Dominique Meeùs
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La dévaluation du capital et la destruction des forces productives

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La baisse des prix des marchandises aboutit à la dévaluation du capital. Les marchandises constituent l’une des formes sous lesquelles existe le capital, à savoir la forme du capital-marchandise. C’est pourquoi la baisse des prix constitue la dévaluation du capital-marchandise. Mais la dévaluation frappe aussi le capital engagé dans la production. C’est que les moyens de production — les machines et les matières premières — représentent une masse considérable des marchandises surproduites. Lorsque le prix de ces dernières baisse sur le marché, les stocks des matières premières se trouvent aussi dévalués bien que les industriels les aient achetés auparavant à des prix plus élevés, non pour la spéculation, mais pour la production. Il en est de même pour l’outillage.

Lorsqu’un capitaliste fait faillite, son entreprise est vendue pour payer ses dettes à un prix inférieur au prix de revient. Si l’entreprise a coûté 1 million de francs et est vendue 800 000 francs, pour le nouveau propriétaire cela signifie la baisse des frais de production, bien qu’il n’y ait eu aucun changement dans la technique de cette entreprise. Le nouveau propriétaire pourra réaliser et tirer du profit p. 264en vendant les marchandises à des prix plus bas. Pendant les crises, les entreprises des capitalistes ayant fait faillite passent aux mains de capitalistes plus forts et plus solides. Le procès de la centralisation du capital s’accélère.

La dévaluation du capital n’est rien d’autre que la diminution de la valeur du capital dont les éléments matériels, machines, matières premières, etc., ne subissent pas de changement quant à leur grandeur. On assiste aussi à une destruction directe de marchandises et de moyens de production. L’inactivité des usines provoque l’usure improductive des machines, des édifices, etc. Mais les capitalistes ont recours aussi à la destruction consciente de valeurs d’usage. Tout le monde sait que dans certains pays, les locomotives sont chauffées au froment et au café, que du lait a été jeté à la mer, que des quantités formidables de coton ont été anéanties, etc. Des entreprises sont démolies, des mines inondées. Ainsi, en 1932, à Chemnitz, en Allemagne, a été complètement démolie une grande usine mécanique, construite d’après le dernier mot de la technique, et qui employait plus de 20 000 ouvriers. La nécessité de payer la rente au propriétaire du terrain avait rendu plus avantageuse la vente de l’usine à la ferraille. Et ce n’est pas là un fait unique.

Pendant la crise se produit une destruction massive de force de travail, cette force productive fondamentale de la société. Le chômage, la famine, le froid, les maladies, tout cela détruit de la force de travail. Mais les capitalistes y sont directement intéressés, la misère grandissante de la classe ouvrière facilitant la baisse des salaires.

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