a stage when productive forces and means of intercourse are brought into being which, under the existing relations, only cause mischief, and are no longer productive but destructive forces (machinery and money); and connected with this a class is called forth which has to bear all the burdens of society without enjoying its advantages, which is ousted from society and [23] forced into the sharpest contradiction to all other classes; a class which forms the majority of all members of society, and from which emanates the consciousness of the necessity of a fundamental revolution, the communist consciousness, which may, of course, arise among the other classes too through the contemplation of the situation of this class. 2) The conditions under which definite productive forces can be applied are the conditions of the rule of a definite class of society, whose social power, deriving from its property, has its practical-idealistic expression in each case in the form of the state and, therefore, every revolutionary struggle is directed against a class which till then has been in power. 3) In all previous revolutions the mode of activity always remained unchanged and it was only a question of a different distribution of this activity, a new distribution of labour to other persons, whilst the communist revolution is directed against the hitherto existing mode of activity, does away with labour, and abolishes the rule of all classes with the classes themselves, because it is carried through by the class which no longer counts as a class in society, which is not recognised as a class, and is in itself the expression of the dissolution of all classes, nationalities, etc., within present society; and 4) Both for the production on a mass scale of this communist consciousness, and for the success of the cause itself, the alteration of men on a mass scale is necessary, an alteration which can only take place in a practical movement, a revolution; the revolution is necessary, therefore, not only because the ruling class cannot be overthrown in any other way, but also because the class overthrowing it can only in a revolution succeed in ridding itself of all the muck of ages and become fitted to found society anew.
Au début de ce passage, les forces de production qui deviennent forces de destruction me font plus penser à La situation de la classe laborieuse en Angleterre d’Engels l’année d’avant qu’à la préface de 1859. En effet, on a ici plus l’expression d’une situation négative en soi que d’une contradiction avec les rapports de production.
/24/ Diese Geschichtsauffassung beruht also darauf, den wirklichen Produktionsprozeß, & zwar von der materiellen Produktion des p. 29unmittelbaren Lebens ausgehend, zu entwickeln & die mit dieser Produktionsweise zusammenhängende & von ihr erzeugte Verkehrsform, also die bürgerliche Gesellschaft in ihren verschiedenen Stufen als Grundlage der ganzen Geschichte aufzufassen & sie sowohl in ihrer Aktion als Staat darzustellen, wie die sämmtlichen verschiedenen theoretischen Erzeugnisse & Formen des Bewußtseins, Religion, Philosophie, Moral &c &c aus ihr zu erklären u. ihren Entstehungsprozeß aus ihnen zu verfolgen, wo dann natürlich auch dịẹ Sache in ihrer Totalität (u. darum auch dịẹ Wechselwirkung dieser verschiednen Seiten auf einander) dargestellt werden kann. Sie hat in jeder Periode nicht, wie die idealistische Geschichtsanschauung, nach einer Kategorie zu suchen, sondern bleibt fortwährend auf dem wirklichen Geschichtsboden stehen, erklärt nicht die Praxis aus der Idee, erklärt die Ideenformationen aus der materiellen Praxis, & kommt demgemäß auch zu dem Resulat, daß alle Formen & Produkte des Bewußtseins nicht durch geistige Kritik, durch Auflösung ins „Selbstbewußtsein“ oder Verwandlung in „Spuk“, „Gespenster“, „Sparren“ &c sondern nur durch den praktischen Umsturz der realen gesellschaftlichen Verhältnisse aus denen diese idealistischen Flausen hervorgegangen sind, aufgelöst werden können — daß nicht die Kritik, sondern die Revolution die treibende Kraft der Geschichte auch der Religion, Philosophie & sonstigen p. 30Theorie ist. Sie zeigt, daß die Geschichte nicht damit endigt, sich ins „Selbstbewußtsein“ als „Geist vom Geist“ aufzulösen, sondern daß in ihr auf jeder Stufe ein materielles Resultat, eine Summe von Produktionskräften, ein historisch geschaffnes Verhältniß zur Natur u. dẹṛ Individuen zu einander sich vorfindet, die jeder Generation von ihrer Vorgängerin überliefert wird, eine Masse von Produktivkräften, Kapitalien & Umständen, die zwar einerseits von der neuen Generation modifizirt wird, ihr aber auch andrerseits ihre eignen Lebensbedingungen vorschreibt & ihr eine bestimmte Entwicklung, einen specialen Charakter gibt — daß also die Umstände ebensosehr ||25| die Menschen, wie die Menschen die Umstände machen. Diese Summe von Produktionskräften, Kapitalien & sozialen Verkehrsformen, die jedes Individuum & jede Generation als etwas Gegebenes vorfindet, ist der reale Grund dessen, was sich die Philosophen als „Substanz“ & „Wesen des Menschen“ vorgestellt, was sie apotheosirt & bekämpft haben, ein realer Grund der dadurch nicht im Mindesten in seinen Wirkungen & Einflüssen auf die Entwicklung der Menschen gestört wird, daß diese Philosophen als „Selbstbewußtsein“ & „Einzige“ dagegen rebelliren. Diese vorgefundenen Lebensbedingungen der verschiedenen Generationen entscheiden auch, ob die periodisch in der Geschichte wiederkehrende revolutionäre Erschütterung stark genug sein wird oder nicht, die Basis p. 31alles Bestehenden umzuwerfen, & wenn diese materiellen Elemente einer totalen Umwälzung nämlich einerseits die vorhandnen Productivkräfte, andrerseits dịẹ Bildung einer revolutionären Masse, die nicht nur gegen einzelne Bedingungen dẹṛ bisherigen Gesellschaft, sondern gegen dịẹ bisherige „Lebensproduktion“ io selbst, — die „Gesammtthätigkeit“ worauf sie basirte, revolutionirt — nicht vorhanden sind, so ist es ganz gleichgültig für die praktische Entwicklung, ob die Idee dieser Umwälzung schon hundertmal ausgesprochen ist — wie die Geschichte des Kommunismus dies beweist.
