Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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Comme les sociétés par actions ont pris une très grande extension, comme les monopoles capitalistes sont aussi organisés sous forme de sociétés par actions, le rôle des banques dans la formation des monopoles et dans la concentration du capital devient beaucoup plus considérable. Les grandes banques achètent des actions des entreprises industrielles. En outre, lors de la fondation d’une société par actions, ces dernières sont émises par une banque ; celle-ci est donc un des fondateurs de la société.
Lorsque s’établit l’interdépendance des sociétés par actions, ce qu’on appelle le système de participation joue un rôle particulièrement considérable dans le renforcement des liaisons entre l’industrie et les banques. Supposons qu’une grande banque ait acheté pour 2 millions d’actions d’une société quelconque au capital de 5 millions de francs. Si cette société participe à son tour de la même façon à une autre société par actions au capital, mettons aussi p. 294de 5 millions de francs, il en ressort que la banque domine déjà non seulement la première société par actions, mais aussi la seconde et qu’elle dispose d’un capital de 10 millions de francs. Les grandes banques monopolistes se soumettent ainsi un grand nombre de sociétés par actions dans l’industrie et dans le transport, dans le commerce et même dans le domaine du crédit. Ainsi, par exemple, déjà avant la guerre, une des plus grandes banques d’Allemagne, la Deutsche Bank, participait d’une façon directe à 30 banques ; sur ces dernières, 14 participaient encore à 48 banques, dont 6 participaient à leur tour à 9 autres. De cette façon, la Deutsche Bank dominait en fait 87 banques et, par l’intermédiaire de celles-ci, un nombre considérable d’entreprises industrielles.
Mais lorsqu’une banque devient actionnaire d’entreprises industrielles et par l’intermédiaire du « système de participation » se soumet un grand nombre d’entreprises industrielles, commerciales et bancaires, elle n’est déjà plus une banque au sens ancien de ce mot, elle joue déjà le rôle de capitaliste industriel. D’un autre côté, les grands monopoles industriels deviennent aussi les participants des banques au moyen de l’achat de leurs actions. Il se crée ce qu’on appelle l’ « union personnelle » des banques et des monopoles dans l’industrie et le commerce. Non seulement les banques ont leurs représentants dans les conseils d’administration des sociétés industrielles, mais inversement, les grandes unions industrielles ont leurs représentants dans les conseils d’administration des banques. La ligne de démarcation entre le monopole industriel et le monopole bancaire s’efface. Une petite poignée de grands monopoleurs domine également l’industrie, le commerce et le crédit.
Lorsque, à un certain degré de son développement, la concentration de l’industrie et des banques engendre les monopoles, il se produit une fusion du grand capital industriel monopoliste avec le grand capital bancaire monopoliste, il se forme le capital financier.
Concentration de la production, avec, comme conséquence, les monopoles ; fusion ou interpénétration des banques et de l’industrie, voilà l’histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion.
En tant qu’établissements du capital financier, les banques concentrent tous les fils de la direction et de la gestion de l’ensemble de l’économie capitaliste. Elles transforment…
… des milliers et milliers d’entreprises éparses en un seul organisme capitaliste national, puis mondial.
Si les monopoles industriels, qui unissent les grandes entreprises dans toute une branche d’industrie et souvent dans plusieurs branches, constituent la transition de la libre concurrence à la socialisation complète, si les prémices y sont mûres, pour l’organisation socialiste de la production, les banques, qui concentrent entre leurs mains le contrôle de l’ensemble de l’économie du pays, donnent…
… la forme d’une comptabilité générale et de la répartition des moyens de production sur l’échelle sociale ; mais elles ne donnent que cette forme. (K. Marx : le Capital, t. 12, p. 239. (Costes.).)