Dominique Meeùs
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Mots-clefs : ❦ Ricardo ❦ terre, la — n’a pas de valeur ❦ fertilité du sol, produits, valeur
p. 194¼Et, à côté de cela, la terre, c’est-à-dire la nature inorganique, rudis indigestaque mules [cette masse de matière brute et chaotique] dans toute son originalité primitive. La valeur c’est du travail. Un excédent de valeur, la plus-value, ne saurait donc être de la terre. La fertilité absolue du sol fait seulement qu’une certaine quantité de travail donne un certain produit, conditionné par la fertilité naturelle du sol. La différence dans la fertilité du sol a pour effet que les mêmes quantités de travail et de capital, donc la même valeur, s’expriment dans des quantités différentes de produits agricoles ; ces produits ont donc des valeurs individuelles différentes. L’alignement de ces valeurs individuelles sur les valeurs de marché a pour effet que « les avantages d’un sol fertile par rapport à un sol moins fertile… passent du cultivateur ou du consommateur au propriétaire foncier. » (Ricardo, Principles, p. 6.)
Mots-clefs : ❦ terre, la — n’a pas de valeur ❦ productivité du sol ❦ productivité du travail agricole ❦ valeur d’usage, source des —
p. 195⅗Mais comment la terre créerait-elle de la valeur, c’est-à-dire une quantité de travail socialement déterminé, et, qui plus est, la fraction de valeur particulière de ses propres produits qui constitue la rente ? La terre peut exercer l’action d’un agent de la production dans la fabrication d’une valeur d’usage, d’un produit matériel, disons du blé. Mais elle n’a rien à voir avec la production de la valeur du blé. Dans la mesure où le blé représente de la valeur, il est considéré uniquement comme la matérialisation d’une certaine quantité de travail social, peu importe la matière particulière dans laquelle ce travail s’exprime, peu importe la valeur d’usage particulière de cette matière. Cela n’est pas en contradiction avec le fait que : 1o le bon marché ou la cherté du blé, toutes choses égales d’ailleurs, dépendent de la productivité du sol. La productivité du travail agricole est liée à certaines conditions naturelles et selon leur productivité, la même quantité de travail se traduira par plus ou moins de produits, de valeurs d’usage. La quantité de travail que représente un boisseau dépend du nombre de boisseaux que fournit une même quantité de travail. C’est la productivité de la terre qui décide ici par quelles quantités de produit la valeur se p. 196traduira ; mais celle-ci est une donnée indépendante de cette répartition. La valeur se présente dans la valeur d’usage ; et la valeur d’usage est une condition de la création de valeur ; mais il est absurde d’opposer d’un côté une valeur d’usage, la terre, à une valeur et encore, par-dessus le marché, à une fraction de valeur particulière.
Mots-clefs : ❦ économie politique vulgaire ❦ science et essence des choses ❦ apparence et représentation ❦ essence, opposée à apparence ❦ idéologie, sens commun
p. 196⅓L’économie politique vulgaire se borne, en fait, à transposer sur le plan doctrinal, à systématiser les représentations des agents de la production, prisonniers des rapports de production bourgeois, et à faire l’apologie de ces idées. Il ne faut donc pas s’étonner qu’elle se sente tout à fait à l’aise précisément dans cette apparence aliénée des rapports économiques, phénomène évidemment absurde et parfaitement contradictoire — d’ailleurs toute science serait superflue si l’apparence et l’essence des choses se confondaient — ; il n’y a pas à s’étonner que l’économie politique vulgaire se sente ici particulièrement dans son élément et que ces rapports lui paraissent d’autant plus évidents, que leurs liens internes restent plus dissimulés, tandis que ces rapports sont courants dans la représentation qu’on s’en fait ordinairement.
L’idéologie, c’est la mise en forme la systématisation de représentations que les gens se font de la société, sur base des apparences. C’est à rapprocher de la notion de sens commun. Voir aussi la critique que fait Marx de la théorie simpliste de la crise. Déjà le mythe (écrit Malinovski, mais je n’ai malheureusement pas noté où) sert à justifier les rapports sociaux.
Mots-clefs : ❦ prix du travail ❦ logarithme jaune
Endlich, Arbeit–Arbeitslohn, Preis der Arbeit, ist, wie in Buch I nachgewiesen, ein Ausdruck, der prima facie dem Begriff des Werts widerspricht und ebenso dem des Preises, der allgemein selbst nur ein bestimmter Ausdruck des Werts ist; und „Preis der Arbeit“ ist ebenso irrationell wie ein gelber Logarithmus.
