Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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La complexité des formes sous lesquelles se déroule la crise a pour effet que ses causes véritables sont complètement estompées. Voici quelques exemples.
La crise se manifeste tout d’abord non dans le domaine de la production, mais dans le domaine du crédit et du commerce. C’est pourquoi il se crée l’apparence que le trouble du crédit et du commerce est la cause de la crise.
La contradiction fondamentale du capitalisme aboutit au fait que la croissance des forces productives sociales se heurte à l’obstacle que lui oppose l’appropriation capitaliste sous la forme de la consommation limitée des masses. Ordinairement, la crise ne commence pas dans les branches qui produisent les objets de consommation, mais dans celles qui produisent les moyens de production. C’est pourquoi on a l’impression que la surproduction ne se trouve aucunement liée avec la situation des masses prolétariennes, c’est-à-dire avec les rapports de production capitalistes.
Tous ces phénomènes qui déforment les véritables liens des causes et des conséquences sont mis à profit par les « théoriciens » bourgeois et social-démocrates pour démontrer que l’abolition des crises est possible même en régime capitaliste.
C’est pourquoi nous ne devons pas nous borner seulement p. 259à éclaircir les causes de la crise, — il est nécessaire aussi d’expliquer la marche de celle-ci.
La crise éclate juste au moment où les affaires vont admirablement bien pour les capitalistes. La surproduction se révèle d’un coup et la crise éclate aussi subitement. Mais, en réalité, la surproduction existe à l’état latent bien avant la crise. Le crédit et le commerce contribuent à cet état de choses.
Les banques concentrent le capital-argent colossal qui est mis à la disposition des industriels sous forme de prêts. Le crédit permet aux capitalistes de produire bien que les marchandises produites auparavant ne soient pas encore vendues. En raison de la hausse des prix qui s’observe la veille de la crise, le crédit permet aux capitalistes de stocker en attendant une hausse ultérieure des prix. Tant que les affaires vont bien, tant que la demande de marchandises augmente, que les prix haussent, etc., les capitalistes peuvent vendre l’un à l’autre des marchandises à crédit. Le crédit permet ainsi à la production de dépasser le cadre du pouvoir d’achat réel.
La banque et le crédit deviennent le moyen le plus puissant pour étendre la production capitaliste au-delà de ses propres limites, et un des véhicules les plus actifs des crises et de la spéculation. (K. Marx : le Capital, t. 12, p. 240.)
La demande de marchandises pendant l’essor qui précède la crise, ce n’est pas seulement celle qui émane des consommateurs immédiats, c’est encore la demande spéculatrice des capitalistes commerçants : dans l’espoir de profits plus considérables, les commerçants achètent aux industriels des quantités de marchandises supérieures à la demande des consommateurs immédiats. La séparation du capital-marchandise sous la forme de capital commercial indépendant (voir ch. 7, par. 1), conduit à la formation d’une demande commerciale indépendante. Ce qui a pour effet de pousser la production au-delà des limites déterminées par le pouvoir d’achat véritable de la société.
Ainsi se crée une surproduction latente : la production continue à plein, les prix montent, bien que le marché soit p. 260déjà surchargé. Mais dès qu’il se produit, à un certain endroit, un arrêt dans la vente, la surproduction, qui était jusqu’ici à l’état latent, se manifeste aussitôt sous la forme d’une masse énorme de marchandises qui ne trouve pas d’acheteurs.
Bien que les racines de la crise résident dans la production elle-même, la crise éclate tout d’abord dans le domaine du crédit et du commerce.
Les capitalistes étant liés l’un à l’autre par un réseau ramifié de crédit, le retard dans l’écoulement d’une marchandise qui se trouve sur le marché en grande quantité provoque l’insolvabilité des capitalistes intéressés, qui se répercute du coup sur toute la chaîne du crédit : lorsque le capitaliste Dupont ne peut pas faire face à ses échéances envers le capitaliste Martin, celui-ci se trouve dans l’impossibilité de payer ses échéances à Dubois, etc. Le crédit étant concentré dans les banques, l’insolvabilité des débiteurs de la banque aboutit à l’insolvabilité des banques elles-mêmes. Les faillites se succèdent. Les déposants, pour mettre leurs dépôts en sûreté, s’empressent de les retirer de la banque. La demande s’accroît pour le capital de prêt tandis que son offre diminue, c’est pourquoi le taux d’intérêt augmente fortement.
