Dominique Meeùs
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Quelques considérations sur le marxisme et le matérialisme historique

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Le point de vue du matérialisme historique, le point de départ, la première présupposition, c’est que les êtres humains1, comme tous les autres animaux, doivent vivre et se reproduire. Les animaux ont besoin d’eau et d’énergie. Il ne peut y avoir de reproduction si tous les individus meurent d’inanition avant l’âge de procréer. Boire et manger, etc. est donc tout aussi fondamental que se reproduire, l’un ne va pas sans l’autre. (C’est la question classique — et c’est ici bien le cas de le dire — de la poule et l’œuf.) L’animal humain se distingue par la production de moyens d’existence. À de nombreuses reprises dans l’Idéologie allemande, Marx et Engels parlent de produire :

et de se reproduire2 :

… les humains, qui renouvellent quotidiennement leur propre vie, commencent à faire d’autres humains, à se reproduire — le rapport entre homme et femme, parents et enfants, la famille.

Idéologie allemande, 2014:65-67.

En 1884, un an après la mort de Marx, dans un regard rétrospectif sur leur conception de l’histoire depuis le début, Engels reprend toujours les deux aspects :

Selon la conception matérialiste, le facteur déterminant, en dernier ressort, dans l’histoire, c’est la production et la reproduction de la vie immédiate. Mais, à son tour, cette production a une double nature. D’une part, la production de moyens d’existence, d’objets servant à la nourriture, à l’habillement, au logement, et des outils qu’ils nécessitent ; d’autre part, la production des humains mêmes, la propagation de l’espèce. Les institutions sociales sous lesquelles vivent les humains d’une certaine époque historique et d’un certain pays sont déterminées par ces deux sortes de production : par le stade de développement où se trouvent d’une part le travail, et d’autre part la famille.

Engels, préface de la première édition de l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État.
Rapports sociaux

Les animaux doivent manger et ils savent comment on fait. Pour Marx, dans l’Idéologie allemande, c’est dans « leur organisation physique » et il en est de même pour les humains. Certains animaux trouvent la nourriture individuellement, d’autres collectivement. Mais les humains ont dans « leur organisation physique » le fait de produire (Idéologie allemande, 2014:271-275) (et pas juste ramasser) et de le faire « sous un mode déterminé » (Idéologie allemande, 2014:67-69) : socialement.

Dans les espèces sexuées, il n’y a pas seulement des femelles et des mâles avec des organes appropriés (et qui savent comment on fait), mais aussi des règles sociales : qui a une relation sexuelle avec qui, quand, selon quels rites3. Les diverses espèces du genre Homo ne peuvent pas ne pas avoir eu au départ aussi, pour ces règles sociales sexuelles, quelque chose de « leur organisation physique », comme dit Marx. Mais de toute manière, le gros cerveau des Homo sapiens fait que, chez eux, le culturel4 compte pour beaucoup à côté de « leur organisation physique ».

La production de la vie, aussi bien de sa propre vie dans le travail que de celle d’un ou d’une autre dans la procréation, apparaît donc déjà dès maintenant comme un rapport double — d’une part comme un rapport naturel, d’autre part comme un rapport social, …

Idéologie allemande, 2014:65-67.

La difficulté du matérialisme historique, c’est l’imbrication des divers aspects : rapport à la nature et rapports sociaux ; reproduction de la vie et production des moyens d’existence.

Marx et Engels ont bien inauguré cette vision matérialiste de l’histoire, mais ne sont pas allés beaucoup plus loin. Marx a passé sa vie à élucider le mode de production capitaliste et Engels a aider Marx. Ils ont lu beaucoup en histoire, ils ont fait des considérations sur l’histoire, ils n’ont pas fait œuvre d’historien. Ils ont encore moins fait la théorie du matérialisme historique5. En fin de compte, le matérialisme historique, ce sont quelques principes de départ qu’il faut garder à l’esprit quand on réfléchit à l’histoire, qui peuvent jeter une lumière sur ce qui a conduit à des changements dans l’histoire.

