Dominique Meeùs
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Rapport présenté au 2e congrès des services d’éducation politique de Russie le 17 octobre 1921
Bulletin du congrès, no 2, 19 octobre 1921. Œuvres, tome 33, p. 53‑74.
Qui vaincra : le capitalisme ou le pouvoir des Soviets ?
P. 58-60Voilà à quoi se résume toute la guerre actuelle : qui vaincra, qui profitera le premier ? Le capitalisme, à qui nous laissons nous-mêmes une porte ouverte, ou même plusieurs portes ouvertes (ainsi que beaucoup de portes que nous ne connaissons pas nous-mêmes, et qui s’ouvrent à notre insu et contre nous), ou bien le pouvoir d’État prolétarien ? Sur quoi celui-ci peut-il s’appuyer économiquement ? D’une part, sur une amélioration du sort de la population. À ce propos, il faut se souvenir des paysans. Il est absolument incontestable, et évident pour chacun, que, malgré un fléau aussi effroyable que la famine, la situation de la population, compte non tenu de ce fléau, s’est précisément améliorée à la suite du changement de notre politique économique.
D’autre part, si le capitalisme y trouve son compte, la production industrielle va augmenter, et avec elle grandira le prolétariat. Les capitalistes vont bénéficier de notre politique, et ils vont créer un prolétariat industriel qui, chez nous, en raison de la guerre, de la ruine et des destructions terribles, est déclassé, c’est-à-dire qu’il a été détourné de son chemin de classe et a cessé d’exister en tant que prolétariat. On appelle prolétariat la classe occupée à produire les biens matériels dans les entreprises de la grande industrie capitaliste. Étant donné que la grande industrie capitaliste est ruinée et que les fabriques et les usines sont immobilisées, le prolétariat a disparu. On l’a parfois fait figurer comme tel, d’une façon formelle, mais il n’avait pas de racines économiques.
Si le capitalisme se rétablit, ce sera aussi, par conséquent, le rétablissement de la classe du prolétariat occupé à produire les biens matériels utiles à la société, occupé dans les grandes fabriques mécanisées, au lieu de se livrer à la spéculation, à la fabrication de briquets pour la vente et à d’autres « travaux » pas très utiles mais parfaitement inévitables, étant donné la ruine de notre industrie.
Toute la question est de savoir lequel devancera l’autre. Ou bien les capitalistes réussiront à s’organiser les premiers, et ils chasseront les communistes ; et alors, il n’y aura plus rien à dire. Il faut considérer ces choses avec sang-froid: qui l’emportera ? C’est-à dire : le pouvoir d’État prolétarien se montrera-t-il capable, en s’appuyant sur la paysannerie, de tenir en bride messieurs les capitalistes de façon à orienter le capitalisme dans le canal de 1’État et à créer un capitalisme subordonné à l’État et placé à son service ? Il faut poser cette question avec sang-froid.
Cela rappelle Mao, « La question de savoir qui l’emportera… »