Dominique Meeùs
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C’est Marx lui-même qui, pour l’édition de la traduction Roy, a extrait de la postface de la deuxième édition allemande ce qui lui semblait intéresser le lecteur français. Dans l’édition allemande de 1890, Engels ne donnait pas non plus les quatre premiers alinéas, mais ils ont été rétablis dans des éditions ultérieures.
Je donne ci-dessous les parties de la postface de la deuxième édition allemande qui ont trait au développement de l’économie politique en Allemagne et à la méthode employée dans cet ouvrage.
Cela explique que dans toutes les rééditions françaises de ce que j’ai appelé la version 2A, on ne trouve pas la postface complète, mais seulement cet extrait. On trouve bien sûr la postface dans les éditions en d’autres langues et en français dans la traduction de la version 4 aux Éditions sociales en 1983 (et à partir de 1993 aux PUF) et en 2016.
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Le Capital, Livre I, Postface de la deuxième édition allemande Au début du capitalisme moderne, il y a encore une économie classique bourgeoise scientifique. Dès que la lutte de classe se développe, il y a refoulement (pour prendre un terme freudien) : la bourgeoisie devient incapable de science économique (p. 11-13).
p. 11À partir de 1848, la production capitaliste a connu un développement très rapide en Allemagne, et elle en est déjà aux floraisons factices. Mais le sort n’en a pas moins continué d‘être défavorable à nos spécialistes. Tout le temps où ils purent pratiquer leur économie politique en toute ingénuité, c’étaient les rapports économiques modernes qui n’existaient pas dans la réalité allemande. Et maintenant que ces rapports ont vu le jour, c’est dans des circonstances telles qu’il ne leur est plus loisible de poursuivre leurs belles études comme avant, au sein même de la vision bourgeoise des choses.
Dans la mesure même où elle est bourgeoise, c’est-à-dire où, au lieu de concevoir l’ordre capitaliste comme un stade de développement historiquement transitoire, elle en fait au contraire la figure absolue et ultime de la production sociale, l’économie politique ne peut demeurer une science qu’aussi longtemps que la lutte des classes demeure latente, ou ne se révèle que dans des manifestations isolées.
Prenons l’Angleterre. L’économie politique classique y coïncide avec la période où la lutte des classes n’est pas développée. (C’est Ricardo, son dernier grand représentant, qui fait enfin consciemment de l’opposition des intérêts de classe, du salaire et du profit, du profit et de la rente foncière, le tremplin de ses recherches, en concevant naïvement cette opposition comme une loi naturelle de la société. Mais la science bourgeoise de l’économie avait touché là sa limite infranchissable. Du vivant même de Ricardo, et contre lui, on vit la critique se dresser devant elle, en la personne de Sismondi.
p. 12[…] L’année 18301 enfin vit éclater la crise vraiment décisive.
La bourgeoisie avait conquis le pouvoir politique en France et en Angleterre. La lutte de classe prit alors, dans la pratique et dans la théorie, des formes de plus en plus explicites et menaçantes. Elle sonna le glas de l’économie bourgeoise scientifique. La question n’était plus de savoir si tel ou tel théorème était vrai, mais s’il était utile ou nuisible au capital, s’il lui causait de l’agrément ou du désagrément, s’il était contraire ou non aux règlements de police. La recherche désintéressée fit place au mercenariat, à l’innocente investigation scientifique succédèrent la mauvaise conscience et les mauvaises intentions des apologistes. […]
La révolution continentale de 1848 retentit également sur l’Angleterre. Un certain nombre d’économistes, qui prétendaient p. 13encore à l’importance scientifique et voulaient être plus que de simples sophistes et sycophantes des classes dominantes s’efforcèrent de mettre en harmonie l’économie politique du capital et plusieurs revendications du prolétariat qu’il n’était plus possible d’ignorer plus longtemps. D’où un syncrétisme plat, dont John Stuart Mill est le meilleur représentant. En réalité, c’était une vraie déclaration de faillite de l’économie « bourgeoise », ainsi que l’a magistralement mis en lumière le grand savant et critique russe N. Tchernychevsky dans son Tableau de l’Économie politique après Mill.
