Dominique Meeùs
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Capital I, chap. 21, Reproduction simple, 1983:635 Quelle que soit la forme sociale du procès de production, il doit être continu ou reparcourir périodiquement les mêmes phases. Une société ne peut pas plus cesser de produire qu’elle ne peut cesser de consommer. Considéré dans son contexte permanent et dans le cours incessant de son renouvellement, tout procès de production social est donc en même temps procès de reproduction.
Les conditions de la production sont en même temps les conditions de la reproduction. Aucune société ne peut produire continuellement, c’est-à-dire reproduire sans retransformer continuellement une partie de ses produits en moyens de production ou en éléments de la nouvelle production. Si tous les facteurs restent par ailleurs les mêmes, elle ne peut reproduire ou conserver sa richesse à la même échelle qu’en remplaçant in natura les moyens de production, c’est-à-dire les moyens de travail, matériaux bruts et matières auxiliaires consommés pendant une année, par exemple, par un quantum égal de nouveaux exemplaires retirés de la masse annuelle des produits et réincorporés au procès de production. Il y a donc un quantum déterminé du produit annuel qui appartient à la production. Destiné dès le départ à la consommation productive, ce quantum existe en grande partie sous des formes naturelles qui excluent d’elles-mêmes la consommation individuelle.
Si la production a une forme capitaliste, la reproduction l’a aussi. De même que dans le mode de production capitaliste le procès de travail n’apparaît que comme un moyen du procès de valorisation, la reproduction n’apparaît que comme un moyen de reproduire comme capital la valeur avancée, c’est-à-dire comme valeur qui se valorise.
Considération introductive très importante. Le plus souvent, les sociétés ont dégagé un surplus, sinon nous n’en serions pas où nous en sommes aujourd’hui. Mais même si on s’en tient à une reproduction simple, « on ne peut pas tout manger », « il faut mettre de côté » et on produit d’ailleurs des choses qui ne sont pas « mangeables » il faut au moins reproduire à l'identique les moyens de production.
Capital I, chap. 21, Reproduction simple, 1983:637 Il met en garde contre les illusions engendrées par la considération du dialogue singulier entre capitaliste et ouvrier.
L’illusion engendrée par la forme-argent se dissipe aussitôt qu’à la place du capitaliste individuel et de l’ouvrier individuel on considère la classe capitaliste et la classe ouvrière. La classe capitaliste donne constamment à la classe ouvrière, sous la forme-argent, des assignations sur une partie du produit que cette dernière a produit et que la première s’est approprié. Assignations que l’ouvrier restitue tout aussi constamment à la classe capitaliste, lui retirant ce faisant la partie de son propre produit qui lui échoit à lui. La forme-marchandise du produit et la forme-argent de la marchandise déguisent toute cette transaction.
« Mais il faut bien pourtant que ce procès ait commencé quelque part… », p. 638. Le capital initial est généralement acquis par des moyens violents et immoraux, mais quand bien même il serait honnêtement acquis par le travail, il est converti en moyens de production ou en biens de subsistance des travailleurs et reconstitué dans le processus d’exploitation de la force de travail en nouveau capital, transformé de capital initial (qui disparaît entièrement) en capital capitaliste.
La théorie de la reproduction sociale de Marx (D.M.)Wir sahen im vierten Kapitel: Um Geld in Kapital zu ver wandeln, genügte nicht das Vorhandensein von Werthproduktion und Waarencirculation. Es mussten erst, hier Besitzer von Werth oder Geld, dort Besitzer der werthschaffenden Substanz; hier Besitzer von Produktions- und Lebensmitteln, dort Besitzer von nichts als Arbeitskraft, einander als Käufer und Verkäufer gegenübertreten. Scheidung zwischen dem Arbeitsprodukt und der Arbeit selbst, zwischen den objektiven Arbeitsbedingungen und der subjektiven Arbeitskraft, war also die thatsächlich gegebne Grundlage, der Ausgangspunkt des kapitalistischen Produktdonsprocesses.
