Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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Le but que s’assigne le capitalisme, l’augmentation de la valeur du capital, est trop limité par rapport aux moyens qu’il doit appliquer, trop étroit pour permettre l’élargissement illimité de la production sociale. En d’autres termes : les rapports de production capitalistes sont trop étroits pour la production sociale.
Les limites dans lesquelles peuvent et doivent se mouvoir la conservation et la mise en valeur de la valeur-capital, qui reposent sur l’expropriation et l’appauvrissement de la grande masse des producteurs, se trouvent continuellement en conflit avec les méthodes de production que le capital doit employer pour atteindre son but et qui poursuivent l’accroissement illimité de la production, assignent comme but à la production la production elle-même et ont en vue le développement inconditionné de la productivité sociale du travail. Ce dernier moyen se trouve en conflit permanent avec le but réduit, la mise en valeur du capital existant. (C’est Ségal qui souligne. K. Marx : le Capital, t. 5, p. 188.)
Ce conflit entre les forces productives sociales et le but limité du capital s’exprime dans les crises de surproduction. Il va de soi que ce n’est que la surproduction relative. Ce n’est pas un excédent par rapport à ce que la société pourrait consommer en général, mais par rapport à ce qu’elle peut consommer en régime capitaliste. La force de consommation de la classe ouvrière en régime capitaliste n’est pas déterminée par ses besoins, mais par son pouvoir d’achat.
L’anarchie de la production et l’appauvrissement de la classe ouvrière découlent de la contradiction entre le caractère social de la production et le caractère capitaliste de l’appropriation. Les forces productives sociales développées par le capital débordent le cadre de l’appropriation capitaliste qui les domine et les contredit. La cause des crises réside ainsi dans la contradiction entre la production sociale et l’appropriation capitaliste.
Puisque cette contradiction qui est la cause des crises existe et agit constamment, pourquoi donc les crises n’éclatent-elles que de temps à autre, pourquoi la production capitaliste ne se trouve-t-elle pas en état de crise permanente au lieu de passer par les phases d’essor, de crise, de stagnation, d’essor, et ainsi de suite ?
Pour répondre à cette question, il faut examiner p. 256comment s’effectue en général le développement de la production capitaliste.