Le mode de production capitaliste est donc parvenu à maturité en Allemagne après qu’il eut déjà bruyamment manifesté son caractère antagonique en France et en Angleterre à la suite de luttes historiques, alors que le prolétariat allemand avait déjà une conscience de classe théorique bien plus résolue que celle de la bourgeoisie allemande. En sorte qu’à peine une science bourgeoise de l’économie politique semblait être enfin possible ici, qu’elle était déjà redevenue impossible.
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Le Capital, Livre I, Postface de la deuxième édition allemande Pour définir la méthode dialectique, Marx fait appel à la citation d’un critique 2. (Dans la citation de « cet auteur », les notes flottant à droite sont de moi.)
Ich kann dem Herrn Verfasser nicht besser antworten als durch einige Auszüge aus seiner eignen Kritik, die zudem manchen meiner Leser […] interessieren mögen.
[…] fährt der Herr Verfasser fort:
"Für Marx ist nur eins wichtig: das Gesetz der Phänomene zu finden, mit deren Untersuchung er sich beschäftigt. Und ihm ist nicht nur das Gesetz wichtig, das sie beherrscht, soweit sie eine fertige Form haben und in einem Zusammenhang stehn, wie er in einer gegebnen Zeitperiode beobachtet wird. Für ihn ist noch vor allem wichtig p. 26das Gesetz ihrer Veränderung, ihrer Entwicklung, d.h. der Übergang aus einer Form in die andre, aus einer Ordnung des Zusamenhangs in eine andre. Sobald er einmal dies Gesetz entdeckt hat, untersucht er im Detail die Folgen, worin es sich im gesellschaftlichen Leben kundgibt … Demzufolge bemüht sich Marx nur um eins: durch genaue wissenschaftliche Untersuchung die Notwendigkeit bestimmter Ordnungen der gesellschaftlichen Verhältnisse nachzuweisen und soviel als möglich untadelhaft die Tatsachen zu konstatieren, die ihm zu Ausgangs- und Stützpunkten dienen. Hierzu ist vollständig hinreichend, wenn er mit der Notwendigkeit der gegenwärtigen Ordnung zugleich die Notwendigkeit einer andren Ordnung nachweist, worin die erste unvermeidlich übergehn muß, ganz gleichgültig, ob die Menschen das glauben oder nicht glauben, ob sie sich dessen bewußt oder nicht bewußt sind. Marx betrachtet die gesellschaftliche Bewegung als einen naturgeschichtlichen Prozeß, den Gesetze lenken, die nicht nur von dem Willen, dem Bewußtsein und der Absicht der Menschen unabhängig sind, sondern vielmehr umgekehrt deren Wollen, Bewußtsein und Absichten bestimmen … Wenn das bewußte Element in der Kulturgeschichte eine so untergeordnete Rolle spielt, dann versteht es sich von selbst, daß die Kritik, deren Gegenstand die Kultur selbst ist, weniger als irgend etwas andres, irgendeine Form oder irgendein Resultat des Bewußtseins zur Grundlage haben kann. Das heißt, nicht die Idee, sondern nur die äußere Erscheinung kann ihr als Ausgangspunkt dienen. Die Kritik wird sich beschränken auf die Vergleichung und Konfrontierung einer Tatsache nicht mit der Idee, sondern mit der andren Tatsache. Für sie ist es nur wichtig, daß beide Tatsachen möglichst genau untersucht werden und wirklich die eine gegenüber der andren verschiedene Entwicklungsmomente bilden, vor allem aber wichtig, daß nicht minder genau die Serie der Ordnungen erforscht wird, die Aufeinanderfolge und Verbindung, worin die Entwicklungsstufen erscheinen. Aber, wird man sagen, die allgemeinen Gesetze des ökonomischen Lebens sind ein und dieselben; ganz gleichgültig, ob man sie auf Gegenwart oder Vergangenheit anwendet. Grade das leugnet Marx. Nach ihm existieren solche abstrakte Gesetze nicht … Nach seiner Meinung besitzt im Gegenteil jede historische Periode ihre eignen Gesetze … Sobald das Leben eine gegebene Entwicklungsperiode überlebt hat, aus einem gegebnen Stadium in ein andres übertritt, beginnt es auch durch andre Gesetze gelenkt zu werden. Mit einem Wort, das ökonomische Leben bietet uns eine der Entwicklungsgeschichte auf andren Gebieten