Dominique Meeùs
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Nous voyons que toute tentative d’expliquer les crises autrement que par la contradiction fondamentale du capitalisme est en fait la négation de cette contradiction, et ainsi conduit directement ou indirectement au renoncement à la révolution prolétarienne.
p. 276La grande signification révolutionnaire de la théorie marxiste-léniniste des crises consiste dans le fait qu’elle montre que les crises découlent de la nature même du capitalisme et, par conséquent, ne peuvent être supprimées qu’avec le capitalisme lui-même.
Dans les crises se révèlent, chaque fois plus fortement, toutes les contradictions du capitalisme ainsi que son incapacité de diriger la production sociale. Les crises posent chaque fois dans toute son ampleur la question de la nécessité de l’abolition du capitalisme, de la nécessité de la révolution prolétarienne.
D’une part, donc, le mode capitaliste de production est convaincu de sa propre incapacité de continuer à administrer ces forces productives. D’autre part, ces forces productives elles-mêmes poussent avec une puissance croissante à la suppression de la contradiction, à leur affranchissement de leur qualité de capital, à la reconnaissance effective de leur caractère de forces productives sociales.
Cette portée révolutionnaire des crises a été particulièrement soulignée par Lénine.
L’armée du prolétariat se raffermit dans tous les pays. Sa conscience, sa cohésion et sa résolution grandissent à vue d’œil. Et le capitalisme se charge avec succès de rendre plus fréquentes les crises dont se servira cette armée pour abolir le capitalisme. (V. I. Lénine : Œuvres complètes, tome 12, p. 93, édition russe.)
La position léniniste de la question de l’importance des crises est très étroitement liée à la lutte implacable que Lénine mena contre les critiques de la théorie marxiste de la reproduction et des crises, contre les tentatives d’interpréter la théorie marxiste uniquement comme une théorie de la disproportion ou une théorie de la sous-consommation.
p. 277Dans cette lutte, Lénine, en dévoilant toute la profondeur de la théorie marxiste des crises, a continué la doctrine de Marx d’après laquelle la contradiction fondamentale du capitalisme est la cause des crises. Il a aussi brillamment élaboré les autres côtés de la théorie marxiste des crises. Lénine a montré que, pour Marx, la disproportion des branches de production et la contradiction entre la production et la consommation étaient deux aspects de la contradiction fondamentale du capitalisme entre la production sociale et l’appropriation capitaliste.
Dans la lutte avec tous les adversaires déclarés du marxisme, notamment avec ces « marxistes » qui, se cachant derrière une phraséologie marxiste, déformaient et falsifiaient en réalité le marxisme, en le châtrant de son contenu révolutionnaire, Lénine a développé la doctrine de Marx de la contradiction fondamentale du capitalisme comme cause des crises. Et tandis que l’opportunisme s’efforçait de détourner la classe ouvrière de la voie de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme sur la voie de la lutte « purement économique », sur la voie du réformisme et de la conciliation avec la bourgeoisie, en inventant les « théories » de la possibilité de la suppression des crises en régime capitaliste, Lénine a posé devant le prolétariat la tache de la lutte de classe révolutionnaire pour le renversement du capitalisme, qui mettra aussi fin aux crises.
La crise prouve que les ouvriers ne peuvent pas se borner à la lutte pour obtenir des capitalistes telles ou telles concessions isolées… la faillite se produit et les capitalistes, non seulement reprennent toutes les concessions qu’ils avaient faites, mais profitent encore de l’impuissance des ouvriers pour diminuer encore les salaires. Et il en sera fatalement ainsi jusqu’au jour où les armées du prolétariat socialiste renverseront la domination du capital et de la propriété privée. (V. I. Lénine : Œuvres complètes, tome 4, p. 186.)