Cette conception de l’histoire repose donc sur le fait de développer le processus de production effectif, et ce à partir de la production matérielle de la vie immédiate, p. 99et sur le fait de concevoir la forme de commerce qui est en connexion avec ce mode de production et qui est engendré par lui, donc de concevoir la société civile à ses différents stades comme la base fondamentale de toute l’histoire, et aussi bien de la présenter dans son action en tant qu’État que d’expliquer à partir d’elle [l’ensemble des différentes productions théoriques et] formes de conscience, la religion, la philosophie, la morale, etc., etc. et de suivre à partir d’elles le processus de sa naissance ce qui permet alors naturellement de présenter la chose dans sa totalité (et ainsi également l’action réciproque de ces différents côtés les uns sur les autres). Elle n’a pas à chercher une catégorie pour chaque période, comme le fait la vision idéaliste de l’histoire, mais elle reste constamment sur le sol effectif de l’histoire, elle n’explique pas la pratique par l’idée, elle explique la formation des idées d’après la pratique matérielle, et en conséquence elle en arrive également au résultat suivant : toutes les formes et les produits de la conscience peuvent être dissous, non pas par la critique spirituelle, par leur dissolution dans la « conscience de soi » ou par leur transformation en « spectres », « fantômes », « grain [de folie] », etc., mais uniquement par le renversement pratique des rapports sociaux réels d’où sont issu[e]s ces balivernes idéalistes — que n’est pas la critique mais la révolution qui est la force motrice de l’histoire, mais aussi de la religion, de la philosophie et de toute autre théorie. p. 101Elle montre que l’histoire ne finit pas par se dissoudre dans la « conscience de soi » en tant qu’ « esprit de l’esprit », mais qu’en elle à chaque stade, il se trouve déjà un résultat matériel, une somme de forces de production, un rapport à la nature historiquement créé ainsi qu’un rapport des individus entre eux que chaque génération reçoit de la précédente, une masse de forces productives, de capitaux et de circonstances qui, d’une part, est certes modifiée par la nouvelle génération mais qui, d’autre part, lui prescrit ses propres conditions de vie et lui donne un développement déterminé, un caractère spécial — que donc ce sont tout autant les circonstances qui font les hommes que les hommes qui font les circonstances. Cette somme de forces de production, de capitaux, de formes sociales de commerce que chaque individu et chaque génération trouvent déjà là comme quelque chose de donné est le fondement réel de ce que les philosophes se sont représenté comme « substance » et « essence de l’homme », de ce dont ils ont fait l’apothéose et de ce contre quoi ils ont lutté, un fondement réel qui n’est pas dérangé le moins du monde dans ses effets et ses influences sur le développement des hommes quand ces philosophes se rebellent contre lui en tant que « conscience de soi » et « Unique ». Ces conditions de vie que les différentes générations trouvent déjà là décident également si l’ébranlement révolutionnaire qui revient périodiquement dans l’histoire sera assez fort ou non pour renverser la base p. 103de tout ce qui existe ; et si ne sont pas présents ces éléments matériels d’un bouleversement total, à savoir d’une part les forces productives présentes, d’autre part la formation d’une masse révolutionnaire qui ne fait pas seulement la révolution contre des conditions singulières de la société passée, mais contre la « production de la vie » passée elle-même, contre « l’ensemble de l’activité » sur laquelle elle se base, alors il est tout à fait indifférent pour le développement pratique que l’idée de ce bouleversement ait déjà été exprimée des centaines de fois — comme l’histoire du communisme le prouve.
Deze geschiedenisopvatting berust dus hierop, dat men het werkelijke productieproces uiteenzet, daarbij uitgaand van de materiële productie van het onmiddellijke leven en de verkeersvorm die met deze productiewijze samenhangt en erdoor voortgebracht is (d.w.z. de burgerlijke maatschappij in haar verschillende fasen) als de basis van heel de geschiedenis opvat. Dat men laat zien hoe deze handelt als staat, en alle verschillende theoretische producten en vormen van het bewustzijn, godsdienst, filosofie, moraal enz. enz. uit deze grondslag verklaart én het ontstaansproces van die grondslag uit hen nagaat, waarbij dan natuurlijk ook de zaak in haar totaliteit (en daarom ook de wisselwerking van deze verschillende zijden op elkaar) kan worden beschreven. Zij moet niet, zoals de idealistische geschiedenisopvatting, in ieder tijdperk naar een categorie zoeken, maar zij blijft steeds op de werkelijke bodem van de geschiedenis staan, verklaart de praktijk niet uit de idee, maar verklaart de ideeënconstructies uit de materiële praktijk en komt bijgevolg ook tot de slotsom dat alle bewustzijnsvormen en producten niet teniet gedaan kunnen worden door geestelijke kritiek, die ze doet opgaan in het ‘Zelfbewustzijn’ of ze transformeert tot ‘spookbeelden’, ‘hersenschimmen’, ‘waandenkbeelden’ enz., maar alleen door de praktische omverwerping van de reële maatschappelijke verhoudingen, waaruit deze idealistische humbug voortgekomen is. Dat niet de kritiek, maar de revolutie de drijvende kracht van de geschiedenis is, evenals van de godsdienst, de filosofie en iedere andere vorm van theorie. Zij laat zien dat de geschiedenis niet eindigt door zichzelf als ‘geest des geestes’ in het ‘zelfbewustzijn’ op te lossen, maar dat in iedere fase in de geschiedenis een materieel resultaat: een totaal aan productiekrachten, een historisch geschapen verhouding tot de natuur en van de individuen tot elkaar aanwezig is, die iedere generatie van de vorige krijgt overgeleverd. Een massa van productiekrachten, kapitaal en omstandigheden die enerzijds weliswaar door de nieuwe generatie wordt gewijzigd, maar haar anderzijds ook haar levenscondities voorschrijft en haar een bepaalde ontwikkeling, een bijzonder karakter geeft. Met andere woorden, zij laat zien dat de omstandigheden evenzeer de mensen als de mensen de omstandigheden maken. Dit totaal aan productiekrachten, kapitaal en vormen van sociaal verkeer, dat ieder individu en iedere generatie als een gegeven aantreft, is de reële basis van wat de filosofen zich als ‘substantie’ en ‘wezen van de mens’ hebben voorgesteld, wat zij vergoddelijkt en bestreden hebben. Een reële basis waarvan het effect en de invloed op de ontwikkeling van de mensen niet in het minst gestoord worden, doordat deze filosofen er als ‘zelfbewustzijn’ en ‘enkeling’ tegen rebelleren. Deze levenscondities die de verschillende generaties aantreffen, beslissen ook over de vraag of de zich in de geschiedenis periodiek herhalende revolutionaire schokken al dan niet sterk genoeg zullen zijn om de basis van al het bestaande omver te werpen. En indien deze materiële elementen van een totale omwenteling niet aanwezig zijn (t.w. aan de ene kant de bestaande productiekrachten, aan de andere kant de vorming van een revolutionaire massa, die niet slechts tegen enkele voorwaarden der bestaande maatschappij, maar tegen de bestaande ‘productie van het leven’ zelf, tegen de ‘totale activiteit’ waarop zij gebaseerd was, een revolutie ontketent), dan is het voor de praktische ontwikkeling volmaakt onverschillig, of de idee van deze omwenteling reeds honderdmaal uitgesproken is — zoals de geschiedenis van het communisme bewijst.