Enfin, la formule travail-salaire, prix du travail, est, comme nous l’avons démontré au Livre Ier, une expression qui prima facie est en contradiction avec la notion de valeur et avec celle de prix qui, en général, n’est lui-même qu’une forme déterminée de la valeur. Parler du « prix du travail » est chose aussi irrationnelle qu’un logarithme jaune.
Uiteindelijk, Arbeid – arbeidsloon, prijs van de arbeid, zoals in boek 1 [hoofdstuk 17] aangetoond is, is een uitdrukking, die prima facie in tegenspraak is met het begrip van waarde en ook met die van de prijs, die in het algemeen zelf slechts een bepaalde uitdrukking is van de waarde, en “prijs van de arbeid” is even irrationeel als een geel logaritme.
Finally, labour — wages, or price of labour, is an expression, as shown in Book I, which prima facie contradicts the conception of value as well as of price — the latter generally being but a definite expression of value. And “price of labour” is just as irrational as a yellow logarithm.
Mots-clefs : ❦ structure économique ❦ rapports avec la nature ❦ rapports sociaux de production
p. 197½Car l’ensemble des rapports des agents de la production entre eux et avec la nature, leurs conditions de production constituent précisément la société sous l’aspect de sa structure économique.
Mots-clefs : ❦ réduction de la journée de travail, condition de l’épanouissement ❦ moyens d’existence ❦ nécessité, travail, royaume de la — ❦ liberté, après le travail, royaume de la — ❦ socialisme, producteurs associés ❦ productivité, comme économie de force ❦ échange, régler rationnellement les — avec la nature
p. 828Der wirkliche Reichtum der Gesellschaft und die Möglichkeit beständiger Erweiterung ihres Reproduktionsprozesses hängt also nicht ab von der Länge der Mehrarbeit, sondern von ihrer Produktivität und von den mehr oder minder reichhaltigen Produktionsbedingungen, worin sie sich vollzieht. Das Reich der Freiheit beginnt in der Tat erst da, wo das Arbeiten, das durch Not und äußere Zweckmäßigkeit bestimmt ist, aufhört ; es liegt also der Natur der Sache nach jenseits der Sphäre der eigentlichen materiellen Produktion. Wie der Wilde mit der Natur ringen muß, um seine Bedürfnisse zu befriedigen, um sein Leben zu erhalten und zu reproduzieren, so muß es der Zivilisierte, und er muß es in allen Gesellschaftsformen und unter allen möglichen Produktionsweisen. Mit seiner Entwicklung erweitert sich dies Reich der Naturnotwendigkeit, weil die Bedürfnisse ; aber zugleich erweitern sich die Produktivkräfte, die diese befriedigen. Die Freiheit in diesem Gebiet kann nur darin bestehn, daß der vergesellschaftete Mensch, die assoziierten Produzenten, diesen ihren Stoffwechsel mit der Natur rationell regeln, unter ihre gemeinschaftliche Kontrolle bringen, statt von ihm als von einer blinden Macht beherrscht zu werden ; ihn mit dem geringsten Kraftaufwand und unter den, ihrer menschlichen Natur würdigsten und adäquatesten Bedingungen vollziehn. Aber es bleibt dies immer ein Reich der Notwendigkeit. Jenseits desselben beginnt die menschliche Kraftentwicklung, die sich als Selbstzweck gilt, das wahre Reich der Freiheit, das aber nur auf jenem Reich der Notwendigkeit als seiner Basis aufblühn kann. Die Verkürzung des Arbeitstags ist die Grundbedingung.
p. 198⅔La richesse véritable de la société et la possibilité d’un élargissement ininterrompu de son procès de reproduction ne dépendent donc pas de la durée du surtravail, mais de sa productivité et des conditions plus ou moins perfectionnées dans lesquelles il s’accomplit. En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur ; il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de production matérielle proprement dite. De même que l’homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l’homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de la société et le mode de la production. Avec son développement s’étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s’élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, p. 199qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité. C’est au delà que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne peut s’épanouir qu’en se fondant sur l’autre royaume, sur l’autre base, celle de la nécessité. La condition essentielle de cet épanouissement est la réduction de la journée de travail.