Du domaine du crédit, la crise gagne rapidement le commerce. Les capitalistes (industriels et commerçants), ayant besoin de fonds, baissent les prix de leurs marchandises dans le but de se débarrasser d’elles, ce qui aggrave la concurrence et mène à une baisse plus accentuée des prix. Bien que la baisse des prix soit inégale dans les différentes branches, elle prend un caractère général et se produit d’une façon soudaine.
Enfin la crise éclate dans le domaine de la production. À la suite des faillites, de la baisse des prix, des stocks accumulés et de la diminution des commandes, la production commence à se rétrécir. Les usines ferment et celles qui continuent de travailler réduisent leur production. Les ouvriers sont licenciés en masse. Les capitalistes attaquent les salaires.
La crise dans la production elle-même ne commence pas nécessairement dans les branches qui produisent des objets de consommation. Il n’est nullement nécessaire pour que commence la crise générale de surproduction que des excédents de marchandises invendues s’accumulent à la fois dans toutes les branches. Il suffit que la surproduction commence dans les branches de l’industrie qui ont une importance essentielle pour toute la production sociale.
Pour qu’une crise, et par suite la surproduction, soit générale, il suffit qu’elle intéresse les articles principaux. (K. Marx : Histoire des doctrines économiques, t. 5, p. 70.)
Au commencement du 19e siècle, le textile était la branche d’industrie décisive, et c’est l’Angleterre qui occupait une situation décisive dans l’industrie textile mondiale. C’est pourquoi la surproduction dans le textile anglais se transformait en crise de surproduction générale non seulement en Angleterre, mais aussi dans les autres pays capitalistes. Mais depuis l’essor pris par les constructions mécaniques, par la métallurgie et l’industrie minière, c’est-à-dire par l’industrie lourde, depuis qu’elles sont devenues des industries décisives, les crises de surproduction générale commencent ordinairement par la surproduction dans ces branches. Ainsi, par exemple, la crise économique actuelle, qui date de l’automne 1929, a frappé avant tout la métallurgie et l’industrie houillère, et ce ne fut que plus tard qu’elle gagna l’industrie légère.
Dans les branches qui produisent des moyens de production, la crise agit avec beaucoup plus de force que dans celles qui produisent des objets de consommation. Ceci est surtout remarquable dans la crise économique mondiale actuelle qui a atteint tous les pays capitalistes. Ainsi, par exemple, en Allemagne, la production des moyens de production a subi en 1932 une diminution de 53,4 % par rapport à la production moyenne mensuelle de l’année 1928, alors que la production des objets de consommation n’a diminué que de 26,4 %. La production du textile allemand a subi en 1932 une compression de 16 % par p. 262rapport à 1929, celle de la chaussure de 24 %, l’industrie mécanique de 60 %, la production de l’acier de 60 %.
Dans tous les pays capitalistes la production des moyens de production a diminué en 1932 de 50 % par rapport à 1928, les constructions navales de 90 %, le textile de 15 % seulement.
La surproduction dans une branche de production qui joue un rôle peu important ne peut pas se transformer en crise de surproduction générale. Ainsi, par exemple, l’industrie des cravates ou d’autres marchandises de mercerie, par sa production, par le nombre des ouvriers qu’elle occupe, par ses liens avec les autres branches, n’est pas une branche dont la surproduction puisse amener une surproduction dans toutes les autres branches.
La situation est tout autre dans les branches qui produisent des moyens de production, la métallurgie, les constructions mécaniques, l’industrie houillère fournissent en moyens de production toutes les branches de l’économie nationale, leur production représente la plus grande partie de toute la production sociale, elles occupent de grandes masses d’ouvriers. La production croissant beaucoup plus rapidement dans ces branches que dans la section II, qui produit des objets de consommation, la surproduction commencera même s’il n’existe pas une surproduction manifeste d’objets de consommation. Les objets de consommation produits peuvent encore être écoulés, mais du moment que la deuxième section ne peut plus élargir sa production, les moyens de production qui sont offerts en quantités grandissantes par la première section se trouvent « surproduits ».