This conception of history thus relies on expounding the real process of production — starting from the material production of life itself — and comprehending the form of intercourse connected with and created by this mode of production, i.e., civil society in its various stages, as the basis of all history; describing it in its action as the state, and also explaining how all the different theoretical products and forms of consciousness, religion, philosophy, morality, etc., etc., arise from it, and tracing the process of their formation from that basis; thus the whole thing can, of course, be depicted in its totality (and therefore, too, the reciprocal action of these various sides on one another). It has not, like the idealist view of history, to look for a category in every period, but remains constantly on the real ground of history; it does not explain practice from the idea but explains the formation of ideas from material practice, and accordingly it comes to the conclusion that all forms and products of consciousness cannot be dissolved by mental criticism, by resolution into “self-consciousness” or transformation into “apparitions”, “spectres”, “whimsies”, etc., but only by the practical overthrow of the actual social relations which gave rise to this idealistic humbug; that not criticism but revolution is the driving force of history, also of religion, of philosophy and all other kinds of theory. It shows that history does not end by being resolved into “self-consciousness” as “spirit of the spirit”, but that each stage contains a material result, a sum of productive forces, a historically created relation to nature and of individuals to one another, which is handed down to each generation from its predecessor; a mass of productive forces, capital funds and circumstances, which on the one hand is indeed modified by the new generation, but on the other also prescribes for it its conditions of life and gives it a definite development, a special character. It shows that circumstances make men just as much as men make circumstances. This sum of productive forces, capital funds and social forms of intercourse, which every individual and every generation finds in existence as something given, is the real basis of what the philosophers have conceived as “substance” and “essence of man”, and what they have deified and attacked: a real basis which is not in the least disturbed, in its effect and influence on the development of men, by the fact that these philosophers revolt against it as “self-consciousness” and the “unique”. These conditions of life, which different generations find in existence, determine also whether or not the revolutionary convulsion periodically recurring in history will be strong enough to overthrow the basis of everything that exists. And if these material elements of a complete revolution are not present — namely, on the one hand the existing productive forces, on the other the formation of a revolutionary mass, which revolts not only against separate conditions of the existing society, but against the existing “production of life” itself, the “total activity” on which it was based — then it is absolutely immaterial for practical development whether the idea of this revolution has been expressed a hundred times already, as the history of communism proves.
Comparer avec une phrase sur les circonstances qui font les hommes dans la Sainte Famille.
⁂
La société civile
Die bürgerliche Gesellschaft umfaßt den gesammten materiellen Verkehr der Individuen innerhalb einer bestimmten Entwicklungsstufe der Produktivkräfte. Sie umfaßt das gesammte kommerzielle & industrielle Leben einer Stufe & geht in so fern über den Staat & die Nation hinaus, obwohl sie andrerseits wieder nach Außen hin als Nationalität sich geltend machen, nach Innen als Staat sich gliedern muß. Das Wort bürgerliche Gesellschaft kam auf im achtzehnten Jahrhundert als die Eigentumsverhältnisse bereits aus dem antiken & mittelalterlichen Gemeinwesen sich herausgearbeitet hatten. Die bürgerliche Gesellschaft als solche entwickelt sich erst mit der Bourgeoisie; die unmittelbar aus der Produktion & dem Verkehr sich entwickelnde gesellschaftliche Organisation, die zu allen Zeiten die Basis des Staats & der sonstigen idealistischen Superstruktur bildet, ist indeß fortwährend mit demselben Namen bezeichnet worden.
La société civile englobe tout le commerce matériel des individus à l’intérieur d’un stade de développement déterminé des forces productives. Elle englobe toute la vie commerciale et industrielle d’un stade et, en cela, elle dépasse l’État et la nation, même si, d’autre part, il lui faut de nouveau se faire valoir à l’extérieur en tant que nationalité et s’articuler à l’intérieur en tant qu’État. Le terme de société civile bourgeoise naquit au dix-huitième siècle, lorsque les rapports de propriété se furent extraits de la communauté antique et médiévale. La société civile bourgeoise en tant que telle ne se développe qu’avec la bourgeoisie ; l’organisation sociale qui se développe immédiatement à partir de la production et du commerce, organisation qui forme de tout temps la base de l’État et du reste de la superstructure idéaliste, a toutefois été constamment désignée par le même nom.
