Dominique Meeùs
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La crise générale et les colonies

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Pendant la guerre, lorsque les colonies des États impérialistes d’Europe étaient presque coupées de leurs métropoles, l’industrie locale s’y est très rapidement développée, principalement l’industrie textile et extractive. La p. 344bourgeoisie indigène a rapidement grandi, ainsi que le prolétariat indigène.

Sur la base de ce développement économique des colonies et sous l’influence de l’existence de l’U.R.S.S., le mouvement révolutionnaire de libération a pris après la guerre des dimensions et des formes qui n’existaient pas auparavant. Il n’y a presque pas une seule colonie au monde où il n’y ait pas eu après la guerre des insurrections ou des mouvements plus ou moins importants contre l’impérialisme.

D’autre part, précisément par suite de cette première guerre impérialiste, l’Orient est entré définitivement dans le mouvement révolutionnaire, et a été définitivement entraîné dans le tourbillon du mouvement révolutionnaire mondial.

Lénine, Karl Marx, Œuvres, tome 33, p. 514.

Le développement de l’industrie dans les colonies ne signifie pas que l’impérialisme s’oriente vers la transformation des colonies en pays développés et indépendants au point de vue industriel, ne signifie pas une « décolonisation ». La social-démocratie a formulé la théorie de la « décolonisation » dans le but de présenter la politique de la bourgeoisie impérialiste comme une politique progressive. En fait, la théorie de la « décolonisation » n’a rien de commun avec la réalité. Les métropoles tolèrent le développement dans les colonies de l’industrie légère et de l’industrie extractive et elles font tout leur possible pour entraver le développement de l’industrie mécanique, c’est-à-dire de la branche d’industrie dont le développement seul pourrait signifier une véritable industrialisation. En tolérant le développement de l’industrie dans les colonies, les impérialistes freinent en même temps ce développement. L’oppression de l’impérialisme s’en trouve non pas affaiblie, mais renforcée. Ce renforcement de l’oppression impérialiste dans les colonies après la guerre est précisément une des causes de l’énorme envergure et de la profondeur qu’y a atteint le mouvement révolutionnaire de libération.

Le renforcement de l’oppression impérialiste dans les colonies est conditionné par le fait qu’après la guerre, comme nous le montrerons plus bas, l’inégalité du développement des pays impérialistes s’est accentuée et que la lutte entre eux pour un nouveau partage du monde s’est p. 345aggravée. Chaque pays impérialiste s’accroche convulsivement à ses colonies et dans les semi-colonies comme par exemple la Chine, qui ne sont pas la propriété monopoliste d’un pays impérialiste quelconque, il se déroule une lutte incessante entre les impérialistes de proie pour consolider et élargir leurs positions.

Les colonies sont des pays agraires. Les effets destructeurs de la crise agraire d’après-guerre se sont exprimés par la ruine et l’appauvrissement des innombrables masses paysannes des colonies. Cela ne fait qu’y renforcer le mouvement révolutionnaire.

Enfin, l’existence de l’Union soviétique avec sa politique nationale accélère le mouvement révolutionnaire des colonies et lui donne une force particulière. Après la révolution d’Octobre, se sont ouvertes devant le mouvement révolutionnaire de libération dans les colonies, des perspectives qui n’existaient pas avant la guerre, à savoir l’union avec l’État prolétarien, l’incorporation dans le système des États socialistes et, sur cette base, une croissance rapide aussi bien au point de vue culturel qu’au point de vue matériel.

Avec l’existence de centres de socialisme, sous la forme des Républiques soviétiques et de leur puissance économique grandissante, les colonies qui se sont séparées de l’impérialisme se rapprochent économiquement et s’unissent peu à peu avec les foyers industriels du socialisme mondial, s’engagent dans la voie de l’édification socialiste, sautant la phase du développement ultérieur du capitalisme, comme système dominant, et obtiennent la possibilité d’un progrès économique et culturel rapide. (Programme de l’Internationale communiste, p. 54.)

Le mouvement révolutionnaire des colonies s’est déjà élevé à un degré tel que sur une partie considérable du territoire de la Chine s’est constitué un pouvoir soviétique qui a brillamment résisté aux tentatives des impérialistes et de leurs agents chinois de l’étouffer par la force des armes. La Chine soviétique possède une Armée rouge régulière de 500 000 hommes.

La victoire de la révolution soviétique sur une partie considérable du territoire de la Chine a une énorme importance pour le développement ultérieur de la grande révolution chinoise et du mouvement révolutionnaire dans les colonies et constitue un danger mortel pour l’impérialisme japonais au cas où il attaquerait l’Union soviétique.

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La victoire de la révolution soviétique en Chine, la guerre des partisans en Mandchourie, la croissance des forces révolutionnaires au Japon, de mouvement de libération des peuples coloniaux, créent un nouveau front sur les derrières des impérialistes. La révolution soviétique en Chine est devenue un important facteur de la révolution mondiale. (Le Fascisme, le danger de guerre et les tâches des partis communistes (thèses de la 13e assemblée plénière de l’Internationale communiste), p. 13. Bureau d’éditions, 1934.)

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