der Biologie analoge Erscheinung … Die alten Ökonomen verkannten die Natur ökonomischer Gesetze, als sie dieselben mit den Gesetzen der Physik und Chemie verglichen … Eine tiefere Analyse der Erscheinungen bewies, daß soziale Organismen sich voneinander ebenso gründlich unterscheiden als Pflanzen- und Tierorganismen … Ja, eine und dieselbe Erscheinung unterliegt ganz und gar verschiednen Gesetzen infolge des verschiednen Gesamtbaus jener Organismen, der Abweichung ihrer einzelnen Organe, des Unterschieds der Bedingungen, worin sie funktionieren usw. Marx leugnet z.B., daß das Bevölkerungsgesetz dasselbe ist zu allen Zeiten und an allen Orten. Er versichert im Gegenteil, daß jede Entwicklungsstufe ihr eignes Bevölkerungsgesetz hat … Mit der verschiednen Entwicklung der Produktivkraft ändern sich die Verhältnisse und die sie regelnden Gesetze. Indem sich Marx das Ziel stellt, von diesem p. 27Gesichtspunkt aus die kapitalistische Wirtschaftsordnung zu erforschen und zu erklären, formuliert er nur streng wissenschaftlich das Ziel, welches jede genaue Untersuchung des ökonomischen Lebens haben muß … Der wissenschaftliche Wert solcher Forschung liegt in der Aufklärung der besondren Gesetze, welche Entstehung, Existenz, Entwicklung, Tod eines gegebenen gesellschaftlichen Organismus und seinen Ersatz durch einen andren, höheren regeln. Und diesen Wert hat in der Tat das Buch von Marx."
Indem der Herr Verfasser das, was er meine wirkliche Methode nennt, so treffend und, soweit meine persönliche Anwendung derselben in Betracht kommt, so wohlwollend schildert, was andres hat er geschildert als die dialektische Methode?
p. 15¾Je ne saurais mieux répondre à cet auteur qu’en citant quelques extraits de sa propre critique, qui peuvent d’ailleurs intéresser plus d’un lecteur […].
[…] l’auteur continue ainsi :
Une seule chose importe à Marx : trouver la loi des phénomènes qui font l’objet de sa recherche. Et l’important pour lui n’est pas seulement la loi qui les régit dans la mesure où ils ont une forme arrêtée et conservent entre eux une connexion qu’on a pu observer pendant un laps de temps donné.Considérer les choses dans leur évolution Ce qui lui importe encore, par-dessus tout, c’est la loi de leur changement, de leur développement, c’est-à-dire le passage d’une forme à l’autre, d’un ordre de connexion à un autre. Une fois qu’il a découvert p. 16cette loi, il examine en détail les effets par lesquels elle se manifeste dans la vie sociale… Recherche scientifique Ainsi donc, Marx ne s’inquiète que d’une chose : démontrer par une recherche scientifique rigoureuse la nécessité d’ordres déterminés des rapports sociaux, et constater de manière aussi irréprochable les faits qui lui servent de point de départ et de point d’appui. Pour cela il est entièrement suffisant qu’il démontre, en même temps que la nécessité de l’ordre actuel, la nécessité d’un autre ordre dans lequel le premier doit inévitablement se transformer, que les hommes y croient ou non, qu’ils en soient conscients non. Citation fameuse : « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être… » Marx considère le mouvement social comme un procès historico-naturel régi par des lois qui non seulement sont indépendantes de la volonté, de la conscience et du dessein des hommes, mais même à l’inverse, déterminent leur volonté, leur conscience et leurs desseins… Si l’élément conscient joue un rôle aussi subordonné dans l’histoire de la civilisation, il va de soi que la critique dont l’objet est la civilisation elle-même peut moins que toute autre avoir pour fondement une forme quelconque ou un résultat quelconque de la conscience. Ce qui signifie que ce n’est pas l’idée, mais le phénomène extérieur seulement qui peut lui servir de point de départ. La critique se bornera à comparer et à confronter un fait, non avec l’idée, mais avec un autre fait. Pour elle il importe seulement que les