Base et superstructure

Par ailleurs, nous, humains, matériels, dans le monde, nous avons des idées. Après le monde, un autre aspect du matérialisme, concernant les idées, c’est que les idées ne tombent pas du ciel. « Ce n’est pas la conscience qui… », écrit Marx en 1845 ou 1846 dans l’Idéologie allemande (et il le reprend en 1859 dans la fameuse Préface…). Les idées sont avant tout les représentations qu’on se fait de ces réalités matérielles que sont les différentes pratiques, en particulier de production, et les rapports sociaux dans lesquels ces pratiques s’exercent.

En ce qui concerne l’histoire, on est en droit de dire que les idées changent le monde. L’histoire de l’humanité, c’est ce que les humains font et il faut qu’ils aient l’idée de le faire. Le matérialisme historique, c’est prendre en compte que ces idées ne sont pas arbitraires, caprice ou trait de génie, que le changement historique n’est « nullement le résultat d’une certaine doctrine qui partait d’un principe théorique déterminé (« Die moralisierende Kritik… »,1847) ». Les idées ne sont pas premières. Les idées des humains leur sont inspirées par la réalité qu’ils vivent. En gros, schématiquement, sont les circonstances qui font les idées, même si, bien sûr, les idées ont une action en retour sur les circonstances6.

Dans La Sainte famille, Marx en tire des conséquences éthiques : « … il ne faut pas châtier le crime dans l’individu, mais détruire les foyers antisociaux du crime. […] Si l’homme est formé par les circonstances, il faut former les circonstances humainement. »

Marx exprime cette relation entre les circonstances et les idées en appelant base7 la production et la reproduction, et les relations sociales dans lesquelles elles se font. Par rapport à cela, les idées et les institutions qui en émanent sont qualifiées de superstructure8.

Cela se fait jour dès L’Idéologie allemande : « l’organisation sociale qui se développe immédiatement à partir de la production et du commerce, organisation qui forme de tout temps la base de l’État et du reste de la superstructure idéaliste ». Dans le 18-Brumaire, Marx introduit l’idée de rémanence d’éléments superstructurels hérités du passé.

On connait surtout la systématisation de la Préface de 1859 et il défend ces notions de base et de superstructure dans une note du Livre I du Capital.

Pour boucler la boucle, Engels résume ça dans une lettre à Joseph Bloch en 1890 et dans une autre à Borgius en 1894.

Préhistoire

Marx a vu le grand intérêt du travail de Morgan et il en a pris des notes. Après sa mort, Engels est parti de là. C’était nouveau. Avec aussi peu de moyens, c’était héroïque de leur part.

Nous descendons d’un ancêtre commun aux quelques espèces survivantes de grands singes (nous ne descendons pas du singe), dans une évolution génétique et, de plus en plus, culturelle à la fois, d’espèces qui divergent et parfois se recroisent. S’agissant de nombreuses sociétés différentes d’espèces différentes sur plusieurs millions d’années et se répandant sur tous les continents9, espèces qui parfois ne divergent que légèrement, ce qui leur permet de se remélanger quand elles se retrouvent. Aucune affirmation n’a donc de sens si elle prétend porter en général sur un état « originel », « primitif » de l’humanité, sur « la société préhistorique » au singulier. Nous savons mieux que du temps de Marx et d’Engels10 la complexité préhistorique11.

En outre, dans le genre Homo et dans l’espèce Homo sapiens, la culture finit par l’emporter sur l’héritage phylogénétique. Avec notre grande diversité, nous avons dû présenter un très large éventail de types de société. On a observé des sociétés humaines matrilocales et certaines où les femmes avaient une position moins mauvaise, mais cela semble rester des exceptions (Darmangeat). Mais ce n’est pas un lointain passé qui détermine notre avenir. — On verra, à propos du féminisme, que le capitalisme, cassant tout sur son passage, il casse aussi, en principe (même si ce n’est pas évident), la domination masculine.