Comme les branches qui produisent les moyens de production occupent un grand nombre d’ouvriers, la réduction du nombre de ces derniers et la baisse des salaires des ouvriers qui restent occupés réduisent immédiatement et considérablement la demande en objets de consommation, et des objets de consommation, qui auparavant n’étaient pas en excédent, se trouvent désormais « surproduits ». La surproduction gagne ainsi les branches qui produisent des objets de consommation. Dans ces branches, le nombre des ouvriers étant réduit et leur salaire diminué, la demande en objets de consommation diminue encore. Si avant la crise, la section II, n’avait pas augmenté ses commandes à la section I, maintenant elle les comprime p. 263et pour cette raison la surproduction dans la section I s’accentue davantage, etc.
Ainsi, nous voyons que, par ses formes extérieures, la crise se déroule dans le sens opposé à l’ordre réel des causes et des conséquences. Les faillites et les troubles du crédit, la baisse des prix et les stocks ont pour cause la surproduction, le fait que la production capitaliste est sortie des limites que lui avaient assignées les rapports de production capitalistes. Mais la crise éclate d’abord dans le domaine du crédit et du commerce et après seulement gagne la production. Cela provient du fait que le procès de reproduction capitaliste comprend la production et la circulation. La liaison de production entre les entreprises et la liaison entre la production et la consommation se réalisent dans la circulation. C’est pourquoi la crise se manifeste avant tout dans le domaine du crédit et du commerce. D’où l’illusion que la cause des crises de surproduction réside dans le défaut de crédit et dans la baisse des prix.
La baisse des prix des marchandises aboutit à la dévaluation du capital. Les marchandises constituent l’une des formes sous lesquelles existe le capital, à savoir la forme du capital-marchandise. C’est pourquoi la baisse des prix constitue la dévaluation du capital-marchandise. Mais la dévaluation frappe aussi le capital engagé dans la production. C’est que les moyens de production — les machines et les matières premières — représentent une masse considérable des marchandises surproduites. Lorsque le prix de ces dernières baisse sur le marché, les stocks des matières premières se trouvent aussi dévalués bien que les industriels les aient achetés auparavant à des prix plus élevés, non pour la spéculation, mais pour la production. Il en est de même pour l’outillage.
Lorsqu’un capitaliste fait faillite, son entreprise est vendue pour payer ses dettes à un prix inférieur au prix de revient. Si l’entreprise a coûté 1 million de francs et est vendue 800 000 francs, pour le nouveau propriétaire cela signifie la baisse des frais de production, bien qu’il n’y ait eu aucun changement dans la technique de cette entreprise. Le nouveau propriétaire pourra réaliser et tirer du profit p. 264en vendant les marchandises à des prix plus bas. Pendant les crises, les entreprises des capitalistes ayant fait faillite passent aux mains de capitalistes plus forts et plus solides. Le procès de la centralisation du capital s’accélère.
La dévaluation du capital n’est rien d’autre que la diminution de la valeur du capital dont les éléments matériels, machines, matières premières, etc., ne subissent pas de changement quant à leur grandeur. On assiste aussi à une destruction directe de marchandises et de moyens de production. L’inactivité des usines provoque l’usure improductive des machines, des édifices, etc. Mais les capitalistes ont recours aussi à la destruction consciente de valeurs d’usage. Tout le monde sait que dans certains pays, les locomotives sont chauffées au froment et au café, que du lait a été jeté à la mer, que des quantités formidables de coton ont été anéanties, etc. Des entreprises sont démolies, des mines inondées. Ainsi, en 1932, à Chemnitz, en Allemagne, a été complètement démolie une grande usine mécanique, construite d’après le dernier mot de la technique, et qui employait plus de 20 000 ouvriers. La nécessité de payer la rente au propriétaire du terrain avait rendu plus avantageuse la vente de l’usine à la ferraille. Et ce n’est pas là un fait unique.
