Dominique Meeùs
Dernière modification le   
Louis Ségal, Principes d’économie politique : versions, table des matières, index des notions — Retour au dossier marxisme

Les colonies avant et à l’époque de l’impérialisme

Up: 5. Le partage territorial du monde entre les États impérialistes et la lutte pour ce partage Previous: L’achèvement du partage du monde Next: La lutte pour un nouveau partage du monde

Les grands États capitalistes avaient des colonies bien avant l’époque de l’impérialisme. La conquête des colonies n’a pas commencé, mais s’est achevée à l’époque de l’impérialisme. Mais, à cette époque, l’importance des colonies et le contenu de la politique coloniale changent essentiellement.

À l’époque de l’impérialisme, l’exportation des capitaux prédomine sur celle des marchandises. Lorsqu’on exporte dans un pays arriéré surtout des marchandises, le pays exportateur a intérêt à avoir dans ce pays un débouché constant. Mais lorsque l’exportation du capital joue le rôle principal, le pays exportateur cherche déjà à créer une garantie pour les capitaux exportés ; or, la meilleure garantie pour cela c’est de se subordonner ce pays.

Ensuite, avec le développement du capitalisme, la lutte pour les matières premières devient de plus en plus aiguë (en partie parce que les réserves de matières premières sont p. 305en général limitées, en partie par suite du retard de l’agriculture). Dans la lutte entre les monopoles mondiaux, le groupe qui aura des sources de matières plus assurées sera plus stable. D’où la lutte pour les colonies en tant que sources de matières premières ; cette lutte se produit non seulement pour les sources déjà existantes, mais aussi pour les sources possibles de matières premières.

Les unions monopolistes des différents pays, dans leur lutte l’une contre l’autre, emploient comme moyen l’élévation des droits de douane pour les marchandises importées. C’est pourquoi chaque pays impérialiste tend à élargir son territoire, pour un marché d’écoulement protégé contre l’invasion des marchandises des autres pays. Par conséquent, à l’époque de l’impérialisme, les colonies sont également nécessaires pour assurer l’écoulement des marchandises.

Seule, la possession des colonies donne de complètes garanties de succès aux monopoles contre tous les hasards de la lutte avec leurs concurrents, même au cas où ces derniers s’aviseraient de se défendre par une loi établissant le monopole d’État. Plus le développement du capitalisme est élevé, plus le manque de matières premières se fait sentir, plus la concurrence est âpre, plus la chasse aux sources de matières premières dans l’univers est fiévreuse, plus la lutte pour la conquête des colonies est acharnée. (Lénine : l’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, p. 91-92.)

La lutte de classe qui s’aggrave de plus en plus dans les pays impérialistes joue un rôle particulier dans la politique coloniale de l’impérialisme. Les colonies sont nécessaires aux pays impérialistes pour y transférer une partie de la main-d’œuvre en excédent et créer là-bas une couche privilégiée au-dessus du prolétariat indigène ainsi que pour corrompre, avec les surprofits coloniaux, la couche supérieure de la classe ouvrière de la métropole.

Up: 5. Le partage territorial du monde entre les États impérialistes et la lutte pour ce partage Previous: L’achèvement du partage du monde Next: La lutte pour un nouveau partage du monde