Matérialisme historique réductionniste, simpliste

Les textes importants de Marx des années quarante de son siècle, que j’ai mentionnés en commençant, ne sont pas les plus lus ; dans l’Idéologie allemande, il faut extraire les considérations sur le matérialisme historique d’une critique de l’ensemble de la philosophie de Hegel et des nouveaux hégéliens. Alors d’autres ont systématisé le matérialisme historique et la plupart des nouveaux venus au marxisme commencent par ces sources secondaires12 ; certains liront tout au plus le passage mille fois cité de la préface à la Contribution.

Il en résulte souvent un réductionnisme à plusieurs niveaux.

Il y a d’abord la réduction de l’histoire au seul capitalisme. On sait bien sûr qu’il y a une histoire, mais l’histoire est conçue comme une suite de boîtes étanches. On admet qu’il y a un passage de l’une à l’autre. Le capitalisme, en particulier, est issu de l’Ancien Régime, de l’époque féodale. Mais ce qui est fait est fait. On a quitté la boîte féodalité ; on est maintenant dans la boîte capitalisme. Puisqu’on en est au capitalisme, il faut que tout s’explique à l’intérieur de cette boîte que nous habitons (et pas une autre13), donc par le capitalisme.

À cela s’ajoute une conception schématique du monde de production comme base et superstructure14, avec détermination par la base, un réductionnisme selon lequel tout devrait être en fin de compte économique. (Erreur qu’Engels dénonce dans sa lettre de 1890 à Joseph Bloch.) Ensuite, puisque la superstructure est déterminée par la base, il faut que tout s’explique en termes de valeur, de plus-value, etc. On pourrait dire que c’est en fait deux fois le même réductionnisme. Il est juste de chercher à lier la superstructure aux conditions matérielles. Le second réductionnisme, la réduction à l’économie capitaliste, vient en grande partie du premier, la négligence de la dimension historique, de ce qu’on n’envisage pas la possibilité que certains éléments de la superstructure soient liés à des conditions matérielles passées. Marx souligne le poids dans la superstructure de l’héritage du passé dans deux passages du 18-Brumaire15.

Je me suis rappelé que dans les années 60 et 7016, beaucoup de jeunes devenaient rapidement marxistes, et parfois communistes, avec une formation des plus rudimentaires17. Je pense que beaucoup de jeunes de l’époque ne connaissaient Marx, sans l’avoir lu, qu’à travers des formations élémentaires et des textes de vulgarisation, en particulier sur les concepts de base du Livre I du Capital (valeur, plus-value). Il en résulte que beaucoup d’écrits théoriques écrits par des jeunes à cette époque souffrent de cette limitation18.

