Dominique Meeùs
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Capital, Livre I, chapitre 10 —Le concept de plus-value relative
Pour la obtenir la valeur nouvelle créée dans une journée de travail, le capitaliste a dû avancer du capital constant pour acheter la force de travail. La plus-value est ce qui reste de valeur nouvelle créé après déduction du capital constant dépensé. La plus-value augmente évidemment si, à valeur égale de force de travail, on augmente la durée de la journée de travail. Cette plus-value augmentée par l’allongement de la journée de travail, c’est ce que Marx appelle la plus-value absolue. Si la valeur de la force de travail avait diminué, la partie de la valeur de journée de travail qui compense le capital constant diminue et le reste, la plus-value, augmente donc, sans allonger la journée. Cette plus-value augmentée par le changement de la proportion de capital variable, c’est ce que Marx appelle la plus-value relative.
1)
Begriff des relativen Mehrwerths
[…]
Durch Verlängerung des Arbeitstags producirten Mehrwerth nenne ich absoluten Mehrwerth ; den Mehrwerth dagegen, der aus Verkürzung der nothwendigen Arbeitszeit und entsprechender Veränderung im Grössenverhältniss der beiden Bestandtheile des Arbeitstags entspringt, — relativen Mehrwerth.
Chapitre XII
La plus-value relative
[…]
Je nomme plus-value absolue la plus-value produite par la simple prolongation de la journée de travail, et plus-value relative la plus-value qui provient au contraire de l’abréviation du temps de travail nécessaire et du changement correspondant dans la grandeur relative des deux parties dont se compose la journée.
Chapitre X
Le Concept de survaleur relative
[…]
J’appelle survaleur absolue la survaleur produite par allongement de la journée de travail ; et survaleur relative, par contre, la survaleur issue du raccourcissement du temps de travail nécessaire et d’un changement corrélatif dans le rapport quantitatif des deux composantes de la journée de travail.
Hoofdstuk 10
Het begrip relatieve meerwaarde
[…]
De door de verlenging van de arbeidsdag geproduceerde meerwaarde noem ik de absolute meerwaarde; de meerwaarde, daarentegen, die voortvloeit uit de verkorting van de noodzakelijke arbeidstijd en de daarmee gepaard gaande wijziging in de kwantitatieve verhouding van de beide bestanddelen van de arbeidsdag, noem ik de relatieve meerwaarde.
Chapter XII
The concept of relative surplus-value
[…]
The surplus-value produced by prolongation of the working day, I call absolute surplus-value. On the other hand, the surplus-value arising from the curtailment of the necessary labour-time, and from the corresponding alteration in the respective lengths of the two components of the working day, I call relative surplus-value.
⁂
Capital, Livre I, chapitre 10, Le concept de plus-value relative
L’augmentation relative de plus-value dépend peu de ce que fait le capitaliste individuel. Elle vient de la baisse de la valeur de la force de travail, donc de la baisse de la valeur des biens de subsistance des vendeurs de la force de travail, de la hausse de productivité dans les secteurs qui les produisent (et donc dans les secteurs qui produisent les équipements pour les secteurs qui…). L’augmentation relative de plus-value est donc un effet d’ensemble, dont les capitalistes bénéficient tous, collectivement. Un capitaliste individuel, même du secteur des biens de subsistance, ne peut rien y faire. Son influence sur la valeur d’ensemble est négligeable. Il n’a donc aucune propension à améliorer sa productivité en vue d’obtenir de la plus-value relative. Son augmentation de productivité aurait une influence insensible sur la valeur de la force de travail.
Un capitaliste individuel a cependant bien intérêt à augmenter sa productivité : tant qu’il est le seul (ou qu’ils sont en petite minorité, s’ils sont plus d’un), il produit en un temps plus court que le temps socialement nécessaire déterminant la valeur, mais comme il n’affecte que marginalement (autant dire pas du tout) ce temps socialement nécessaire, donc la valeur de la marchandise, il obtient sur la journée, en produisant plus de ces marchandises, plus de valeur (nominalement inchangée) que les autres. C’est une forme de surplus que Marx appelle plus-value extra.
Der wirkliche Werth einer Waare ist aber nicht durch ihren individuellen, sondern durch ihren gesellschaftlichen Werth bestimmt, d, h. nicht durch die Arbeitszeit, die sie im einzelnen Fall dem Produzenten thatsächlich kostet, sondern durch die gesellschaftlich zu ihrer Produktion erheischte Arheitszeit. Verkauft also der Kapitalist, der die nene Methode anwendet, seine Waare zu Ihren gesellschaftlichen Werth […], so verkanft er sie […] über ihrem individnellen Werth und realisirt so einen Extra-Mehrwerth […]. […] Diese Steigerung des Mehrwerths findet für ihn statt, ob oder ob nicht seine Waare dem Umkreis der nothwendigen Lebensmittel angehört und daher bestimmend in den allgemeinen Werth der Arbeitskraft eingeht. Vom letztren Umstand abgesehn, existirt also für jeden einzelnen Kapitalisten das Motiv die Waare durch erhöhte Produktivkraft der Arbeit zu verwohlfeilern.