Civil society embraces the whole material intercourse of individuals within a definite stage of the development of productive forces. It embraces the whole commercial and industrial life of a given stage and, insofar, transcends the state and the nation, though, on the other hand again, it must assert itself in its external relations as nationality and internally must organise itself as state. The term "civil society" emerged in the eighteenth century, when property relations had already extricated themselves from the ancient and medieval community. Civil society as such only develops with the bourgeoisie; the social organisation evolving directly out of production and intercourse, which in all ages forms the basis of the state and of the rest of the idealistic superstructure, has, however, always been designated by the same name.
Marx dit bürgerliche Gesellschaft, ce qui, littéralement est société bourgeoise, mais c’est aussi société civile5 et c’est cette traduction qu’on retient souvent. Les traducteurs de l’édition de 2014, pour rendre le double sens de l’allemand, disent les deux : société civile bourgeoise.
Avec la division du travail, dans laquelle toutes ces contradictions sont données, et qui, à son tour, repose sur la division naturelle-spontanée du travail dans la famille et sur la séparation de la société en familles singulières qui se font face, — avec cette partition du travail est en même temps donnée la répartition du travail et de ses produits, répartition inégale tant par la quantité que par la qualité, donc la propriété, qui a déjà son germe, sa première forme, dans la famille, où la femme et les enfants sont les esclaves de l’homme. L’esclavage dans la famille, qui est certes encore très brut et latent, est la première propriété, qui du reste correspond ici déjà parfaitement à la définition des économistes modernes, selon laquelle elle consiste dans le fait de disposer de la force de travail d’autrui. Du reste, la division du travail et la propriété privée sont des expressions identiques — dans la première, on énonce, en relation avec l’activité, la même chose que ce qu’on énonce dans l’autre concernant le produit de l’activitéb. — De plus, avec la division du travail est en même temps donnée la contradiction entre l’intérêt de l’individu singulier ou de la famille singulière et l’intérêt communautaire de tous les individus qui ont commerce les uns avec les autres ; c’est-à-dire que cet intérêt communautaire n’existe pas simplement dans la représentation en tant qu’ « universel », mais d’abord dans la réalité effective en tant que dépendance réciproque des individus entre lesquels le travail est divisé.
Mots-clefs : ❦ conception de l’histoire ❦ nature, rapports entre les hommes et la — ❦ nature, opposition entre la — et l’histoire
Cette conception de l’histoire repose donc sur le fait de développer le processus de production effectif, et ce en partant de la production matérielle de la vie immédiate, et sur le fait de concevoir la forme de commerce qui est en connexion avec ce mode de production et qui est engendrée par lui, donc de concevoir la société civile à ses différents stades comme la base fondamentale de toute l’histoire, et aussi bien de la représenter dans son action en tant qu’État que d’expliquer à partir d’elle toutes les formes de la conscience, la religion, la philosophie, la morale, etc., etc. et de suivre à partir d’elles le processus de sa naissance, ce qui permet alors naturellement de représenter la chose dans sa totalité (et d’examiner aussi l’action de ses différents côtés les uns sur les autres). […]
Toute l’ancienne conception de l’histoire a soit laissé complètement de côté cette base effective de l’histoire, soit ne l’a considérée que comme quelque chose de secondaire, qui ne serait pas en connexion avec le cours de l’histoire. Il faut donc toujours que l’histoire soit écrite d’après selon un critères qui lui est extérieur ; la production effective de la vie apparaît comme quelque chose d’anhistorique, tandis que ce l’historique apparaît comme séparé de la vie commune, comme en dehors et au-dessus du monde. Ce faisant, les rapport des hommes à la nature est exclu de l’histoire, ce qui engendre l’opposition de la nature et de l’histoire.
Mots-clefs : ❦ Feuerbach ❦ être, chez Feuerbach ❦ essence, chez Feuerbach ❦ conditions d’existence ❦ anomalie, chez Feuerbach ❦ mission historique du prolétariat ❦ révolution ❦ nature, chez Feuerbach ❦ poisson ❦ pollution des rivières ❦ Stirner ❦ indignation, chez Stirner ❦ indignados ❦ Bruno ❦ substance, chez Bruno ❦ conscience de soi, chez Bruno
Comme exemple de cette reconnaissance qui est en même temps une méconnaissance de l’existant et que Feuerbach partage encore avec nos adversaires, rappelons ce passage de la Philosophie de l’avenir dans lequel il développe l’idée que l’être d’une chose ou d’un homme est en même temps son essence, que les rapports d’existence, le mode de vie ou l’activité déterminés d’un individu animal ou humain sont ce en quoi son « essence » se sent satisfaite. Toute exception y est explicitement conçue comme un hasard malheureux, comme une anomalie qu’on ne peut modifier. Donc, si des millions de prolétaires ne se sentent pas du tout satisfaits par les rapports qui régissent leur vie, si leur « être » ne correspond pas le moins du monde à leur « essence », ce serait là, d’après le passage mentionné, un malheur inévitable qu’il faudrait supporter avec sérénité. Cependant, ces millions de prolétaires ou de communistes pensent tout autrement et le prouveront en leur temps quand ils mettront en conformité leur « être » et leur « essence » dans la pratique par une révolution. C’est pour cela que, dans de pareils cas, Feuerbach ne parle jamais du monde humain mais se réfugie à chaque fois dans la nature extérieure, c’est-à-dire dans la nature qui n’est pas encore tombée sous la domination de l’homme. Mais chaque nouvelle découverte, chaque progrès de l’industrie lui font perdre un peu de terrain, et le sol sur lequel croissent les exemples des phrases de Feuerbach rétrécit toujours d’avantage. L’ « essence » du poisson est son « être », l’eau, pour en rester à une de ses phrases. L’« essence » du poisson de rivière est l’eau d’une rivière. Mais elle cesse d’être son « essence », elle devient un milieu d’existence qui ne lui convient plus dès que cette rivière se voit assujettie à l’industrie, polluée par des colorants et autres déchets, sillonnée par des bateaux à vapeur, dès que son eau est détournée dans des canaux qui permettent de priver le poisson de son milieu d’existence par une simple vidange. Déclarer que toutes les contradictions de ce genre sont une anomalie inévitable ne diffère pas, au fond, de la consolation qu’offre saint Max Stirner aux insatisfaits en leur disant que cette contradiction est leur propre contradiction, que cette mauvaise situation est leur propre mauvaise situation et qu’ils pourraient aussi bien se calmer, garder leur propre aversion pour eux ou encore se révolter contre cette situation sur un mode fantaisiste — et cela diffère tout aussi peu du reproche de saint Bruno qui affirme que ces circonstances malheureuses proviennent du fait que les personnes concernées sont restées embourbées dans cette saloperie de « substance » et n’ont pas progressé jusqu’à la « conscience de soi absolue », et qu’ils n’ont pas pris connaissance de ces mauvais rapports comme de l’esprit de leur esprit.