Notes
1.
Problème de français (comme en anglais et quelques autres langues) : le même mot homme peut désigner soit un individu quelconque de l’espèce humaine soit le mâle de l’espèce. Écrivant en allemand, Marx dispose de deux mots : Mensch pour l’humain, Mann pour le mâle (comme en néerlandais, mens et man). S’agissant de reproduction, ça peut donner des phrases bizarres en français (pour se reproduire, les hommes doivent être deux). Ayant pris conscience de ça, ça me dérange et, pour ne pas chaque fois répéter être humain en deux mots, j’utilise substantivement l’adjectif humain chaque fois qu’il ne s’agit pas d’un homme, mâle. Je vais m’efforcer de corriger aussi dans ce que je cite en français.
2.
On a là un problème de langage. On dit reproduction pour différentes choses : pour la reproduction de l’espèce, pour la reproduction de la force de travail, pour la reproduction du capital, pour la reproduction des rapports sociaux capitalistes. On a bien en français procréer et procréation, mais ça ne convient pas partout. Les langues germaniques ont un terme spécifique : le substantifvoortplanting (verbe voortplanten) en néerlandais, où on reconnaît la racine du verbe planter (littéralement se replanter), fortzupflanzen en allemand. Mais j’en trouve une seule occurrence dans le Jahrbuch (2003:14). Marx lui-même utilise le verbe reproduzieren, avec les difficultés que cela comporte.
3.
Si chez les abeilles une seule femelle est reine et les autres ouvrières, c’est que l’espèce des abeilles est phylogénétiquement ainsi et pas autrement. (Les humains ont bien sûr aussi un instinct sexuel. Il est difficile de dire s’il leur reste quelque chose de génétique dans leurs règles sociales concernant le sexe.) Evelyn Reed commence son livre Reed 1974 en supposant que, contrairement aux humains qui, eux, sont cultivés, policés, les animaux ont une sexualité désordonnée, « animale ». C’est un préjugé sans doute courant, mais il n’en est pas moins stupide. C’est le contraire qui est vrai. Chez les animaux, la sexualité obéit à des règles, tandis que parmi les hommes, cultivés, certains s’autorisent d’une culture machiste pour se conduire n’importe comment. Les humains aussi ont des règles, mais, contrairement aux animaux, ils se permettent d’y déroger.
4.
On croit souvent que la culture est seulement humaine. On sait cependant que chez certains oiseaux, le chant peut-être culturel : différentes populations d’une même espèce ont créé et transmettent à leur progéniture des chants différents. On a observé des phénomènes culturels chez les chimpanzés aussi : certaines populations de chimpanzés (et pas d’autres) ont par exemple développé, et se transmettent d’une génération à l’autre, une technique très sophistiquée de chasse en groupe avec répartition et coordination de rôles différents. [Référence souhaitée.]
5.
Mais si, mais si, dirons certains : dans la fameuse Préface de 1859. Marx a exposé là, diront-ils, la théorie achevée du matérialisme historique. Je conteste. D’une part, Marx dit qu’il jette sur le papier des considérations qui lui viennent à l’esprit à ce stade et qu’il va garder en tête dans la suite de son travail. Il ne dit pas que cela constitue une théorie achevée. (Et il conteste l’idée qu’on puisse forcer l’histoire à se soumettre à une théorie.) D’autre part, il est difficile de penser que la théorie complète de quelque chose d’aussi complexe que le matérialisme historique tienne en une ou deux pages.
6.
Dans l’expression matérialisme historique, il y a matérialisme. Tout ceci se passe dans un monde qui existe réellement, pas dans le rêve d’un pur esprit. Marx affirme surtout la primauté du monde réel sur les idées qu’on s’en fait. Rares sont les gens qui mettent en doute l’existence même du monde. Ce n’était sans doute pas un problème prioritaire pour Marx. Ce l’est devenu bien après, pour Lénine. Dans Matérialisme et empiriocriticisme, contre des idéalistes subjectifs, il doit réaffirmer un autre aspect du matérialisme : oui, il existe vraiment un monde matériel. Certains philosophes préfèrent, dans ce sens, le terme réalisme. Serait-ce que matérialisme est trop connoté marxisme ? Que cela ferait penser à communisme ? (Lequel n’a pas