deux faits aient été étudiés aussi exactement que possible, et que dans la réalité ils constituent, l’un par rapport à l’autre, deux phases de développement différentes ; il importe par-dessus tout que la série des ordres, la succession et la liaison au sein desquelles apparaissent les stades de développement soient étudiés avec non moins de rigueur. Mais, dira-t-on, les lois générales de la vie économique sont unes et toujours les mêmes ; il est parfaitement indifférent qu’on les applique au présent ou au passé. C’est précisément ce que Marx conteste.Pas de lois intemporelles Selon lui de telles lois abstraites n’existent pas… Chaque période historique a au contraire ses propres lois… Dès que la vie a dépassé une période de développement donnée, dès qu’elle passe d’un stade à un autre, elle commence aussi à être régie par d’autres lois. En un mot, la vie économique nous propose un phénomène analogue à l’histoire de l’évolution dans d’autres domaines de la biologie… Les vieux économistes méconnaissaient la nature des lois économiques lorsqu’ils les mettaient en parallèle avec les lois de la physique et de la chimie… Une analyse plus approfondie des phénomènes a montré que les organismes sociaux ont entre eux des différences aussi fondamentales que ceux des végétaux et des animaux…Considérer les choses dans leurs relations Bien plus, un seul et même phénomène obéit à des lois absolument différentes en fonction des différences de structure d’ensemble de ces organismes, de la variation de leurs organes singuliers, de la différence des conditions dans lesquelles ils fonctionnent, etc. Marx nie par exemple que la loi de la population soit la même en tout temps et en tout lieu. Il affirme au contraire que chaque stade de développement a sa propre loi de population… Avec le développement différent de la force productive se modifient les rapports et les lois qui les régissent. En se fixant pour but d’analyser et d’expliquer dans cette p. 17perspective l’ordre économique capitaliste, Marx ne fait que formuler d’une façon strictement scientifique le but qui doit être celui de toute étude exacte de la vie économique…Des lois particulières La valeur scientifique d’une telle recherche tient à ce qu’elle éclaire les lois particulières qui régissent la naissance, la vie, le développement, la mort d’un organisme social donné et son remplacement par un autre qui lui est supérieur. Et c’est bien cette valeur que possède le livre de Marx.
p. 17 ⅕En décrivant ce qu’il appelle ma méthode réelle avec tant de justesse et, pour autant qu’entre en ligne de compte l’application que j’en ai faite personnellement, avec tant de bienveillance, qu’est-ce donc que l’auteur a décrit, si ce n’est la méthode dialectique ? […]
Ik kan de weledele schrijver van dit artikel niet beter beantwoorden dan met enkele citaten uit zijn eigen kritiek, die bovendien mijn lezers […] zouden kunnen interesseren.
[…] vervolgt de weledele schrijver:
Voor Marx is slechts één zaak van belang: de wet te vinden van de verschijnselen, die het onderwerp van zijn onderzoek vormen. En voor hem is niet slechts van belang de wet, die die verschijnselen beheerst voor zover zij een voltooide vorm bezitten en onderling tot elkaar in een bepaald verband staan, zoals in een gegeven periode kan worden waargenomen. Voor hem is in de allereerste plaats van belang de wet van de verandering van die verschijnselen, van hun ontwikkeling, dat wil zeggen van de overgang van de ene vorm in de andere, van de ene ordening van hun verband in de andere. Heeft hij eenmaal deze wet ontdekt, dan onderzoekt hij tot in de bijzonderheden de gevolgen, waarin deze wet zich in het maatschappelijk leven uit… Dientengevolge geeft Marx zich slechts moeite voor een enkele zaak: door een nauwkeurig wetenschappelijk onderzoek de noodzakelijkheid aantonen van bepaalde ordeningen van maatschappelijke verhoudingen en zo juist mogelijk