Mots-clefs : ❦ idéologie, de la classe dominante ❦ idéologie, base matérielle ❦ idéologie, systématisation de l’apparence
Les pensées de la classe dominante sont aussi, à chaque époque, les pensées dominantes, c’est-à-dire que la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante de celle-ci. La classe qui a à sa disposition les moyens de la production matérielle dispose par la même occasion des moyens de la production spirituelle, si bien qu’en moyenne les pensées de ceux à qui font défaut les moyens de la production spirituelle sont soumises à cette classe. Les pensées dominantes ne sont rien d’autre que l’expression idéelle des rapports matériels dominants, que les rapports matériels dominants saisis en tant que pensées ; donc l’expression des rapports qui font justement d’une classe la classe dominante, donc les pensées de sa domination.
Mots-clefs : ❦ individu, développement de ses facultés dans la communauté
Erst in der Gemeinschaft existiren für jedes Individuum die Mittel, seine Anlagen nach allen Seiten hin auszubilden, erst in der Gemeinschaft wird also die persönliche Freiheit möglich.
Ce n’est que dans la communauté qu’existent pour chaque individu les moyens de développer de tous côtés ses dispositions, ce n’est donc que dans la communauté que la liberté personnelle devient possible.
Pas in de gemeenschap zijn voor ieder individu de middelen voorhanden om zijn aanleg alzijdig te ontwikkelen. Pas in de gemeenschap is daarom persoonlijke vrijheid mogelijk.
Only in community [with others has each] individual the means of cultivating his gifts in all directions ; only in the community, therefore, is personal freedom possible.
Marx et Engels, L’idéologie allemande, 2014:261
I. FeuerbachDie deutsche Kritik hat bis auf ihre neuesten Efforts den Boden der Philosophie nicht verlassen. Weit davon entfernt, ihre allgemein-philosophischen Voraussetzungen zu untersuchen, sind ihre sämmtlichen Fragen sogar auf dem Boden eines bestimmten philosophischen Systems, des Hegeischen, gewachsen. Nicht nur in ihren Antworten, schon in den Fragen selbst lag eine Mystifikation.
Jusque dans ses plus récents efforts, la critique allemande n’a pas quitté le sol de la philosophie. Bien loin d’examiner ses présuppositions philosophiques générales, elle a même fait croître toutes ses questions sur le sol d’un système philosophique déterminé, celui de Hegel. Non seulement dans ses réponses, mais même dans ses questions il y avait une mystification.
Marx et Engels, L’idéologie allemande, 2014:267-275
I. FeuerbachQuelques pistes pour une science de l’histoire, avec le mode de production des moyens d’existence, les conditions d’existence comme présupposition de toute histoire :
|312| Wir kennen nur eine einzige Wissenschaft, die Wissenschaft der Geschichte. Die Geschichte kann von zwei Seiten aus betrachtet, in die Geschichte der Natur und die Geschichte der Menschen abgeteilt werden. Beide Seiten sind indes nicht zu trennen; solange Menschen existieren, bedingen sich Geschichte der Natur und Geschichte der Menschen gegenseitig. Die Geschichte der Natur, die sogenannte Naturwissenschaft, geht uns hier nicht an; auf die Geschichte der Menschen werden wir indes einzugehen haben, da fast die ganze Ideologie sich entweder auf eine verdrehte Auffassung dieser Geschichte oder auf eine gänzliche Abstraktion von ihr reduziert. Die Ideologie selbst ist nur eine der Seiten dieser Geschichte.
Die Voraussetzungen, mit denen wir beginnen, sind keine willkürlichen, keine Dogmen, es sind wirkliche Voraussetzungen, von denen man nur in der Einbildung abstrahieren kann. Es sind die wirklichen Individuen, ihre Aktion und ihre materiellen Lebensbedingungen, sowohl die vorgefundenen wie die durch ihre eigne Aktion erzeugten. Diese Voraussetzungen sind also || auf rein empirischem Wege konstatierbar.
Die erste Voraussetzung aller Menschengeschichte ist natürlich die Existenz lebendiger menschlicher Individuen. Der erste geschichtliche Akt dieser Individuen, wodurch sie sich von den Tieren unterscheiden, ist nicht, daß sie denken, sondern, daß sie anfangen, ihre Lebensmittel zu produziren. Der erste zu konstatirende Thatbestand ist also die körperliche Organisation dieser Individuen & ihr dadurch gegebenes Verhältniß zur übrigen Natur. Wir können hier natürlich weder auf die physische Beschaffenheit der Menschen selbst, noch auf die von den Menschen vorgefundenen Naturbedingungen, die geologischen, oro-hydrographischen, klimatischen und andern Verhältnisse, eingehen. Diese Verhältnisse bedingen aber nicht nur die ursprüngliche, naturwüchsige Organisation der Menschen, namentlich die Rassenunteschiede, sondern auch ihre ganze weitere Entwicklung oder Nicht-Entwicklung bis auf den heutigen Tag. Alle Geschichtschreibung muß von diesen natürlichen Grundlagen & ihrer Modifikation im Lauf der Geschichte durch die Aktion der Menschen ausgehen.