bonne presse.) Matérialisme, c’est plus que réalisme. Platon est réaliste. Les idées dont il parle, pour lui, existent réellement, pas seulement dans sa tête. C’est une réalité. (Il est un idéaliste objectif, pas un des, rares, idéalistes subjectifs.) Pour lui, le monde de la vie de tous les jours n’est qu’un pale reflet, très imparfait, du monde, réel à ses yeux, des idées. Pour les matérialistes, le monde, non seulement existe (comme Platon le disait des idées), mais il n’est pas fait d’idées ; il est matériel au sens qu’on peut le toucher. Certaines choses sont dures, on peut les cogner. (Nous savons maintenant que l’air est de même nature, même si on passe au travers.) Depuis que les espèces du buisson évolutif conduisant à l’Homo sapiens ont un cerveau assez gros pour se poser la question, ils ont pu et dû se forger une conviction matérialiste en chassant, en collectant, en mangeant et buvant, en taillant des silex. Ça ne demande pas d’avoir une définition absolue de matière en philosophie ou en physique théorique. (Encore que les progrès de la physique nous encouragent, s’il en était besoin, dans la conviction de l’existence et de l’unité de la matière.)
7.
En allemand, Basis ou parfois Grundlage. Ce sont bien sûr des mots très généraux qui interviennent aussi dans de tout autres contextes.
8.
En allemand, Überbau. On compte sur les doigts d’une seule main les occurrences de Superstruktur dans l’ensemble des œuvres de Marx et Engels.
9.
Rien que l’Afrique, c’est déjà très grand. Déjà là, sur plusieurs millions d’années, les différentes populations préhumaines et humaines se sont dispersées et fortement diversifiées. (Quintana-Murci 2021.)
10.
Ils avaient lu avec enthousiasme le livre de Darwin. Par ailleurs, de plus en plus de scientifiques avaient conscience de l’extrême ancienneté de certains fossiles, du temps long de l’histoire de la Terre et de la vie. Je suppose qu’on n’avait pas une idée claire de l’ancienneté de la séparation de la branche du genre Homo de celle des autres grands singes survivants. On a découvert l’homme de Néandertal en 1856 (avant le livre de Darwin), mais que savait-on de sa datation ? En 1857, Schaaffhausen et Fuhlrott considèrent que c’est très ancien vu la minéralisation du sol (https://en.wikipedia.org/wiki/Neanderthal_1#Discovery). [Préjugé, voir https://en.wikipedia.org/wiki/Neanderthal_1#Subject_of_scholarly_debate.]
11.
Du temps de Marx et d’Engels, et pour moi encore à l’école au milieu du 20e siècle, la préhistoire, ça voulait dire la civilisation d’êtres humains taillant des silex comme outils. (À l’école, c’étaient les hommes des cavernes en raison de leur habitat sous nos latitudes. Je revois aussi des images de cités lacustres, sans doute sous des cieux plus cléments.) On en connaît aujourd’hui, malgré les difficultés, beaucoup plus qu’au 19e siècle. Ardipithecus ramidus, Wikipedia Ardipithecus ramidus (Données de https://en.wikipedia.org/wiki/Template:African_hominin_timeline comme le 23-7-2021 21:30 et de https://en.wikipedia.org/wiki/Homo, surtout pour Homo.) Australopithecus anamensis, Wikipedia Australopithecus anamensis Australopithecus afarensis, Wikipedia Australopithecus afarensis Australopithecus africanus, Wikipedia Australopithecus africanus Australopithecus deyiremeda, Wikipedia Australopithecus deyiremeda Kenyanthropus platyops, Wikipedia Kenyanthropus platyops Australopithecus bahrelghazali, Wikipedia Australopithecus bahrelghazali LD 350-1, Wikipedia LD 350-1 Paranthropus aethiopicus, Wikipedia Paranthropus aethiopicus Australopithecus garhi, Wikipedia Australopithecus garhi Paranthropus boisei, Wikipedia Paranthropus boisei Homo rudolfensis, Wikipedia Homo rudolfensis Homo habilis, Wikipedia Homo habilis Australopithecus sediba, Wikipedia Australopithecus sediba Paranthropus robustus, Wikipedia Paranthropus robustus Homo gautengensis, Wikipedia Homo gautengensis Homo erectus, Wikipedia Homo erectus Homo ergaster, Wikipedia Homo ergaster Homo antecessor, Wikipedia Homo antecessor Homo rhodesiensis, Wikipedia Homo rhodesiensis Homo heidelbergensis, Wikipedia Homo heidelbergensis Homo cepranensis, Wikipedia Homo cepranensis Homo longi, Wikipedia Homo longi Homo naledi, Wikipedia