de feiten te constateren, die hem dienen als uitgangspunt en als steunpunt. Hiervoor is het geheel en al voldoende wanneer hij met de noodzakelijkheid van de huidige ordening tegelijkertijd de noodzakelijkheid van een andere ordening aantoont, waarin de eerste onvermijdelijk moet overgaan, onverschillig of de mensen dit al dan niet geloven, zich hiervan al dan niet bewust zijn. Marx ziet de maatschappelijke beweging als een natuurhistorisch proces, beheerst door wetten die onafhankelijk zijn van de wil, van het bewustzijn en van het voornemen van de mensen, maar die eerder omgekeerd hun wil, hun bewustzijn en hun voornemens bepalen… Wanneer het bewuste element in de cultuurgeschiedenis zulk een ondergeschikte rol speelt, dan spreekt het vanzelf dat de kritiek, die de cultuur zelve tot thema heeft, minder dan iets anders een bepaalde vorm of een bepaald resultaat van het bewustzijn tot grondslag kan hebben. Dat wil zeggen dat niet de idee, maar slechts het uiterlijke verschijnsel haar tot uitgangspunt kan dienen. De kritiek zal zich beperken tot de vergelijking en de confrontatie van een feit niet met de idee, maar het andere feit. Voor haar is slechts van belang dat beide feiten zo nauwkeurig mogelijk worden onderzocht en, vergeleken met elkaar, werkelijk verschillende momenten van ontwikkeling vormen; van het grootste belang is echter dat de reeks van ordeningen, de opeenvolging en de relatie, waarin de ontwikkelingsstadia verschijnen, op niet minder nauwkeurige wijze worden nagevorst. Maar, zal men zeggen, de algemene wetten van het economisch leven blijven dezelfde, ongeacht of men ze op het heden of op het verleden toepast. Maar dat is nu net wat Marx ontkent. Volgens hem bestaan zulke abstracte wetten niet… Naar zijn mening bezit integendeel iedere historische periode zijn eigen wetten… Zodra het leven een bepaalde ontwikkelingsperiode achter de rug heeft, uit het ene stadium in het andere is overgegaan, zal het ook door andere wetten worden beheerst. Anders gezegd: het economisch leven toont ons een aan de ontwikkelingsgeschiedenis op andere gebieden van de biologie analoog verschijnsel… De oude economen miskenden de aard van de economische wetten toen zij deze vergeleken met de wetten uit de natuurkunde en uit de chemie… Een diepere analyse van de verschijnselen bewees dat sociale organismen zich van elkaar evenzeer onderscheiden als de organismen van planten en dieren… Ja, één en hetzelfde verschijnsel is, ten gevolge van de verschillende samenstelling van zijn organismen, van het verschil in hun afzonderlijke organen, van het verschil in de voorwaarden waaronder zij functioneren, enzovoort, aan totaal verschillende wetten onderworpen. Marx ontkent bijvoorbeeld dat de bevolkingswet voor alle tijden en voor alle plaatsen dezelfde is. Integendeel, hij stelt dat iedere ontwikkelingstrap zijn eigen bevolkingswet heeft… Met de verschillende ontwikkeling van de productiekrachten veranderen de verhoudingen en de wetten, welke die verhoudingen regelen. Terwijl Marx zich tot doel stelt van dit gezichtspunt uit het kapitalistisch economisch stelsel te onderzoeken en te verklaren, formuleert hij slechts op streng wetenschappelijke wijze het doel dat ieder nauwkeurig onderzoek van het economisch leven dient te bezitten… De wetenschappelijke waarde van een dergelijk onderzoek ligt in het aangeven van de bijzondere wetten, waardoor het ontstaan, het bestaan, de ontwikkeling en de dood van een bepaald maatschappelijk organisme wordt beheerst en die de vervanging van dit organisme door een ander, hoger ontwikkeld organisme regelen. En deze waarde bezit het boek van Marx inderdaad.
Terwijl de weledele schrijver hetgeen hij mijn werkelijke methode noemt op zulk een treffende, en voor zover mijn eigen toepassing er van in aanmerking komt, op zulk een welwillende wijze beschrijft, wat anders heeft hij beschreven dan de dialectische methode?
