Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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Le monopole capitaliste ne peut supprimer la concurrence précisément parce que c’est un monopole capitaliste, c’est-à-dire un monopole basé sur la propriété privée des moyens de production sociaux. C’est pourquoi le monopole existe à côté de la concurrence. Par conséquent, d’une part, l’existence des monopoles témoigne du fait que les forces productives sont entrées dans la phase de leur développement où leur socialisation complète devient une nécessité immédiate.
Le monopole est le passage du capitalisme à un régime supérieur.
Mais, d’autre part, comme les monopoles sont des monopoles capitalistes, comme ils ne suppriment pas la concurrence, mais existent à côté d’elle, comme ils renforcent la lutte entre les capitalistes, ils aggravent encore davantage la contradiction fondamentale du capitalisme, ils gênent encore plus le développement des forces productives sociales.
Le monopole est une transition à un ordre supérieur non pas parce que les organisations monopolistes elles-mêmes sont des éléments du socialisme. Les monopoles capitalistes ne sont pas et ne peuvent pas être de tels éléments, car ils appartiennent à des capitalistes et non aux producteurs directs. Les théoriciens social-démocrates s’efforçaient et s’efforcent de présenter les monopoles comme un commencement de production socialiste (la théorie du « capitalisme organisé » et de la « démocratie économique »), afin de tromper la classe ouvrière par des illusions sur une intégration paisible du capitalisme dans le socialisme.
Lénine a montré que le monopole est la transition à un ordre supérieur seulement dans un sens double. En premier lieu, le monopole
… conduit aux portes de la socialisation intégrale de la production.
Il témoigne de la possibilité pratique et de la nécessité urgente d’une socialisation pleine et entière de la production. L’existence des monopoles prouve que le socialisme frappe à la porte de la société. En second lieu, le monopole en tant que monopole capitaliste non seulement n’admet pas la socialisation intégrale de la production, mais renforce encore davantage la domination et l’oppression du capital, l’oppression et la domination d’une petite poignée de capitalistes monopolistes sur la société.
La production devient sociale, mais l’appropriation reste privée. Les moyens de production sociaux restent la propriété privée d’un petit nombre d’individus. Le cadre général de la libre concurrence nominalement reconnue subsiste, et le joug exercé par une poignée de monopolistes sur le reste de la population devient cent fois plus lourd, plus tangible, plus intolérable.
C’est pourquoi la transformation du capitalisme en capitalisme monopoliste montre non seulement la nécessité de la socialisation intégrale, mais aussi la nécessité urgente de réaliser cette socialisation, ce qui ne peut se faire que par la voie du renversement violent de la domination du capital, c’est-à-dire par la voie de la révolution prolétarienne.
C’est justement cette conjonction de deux « principes » contradictoires, la concurrence et le monopole, qui caractérise l’impérialisme ; c’est justement [elle] qui prépare la faillite de l’impérialisme, c’est-à-dire la révolution socialiste.