Pendant la crise se produit une destruction massive de force de travail, cette force productive fondamentale de la société. Le chômage, la famine, le froid, les maladies, tout cela détruit de la force de travail. Mais les capitalistes y sont directement intéressés, la misère grandissante de la classe ouvrière facilitant la baisse des salaires.
Quelle est la portée de phénomènes tels que la baisse des prix, la dévaluation du capital, la baisse des salaires, la compression de la production, la destruction directe de valeurs d’usage, les faillites des capitalistes les plus faibles et la centralisation du capital entre les mains de capitalistes plus forts ? Tous ces procès aplanissent par la force la contradiction entre la production sociale et l’appropriation capitaliste, qui a eu pour effet de pousser les forces productives de la société au-delà des limites imposées par les rapports de production capitalistes et, par conséquent, de déclencher la crise. Par la dévaluation du capital, par p. 265la destruction de marchandises, la compression de la production, etc., la crise anéantit l’ « excédent » des forces productives de la société ; elle refoule les forces productives qui ont pris des proportions trop considérables dans les cadres des rapports de production capitalistes.
Étant elle-même la conséquence et l’expression la plus éclatante de la contradiction fondamentale du capitalisme, le choc de deux forces hostiles — de la production sociale et de l’appropriation capitaliste —, la crise aplanit momentanément cette contradiction.
Il faut voir dans les crises la concentration réelle et la compensation violente de toutes les contradictions de l’économie bourgeoise. (K. Marx : Histoire des doctrines économiques, tome 5, p. 57.)
Par suite de la destruction d’une partie des forces productives, de la baisse des salaires, de la dévaluation du capital et de sa centralisation, les frais de production diminuent, c’est-à-dire que se crée la possibilité de tirer du profit même en vendant les marchandises à de bas prix. Or le profit étant le seul motif de production pour les capitalistes, la baisse des frais de production donne une impulsion nouvelle à l’élargissement de la production.
Ainsi la crise résout momentanément les contradictions du capitalisme, en créant les conditions d’un mouvement ultérieur de la production capitaliste ; par cela même la crise crée la possibilité d’un mouvement ultérieur de la contradiction fondamentale du capitalisme.
Les crises ne sont jamais que des solutions momentanées et violentes des contradictions existantes, des éruptions violentes qui rétablissent pour un moment l’équilibre troublé. (K. Marx : le Capital, t. 10, p. 186.)
Après une forte chute des prix et la compression de la production, commence la dépression, au cours de laquelle les stocks de marchandises sont en partie détruits, en partie vendus, peu à peu « absorbés ». Après une dépression plus ou moins longue commence peu à peu un essor dont la base est le renouvellement du capital fixe de l’industrie. (La crise économique actuelle dans les pays capitalistes et la dépression actuelle présentent une série de particularités caractéristiques. Voir là-dessus le chapitre suivant.)
p. 266Les capitalistes sortis indemnes de la crise cherchent à réduire les frais de production en vue d’obtenir des profits élevés tout en vendant à de bas prix. Pour cela, outre la baisse des salaires, ils introduisent une série de perfectionnements, de nouvelles machines, adoptent de nouveaux procédés de travail, etc. Les vieilles machines moins perfectionnées sont remplacées par de nouvelles bien avant qu’elles soient usées (encore une fois, destruction de forces productives). Le capital fixe est remplacé.
La concurrence, surtout quand il s’agit d’importants bouleversements décisifs, force les capitalistes à remplacer avant terme les vieux moyens de travail par de nouveaux. Ce sont principalement les catastrophes, les crises, etc., qui amènent dans le matériel d’exploitation un tel renouvellement prématuré sur une vaste échelle sociale. (K. Marx : le Capital, t. 6, p. 36.)
Or le remplacement du capital fixe avant sa « mort naturelle » implique la nécessité d’investir un nouveau capital. Ce qui provoque une demande accrue de moyens de production et, partant, l’élargissement de la production dans les branches qui produisent les moyens de production, d’où la réintégration des ouvriers dans l’industrie et la croissance de la demande en objets de consommation, d’où l’élargissement de la production dans les branches qui produisent des objets de consommation, etc. Il s’ensuit une nouvelle reprise d’activité puis un nouvel essor.