I cannot answer the writer better than by aid of a few extracts from his own criticism, which may interest some of my readers […]
[…] the writer goes on:
The one thing which is of moment to Marx, is to find the law of the phenomena with whose investigation he is concerned; and not only is that law of moment to him, which governs these phenomena, in so far as they have a definite form and mutual connexion within a given historical period. Of still greater moment to him is the law of their variation, of their development, i.e., of their transition from one form into another, from one series of connexions into a different one. This law once discovered, he investigates in detail the effects in which it manifests itself in social life. Consequently, Marx only troubles himself about one thing: to show, by rigid scientific investigation, the necessity of successive determinate orders of social conditions, and to establish, as impartially as possible, the facts that serve him for fundamental starting-points. For this it is quite enough, if he proves, at the same time, both the necessity of the present order of things, and the necessity of another order into which the first must inevitably pass over; and this all the same, whether men believe or do not believe it, whether they are conscious or unconscious of it. Marx treats the social movement as a process of natural history, governed by laws not only independent of human will, consciousness and intelligence, but rather, on the contrary, determining that will, consciousness and intelligence. … If in the history of civilisation the conscious element plays a part so subordinate, then it is self-evident that a critical inquiry whose subject-matter is civilisation, can, less than anything else, have for its basis any form of, or any result of, consciousness. That is to say, that not the idea, but the material phenomenon alone can serve as its starting-point. Such an inquiry will confine itself to the confrontation and the comparison of a fact, not with ideas, but with another fact. For this inquiry, the one thing of moment is, that both facts be investigated as accurately as possible, and that they actually form, each with respect to the other, different momenta of an evolution; but most important of all is the rigid analysis of the series of successions, of the sequences and concatenations in which the different stages of such an evolution present themselves. But it will be said, the general laws of economic life are one and the same, no matter whether they are applied to the present or the past. This Marx directly denies. According to him, such abstract laws do not exist. On the contrary, in his opinion every historical period has laws of its own. … As soon as society has outlived a given period of development, and is passing over from one given stage to another, it begins to be subject also to other laws. In a word, economic life offers us a phenomenon analogous to the history of evolution in other branches of biology. The old economists misunderstood the nature of economic laws when they likened them to the laws of physics and chemistry. A more thorough analysis of phenomena shows that social organisms differ among themselves as fundamentally as plants or animals. Nay, one and the same phenomenon falls under quite different laws in consequence of the different structure of those organisms as a whole, of the variations of their individual organs, of the different conditions in which those organs function, &c. Marx, e.g., denies that the law of population is the same at all times and in all places. He asserts, on the contrary, that every stage of development has its own law of population. … With the varying degree of development of productive power, social conditions and the laws governing them vary too. Whilst Marx sets himself the task of following and explaining from this point of view the economic system established by the sway of capital, he is only formulating, in a strictly scientific manner, the aim that every accurate investigation into economic life must have. The scientific value of such an inquiry lies in the disclosing of the special laws that regulate the origin, existence, development, death of a given social organism and its replacement by another and higher one. And it is this value that, in point of fact, Marx’s book has.
Whilst the writer pictures what he takes to be actually my method, in this striking and [as far as concerns my own application of it] generous way, what else is he picturing but the dialectic method?
« Mais, dira-t-on, les lois générales de la vie économique sont unes et toujours les mêmes ; […] C’est précisément ce que Marx conteste. Selon lui de telles lois abstraites n’existent pas… » C’est à rapprocher de ce que Marx rétorque à Mikhaïlovski : qu’on ne fait pas de l’histoire avec une théorie philosophique. C’est à rapprocher aussi de ce que Lénine dit de « l’analyse concrète d’une situation concrète ».
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Le Capital, Livre I, Postface de la deuxième édition allemande Marx situe alors sa méthode dialectique par rapport à la dialectique chez Hegel.
p. 27Meine dialektische Methode ist der Grundlage nach von der Hegelschen nicht nur verschieden, sondern ihr direktes Gegenteil. Für Hegel ist der Denkprozeß, den er sogar unter dem Namen Idee in ein selbständiges Subjekt verwandelt, der Demiurg des wirklichen, das nur seine äußere Erscheinung bildet. Bei mir ist umgekehrt das Ideelle nichts andres als das im Menschenkopf umgesetzte und übersetzte Materielle.