Was aber Anfangs nur Ausgangspunkt war, wird vermittelst der blossen Kontinuität des Processes, der einfachen Reproduktion, stets aufs Neue producirt und verewigt […]. Einerseits verwandelt der Produktionsprocess fortwährend den stofflichen Reichthum in Kapital, in Verwerthungs- und Genussmittel für den Kapitalisten. Andrerseits kommt der Arbeiter beständig aus dem Process heraus, wie er in ihn eintrat — persönliche Quelle des Reichthums, aber entblösst von allen Mitteln, diesen Reichthum für sich zu verwirklichen. […] Da der Produktionsprocess zugleich der Konsumtionsprocess der Arbeitskraft durch den Kapitalisten, verwandelt sich das Produkt des Arbeiters nicht nur fortwährend in Waare […]. Der Arbeiter selbst producirt daher beständig den objektiven Reichthum als Kapital, ihm fremde, ihn beherrschende und ausbeutende Macht, und der Kapitalist producirt ebenso beständig die Arbeitskraft als subjektive, von ihren eignen Vergegenständlichungs- und Verwirklichungsmitteln getrennte, abstrakte, in der blossen Leiblichkeit des Arbeiters existirende Reichthumsquelle, kurz den Arbeiter als Lohnarbeiter. Diese beständige Reproduktion oder Verewigung des Arbeiters ist das sine qua non der kapitalistischen Produktion.
Die Konsumtion des Arbeiters ist doppelter Art. In der Produktion selbst konsumiert er durch seine Arbeit Produktionsmittel und verwandelt sie in Produkte von höherem Wert als dem des vorgeschoßnen Kapitals. Dies ist seine produktive Konsumtion. Sie ist gleichzeitig Konsumtion seiner Arbeitskraft durch den Kapitalisten, der sie gekauft hat. Andrerseits verwendet der Arbeiter das für den Kauf der Arbeitskraft gezahlte Geld in Lebensmittel: dies ist seine individuelle Konsumtion. Die produktive und die individuelle Konsumtion des Arbeiters sind also total verschieden. In der ersten handelt er als bewegende Kraft des Kapitals und gehört dem Kapitalisten; in der zweiten gehört er sich selbst und verrichtet Lebensfunktionell außerhalb des Produktionsprozesses. Das Resultat der einen ist das Leben des Kapitalisten, das der andern ist das Leben des Arbeiters selbst.
[…]
Anders sieht die Sache aus, sobald wir nicht den einzelnen Kapitalisten und den einzelnen Arbeiter betrachten, sondern die Kapitalistenklasse und die Arbeiterklasse, nicht den vereinzelten Produktionsprozeß der Ware, sondern den kapitalistischen Produktionsprozeß in seinem Fluß und in seinem gesellschaftlichen Umfang. - Wenn der Kapitalist einen Teil seines Kapitals in Arbeitskraft umsetzt, verwertet er damit sein Gesamtkapital. Er schlägt zwei Fliegen mit einer Klappe. Er profitiert nicht nur von dem, was er vom Arbeiter empfängt, sondern auch von dem, was er ihm gibt. Das im Austausch gegen Arbeitskraft veräußerte Kapital wird in Lebensmittel verwandelt, deren Konsumtion dazu dient, Muskel, Nerven, Knochen, Hirn vorhandner Arbeiter zu reproduzieren und neue Arbeiter zu zeugen. Innerhalb der Grenzen des absolut Notwendigen ist daher die individuelle Konsumtion der Arbeiterklasse Rückverwandlung der vom Kapital gegen Arbeitskraft veräußerten Lebensmittel in vom Kapital neu exploitierbare Arbeitskraft. Sie ist Produktion und Reproduktion des dem Kapitalisten unentbehrlichsten Prodüktionsmittels, des Arbeiters selbst. Die individuelle Konsumtion des Arbeiters bleibt also ein Moment der Produktion und Reproduktion des Kapitals, ob sie innerhalb oder außerhalb der Werkstatt, Fabrik usw., innerhalb oder außerhalb des Arbeitsprozesses vorgeht, ganz wie die Reinigung der Maschine, ob sie während des Arbeitsprozesses oder bestimmter Pausen desselben geschieht. Es tut nichts zur Sache, daß der Arbeiter seine individuelle Konsumtion sich selbst und nicht dem Kapitalisten zulieb vollzieht. So bleibt der Konsum des Lastviehs nicht minder ein notwendiges Moment des Produktionsprozesses, weil das Vieh selbst genießt, was es frißt. Die beständige Erhaltung und Reproduktion der Arbeiterklasse bleibt beständige Bedingung für die Reproduktion des Kapitals. Der Kapitalist kann ihre Erfüllung getrost dem Selbsterhaltungs- und Fortpflanzungstrieb der Arbeiter überlassen. […]
Nous avons vu au chapitre quatre que pour transformer de l’argent en capital, il ne suffisait pas qu’il y ait production de marchandises et circulation de marchandises. Il fallait d’abord quelqu’un qui possède de la valeur ou de l’argent, et quelqu’un qui possède de la substance créatrice de valeur ; un possesseur de moyens de subsistances et de moyens de production, et un possesseur de force de travail (et de rien d’autre) ; et il fallait qu’ils se trouvent l’un en face de l’autre, l’un en tant qu’acheteur, l’autre en tant que vendeur. C’est la séparation entre le produit du travail et le travail lui-même, entre les conditions objectives du travail et la force de travail subjective, qui était donc la base effective, le point de départ du procès de production capitaliste.