Man kann die Menschen durch das Bewußtsein, durch die Religion, durch was man sonst will, von den Thieren unterscheiden. Sie selbst fangen an, sich von den Thieren zu unterscheiden, sobald sie anfangen, ihre Lebensmittel zu produziren, ein Schritt der durch ihre körperliche Organisation bedingt ist. Indem die Menschen ihre Lebensmittel produziren, produziren sie indirekt ihr materielles Leben selbst.
Die Weise, in der die Menschen ihre Lebensmittel produzieren, hängt zunächst von der Beschaffenheit der vorgefundenen & zu reproducirenden Lebensmittel selbst ab. || Diese Weise der Produktion ist nicht bloß nach der Seite hin zu betrachten, daß sie die Reproduktion der physischen Existenz der Individuen ist. Sie ist vielmehr schon eine bestimmte Art der Thätigkeit dieser Individuen, eine bestimmte Art, ihr Leben zu äußern, eine bestimmte Lebensweise derselben. Wie die Individuen ihr Leben äußern, so sind sie. Was sie sind, fällt also zusammen mit ihrer Produktion, sowohl damit, was sie produziren, als auch damit, wie sie produziren. Was die Individuen also sind, das hängt ab von den materiellen Bedingungen ihrer Produktion.
Diese Produktion tritt erst ein mit der Vermehrung der Bevölkerung. Sie setzt selbst wieder einen Verkehr der Individuen unter einander voraus. Die Form dieses Verkehrs ist wieder durch die Produktion bedingt. |
|312| Nous ne connaissons qu’une unique science, la science de l’histoire. On peut considérer l’histoire de deux côtés, elle peut être subdivisée en histoire de la nature et en histoire des hommes3. Cependant, les deux côtés ne sont pas séparables ; tant que les hommes existent, l’histoire de la nature et l’histoire des hommes se conditionnent réciproquement. L’histoire de la nature, ce qu’on appelle la science de la nature, ne nous concerne pas ici ; cependant, nous aurons à aborder l’histoire des hommes, puisque presque toute l’idéologie se réduit soit à une conception déformée de cette histoire, soit à une abstraction complète opérée à partir d’elle. L’idéologie n’est elle même qu’un des côtés de cette histoire.
Les présuppositions par lesquelles nous débutons ne sont pas arbitraires, elles ne sont pas des dogmes mais des présuppositions effectives dont on ne peut faire abstraction que dans l’imagination. Ce sont les individus effectifs, leur action et leurs conditions de vie matérielles, aussi bien celles qu’ils trouvent déjà là que celles qu’ils engendrent par leur propre action. Ces présuppositions sont donc constatables par une voie purement empirique.
La première présupposition de toute histoire humaine est naturellement l’existence d’individus humains vivants. |313| Le premier acte historique de ces individus, par lequel ils se distinguent des animaux, n’est pas qu’ils pensent mais qu’ils commencent à produire leurs moyens de vivre. Le premier état de fait à constater est donc l’organisation corporelle de ces individus ainsi que leur rapport, donné par là-même, au reste de la nature. Nous ne pouvons naturellement ici nous occuper ni de la constitution physique des hommes eux-mêmes, ni des conditions naturelles que les hommes trouvent là avant eux : les rapports géologiques, oro-hydrographiques, climatiques et autres. |313| Mais ces rapports conditionnent non seulement l’organisation originelle, naturelle-spontanée des hommes, notamment les différences de race, mais également tout leur développement ou leur non-développement ultérieur jusqu’aujourd’hui. Pour écrire l’histoire, il faut nécessairement partir de ces bases fondamentales naturelles et de leur modification par l’action des hommes au cours de l’histoire.
On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion, ou par tout ce qu’on veut d’autre ; eux-mêmes ne commencent à se distinguer des animaux qu’à partir du moment où ils commencent à produire leurs moyens de vivre, un pas en avant qui est conditionné par leur organisation corporelle. En produisant leurs moyens de vivre, c’est indirectement leur vie matérielle elle-même que les hommes produisent.
Le mode sous lequel les hommes produisent leurs moyens de vivre dépend d’abord de la constitution même des moyens de vivre qu’ils trouvent là avant eux et qu’il leur faut reproduire. Ce mode de la production ne doit pas simplement être considéré du côté suivant, à savoir qu’il est la reproduction de l’existence physique des individus. Il est bien plus tôt un type déterminé d’activité de ces individus, un type déterminé d’expression de leur vie, un mode de vie déterminé de ces individus. La manière dont les individus expriment leur vie, c’est comme cela qu’ils sont4. |108| Ce qu’ils sont coïncide donc avec leur production, aussi bien avec ce qu’ils produisent qu’avec la manière dont ils produisent. Donc, ce que sont les individus dépend des conditions matérielles de leur production.
Cette production n’entre en scène qu’avec l’accroissement de la population. Elle présuppose elle-même à son tout un commerce des individus entre eux. La forme de ce commerce est à son tour conditionnée par la production.
Marx, Engels, Idéologie allemande, 2014:299-301 « Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. »
I. Feuerbach« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, c’est la vie qui détermine la conscience. »
| Ganz im Gegensatz zur deutschen Philosophie, welche vom Himmel auf die Erde herabsteigt, wird hier von der Erde zum Himmel gestiegen. D. h. es wird nicht ausgegangen von dem was die Menschen sagen, sich einbilden, sich vorstellen, auch nicht von den gesagten, gedachten, eingebildeten, vorgestellten Menschen, um davon aus bei den leibhaftigen Menschen anzukommen; es wird von den wirklich thätigen Menschen ausgegangen & aus ihrem wirklichen Lebensprozeß auch die Entwicklung der ideologischen Reflexe & Echos dieses Lebensprozesses dargestellt. Auch die Nebelbildungen im Gehirn der Menschen sind nothwendige Sublimate ihres materiellen, empirisch konstatierbaren & an materielle Voraussetzungen geknüpften Lebensprozesses. Die Moral, Religion, Metaphysik & sonstige Ideologie & die ihnen entsprechenden Bewußtseinsformen behalten hiermit nicht länger den Schein der Selbständigkeit. Sie haben keine Geschichte, sie haben keine Entwicklung, sondern die ihre materielle Produktion & ihren materiellen Verkehr entwickelnden Menschen ändern mit dieser ihrer Wirklichkeit auch ihr Denken & die Produkte ihres Denkens. Nicht das Bewußtsein bestimmt das Leben, sondern das Leben bestimmt das Bewußtsein. In der ersten Betrachtungsweise geht man von dem Bewußtsein als dem lebendigen Individuum aus, in der zweiten, dem wirklichen Leben entsprechenden, von den wirklichen lebendigen Individuen selbst & betrachtet das Bewußtsein nur als ihr Bewußtsein.