Die mystifizierende Seite der Hegelschen Dialektik habe ich vor beinah 30 Jahren, zu einer Zeit kritisiert, wo sie noch Tagesmode war. […] Die Mystifikation, welche die Dialektik in Hegels Händen erleidet, verhindert in keiner Weise, daß er ihre allgemeinen Bewegungsformen zuerst in umfassender und bewußter Weise dargestellt hat. Sie steht bei ihm auf dem Kopf. Man muß sie umstülpen, um den rationellen Kern in der mystischen Hülle zu entdecken.
In ihrer mystifizierten Form ward die Dialektik deutsche Mode, weil sie das Bestehende zu verklären schien. In ihrer rationellen Gestalt ist sie p. 28dem Bürgertum und seinen doktrinären Wortführern ein Ärgernis und ein Greuel, weil sie in dem positiven Verständnis des Bestehenden zugleich auch das Verständnis seiner Negation, seines notwendigen Untergangs einschließt, jede gewordne Form im Flusse der Bewegung, also auch nach ihrer vergänglichen Seite auffaßt, sich durch nichts imponieren läßt, ihrem Wesen nach kritisch und revolutionär ist.
p. 17 ½Dans son fondement, ma méthode dialectique n’est pas seulement différente de celle de Hegel, elle est son contraire direct. Pour Hegel, le procès de la pensée, dont il va jusqu’à faire sous le nom d’Idée, un sujet autonome, est le démiurge du réel, qui n’en constitue que la manifestation extérieure. Chez moi, à l’inverse, l’idéel n’est rien d’autre que le matériel3 transposé4 et traduit dans la tête de l’homme.
J’ai critiqué le côté mystificateur de la dialectique hégélienne il y a près de trente ans, à une époque où elle était encore à la mode. […] La mystification que la dialectique subit entre les mains de Hegel n’empêche aucunement qu’il ait été le premier à en exposer les formes générales de mouvement de façon globale et consciente. Chez lui, elle est sur la tête. p. 18Il faut la retourner pour découvrir le noyau rationnel sous l’enveloppe mystique.
Dans sa forme mystifiée, la dialectique devint une mode allemande, parce qu’elle semblait glorifier l’état de choses existant. Dans sa configuration rationnelle, elle est un scandale et une abomination pour les bourgeois et leurs porte-parole doctrinaires, parce que dans l’intelligence positive de l’état de choses existant elle inclut du même coup l’intelligence de sa négation, de sa destruction nécessaire, parce qu’elle saisit toute forme faite dans le flux du mouvement et donc aussi sous son aspect périssable, parce que rien ne peut lui en imposer, parce qu’elle est, dans son essence, critique et révolutionnaire.
Mijn dialectische methode is in wezen niet slechts verschillend van de Hegeliaanse, maar staat er lijnrecht mee in tegenstelling. Voor Hegel is het denkproces, dat hij onder de naam van Idee zelfs tot een zelfstandig subject herleidt, de schepper van het werkelijke, welke slechts het uiterlijke verschijnsel van dit proces vormt. Daarentegen is bij mij het ideële niets anders dan het in het menselijke brein getransponeerde en vertaalde materiële.
Op het mystificerende element van de Hegeliaanse dialectiek heb ik reeds dertig jaar geleden, in een periode toen deze nog volop in de mode was, kritiek geoefend. […] De mystificatie, waaronder de dialectiek bij Hegel te lijden heeft, neemt geenszins weg dat hij de eerste was die volledig en bewust haar algemene bewegingsvormen uiteenzette. Zij staat bij hem op de kop. Men moet haar ondersteboven keren om in het mystieke hulsel de rationele kern te vinden.
In haar mystieke vorm werd de dialectiek een Duitse mode, omdat zij het bestaande scheen te verheerlijken. In haar rationele gedaante is de dialectiek voor de burgerij en voor haar doctrinaire woordvoerders een ergernis en een gruwel, omdat zij met het positieve begrip van het bestaande tegelijk ook het begrip van de negatie, van de noodzakelijke ondergang ervan omvat, iedere ontstane vorm beschouwt in het verloop van zijn ontwikkeling, dus ook naar het wezen van zijn vergankelijkheid, zich door niets laat overbluffen en naar haar aard kritisch en revolutionair is.
