Dominique Meeùs
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Les crises sont la réunion et l’aplanissement violent
des contradictions du capitalisme

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Quelle est la portée de phénomènes tels que la baisse des prix, la dévaluation du capital, la baisse des salaires, la compression de la production, la destruction directe de valeurs d’usage, les faillites des capitalistes les plus faibles et la centralisation du capital entre les mains de capitalistes plus forts ? Tous ces procès aplanissent par la force la contradiction entre la production sociale et l’appropriation capitaliste, qui a eu pour effet de pousser les forces productives de la société au-delà des limites imposées par les rapports de production capitalistes et, par conséquent, de déclencher la crise. Par la dévaluation du capital, par p. 265la destruction de marchandises, la compression de la production, etc., la crise anéantit l’ « excédent » des forces productives de la société ; elle refoule les forces productives qui ont pris des proportions trop considérables dans les cadres des rapports de production capitalistes.

Étant elle-même la conséquence et l’expression la plus éclatante de la contradiction fondamentale du capitalisme, le choc de deux forces hostiles — de la production sociale et de l’appropriation capitaliste —, la crise aplanit momentanément cette contradiction.

Il faut voir dans les crises la concentration réelle et la compensation violente de toutes les contradictions de l’économie bourgeoise. (K. Marx : Histoire des doctrines économiques, tome 5, p. 57.)

Par suite de la destruction d’une partie des forces productives, de la baisse des salaires, de la dévaluation du capital et de sa centralisation, les frais de production diminuent, c’est-à-dire que se crée la possibilité de tirer du profit même en vendant les marchandises à de bas prix. Or le profit étant le seul motif de production pour les capitalistes, la baisse des frais de production donne une impulsion nouvelle à l’élargissement de la production.

Ainsi la crise résout momentanément les contradictions du capitalisme, en créant les conditions d’un mouvement ultérieur de la production capitaliste ; par cela même la crise crée la possibilité d’un mouvement ultérieur de la contradiction fondamentale du capitalisme.

Les crises ne sont jamais que des solutions momentanées et violentes des contradictions existantes, des éruptions violentes qui rétablissent pour un moment l’équilibre troublé. (K. Marx : le Capital, t. 10, p. 186.)

Après une forte chute des prix et la compression de la production, commence la dépression, au cours de laquelle les stocks de marchandises sont en partie détruits, en partie vendus, peu à peu « absorbés ». Après une dépression plus ou moins longue commence peu à peu un essor dont la base est le renouvellement du capital fixe de l’industrie. (La crise économique actuelle dans les pays capitalistes et la dépression actuelle présentent une série de particularités caractéristiques. Voir là-dessus le chapitre suivant.)

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Les capitalistes sortis indemnes de la crise cherchent à réduire les frais de production en vue d’obtenir des profits élevés tout en vendant à de bas prix. Pour cela, outre la baisse des salaires, ils introduisent une série de perfectionnements, de nouvelles machines, adoptent de nouveaux procédés de travail, etc. Les vieilles machines moins perfectionnées sont remplacées par de nouvelles bien avant qu’elles soient usées (encore une fois, destruction de forces productives). Le capital fixe est remplacé.

La concurrence, surtout quand il s’agit d’importants bouleversements décisifs, force les capitalistes à remplacer avant terme les vieux moyens de travail par de nouveaux. Ce sont principalement les catastrophes, les crises, etc., qui amènent dans le matériel d’exploitation un tel renouvellement prématuré sur une vaste échelle sociale. (K. Marx : le Capital, t. 6, p. 36.)

Or le remplacement du capital fixe avant sa « mort naturelle » implique la nécessité d’investir un nouveau capital. Ce qui provoque une demande accrue de moyens de production et, partant, l’élargissement de la production dans les branches qui produisent les moyens de production, d’où la réintégration des ouvriers dans l’industrie et la croissance de la demande en objets de consommation, d’où l’élargissement de la production dans les branches qui produisent des objets de consommation, etc. Il s’ensuit une nouvelle reprise d’activité puis un nouvel essor.

Le remplacement du capital fixe provoqué par la crise est donc la base d’un nouvel essor.

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