Capital I, chap. 21, Reproduction simple, 1983:640 Mais ce qui n’était au début que le point de départ est constamment produit de nouveau par la seule entremise de la continuité du procès, de la reproduction simple, et pérennisé […]. D’un côté, le procès de production ne cesse de transformer la richesse matérielle en capital, en moyens de valorisation et de jouissance pour le capitaliste. D’un autre côté, l’ouvrier ressort en permanence du procès comme il y était entré : source personnelle de richesse, mais dépouillé de tous les moyens de réaliser cette richesse pour lui-même. […] comme le procès de production est en même temps le procès de consommation de la force de travail par le capitaliste, le produit de l’ouvrier ne se transforme pas seulement continuellement en marchandise, mais en capital […]. L’ouvrier lui-même ne cesse de produire la richesse objective comme capital, comme puissance qui lui est étrangère, qui le domine et qui l’exploite, tandis que le capitaliste ne cesse pas davantage de produire la force de travail comme source de richesse subjective, abstraite, séparée de ses propres moyens d’objectivation et de réalisation, n’existant que dans la corporéité de l’ouvrier, en un mot, de produire l’ouvrier en tant qu’ouvrier salarié. Cette reproduction ou perpétuation constante de l’ouvrier est la condition sine qua non de la production capitaliste. [C’est moi qui souligne en rouge. D.M.]
Capital I, chap. 21, Reproduction simple, 1983:641 La consommation de l’ouvrier est de deux sortes. Dans la production proprement dite, il consomme par son travail des moyens de production et les transforme en produits d’une valeur supérieure à celle du capital avancé. C’est sa consommation productive. Celle-ci est simultanément consommation de sa force de travail par le capitaliste qui l’a achetée. D’un autre côté, l’ouvrier emploie en moyens de subsistance l’argent payé pour l’achat de la force de travail : c’est sa consommation individuelle. La consommation productive et la consommation individuelle de l’ouvrier sont donc totalement différentes. Dans la première, il agit comme force motrice du capital et appartient au capitaliste ; dans la seconde, il s’appartient à lui-même et accomplit des fonctions vitales du procès de production. Le résultat de l’une est la vie du capitaliste, celui de l’autre, la vie de l’ouvrier lui-même.
[…]
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L’affaire change d’aspect dès lors que nous considérons non plus le capitaliste individuel et l’ouvrier individuel, mais la classe capitaliste et la classe ouvrière, non plus le procès de production de la marchandise pris individuellement, mais le procès de production capitaliste dans son déroulement et dans son extension sociale. En convertissant une partie de son capital en force de travail, le capitaliste valorise son capital global. Il fait d’une pierre deux coups. Il ne profite pas seulement de ce qu’il reçoit de l’ ouvrier, mais aussi de ce qu’il lui donne. Le capital aliéné dans l’ échange contre de la force de travail est transformé en moyens de subsistance dont la consommation sert à reproduire les muscles, les nerfs, les os, le cerveau des ouvriers qu’il a déj à et à engendrer de nouveaux ouvriers. A l’intérieur même des limites de ce qui est absolument nécessaire, la consommation individuelle de la classe ouvrière est donc la retransformation des moyens de subsistance que le capital a aliénés contre de la force de travail, en une force de travail que le capital peut réexploiter. Elle est production et reproduction du moyen de production le plus indispensable au capitaliste, l’ouvrier lui-même. La consommation individuelle de l’ouvrier demeure donc un moment de la production et de la reproduction du capital, que cette consommation ait lieu à l’intérieur ou en dehors de l’atelier, de la fabrique, etc., à l’intérieur ou en dehors du procès de travail, tout comme le nettoyage de la machine peut se faire pendant le procès de travail ou à certains moments déterminés pendant lesquels il s’interrompt. Peu importe que l’ouvrier accomplisse sa consommation individuelle pour lui-même et non pour les beaux yeux du capitaliste. Les bêtes de somme aiment bien ce qu’elles mangent, mais leur consommation n’en demeure pas moins un élément nécessaire du procès de production. La conservation et la reproduction constante de la classe ouvrière demeurent une condition constante de la reproduction du capital. Le capitaliste n’a pas de souci à se faire : il peut faire confiance à l’instinct de conservation et à l’instinct sexuel des ouvriers. […]
Il fait référence à cet examen de la reproduction de la force de travail dans la reproduction du capital au chapitre 10 du Livre II.