Dominique Meeùs
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Les trois périodes de la crise générale du capitalisme

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Le renforcement de l’inégalité du développement dans la période de la crise générale du capitalisme donne un caractère inégal à la révolution prolétarienne mondiale. La chute du capitalisme n’est pas un processus continu de victoires du prolétariat et de défaites de la bourgeoisie. Dans les conditions de la croissance générale de la crise du capitalisme, il y a place non seulement pour des victoires, mais aussi pour des défaites partielles momentanées du prolétariat, qui, cependant, ne changent pas la direction générale du mouvement. Cela est confirmé par toute la marche du développement de la crise générale du capitalisme, dans laquelle il faut distinguer trois périodes.

La première période de la crise générale se caractérise par un accroissement rapide du processus de décomposition du capitalisme qui commença pendant la guerre, et par une croissance rapide sur cette base, de la crise révolutionnaire dans le monde entier sous l’influence de la révolution prolétarienne en Russie. Dans les années qui suivirent immédiatement la guerre, une vague de révolutions, d’insurrections et de batailles économiques et politiques de masse déferla sur l’Europe. Une série d’insurrections et un puissant développement du mouvement révolutionnaire se produisirent dans les colonies.

Dans cette période de très grand essor révolutionnaire, la social-démocratie contre-révolutionnaire, qui s’est mise à la tête du mouvement, afin de le décapiter, a rendu à la bourgeoisie un service inestimable. Il n’existait pas encore dans les pays capitalistes de partis communistes de masse et expérimentés. C’est la cause principale de la victoire momentanée de la bourgeoisie sur le mouvement révolutionnaire. Mais la bourgeoisie ne réussit pas à briser le premier pays de la dictature du prolétariat.

Les premières tentatives de bouleversement révolutionnaire, qui avaient grandi sur la base d’une crise aiguë du capitalisme (1918-1921) se terminèrent par la victoire et le renforcement de la dictature du p. 354prolétariat en U.R.S.S. et par la défaite du prolétariat dans toute une série d’autres pays… Sur la base de ces défaites, qui créèrent la possibilité d’une exploitation renforcée des masses du prolétariat et des peuples coloniaux, sur la base d’une forte baisse de leur niveau de vie, la bourgeoisie arriva à une stabilisation partielle des rapports capitalistes. (Programme de l’I.C. suivi des statuts de l’I.C., p. 17-18. Bureau d’éditions, 1936.)

Vint la seconde période de la crise générale du capitalisme. Au cours de cette période se produit une stabilisation relative provisoire des rapports capitalistes aussi bien intérieurs qu’extérieurs. À l’intérieur des pays capitalistes cela s’exprime par le fait que l’économie ruinée pendant la guerre se reconstitue aux dépens d’un renforcement de l’exploitation de la classe ouvrière (la « rationalisation »), par le fait que, par comparaison avec la période précédente, la domination politique de la bourgeoisie se fortifie dans une certaine mesure. Dans les relations entre les États impérialistes, la stabilisation partielle s’exprimait dans le fait que les liens économiques entre les pays capitalistes, rompus par la guerre, se rétablirent peu à peu et que les impérialistes réussirent à s’entendre au sujet du pillage en commun de l’Allemagne (plan Dawes) et des colonies. Cependant, cette stabilisation ne signifiait pas un retour aux rapports d’avant-guerre, elle n’était pas et ne pouvait pas être solide et durable comme l’affirmaient la social-démocratie et les opportunistes de droite. C’était une stabilisation chancelante, pourrie, — elle se produisait dans les conditions et sur la base de la crise générale du système capitaliste. En même temps que la stabilisation partielle du capitalisme se produisaient la croissance rapide et le renforcement continu de l’U.R.S.S. — de la base de la révolution prolétarienne mondiale. Dans les pays capitalistes, la situation de la classe ouvrière empirait et les contradictions de classe s’aggravaient. Dans cette période se produisent l’accumulation des forces et la consolidation intérieure des partis communistes sous la direction de l’Internationale communiste. La lutte des classes ne s’apaisait pas, elle prenait la forme de mouvements puissants tels que la grève générale et la grève des mineurs en Angleterre en 1926, et que la lutte armée des ouvriers de Vienne en juillet 1927. En même temps, la révolution chinoise se développait, une insurrection populaire se produisait en Indonésie, un mouvement révolutionnaire grandissait aux Indes.

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Les contradictions intérieures de la stabilisation conduisaient non à un affaiblissement, mais à un renforcement de la crise générale du capitalisme.

La stabilisation partielle cause l’accroissement de la crise du capitalisme et la crise grandissante désagrège la stabilisation : telle est la dialectique du développement du capitalisme dans la phase historique actuelle. (J. Staline : Rapport au 15e congrès du P.C. de l’U.R.S.S., p. 6. Bureau d’édition, 1928.)

La croissance des contradictions intérieures du capitalisme dans la période de la stabilisation conduit à la troisième période, qui commença en 1927-1928, quand la production capitaliste dépassa le niveau d’avant-guerre et que, en liaison avec cela, s’aggrava de façon aiguë la contradiction entre les possibilités accrues de la production et les étroites limites du marché. Le dépassement du niveau d’avant-guerre amena tout le monde capitaliste devant une crise économique profonde et aiguë. En même temps, l’U.R.S.S. passait à la reconstruction socialiste et au déploiement de l’offensive socialiste sur tous les fronts.

La troisième période est la période d’un nouvel essor révolutionnaire, la période de l’ébranlement de la stabilisation partielle, une période de forte aggravation de toutes les contradictions du capitalisme. Sous ce rapport, la crise économique mondiale contemporaine a une signification particulière.

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