Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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Après la guerre, surtout dans la période de la stabilisation partielle du capitalisme, la social-démocratie a lancé la théorie du capitalisme organisé, qui est la continuation directe de la théorie du surimpérialisme. D’après cette théorie, les monopoles suppriment totalement la concurrence qu’ils remplacent par l’organisation planifiée de toute l’économie, dans les limites de tout un pays et ensuite à l’échelle mondiale.
Hilferding, qui a développé cette « théorie », estime que le capitalisme organisé signifie en réalité la substitution au principe capitaliste de la libre concurrence du principe socialiste de la production planifiée. Et, à sa suite, toute la social-démocratie déclara que l’humanité était déjà entrée dans la phase socialiste ; l’impérialisme serait non du capitalisme tardif, mais déjà du « socialisme précoce ».
La théorie du capitalisme organisé est aussi fausse que sa devancière, la théorie du surimpérialisme. L’inégalité, d’ailleurs toujours, croissante du développement existe non seulement entre les pays, mais aussi à l’intérieur d’un même pays entre les différentes branches de la production, entre les diverses unions monopolistes à l’intérieur d’une même branche, etc.
Comme le monopole reste un monopole capitaliste, c’est-à-dire basé sur la propriété privée capitaliste, il ne peut p. 323abolir la concurrence, mais coexiste avec elle. Il en ressort tout à fait clairement l’absurdité des affirmations de la social-démocratie selon lesquelles le capitalisme peut se transformer en un capitalisme organisé et abolir les crises.
Que les cartels évitent les crises, c’est là un conte fantaisiste des économistes bourgeois disposés à tout prix à rendre moins hideux le capitalisme. Au contraire, le monopole créé dans certaines branches d’industrie, augmente, aggrave le chaos inhérent à l’ensemble de la production capitaliste. (Lénine : l’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, p. 36.)
La légende social-démocrate du « capitalisme organisé » n’a rien de commun avec la réalité. La meilleure preuve en est la crise économique actuelle qui a éclaté en 1929 et a porté un coup mortel à la théorie du « capitalisme organisé ».
Si la théorie du « surimpérialisme » avait été élaborée dans le but d’amener la classe ouvrière à soutenir la bourgeoisie dans sa guerre de pillage pour un nouveau partage du monde, avec la théorie du « capitalisme organisé » la social-démocratie se donnait pour tâche d’amener la classe ouvrière à soutenir la bourgeoisie dans sa tentative de trouver une issue à la profonde crise générale dans laquelle le capitalisme est tombé lors du déclenchement de la guerre mondiale et surtout avec le début de la révolution prolétarienne.
La bourgeoisie a tenté de trouver cette issue par la voie de la rationalisation capitaliste, qui signifie une exploitation féroce, sans précédent, de la classe ouvrière.