Or, valeur d’un article veut dire, non sa valeur individuelle, mais sa valeur sociale, et celle-ci est déterminée par le temps de travail qu’il coûte, non dans un cas particulier, mais en moyenne. Si le capitaliste qui emploie la nouvelle méthode, vend la pièce à sa valeur sociale […], il la vend […] au-dessus de sa valeur individuelle, et réalise ainsi une plus-value extra […]. […] Il attrape ce bénéfice, que sa marchandise appartienne ou non au cercle des moyens de subsistance nécessaires qui déterminent la valeur de la force de travail. On voit donc qu’indépendamment de cette circonstance chaque capitaliste est poussé par son intérêt à augmenter la productivité du travail pour faire baisser le prix des marchandises.
Or la valeur réelle d’une marchandise n’est pas sa valeur individuelle mais sa valeur sociale, ce qui veut dire qu’elle n’est pas mesurée par le temps de travail que la marchandise coûte effectivement au producteur dans un cas particulier, mais par le temps de travail requis socialement pour sa production. Si donc le capitaliste, qui emploie la nouvelle méthode, vend sa marchandise à sa valeur sociale […], il la vend […] au-dessus de sa valeur individuelle et réalise ainsi une survaleur supplémentaire […]. […] Cette augmentation de la survaleur intervient pour lui, que sa marchandise appartienne ou non à la sphère des moyens de subsistance nécessaires, qu’elle entre ainsi ou non de façon déterminante dans la valeur générale de la force de travail. Indépendamment de ce dernier facteur, il existe donc chez le capitaliste pris individuellement une motivation à faire baisser le prix de la marchandise par augmentation de la force productive du travail.
De werkelijke waarde van een waar is echter niet haar individuele, maar haar maatschappelijke waarde; dat wil zeggen deze werkelijke waarde wordt niet gemeten naar de arbeidstijd die zij in ieder afzonderlijk geval de producent in feite kost, maar naar de maatschappelijk voor haar productie vereiste arbeidstijd. Verkoopt de kapitalist, die volgens de nieuwe methode werkt, zijn waar dus tegen de maatschappelijke waarde […], dan verkoopt hij die waar […] boven haar individuele waarde en realiseert hij dus een extra-meerwaarde […]. […] Deze vergroting van de meerwaarde heeft voor hem plaats ongeacht of zijn waar al dan niet tot de noodzakelijke bestaansmiddelen behoort en daardoor medebepalend is voor de algemene waarde van de arbeidskracht. Afgezien van de laatste omstandigheid bestaat dus voor iedere afzonderlijke kapitalist de drijfveer om door opvoering van de arbeidsproductiviteit de waar goedkoper te maken.
The real value of a commodity is, however, not its individual value, but its social value; that is to say, the real value is not measured by the labour-time that the article in each individual case costs the producer, but by the labour-time socially required for its production. If therefore, the capitalist who applies the new method, sells his commodity at its social value […], he sells it […] above its individual value, and thus realises an extra surplus-value […]. […] This augmentation of surplus-value is pocketed by him, whether his commodities belong or not to the class of necessary means of subsistence that participate in determining the general value of labour-power. Hence, independently of this latter circumstance, there is a motive for each individual capitalist to cheapen his commodities, by increasing the productiveness of labour.
(Ci-dessus, c’est moi qui met en évidence les termes Extra-Mehrwerth, plus-value extra, extra-meerwaarde, extra surplus-value.)
Ainsi, aucun capitaliste ne peut par lui-même obtenir une plus-value relative et ne peut donc avoir aucune propension à la rechercher, en tant que plus-value relative. Par contre, chaque capitaliste a une propension à se faire de la plus-value extra par augmentation de productivité. Lorsque le truc est éventé et le nouveau procédé généralisé, le capitaliste qui a introduit le nouveau procédé perd son avantage de plus-value extra ; la valeur du produit concerné diminue ; la valeur de la force de travail diminue (du moins si ce produit en est constitutif directement ou indirectement) ; tous les capitalistes engrangent de ce fait une plus-value relative qu’aucun d’entre eux n’a recherchée comme telle.
Ceci est une considération de Marx de la plus haute importance, mais qu’on peut ne pas apercevoir, perdue qu’elle est dans la discussion de la plus-value relative, au milieu de longues comparaisons en shillings et en pence (mes […] dans les citations ci-dessus). L’expression de Marx est plus-value extra, et toutes les traductions reprennent extra, qui en devient ainsi un concept reconnaissable, même s’il est un peu caché. (Malheureusement la traduction de 1983, avec « survaleur supplémentaire », n’éprouve ici encore aucun respect d’un usage bien établi.)