De echte rijkdom van de maatschappij en de mogelijkheid om het reproductieproces voortdurend uit te breiden, hangt niet af van de duur van de meerarbeid, maar van de productiviteit en de min of meer rijke productievoorwaarden waarin het zich realiseert. In feite begint het rijk van de vrijheid eerst daar waar de arbeid, bepaald door noodzaak en externe doelen, ophoudt; het ligt dus volgens de aard der dingen buiten de sfeer van de eigenlijke materiële productie. Zoals de wilde met de natuur moet worstelen om aan zijn behoeften te voldoen, om in leven te blijven en te reproduceren, moet de beschaafde mens dit ook doen in alle maatschappijvormen en onder alle mogelijke productiewijzen. Met zijn ontwikkeling breidt het rijk van de natuurnoodwendigheid zich uit als gevolg van de behoeften; maar tegelijkertijd breiden de productiekrachten die hen bevredigen uit. De vrijheid op dit gebied kan alleen bestaan in het feit dat de gesocialiseerde mens, de geassocieerde producenten, hun metabolisme rationeel regelen met de natuur, onder hun gezamenlijke controle brengen, in plaats van door de natuur als een blinde macht te worden overheerst; en het met de minste krachtinspanning en onder de meest menselijke, waardige en adequate voorwaarden te voltrekken. Maar dit blijft altijd het rijk van de noodzaak. Daarna begint de ontwikkeling van de menselijke kracht, als een doel op zich, het ware rijk van de vrijheid, maar dat alleen kan bloeien op basis van het rijk der noodzaak. Het verkorten van de werkdag is de basisvoorwaarde.
The actual wealth of society, and the possibility of constantly expanding its reproduction process, therefore, do not depend upon the duration of surplus-labour, but upon its productivity and the more or less copious conditions of production under which it is performed. In fact, the realm of freedom actually begins only where labour which is determined by necessity and mundane considerations ceases ; thus in the very nature of things it lies beyond the sphere of actual material production. Just as the savage must wrestle with Nature to satisfy his wants, to maintain and reproduce life, so must civilised man, and he must do so in all social formations and under all possible modes of production. With his development this realm of physical necessity expands as a result of his wants ; but, at the same time, the forces of production which satisfy these wants also increase. Freedom in this field can only consist in socialised man, the associated producers, rationally regulating their interchange with Nature, bringing it under their common control, instead of being ruled by it as by the blind forces of Nature ; and achieving this with the least expenditure of energy and under conditions most favourable to, and worthy of, their human nature. But it nonetheless still remains a realm of necessity. Beyond it begins that development of human energy which is an end in itself, the true realm of freedom, which, however, can blossom forth only with this realm of necessity as its basis. The shortening of the working-day is its basic prerequisite.
Mots-clefs : ❦ capital ❦ terre ❦ rente ❦ propriétaire foncier
P. 202-203.En ce sens la formule : capital-intérêt (profit), terre-rente, travail-salaire est d’une égale et symétrique incongruité. En effet, le travail salarié n’apparaît pas comme une forme socialement définie du travail, mais tout travail se présente par nature comme travail salarié (c’est ainsi du moins que se présente la chose à tout individu prisonnier des rapports de production capitalistes). Pour cette raison, les formes sociales spécifiques que revêtent les moyens matériels de travail (moyens de production créés et terre) vis-à-vis du travail salarié (qui inversement supposent l’existence préalable de ce dernier) sont identifiés aussi sans autre analyse à ces moyens de travail sous l’aspect matériel où ils existent ou avec la forme qui est la leur dans le procès réel de travail, sans relation avec une quelconque forme sociale, historiquement déterminée, et même sans relation avec quelque forme sociale de ce procès que ce soit. En conséquence, cette forme des moyens de travail, qui pour le travail est une forme aliénée, devenue autonome en face de lui, le résultat d’une évolution, cette forme où les moyens de production créés se convertissent en capital et la terre en terre monopolisée, en propriété foncière, cette forme, donc, qui appartient à une période historique déterminée, s’identifie à l’existence et à la fonction des moyens de production créés, et de la terre, dans le procès de production en général. Ces moyens de production sont, en soi, de par leur nature, du capital ; capital, c’est simplement « la dénomination économique » de ces moyens de production, de même la terre est, en soi, de par sa nature, la terre monopolisée par un certain nombre de propriétaires fonciers. Dans le capital, en la personne du capitaliste — simple personnification du capital — les produits acquièrent un pouvoir autonome vis-à-vis de leurs producteurs ; de même le propriétaire foncier personnifie la terre qui, elle aussi, s’érige en puissance indépendante pour réclamer sa part du produit à la création duquel elle a concouru. Ce n’est pourtant pas le sol qui reçoit la part du produit qui lui revient pour qu’il renouvelle et accroisse sa productivité, mais à sa place c’est le propriétaire foncier qui pourra en faire commerce ou la dilapider.