Dominique Meeùs
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Engels souligne deux avancées scientifiques importantes. À ce propos, il invoque Hegel, mais ce pourrait n'être ici qu'une boutade.
Manchester, 14. Juli 1858
Lieber Mohr,
[…] die Entdeckung der Zellen, in der Pflanze durch Schleiden, im Tier durch Schwann (ca. 1836). Alles ist Zelle. Die Zelle ist das Hegeische Ansichsein und geht in ihrer Entwicklung genau den Hegeischen Prozeß durch, bis sich schließlich die „Idee“, der jedesmalige vollendete Organismus daraus entwickelt.
Ein andres Resultat, was den alten Hegel gefreut haben würde, ist in der Physik die Korrelation der Kräfte oder das Gesetz, daß unter gegebnen Bedingungen mechanische Bewegung, also mechanische Kraft (z.B. durch Reibung) in Wärme sich verwandelt, Wärme in Licht, Licht in chemische Verwandtschaft, chemische Verwandtschaft (in der voltaischen Säule z.B.) in Elektrizität, diese in Magnetismus. Diese Übergänge können sich auch anders, vorwärts oder rückwärts machen. Es ist jetzt nachgewiesen durch einen Engländer, dessen Namen mir nicht einfällt [Joule, DM], daß diese Kräfte in ganz bestimmten quantitativen Verhältnissen ineinander übergehn, so daß z.B. ein gewisses Quantum der einen, z.B. Elektrizität, einem gewissen Quantum jeder andern, z.B. Magnetismus, Licht, Wärme, chemischer Verwandtschaft (positiver oder negativer — verbindend oder lösend) und Bewegung entspricht. Die blödsinnige Theorie von der latenten Wärme ist damit beseitigt. Ist das aber nicht eine famose, materielle Probe auf die Manier, wie die Reflexionsbestimmungen ineinander aufgelöst werden?
Manchester, le 14 juillet 1858
[…]
Autre résultat qui aurait fait plaisir au vieil Hegel : dans le domaine de la physique, la corrélation des forces, ou loi selon laquelle, dans des conditions données, le mouvement mécanique, donc la force mécanique (par frottement p. ex.) se transforme en chaleur, la chaleur en lumière, la lumière en affinité chimique, l’affinité chimique (dans la pile de Volta p. ex.) en électricité, et celle-ci en magnétisme. Ces mutations peuvent se réaliser différemment, dans ce sens-ci ou dans le sens inverse. Il a été maintenant prouvé par un Anglais, dont le nom m’échappe [James Prescott Joule], que ces forces se muent l’une en l’autre selon des rapports quantitatifs très précis, de sorte que, par exemple, un certain quantum de l’une, d’électricité par ex., correspond à un certain quantum d’une autre, par ex. de magnétisme, de lumière, de chaleur, d’affinité chimique (positive ou négative — facteur de combinaison ou de dissolution) et de mouvement. Ce qui élimine la théorie stupide de la chaleur latente. N’y a-t-il pas là précisément une preuve matérielle éclatante de la manière dont les déterminations-de-réflexion [les Reflexionsbestimmungen de Hegel] se dissolvent l’une dans l’autre ?
Manchester, 14 July 1858
Dear Moor,
[…] the discovery of the cell — in plants by Schleiden and in animals by Schwann (about 1836). Everything consists of cells. The cell is Hegelian ‘being in itself’ and its development follows the Hegelian process step by step right up to the final emergence of the ‘idea’ — i.e. each completed organism.
Another result that would have delighted old Hegel is the correlation of forces in physics, or the law whereby mechanical motion, i.e. mechanical force (e.g. through friction), is, in given conditions, converted into heat, heat into light, light into chemical affinity, chemical affinity (e.g. in the voltaic pile) into electricity, the latter into magnetism. These transitions may also take place differently, backwards or forwards. An Englishman whose name I can’t recall [Joule] has now shown that these forces pass from one to the other in quite specific quantitative proportions so that e.g. a certain quantity of one, e.g. electricity, corresponds to a certain quantity of each of the others, e.g. magnetism, light, heat, chemical affinity (positive or negative — combining or separating) and motion. The idiotic theory of latent heat is thus disposed of. But isn’t this splendid material proof of how the reflex categories dissolve one into the other?
L’expérience décisive de Joule (roue à aubes entraînée par un poids) a été rendue publique en 1845, mais elle n’a eu que peu d’écho parce que Joule était un amateur et un provincial. En outre, elle s’opposait de front à la conception dominante de la chaleur et il a fallu des années pour qu’elle soit acceptée. Helmoltz dans son livre de 1847 sur la conservation de l’énergie mentionne les travaux de Joule. William Thomson, le futur Lord Kelvin, n’a été convaincu que progressivement dans la première moitié des années cinquante. Quand Engels en parle en 1858, c’est donc encore une idée relativement nouvelle et révolutionnaire.
Il est remarquable qu’il ait entrevu l’extrême importance de la conversion de certaines formes d’énergie dans d’autres et il a raison de la souligner. Il est probable que le fait de rattacher cette conversion à quelque chose de sa culture hégélienne l’y a aidé. Il est cependant dangereux d’y voir la « preuve matérielle » d’une spéculation hégélienne parce que c’est mélanger le niveau scientifique et le niveau philosophique. L’association d’idée entre Joule et un concept de Hegel ne prouve en rien que ce concept est même seulement intéressant.
Une chose est certaine : en faisant de la physiologie comparée, on se met à concevoir un mépris extrême pour la conception idéaliste qui situe l’homme bien au-dessus des autres animaux. À chaque pas, on met le nez sur une concordance de structure absolument parfaite entre l’homme et les autres mammifères ; pour les traits fondamentaux, cette concordance se vérifie avec tous les vertébrés, et même — de façon moins nette — chez des insectes, des crustacés, des vers plats, etc. L’histoire hégélienne du saut qualitatif dans l’échelle quantitative est très bien montrée dans ce domaine-là aussi. Finalement c’est chez les infusoires les plus rudimentaires que l’on trouve la forme première, la cellule simple et vivant de manière autonome, mais qui à son tour ne se distingue par rien de perceptible de la plante la plus inférieure (les champignons composés de cellules simples, comme le champignon de la maladie de la pomme de terre ou de la vigne, etc.), ni des embryons des stades de développement plus élevés, jusqu’à l’ovule et au spermatozoïde humains inclusivement, et qui a le même aspect que les cellules indépendantes de l’organisme vivant (globules du sang, cellules de l’épiderme et des muqueuses, cellules sécrétoires des glandes, des reins, etc.)
Toute avancée dans l’idée de l’unité du vivant est de la plus haute importance. Il faut un peu se forcer pour y voir une confirmation de l’ « histoire hégélienne du saut qualitatif dans l’échelle quantitative ».