My dialectic method is not only different from the Hegelian, but is its direct opposite. To Hegel, the life process of the human brain, i.e., the process of thinking, which, under the name of “the Idea,” he even transforms into an independent subject, is the demiurgos of the real world, and the real world is only the external, phenomenal form of “the Idea.” With me, on the contrary, the ideal is nothing else than the material world reflected by the human mind, and translated into forms of thought.
The mystifying side of Hegelian dialectic I criticised nearly thirty years ago, at a time when it was still the fashion. […] The mystification which dialectic suffers in Hegel’s hands, by no means prevents him from being the first to present its general form of working in a comprehensive and conscious manner. With him it is standing on its head. It must be turned right side up again, if you would discover the rational kernel within the mystical shell.
In its mystified form, dialectic became the fashion in Germany, because it seemed to transfigure and to glorify the existing state of things. In its rational form it is a scandal and abomination to bourgeoisdom and its doctrinaire professors, because it includes in its comprehension and affirmative recognition of the existing state of things, at the same time also, the recognition of the negation of that state, of its inevitable breaking up ; because it regards every historically developed social form as in fluid movement, and therefore takes into account its transient nature not less than its momentary existence ; because it lets nothing impose upon it, and is in its essence critical and revolutionary.
Il joue un peu sur les mots pour accuser la symétrie inverse entre Hegel et lui-même. L’Idée qui, chez Hegel, « est le démiurge du réel », et chez lui sa transposition, n’est pas la même idée. En d’autre termes, en même temps que s’inverse le rapport entre idée et réel, le contenu du mot idée a changé aussi. Chez Hegel, l’Idée est « un sujet autonome » ; chez Marx, il s’agit des idées que les hommes ont de la réalité qui les entoure, idées qu’ils tirent de cette réalité.
Le Capital, Livre I, Postface de la deuxième édition allemande À la fin du deuxième des trois alinéas cités ci-dessus, on trouve dans certaines éditions la phrase : « Chez lui [Hegel] elle [la dialectique] marche sur la tête ; il suffit de la remettre sur les pieds pour lui trouver la physionomie tout à fait raisonnable. » C’est une fantaisie de la traduction Roy. Ce défaut est corrigé dans la traduction de 1983 de la version 4.
On voit en allemand ci-dessus ou dans une traduction plus littérale que la phrase sur le retournement fait écho à la « mystification » de la phrase qui précède et à la « forme mystifiée » de la phrase qui suit. Cet écho est perdu avec « la physionomie tout à fait raisonnable » de la traduction Roy. Ce n’est qu’en découvrant une traduction autre que celle de Roy que j’ai pu découvrir qu’Engels reprend littéralement la formulation de Marx lorsqu’il parle de « dégager de cette enveloppe mystique » dans la préface de la deuxième édition de l’Anti-Dühring, p. 41. Ce n’est qu’alors aussi que j’ai vu que c’est à la même phrase de Marx que Staline se réfère au tout début de Matérialisme dialectique et matérialisme historique en parlant de « noyau rationnel ». (En fait Marx utilisait déjà le même vocabulaire dans une lettre de 1858, quinze ans avant.)
Pas innocente non plus l’expression « il suffit de… ». La question du retournement est des plus difficiles5. (Je suis plutôt d’avis qu’elle n’a jamais été résolue, ni par Marx, ni par ses commentateurs.) Cette phrase en il-n’y-a-qu’à désinvolte a pu contribuer à l’illusion que ce serait chose simple. Autre chose est de dire « Man muß… », « Il faut… »
On trouve déjà chez Feuerbach une idée de retournement de l’idéalisme de Hegel : « Nous n’avons qu’à faire du prédicat le sujet, et de ce sujet l’objet et le principe, nous n’avons donc qu’à renverser la philosophie spéculative pour avoir la vérité dévoilée, la vérité toute nue. » (Cité par Isabelle Garo dans Marx, une critique de la philosophie, p. 34-35.)
(De ma lecture de la dialectique chez Marx et Engels, j’ai fait une tentative de synthèse.)