Dominique Meeùs
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L’anarchie de la production dans l’économie marchande simple et en régime capitaliste

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Dans une société de petits producteurs de marchandises, la liaison entre les petits producteurs isolés n’est pas organisée, elle se réalise spontanément par l’échange. Mais, ici, la division du travail est encore très peu développée par comparaison avec la division du travail dans la société capitaliste. Les moyens de travail individuels sont mis en mouvement par chaque producteur de marchandises personnellement ; la base de la production, c’est le travail à la main ; chacun de ces producteurs travaille isolément ; le travail est divisé entre les producteurs de marchandises p. 249indépendants, mais à l’intérieur des ateliers la division du travail n’existe pas. Comme la production, en général, n’était pas grande et que la division du travail était peu développée, le manque de liaison organisée entre les producteurs de marchandises ne pouvait avoir une grande importance, ne conduisait pas à des secousses dans toute la production sociale.

Les petits producteurs éparpillés effectuaient chacun plusieurs opérations à la fois et pour cette raison étaient relativement indépendants des autres : l’artisan qui semait lui-même le lin, le filait et le tissait, ne dépendait presque pas des autres. Ce régime des petits producteurs éparpillés et ce régime seul justifiait le dicton : « Chacun pour soi et Dieu pour tous », c’est-à-dire l’anarchie des fluctuations du marché. (V. I. Lénine : Œuvres complètes, tome 1, p. 95, édition russe.)

La situation est tout autre en régime capitaliste. Ici, le travail est devenu social. Chaque ouvrier forme une partie de la collectivité des ouvriers de l’entreprise. Les moyens de travail sont tels qu’un seul ouvrier ne saurait les mettre en mouvement. La division du travail existe non seulement entre les entreprises, mais aussi au sein de chaque entreprise. La production se fait en grand. La division du travail est poussée à l’extrême. Il existe plusieurs branches de production qui dépendent l’une de l’autre.

Le travail est socialisé par le capitalisme, non seulement dans le sens qu’au sein de l’entreprise, sous le commandement du capital, travaillent beaucoup d’ouvriers, mais aussi dans le sens que, de plus en plus, se renforce l’interdépendance des entreprises isolées.

La socialisation du travail par la production capitaliste ne consiste nullement dans le fait que des hommes travaillent dans une même entreprise (ce n’est là qu’une partie du processus) mais dans le fait que la concentration des capitaux est accompagnée de la spécialisation du travail social ; de la diminution du nombre des capitalistes dans chaque branche d’industrie donnée et de l’accroissement du nombre des branches particulières d’industrie. (V. I. Lénine : Œuvres complètes, t. 1, p. 95, édition russe.)

Plus le travail dans la société est spécialisé, plus chaque forme de travail dépend de toutes les autres, c’est-à-dire plus est développée la division du travail, et plus le travail est socialisé. Dans de telles conditions, dans les conditions du capitalisme, l’anarchie de la production entre en opposition avec le caractère social de la production.

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