Par opposition complète à la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, ici on monte de la terre vers le ciel. C’est-à-dire qu’on ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent, qu’on ne part pas non plus de ce qu’on dit, de ce qu’on pense, de ce qu’on s’imagine, de ce qu’on se représente être les hommes pour en arriver aux hommes en chair et en os ; on part des hommes effectivement actifs et, à partir de leur processus vital effectif, on présente également le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. Même les représentations nébuleuses qui se forment dans le cerveau des hommes sont des sublimés nécessaires de leur processus vital matériel, empiriquement constatable et rattaché à des présuppositions matérielles. Ce faisant, la morale, la religion, la métaphysique et le reste de l’idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, cessent de conserver l’apparence de l’autonomie. Elles n’ont pas d’histoire, elles n’ont pas de développement, ce sont les hommes, en développant leur production matérielle et leur commerce matériel, qui changent également, en même temps que cette réalité effective qui est la leur, leur pensée et les produits de leur pensée. Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, c’est la vie qui détermine la conscience. Dans le premier mode de considération, on part de la conscience comprise comme individu agissant vivant, dans le second, qui correspond à la vie effective, on part des individus vivants effectifs eux-mêmes et on ne considère la conscience que comme leur conscience uniquement comme la conscience de ces individus qui s’activent dans la pratique .
Marx, Engels, Idéologie allemande, 2014:301-303 Une attitude scientifique suppose qu’on remplace les phrases de la philosophie concernant la conscience. En outre, les abstractions sur l’histoire sont tout au plus « un résumé des résultats les plus généraux », elles ne fournissent pas « une recette ou un schéma ».
Da wo die Spekulation aufhört, beim wirklichen Leben, beginnt also die wirkliche, positive Wissenschaft, die Darstellung der praktischen Bethätigung, des praktischen Entwicklungsprozesses der Menschen. Die Phrasen vom Bewußtsein hören auf, wirkliches Wissen muß an ihre Stelle treten. Die selbstständige Philosophie verliert mit der Darstellung der Wirklichkeit ihr Existenzmedium. An ihre Stelle kann höchstens eine Zusammenfassung der allgemeinsten Resultate treten, die sich aus der Betrachtung der historischen Entwicklung der Menschen abstrahiren lassen. Diese Abstraktionen haben für sich, getrennt von der wirklichen Geschichte, durchaus keinen Werth. Sie können nur dazu dienen, die Ordnung des geschichtlichen Materials zu erleichtern, die Reihenfolge seiner einzelnen Schichten anzudeuten. Sie geben aber keineswegs, wie die Philosophie, ein Recept oder Schema, wonach die geschichtlichen Epochen zurechtgestutzt werden können. Die Schwierigkeit beginnt im Gegentheil erst da, wo man sich an die Betrachtung & Ordnung des Materials, sei es einer vergangnen Epoche oder der Gegenwart, an die wirkliche Darstellung gibt.
Là où cesse la spéculation, dans la vie effective, débute donc la science effective et positive, la présentation de l’activation pratique, du processus de développement pratique des humains. Les formules concernant la conscience cessent, un savoir effectif doit nécessairement prendre leur place. Avec la présentation de la réalité effective, la philosophie autonome perd son milieu d’existence. À sa place, on peut tout au plus mettre un résumé des résultats les plus généraux, que l’on peut abstraire de la considération du développement historique des hommes. Ces abstractions n’ont absolument aucune valeur pour soi, séparées de l’histoire effective. Elles ne peuvent servir qu’à faciliter la mise en ordre du matériau historique, qu’à ébaucher la série de ses couches singulières. Mais en aucun cas elles ne livrent, comme la philosophie, une recette ou un schéma à partir desquels on puisse découper les époques historiques. Au contraire, la difficulté commence seulement lorsque l’on se met à considérer et à ordonner le matériau, que ce soit à propos d’une époque passée ou à propos du présent, lorsqu’on s’attelle à la présentation effective.
Il n’y plus de « philosophie autonome ». Les abstractions de la philosophie ne peuvent plus prétendre qu’à contribuer à « un résumé des résultats les plus généraux », à « faciliter la mise en ordre du matériau historique ».
Mais dans son Feuerbach, quarante ans plus tard, Engels semble accorder à la dialectique une place plus importante que celle d’humble servante de la science.
Marx, L’idéologie allemande, préface, 2014:463
Préface de l’Idéologie allemandeEin wackrer Mann bildete sich einmal ein, die Menschen ertränken nur im Wasser, weil sie vom Gedanken der Schwere besessen wären. Schlügen sie sich diese Vorstellung aus dem Kopfe, etwa indem sie dieselbe für eine abergläubige, für eine religiöse Vorstellung erklärten, so seien sie über alle Wassersgefahr erhaben. Sein Leben lang bekämpfte er die Illusion der Schwere, von deren schädlichen Folgen jede Statistik ihm neue und zahlreiche Beweise lieferte. Der wackre Mann war der Typus der neuen deutschen revolutionären Philosophen. Der deutsche Idealismus sondert sich durch keinen spezifischen Unterschied von der Ideologie aller andern Völker ab. Auch diese betrachtet die Welt als durch Ideen beherrscht, die Ideen u Begriffe als bestimmende Prinzipien, bestimmte Gedanken als das den Philosophen zugängliche Mysterium der materiellen Welt.
