Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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La domination des monopoles et du capital financier conduit au fait que dans les pays impérialistes, se forme un excédent de capital, qu’on exporte dans les pays arriérés. Ce capital en « excédent » se forme en résultat des conditions fondamentales suivantes, créées par la domination du capital financier.
1. Le bas niveau de vie des masses. La paupérisation de la classe ouvrière et des masses laborieuses est en général caractéristique pour le capitalisme, mais à l’époque du capital financier la paupérisation s’accentue à l’extrême et le pouvoir d’achat des masses diminue en raison du fait que les monopoles maintiennent les prix à un niveau élevé. À l’intérieur du pays les marchandises sont vendues à des prix plus élevés que sur le marché extérieur (dumping). À la suite du rétrécissement du marché intérieur, une partie des capitaux devient superflue.
2. L’inégalité de développement des différentes branches de production s’accentue, et, en particulier, s’accentue le retard du développement de l’agriculture. Si le capitalisme pouvait liquider le retard de l’agriculture sur l’industrie, une partie des capitaux en excédent cesserait de l’être.
3. L’inégalité du développement des différents pays s’accentue. Dans les pays retardataires, la composition organique du capital est plus basse et c’est pourquoi le taux moyen du profit est plus élevé que dans les pays avancés. Dans les pays arriérés, la main-d’œuvre et les matières premières sont meilleur marché. Tout cela rend plus avantageux d’engager des capitaux dans un pays arriéré et crée un « excédent » de capital dans les pays du capital financier.
Tant que le capitalisme reste le capitalisme, l’excédent de capitaux est consacré non à élever le niveau de vie des masses dans un pays donné, car il en résulterait une diminution des bénéfices des capitalistes, mais à augmenter ces bénéfices par l’exportation du capital à l’étranger, dans les pays arriérés.
Les données suivantes montrent l’accroissement rapide de l’exportation du capital au commencement du 20e siècle. En Angleterre, le total des capitaux exportés à l’étranger est passé de 1902 à 1914, de 62 milliards à 75-100 milliards de francs, en France de 27-37 à 60 milliards de francs, en Allemagne de 12,5 à 44 milliards de francs. Avant la guerre, les États-Unis étaient un pays où l’importation du capital dépassait l’exportation. C’est seulement depuis la guerre que le rôle des États-Unis dans l’exportation mondiale des capitaux a radicalement changé. En 1910, tous les capitaux exportés par la France, l’Angleterre et l’Allemagne se répartissaient comme suit : 32 % étaient placés en Europe, 36,5 % en Amérique (du Nord et du Sud), et 31,5 % en Asie, Afrique et Australie. En d’autres termes, plus des deux tiers du capital exporté de ces pays étaient investis dans des pays extra-européens.
Le capital financier jette ainsi ses filets au sens littéral du mot, pourrait-on dire, sur tous les pays du monde.
Après la guerre mondiale de 1914-1918, des transformations considérables se sont produites dans l’exportation du capital, quant au rôle des différents pays impérialistes. Mais le total de cette exportation n’a pas diminué ; elle a même au contraire augmenté. Ainsi la somme de l’exportation annuelle des capitaux dans quatre pays impérialistes (Angleterre, France, Allemagne, États-Unis) était en 1913 de 1,2 milliard de dollars, et en 1928, l’exportation du capital de trois pays seulement (Angleterre, France et États-Unis) atteignait 1 854 millions de dollars. Avec la crise économique actuelle, l’exportation du capital s’est fortement réduite, dès la première année de crise (1929), elle est tombée à 1 153 millions de dollars pour ces trois pays.