Homo naledi Denisovan, Wikipedia Denisovan Homo neanderthalensis, Wikipedia Homo neanderthalensis Homo floresiensis, Wikipedia Homo floresiensis Homo sapiens, Wikipedia Homo sapiens Paléolithique Néol … Pliocène Pléistocène Hol -4500 -4000 -3500 -3000 -2500 -2000 -1500 -1000 -500 0 (En ouvrant directement lignage.svg dans un navigateur web, le tableau s’adapte à la largeur de la fenêtre. Si on veut remonter plus loin, il y a aussi Homolineage.html.) (On pense maintenant que certains de ces gens, ne connaissant pas encore ces classifications, ont cédé à la tentation de coucher ensemble et se soient même parfois reproduits — certainement entre Homo neanderthalensis et Homo sapiens. On peut donc contester que toutes les espèces ci-dessus soient à proprement parler des espèces distinctes. Mais ça n’empêche pas le tableau de donner une certaine vue de la variété de ceux que nous appelons nos ancêtres.) Il se peut que les Kenyanthropus soient les premiers fabricants d’outils de pierre taillée, il y a 3,4 millions d’années. Les Homo ont certainement taillé des silex très tôt, et contrôlé aussi le feu il y a 400 000 ans ou plus, donc avant l’apparition, il y a 200 ou 300 000 ans, des Homo sapiens. Engels insiste sur l’importance de la main dans l’évolution qui conduit jusqu’à nous. Si on considère comme typique de la main « humaine » la taille d’outils en pierre, ça fait quand même plus de trois millions d’années et pas mal d’espèces animales différentes, chacune avec son bagage phylogénétique, à quoi il faut ajouter une grande variété de cultures. Les affirmations générales sur le mode vie de « l’humanité primitive » (sur la sauvagerie au sens de Morgan) sont forcément abusives. C’était normal du temps d’Engels, ce l’est moins aujourd’hui.
12.
Dans mon cas, c’était Los conceptos elementales del materialismo histórico de Marta Harnecker. À Louvain vers la fin des années soixante, un étudiant latino-américain en avait passé à notre groupe une copie ronéotée (sans nom d’auteur), que nous avons immédiatement traduite, collectivement, en français. C’est des dizaines d’années plus tard en lisant le livre dans la traduction de 1974 par Jaques Gouverneur et Solange Delaunois que je me suis dit : « J’ai déjà lu ça quelque part » et, bingo, j’ai retrouvé dans le fond d’une armoire notre traduction sauvage de cet ouvrage pour nous jusqu’alors anonyme.
13.
On pourrait aussi rapprocher ça d’une certaine conception de la dialectique qui veut que tout ait pour moteur la contradiction, donc un moteur interne. Dans cette conception, toute considération de cause externe est suspecte. En particulier, tout ce qui se passe sous le capitalisme ne peut s’expliquer que par les contradictions internes au capitalisme. On en revient à l’erreur de la boîte étanche.
14.
Marx parle de la base depuis l’Idéologie allemande )comme je l’ai indiqué plus haut), mais il en dit peu. L’invocation de ces notions se base sur des théorisations secondaires, donc une schématisation. (Althusser n’est pas Marx.)
15.
Quant à moi, je pense ici à la « question des femmes ». Les conceptions des hommes et des femmes aujourd’hui sur les genres viennent de loin et ne sont évidemment pas toutes « déterminées en dernière instance » par le mode de production capitaliste.
16.
Je vois que je suis né le même jour que Mariarosa Dalla Costa.
17.
Moi-même, je suis devenu communiste l’été 1967, avec quelques idées du rôle des classes dans l’histoire et de la supériorité du socialisme. J’ai bien compris le mécanisme de l’exploitation capitaliste (valeur de la force de travail, plus-value) en étudiant Salaire, prix et profit. J’ai acheté à Paris le samedi 7 juin 1969 les trois Livres du Capital en huit volumes aux Éditions sociales, mais je n’ai vraiment ouvert le Capital que longtemps après. J’ai dû apprendre les mots base et superstructure à la fin des années 60 en traduisant Marta Harnecker pour l’étudier (comme il est dit dans une note ci-dessus).
18.
C’est le cas en particulier de tout le mouvement du salaire au travail ménager (Mariarosa Della Costa, Sylvia Federici) et encore aujourd’hui de la plus grande partie de la social reproduction theory.
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