Le remplacement du capital fixe provoqué par la crise est donc la base d’un nouvel essor.
La crise constitue toujours le point de départ de grandes entreprises et, par suite, si nous considérons toute la société, plus ou moins une nouvelle base matérielle pour le prochain cycle de rotations. (K. Marx : le Capital, t. 6, p. 62.)
Le nouvel essor qui suit la crise se déroule déjà sur la base d’un capital plus centralisé et à composition organique plus élevée qu’auparavant. Par conséquent, après la crise, les forces productives sont plus puissantes qu’avant. La crise contribue ainsi à la croissance des forces productives sociales, mais au moyen de leur destruction.
Le capital étant, après la crise, plus centralisé et offrant p. 267une composition organique plus élevée, il en ressort que la production sociale peut croître beaucoup plus rapidement qu’avant la crise. Mais cela signifie que la contradiction entre la production sociale et l’appropriation capitaliste devient, après chaque crise, plus aiguë qu’avant, que la tendance à l’extension illimitée de la production doit à nouveau se heurter, et cela avec plus de force encore, au pouvoir de consommation de la société limité par le capital. Une crise plus forte et plus destructive doit s’ensuivre.
La reprise commence en liaison avec le renouvellement du capital fixe, c’est-à-dire par la section I de la production sociale (production des moyens de production), dans la section II l’essor suit celui de la section I. L’augmentation de la consommation de la classe ouvrière, en liaison avec la réintégration dans la production, n’est, encore une fois, pas le but, mais seulement la conséquence de l’élargissement de la production. Encore une fois, en raison de la contradiction fondamentale du capitalisme, elle sera en retard sur l’élargissement de la production.
Dès que commence l’essor, la demande de marchandises augmente, et les prix montent. Dans ce procès, la demande de marchandises s’accroît dans une mesure beaucoup plus considérable que les besoins mêmes de la production capitaliste ; elle est artificiellement grossie par le commerce, le crédit et la spéculation.
Ainsi, la contradiction n’est pas abolie par la crise, elle n’est que temporairement aplanie ; la crise ne fait que « rétablir pour un moment l’équilibre troublé » pour le violer à nouveau tout de suite après.
Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’un côté, par la destruction forcée d’une masse de forces productives ; de l’autre, par la conquête de nouveaux marchés et l’exploitation plus approfondie des anciens. À quoi cela aboutit-il ? À préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir. (K. Marx et F. Engels : le Manifeste…, p. 19.)
En effet, à partir de 1825, le monde capitaliste a traversé une série de crises qui se sont répétées en moyenne tous les dix ans et ensuite tous les six-sept ans. Les crises ont eu lieu en 1825, en 1836, en 1847, en 1857, en 1866 et en 1877. Dans les années 80 et au commencement des années 90, il y eut un marasme dans la production des principaux pays p. 268capitalistes, ensuite, commence un essor qui aboutit à la crise de 1900-1901. Puis, ce furent les crises de 1907, 1913, 1921 et 1929-35. Cette dernière est la plus formidable de toutes celles que le capitalisme ait jamais traversées (nous en parlerons spécialement dans le dernier chapitre).
Chaque nouvelle crise se produit sur la base d’un niveau plus élevé des forces productives que la précédente, aussi les crises ont-elles chaque fois un caractère plus profond.
Les crises de surproduction sont donc des crises périodiques, elles reviennent inévitablement à des intervalles déterminés. La même cause qui provoque en général la crise est aussi la cause de la périodicité des crises. La contradiction entre la production sociale et l’appropriation capitaliste, qui est la cause des crises, obtient une solution temporaire dans la crise, mais une solution telle qu’elle rend inévitable une nouvelle crise. Les crises découlent de la nature même du capitalisme, et c’est pourquoi elles ne peuvent disparaître qu’avec l’abolition de la domination du Capital sur les forces productives sociales, ou avec l’abolition du capitalisme.
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