Dominique Meeùs
Dernière modification le
Louis Ségal, Principes d’économie politique :
versions,
table des matières,
index des notions —
Retour au dossier marxisme
Marx a montré que le capital et la plus-value sont des phénomènes historiques passagers. L’économie socialiste de l’U.R.S.S. fournit la confirmation pratique de cette vérité.
Quelle est la différence essentielle entre les rapports de production socialistes en U.R.S.S. et ceux des pays capitalistes ?
En régime capitaliste, le prolétariat est une classe d’ouvriers salariés, privés des moyens de production. Or, en U.R.S.S., les moyens de production appartiennent au prolétariat dans la personne de son État. La classe ouvrière possède donc non seulement sa force de travail, mais aussi les moyens de production. La force de travail n’est plus une marchandise. En apparence, il semble qu’en U.R.S.S. aussi l’ouvrier vend sa force de travail : il entre comme salarié dans les entreprises de l’État, touche des salaires, etc. Mais à qui vend-il sa force de travail ? En régime capitaliste, il la vend à un capitaliste. En U.R.S.S., la classe ouvrière dans son ensemble « vend » sa force de travail non à une tierce personne, mais à elle-même. Mais cette vente par chaque ouvrier individuel, de sa force de travail à son propre État, n’est pas une vente au sens propre du mot. C’est la forme de la participation de chaque ouvrier au travail social et au produit du travail. La différence essentielle entre le socialisme et le capitalisme consiste précisément dans la propriété des moyens de production.
p. 109Le mode de production capitaliste, par exemple, consiste en ceci que les conditions matérielles de la production sont attribuées aux non-travailleurs sous forme de propriété capitaliste et de propriété foncière, tandis que la masse ne possède que les conditions personnelles de la production : la force de travail.
En régime socialiste, « les conditions matérielles de la production formeront la propriété collective des travailleurs eux-mêmes ». (K. Marx et F. Engels : Critiques des programmes…, p. 25.)
Ce principe socialiste de la propriété collective est réalisé de la façon la plus conséquente dans nos entreprises d’État, c’est-à-dire que chaque entreprise appartient directement non aux ouvriers qui sont occupés dans celle-ci, mais à la classe ouvrière dans son ensemble, dans la personne de son État. En ce qui concerne les kolkhoz, seule la partie la plus importante des moyens de production (la terre, les tracteurs) appartient à l’État ; les autres moyens de production appartiennent à chaque kolkhoz séparément. C’est pourquoi les kolkhoz représentent une forme de rapports socialistes moins développée que les entreprises d’État qui sont des entreprises de type socialiste conséquent. Mais les uns et les autres sont des entreprises socialistes dans lesquelles il n’y a pas de propriété privée des moyens de production, dans lesquelles il n’y a pas deux classes — des exploiteurs et des exploités, dans lesquelles il n’y a pas d’exploitation.
Le trotskisme nie le caractère socialiste des entreprises soviétiques d’État et des kolkhoz. Au point de vue de l’opposition zinoviévo-trotskiste, nos entreprises sont des entreprises capitalistes d’État, car il existe encore l’argent, le salaire, etc. Et le fait que les capitalistes ont été expropriés par l’État prolétarien, que les moyens de production ont passé dans les mains de la classe ouvrière, c’est-à-dire le principal caractère qui distingue nos entreprises des entreprises capitalistes, ce fait est ignoré par le trotskisme. Cela ne fait que souligner une fois de plus le caractère entièrement contre-révolutionnaire de la « théorie » zinoviévo-trotskiste. En effet, si après l’expropriation des capitalistes, les entreprises confisquées par l’État ouvrier continuent à rester des entreprises capitalistes, il n’y a pas de raison en général de faire la révolution et d’exproprier les capitalistes. Cette appréciation trotskiste de nos entreprises correspond pleinement à la théorie trotskiste contre-révolutionnaire de l’impossibilité de la construction du socialisme en U.R.S.S.
Le caractère socialiste de nos entreprises d’État p. 110s’exprime non seulement dans le fait que leur base c’est la propriété socialiste, mais aussi dans le changement radical de tous les rapports par comparaison avec le régime capitaliste. Les moyens de production ne sont plus l’incarnation du capital dominant l’ouvrier. Ils sont subordonnés à la classe ouvrière et servent à édifier le socialisme et à augmenter le bien-être des masses. Ils représentent du
… travail accumulé qui sert de moyen au travail vivant pour faire une nouvelle production. (K. Marx : Travail salarié…, p. 41.)
Le développement de la production n’est plus subordonné au principe de la concurrence et du profit capitaliste, mais est dirigé conformément à un plan d’ensemble en vue de l’amélioration systématique des conditions matérielles et culturelles des travailleurs. (J. Staline : Deux Bilans, p. 50.)
La plus-value est supprimée. Tout le travail des ouvriers sert à construire la société socialiste. Une partie du produit social est employée pour la consommation immédiate, l’autre pour l’accumulation socialiste. Ce produit accumulé forme la propriété collective de la classe ouvrière personnifiée par son État. Elle n’est pas appropriée par une autre classe. Elle n’est donc pas de la plus-value.
Les rapports de production socialistes donnent lieu à une autre attitude de l’ouvrier à l’égard de l’État.
Tandis qu’en régime capitaliste le travail salarié est une forme d’esclavage, en U.R.S.S. le travail est accompli pour soi-même, libre. Le travail libre, cela ne veut pas dire que l’ouvrier est libre de travailler ou de ne pas travailler. Le travail a toujours été et sera de tout temps la condition fondamentale de l’existence de l’homme. La liberté de travail consiste en ce qu’il est accompli pour soi-même, pour sa propre classe, et non pour des parasites. C’est pourquoi il existe en U.R.S.S. une autre attitude à l’égard du travail que dans les pays capitalistes. En régime capitaliste,
… La classe ouvrière est une classe exploitée, travaillant non pour son propre compte, mais pour une autre classe, pour celle des exploiteurs.
