Dominique Meeùs
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Table of contents
P. 384 et suivantes.
Mots-clefs : ❦ machinerie ❦ Adam Smith ❦ division du travail ❦ économie politique classique ❦ grande industrie, début de la — ❦ Lauderdale ❦ machines, invention des —
p. 392 ¼En gros, cependant, la machinerie joue [dans la période manufacturière] ce rôle secondaire que lui assigne Adam Smith, à côté de la division du travail44.
[44]
Mots-clefs : ❦ formation, dans la valeur de la force de travail
Étant donné que les différentes fonctions du travailleur global sont plus ou moins complexes, plus ou moins rudimentaires, ses organes, les forces de travail individuelles, requièrent des degrés de formation très différents et possèdent de ce fait des valeurs très différentes. La manufacture développe ainsi une hiérarchie des forces de travail à laquelle correspond une échelle des salaires. Si, d’une part, le travailleur individuel est approprié et annexé à vie à une fonction unilatérale, les différents travaux sont tout autant adaptés à cette hiérarchie des habiletés naturelles et acquises. Chaque procès de production implique néanmoins un certain nombre de gestes simples dont tout homme est aussi capable que de marcher ou de se tenir debout. Désormais, même ces gestes sont détachés de leur liaison fluide et courante avec les moments d’activité plus substantielle et figés en des fonctions exclusives.
Ainsi, la manufacture produit, dans chaque métier dont elle se saisit, une classe d’ouvriers dits non qualifiés qui étaient rigoureusement exclus de l’industrie artisanale des métiers. En transformant en virtuosité une spécialisation totalement unilatéralisée aux dépens de l’ensemble de la puissance de travail, elle commence à faire une spécialité du manque même de tout développement. À côté de la classification hiérarchique apparaît la distinction simple des travailleurs en deux catégories : qualifiés et non qualifiés. Pour ces derniers, les frais d’apprentissage sont totalement supprimés, pour les premiers, ils diminuent par rapport à ceux de l’artisan, par suite de la simplification de la fonction. Dans les deux cas, la valeur de la force de travail baisse.
P. 395 et suivantes.
Mots-clefs : ❦ loi de la valeur ❦ concurrence ❦ Darwin ❦ Hobbes ❦ bellum omnium contra omnes
Dans la manufacture, c’est la loi d’airain du nombre proportionnel ou de la proportionnalité qui subsume des masses déterminées de travailleurs sous des fonctions déterminées, au lieu de quoi, dans la société, c’est le hasard et l’arbitraire qui mènent leur jeu bariolé dans la répartition des producteurs de marchandises et de leurs moyens de production entre les différentes branches sociales du travail. Les différentes sphères de production cherchent certes constamment à parvenir à l’équilibre, dans la mesure où, d’une part, chaque producteur de marchandise doit produire une valeur d’usage, donc satisfaire un besoin social particulier, mais où par ailleurs l’ampleur de ces besoins est quantitativement différente et où un lien interne relie ces masses de besoins divers en un système naturel ; et, d’autre part, dans la mesure où la loi de la valeur des marchandises détermine combien la société peut dépenser de l’ensemble de son temps de travail disponible à la production de chaque type particulier de marchandises. Mais cette tendance constante des différentes sphères de production à rechercher cet équilibre ne se met en œuvre que comme réaction à l’abolition permanente de cet équilibre. Cette règle qui est respectée a priori et de façon planifiée dans la division du travail au sein de l’atelier, ne fonctionne, dans la division du travail au sein de la société, qu’a posteriori, comme une nécessité naturelle interne, muette, qui se perçoit aux changements barométriques des prix de marché, et submerge l’arbitraire sans règle des producteurs de marchandises.
[…]
[…] wie auch im Tierreich das bellum omnium contra omnes die Existenzbedingungen aller Arten mehr oder minder erhält.
p. 401 ⅛[…] la division sociale du travail met face à face des producteurs de marchandises indépendants, qui ne reconnaissent d’autre autorité que celle de la concurrence, de la contrainte que la pression de leurs intérêts réciproques exerce sur eux, de la même manière que dans le monde animal la « guerre de tous contre tous » maintient plus ou moins en vie les conditions d’existence de toutes les espèces.
Il y a sur la concurrence une référence implicite à Darwin, tout en utilisant la phrase connue de Hobbes, « bellum omnium contra omnes » dans le De cive, 1642 ou « … such warre, as is of every man, against every man », dans le Leviathan, 1651. La comparaison de Marx me semble boiteuse dans la mesure ou dans le règne animal la concurrence gouverne la sélection des espèces et pas leur environnement. (Ou bien Marx veut dire tout autre chose que je ne comprends pas.) La traduction française ajoute sans aucune nécessité les mots « en vie » qui ne font qu’augmenter la confusion. En supprimant les mots « en vie », on aurait une traduction littérale.