Dominique Meeùs
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L’oligarchie financière

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Les monopoles industriels, tout en élevant la socialisation du travail au plus haut degré possible en régime capitaliste, ne cessent pas d’être des monopoles capitalistes et c’est pourquoi ils n’abolissent pas l’anarchie, mais la renforcent et freinent encore davantage le développement des forces productives. De même, les grandes banques monopolistes, tout en concentrant le contrôle de l’économie de tout le pays, ne cessent d’être des institutions capitalistes et c’est pourquoi elles ne peuvent servir de moyen pour organiser la production sociale suivant un plan. Les banques monopolistes utilisent leur puissance pour piller les masses populaires au profit d’une petite poignée de magnats du capital financier.

La « répartition générale des moyens de production », voilà ce qui résulte d’un point de vue tout formel du développement des banques modernes, dont les plus importantes, au nombre de 3 à 6 en France et de 6 à 8 en Allemagne, disposent de milliards et de milliards. Mais quant au contenu, cette répartition des moyens de production n’a rien de « général » ; elle est privée, c’est-à-dire conforme aux intérêts du grand capital — et au premier chef du plus grand, du capital monopoliste — p. 296qui opère dans des conditions telles que la masse de la population peut à peine subvenir à ses besoins et que tout le développement de l’agriculture retarde irrémédiablement sur celui de l’industrie, dont une branche, l’ « industrie lourde », prélève un tribut sur toutes les autres.

Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Œuvres, tome 22, p. 235.

Le capital financier signifie ainsi la domination d’une petite poignée de capitalistes sur l’ensemble de la production sociale, la domination de l’oligarchie financière, qui emploie sa puissance pour renforcer l’exploitation de la classe ouvrière et de toutes les couches laborieuses de la population.

Le capital financier se subordonne en fait tout l’appareil de l’État bourgeois, quelle que soit la forme de cet État. La démocratie bourgeoise n’est qu’un paravent pour les manœuvres de l’oligarchie financière. En corrompant les députés et les grands fonctionnaires, en leur donnant des sinécures dans les banques et dans les autres organisations monopolistes, l’oligarchie financière s’empare entièrement de l’appareil d’État, qui est pour elle un moyen de domination non seulement politique, mais aussi économique.

Le monopole, quand il s’est formé et brasse des milliards, pénètre impérieusement dans tous les domaines de la vie sociale, indépendamment du régime politique…

Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Œuvres, tome 22, p. 256.

Les exemples suivants montrent quelles dimensions a prises la puissance économique de l’oligarchie financière. En 1932, le magnat financier allemand Flick, à l’aide d’un système compliqué de participations, bien que possédant un capital de 20 millions de marks seulement, contrôlait 82 sociétés au capital de 1 706 millions de marks. Aux États-Unis, le konzern de l’industrie électrique, dans lequel était investi moins d’un million de dollars, contrôlait un capital productif qui dépassait la somme de 370 millions de dollars. Un des moyens de renforcement de la puissance de l’oligarchie financière consiste aussi dans le fractionnement des actions, qui attire les petits actionnaires, lesquels ne jouent aucun rôle dans la direction de la société par actions.

Le capital financier qui mène le monopole capitaliste à son degré le plus élevé, à la domination sans contrôle d’une poignée de magnats financiers, aggrave encore davantage p. 297la contradiction fondamentale du capitalisme, et accentue le caractère transitoire du capitalisme monopoliste.

La domination des monopoles et du capital financier ne se limite pas aux pays dans lesquels la concentration de la production a atteint le plus haut degré de son développement : elle s’étend aussi à des pays plus arriérés.

L’impérialisme est un système de domination et d’oppression mondiales. Le capital financier soumet le monde entier et opprime les peuples des pays arriérés. L’un des moyens les plus importants de cette domination, c’est l’exportation du capital.

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