En U. R. S. S., la classe ouvrière est maîtresse du pays, elle travaille pour son propre compte au lieu de travailler pour les capitalistes. (J. Staline : Deux Bilans, p. 50-51. Bureau d’éditions, Paris, 1930.)
Le plus remarquable dans l’émulation c’est qu’elle révolutionne les idées des gens sur le travail, qu’elle le transforme, alors qu’il était naguère une charge lourde et pénible, en une question d’honneur, de gloire, de vaillance et d’héroïsme. (J. Staline : Deux Bilans, p. 46.)
Cette attitude socialiste des grandes masses des ouvriers et des travailleurs à l’égard de leur travail, attitude qui se développe de plus en plus chez nous, le processus de liquidation des survivances du capitalisme dans l’économie et dans la conscience des hommes, processus qui se produit devant nos yeux, tout cela est la source de la croissance rapide des forces productives et de l’essor du niveau matériel et culturel des travailleurs, au contraire de ce qui se passe dans le régime capitaliste, où la croissance des forces productives, non seulement n’améliore pas, mais rend encore plus mauvaise la situation de l’ouvrier.
Nous avons envisagé ci-dessus l’influence sur l’ouvrier du développement du machinisme en régime capitaliste. Examinons maintenant quel est le rapport entre la machine et l’ouvrier chez nous, en U.R.S.S.
… la machinerie en soi raccourcit le temps de travail alors qu’elle prolonge la journée de travail dans son utilisation capitaliste, …
En U.R.S.S., les machines ne sont pas employées comme en régime capitaliste, et, par conséquent, la tendance essentielle en U.R.S.S. n’est pas la prolongation de la journée de travail, mais sa limitation. On a aboli les classes parasitaires qui s’appropriaient le fruit du travail des ouvriers. On attire à la production toute la population apte au travail.
À intensité et force productive du travail données, la partie de la journée de travail socialement nécessaire à la production matérielle est d’autant plus courte, et donc la partie de temps conquise pour des occupations libres, spirituelles et sociales des individus est d’autant plus grande que le travail est plus uniformément réparti entre tous les membres de la société en mesure de travailler et qu’il est moins possible qu’une couche de la société se défasse de la nécessité naturelle du travail pour en accabler une autre.
En développant les forces productives sur la base de l’économie socialiste, ayant adopté la journée de 7 heures, on prépare en U.R.S.S. les conditions pour passer à la journée de 6 heures.
en soi elle [la machinerie] soulage le travail alors qu’elle accroît son intensité dans son utilisation capitaliste…
La large mécanisation et l’électrification de la production tendent à faciliter le travail. L’intensification du travail, elle, ne dépasse pas les limites normales et se trouve compensée par la réduction de la journée de travail et par les mesures relatives à la protection du travail. Ultérieurement, lorsque la nouvelle base technique de toute l’économie de l’U.R.S.S. sera achevée, on passera à la production mécanisée sur une vaste échelle et le travail sera ramené à la surveillance et au contrôle des machines.
elle [la machinerie] est en soi une victoire de l’homme sur les forces naturelles, alors que dans son utilisation capitaliste elle asservit l’homme par l’intermédiaire des forces naturelles…
En régime capitaliste,
Même l’allègement du travail se transforme en moyen de torture, dans la mesure où la machine ne libère pas l’ouvrier du travail, mais ôte au travail son contenu.
En régime capitaliste, l’ouvrier est un appendice de la machine, non seulement au sens économique, mais aussi au sens technique. En U.R.S.S., la classe ouvrière n’est pas seulement économiquement maîtresse de la production, elle est en voie de la maîtriser aussi techniquement, si bien que dans le procès même de la production, les ouvriers développent leurs capacités créatrices. Grâce à l’émulation socialiste, grâce à l’enseignement technique, l’ouvrier s’assimile la technique et devient maître des forces naturelles. L’opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel s’efface peu à peu.
… en soi elle [la machinerie] augmente la richesse du producteur, alors qu’elle l’appauvrit dans son utilisation capitaliste, …
En U.R.S.S., la machine constitue la propriété collective de l’ensemble de la classe ouvrière. À l’encontre de ce qui se passe dans le régime capitaliste, elle « accroît la richesse du producteur », c’est-à-dire qu’elle est un moyen d’augmenter le bien-être des masses travailleuses.
La contradiction fondamentale du capitalisme, entre la production sociale et l’appropriation capitaliste privée, p. 113a pour effet qu’en régime capitaliste, le développement des forces productives est suivi du gaspillage de la force productive essentielle, de la force de travail. Cette contradiction étant supprimée en U.R.S.S., le développement des forces productives signifie la croissance de la force de travail et du bien-être de la classe ouvrière.
Dans les pays bourgeois, le capitaliste ne songe qu’à augmenter sa fortune, son capital, qu’à tirer le maximum de plus-value en augmentant l’intensité ou la productivité du travail de ses ouvriers, sans s’inquiéter de leur bien-être et même de leur existence.
Dans l’Union soviétique, au contraire, dans les conditions de la dictature du prolétariat, on proclame que
De tous les capitaux précieux existant dans le monde, le plus précieux et le plus décisif, ce sont les hommes, les cadres. (J. Staline : l’Homme, le capital le plus précieux. Bureau d’éditions, Paris, 1935, p. 12.)
Table of contents