Il était un brave homme s’imaginait que, si des gens se noyaient, c’était simplement parce qu’ils étaient possédés par la pensée de la pesanteur. Qu’ils s’ôtent cette représentation de la tête, par exemple en la déclarant superstitieuse ou religieuse, et les voici à l’abri de tout danger de noyade. Il passa sa vie à lutter contre l’illusion de la pesanteur dont les funestes conséquences trouvent en chaque statistique une nouvelle abondance de preuves. Ce brave homme, c’était le prototype des nouveaux philosophes révolutionnaires allemands. Aucune différence spécifique ne distingue l’idéalisme allemand de l’idéologie de tous les autres peuples. Cette dernière considère, elle aussi, que le monde est dominé par des idées, que les idées et les concepts sont des principes déterminants, que des idées déterminées constituent le mystère du monde matériel accessible aux philosophes.
Er was eens een moedige man die er het denkbeeld op na hield, dat de mensen in het water slechts verdronken omdat zij van het idee van de zwaartekracht bezeten waren. Als zij zich dit idee uit het hoofd zouden zetten, door haar tot bijgeloof, tot een religieuze voorstelling te verklaren bijvoorbeeld, dan zouden zij boven ieder verdrinkingsgevaar verheven zijn. Zijn leven lang bestreed hij de illusie van de zwaartekracht, van de schadelijke gevolgen waarvan hem iedere statistiek nieuwe en talrijke bewijzen leverde. Deze moedige man was het type van de nieuwe revolutionaire filosofen in Duitsland. Er is geen enkel specifiek verschil tussen het Duitse idealisme en de ideologie van alle andere volkeren. Ook deze laatste ziet de wereld als beheerst door ideeën, de ideeën en begrippen als bepalende beginselen, bepaalde gedachten als het voor de filosofen toegankelijke mysterie van de materiële wereld.
Once upon a time a valiant fellow had the idea that men were drowned in water only because they were possessed with the idea of gravity. If they were to get this notion out of their heads, say by avowing it to be a superstitious, a religious concept, they would be sublimely proof against any danger from water. His whole life long he fought against the illusion of gravity, of whose harmful consequences all statistics brought him new and manifold evidence. This valiant fellow was the type of the new revolutionary philosophers in Germany. There is no specific difference between German idealism and the ideology of all the other nations. The latter too regards the world as dominated by ideas, ideas and concepts as the determining principles, and certain notions as the mystery of the material world accessible to the philosophers.
On trouve des indications page 12 dans la préface de la juxta de 2014.
Ce texte en ligne : http://www.mlwerke.de/me/me03/me03_009.htm. Il y a peu d’indications éditoriales, mais ce devrait être proche de l’édition de 1932. La première édition de ce volume 3 des MEW serait de 1958.
La première traduction en anglais est celle des Progress Publishers, Moscou, en 1964. On donne comme source de l’arrangement de la partie Feuerbach (MECW 5:27-93) : Progress Publishers, Vol. I of Karl Marx and Frederick Engels, Selected Works (in three volumes), Moscou, 1969. Cette édition de 1969 reprenait l’arrangement adopté en russe dans Voprosy Filosofii, nos 10 et 11, Moscou, 1965. En ligne : www.marxists.org/archive/marx/works/1845/german-ideology/index.htm.
Cette édition serait basée sur le meilleur état des connaissances à l’époque.
Certains feuillets du manuscrit original ayant été retrouvés, un texte de la première partie (I. Feuerbach), plus complet et plus justement ordonné, a été publié en 1962 dans International Review of Social History, vol. 3, part. 1, puis dans Deutsche Zeitschrift für Philosophie, Berlin, 1966, 10-14. Jahrgang, p. 1199-1251 et plus récemment encore dans le volume-test (Probeband) de la nouvelle Marx-Engels Gesamtausgabe (MEGA), Dietz Verlag, Berlin, 1972.
La MEGA dans la parenthèse ci-dessus, c’est la MEGA², mais sans doute dans la même perspective encore que depuis les années trente, qui ne semble avoir changé qu’avec l’édition de 2003 (Marx-Engels-Jahrbuch 2003). Il y a aussi sur la partie Feuerbach (1976:11-76) une « Note des éditeurs », plus détaillée, p. 8. Les Éditions sociales avaient publié déjà une édition de poche de ce début, sur Feuerbach. L’édition de 1975 de cette partie doit être proche du texte de l’édition de 1976 ou identique.
Les Classiques des Sciences sociales à Chicoutimi publient de cette version de poche un texte dit « traduction française de Renée Cartelle et Gilbert Badia, 1952 », texte un peu différent (j’ai rencontré quelques différences mineures) puisque mon édition de 1975 dit, p. 21 : « La traduction est une version entièrement revue de celle […] parue en 1968… » et p. 22 : « la traduction française est à quelques révisions près celle qu’ont publiée les Éditions sociales en 1968. Elle est due à Renée Cartelle et Gilbert Badia… ». (Idem en 1974.) Il est curieux que les Classiques des Sciences sociales disent par ailleurs « Éditions sociales 1970 ». Il se peut qu’on ait publié en poche en 1970 encore la traduction de 1952 et seulement en 1974 celle de 1968.
C’est peut-être le même texte que celui de Chicoutimi qu’on trouve, comme toujours sans indication d’origine et sans explication du choix qui est fait, en www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450000.htm.
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La difficulté est qu’on se trouve ainsi devant divers arrangements différents de la partie Feuerbach. Outre que, comme on l’a dit, ces arrangements représentent la vision de l’éditeur, pas nécessairement celle de Marx et Engels, il est assez difficile de retrouver un passage d’une langue à l’autre. L’arrangement des Éditions sociales en 1976 et celui des MECW seraient plus modernes que celui des MEW, mais sont cependant parfois très différents différents. Tel alinéa qui m’intéresse, au milieu d’un développement dans MEW 3, je le retrouve en français dans une toute autre partie.